
L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT :
LA NÉCESSITÉ D’UNE APPROCHE GLOBALE, COORDONNÉE ET PÉRENNE 137
Santé publique
2011, volume 23, n° 2, pp. 135-141
le parcours de soins du patient et a pour objectif de rendre le patient plus
autonome en facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en
améliorant sa qualité de vie.
Face au développement des maladies chroniques, ces principes imposent
désormais une planification plus globale et coordonnée de l’offre de soins, et
notamment ambulatoire, une adaptation locale aux besoins de la population
et un mode de financement pérenne.
Un enjeu de santé publique face au développement
des maladies chroniques
Dans son rapport de 2006 sur la prévention des maladies chroniques [12],
l’OMS suggérait le développement de politiques volontaristes permettant de
prendre en compte l’importance croissante des maladies chroniques. En
France, si 15 millions de Français souffrent aujourd’hui d’une ou plusieurs
pathologies chroniques, 8,6 millions de personnes du régime général bénéfi-
ciaient au 31 décembre 2009 de l’exonération du ticket modérateur au titre
d’une affection de longue durée (ALD), soit un Français sur sept. Les
dépenses de santé des personnes en ALD, qui représentaient, fin 2009, 68 %
des dépenses totales de l’assurance maladie, constituent ainsi un enjeu
croissant sur les plans humain, sanitaire et financier, le nombre de patients
ayant progressé de plus de 5 % par an en dix ans. Plus des trois-quarts des
ALD (76,3 %) concernent quatre affections : les affections cardiovasculaires
(3,3 millions de personnes, soit 32,2 % des ALD), les tumeurs malignes
(1,8 million, 17,4 %), les diabètes de type 1 et de type 2 (1,7 million, 17,1 %)
et les affections psychiatriques de longue durée (0,9 million, 9,6 %).
Face à ces enjeux essentiels, l’éducation thérapeutique du patient
constitue un vecteur permettant d’apporter une réponse plus réactive et plus
adaptée aux besoins de la population, chaque malade étant acteur de son
suivi thérapeutique. Si on prend l’exemple du diabète, le nombre de patients
concernés devrait augmenter de 1,7 million de personnes à 2,6 millions de
personnes (soit + 55 %) de 2005 à 2030, selon les prévisions de l’OMS. Si
l’on se réfère aux données de l’assurance-maladie, le taux de prévalence du
diabète (ALD 8) se concentre sur le nord et le nord-est de la France : taux de
prévalence supérieur à 3 500 personnes pour 100 000 habitants en Picardie,
en Alsace, en Lorraine, en Champagne-Ardenne et dans le Nord-Pas-de-
Calais. À l’opposé, le taux de prévalence est inférieur à 2 600 personnes pour
100 000 habitants en Bretagne, en Pays de la Loire, en Basse-Normandie, en
Corse et en Poitou-Charentes.
Or, il apparaît que la moitié des patients souffrant de diabète ou de
maladies cardiovasculaires ne prend pas régulièrement son traitement. En
outre, 22 à 28 % des patients ayant subi une transplantation rénale sont
également non observants au risque d’entraîner un rejet de leur greffe [13].
À cet égard, seule l’éducation du patient permet à ce dernier de mieux
appréhender sa maladie et répondre aux questions qu’il se pose à propos
de son traitement médicamenteux, de son alimentation ou encore de son
activité physique.