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1 Introduction
Au cours d’un stage de 6 semaines au centre de rééducation Saint Jacques à Nantes. Je suis
amenée à prendre en charge monsieur W. «Tu verras il est héminégligent. » Me prévient la
kinésithérapeute référente à son sujet. C’est mon premier contact avec un patient présentant
cette pathologie et malgré cet avertissement, je ne peux m’empêcher d’être étonnée par
l’importance de ce trouble. Il pénètre dans la salle de kinésithérapie, et se heurte au fauteuil
d’un homme situé à sa gauche. Il tourne donc la tête vers la gauche pour tenter d’éviter les
obstacles sans succès. La kinésithérapeute lui indique alors l’endroit dans lequel nous allons
commencer la séance. Ils échangent quelques minutes au sujet de son état de fatigue. Puis,
elle me présente « voici Chloé la collègue qui va s’occuper de vous ». Il cherche autour de lui
et finit par m’apercevoir, j’étais effectivement à sa gauche, il ne m’avait pas aperçu depuis
son arrivée. Je prends conscience à ce moment à quel point ce trouble peut contribuer à sa
situation de handicap. A ce stade de prise en charge, ma formation initiale ne me permet pas
encore d’apprécier l’étendue des troubles, tant au niveau des examens que des techniques de
rééducation. J’apprends qu’un outil spécifique de bon Saint Côme est utilisé dans la structure.
Après quelques recherches, je découvre plusieurs techniques de rééducation de
l’héminégligence. Je réalise que la prise en charge de la négligence spatiale unilatérale va,
chez cette personne, nécessiter beaucoup de temps et implique une coordination
pluridisciplinaire. Les acteurs privilégiés seront l’ergothérapeute, la neuropsychologue et le
médecin coordinateur.
Le questionnement que soulève cette prise en charge se situe à plusieurs niveaux : Qu’est-ce
que l’héminégligence? N’est-elle le fait que de l’atteinte de l’hémisphère mineur ? Qu’elle est
la place de ce trouble dans les politiques de santé publique ? Comment est analysé la présence
et l’importance de ce trouble ? Qu’elle est la place du masseur-kinésithérapeute dans cette
prise en charge pluridisciplinaire ?
En quoi l’importance de l’héminégligence chez un patient et la fréquence de cette atteinte
influencent-elles la prise en charge kinésithérapique au sein d’une équipe pluridisciplinaire ?
2 Les troubles de la négligence spatiale unilatérale
Le syndrome de la négligence spatiale n’est encore que partiellement connu. En effet, les
multiples composantes de ce syndrome sont souvent oubliées et leurs explications ne sont
qu’hypothèses. Mêmes les structures anatomiques en cause dans cette pathologie font appel à
des divergences d’opinion. Pourtant, la fréquence de ce trouble est importante, il mérite donc
une attention particulière dans un objectif de rééducation. Ainsi seront traitées ici les opinions
de plusieurs auteurs puisque peu de consensus ont été admis.
2.1 Représentation de l’atteinte dans la population
La négligence survient à la suite d’une lésion cérébrale. Si il est possible de rencontré ce
syndrome à la suite de tumeurs cérébrales par exemple, la cause la plus fréquente et l’accident
vasculaire cérébral (AVC).
2.1.1 Etiologie de l’AVC
Environ 20% des AVC sont d’origine hémorragique, 80% d’origine ischémique [1]. Les
principales causes d’AVC ischémique sont l’embolie cardiaque, l’athérosclérose et la lacune
(maladie des artères de petit calibre par dégénérescence de leur paroi induit par l’hypertension
artérielle). Parmis les AVC hémorragiques se distinguent les AVC intra cérébrales et les AVC
méningés (5%). Les causes principales d’AVC hémorragiques intra cérébrale sont les
malformations vasculaires, l’hypertension artérielle et les anti-coagulants.