Les médias français dans la crise : tempête ou

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Les médias français dans la
crise : tempête ou tsunami ?
Flux de Financement Médias & Entertainment
Sommaire
Synthèse3
Les chiffres clés d’Arthur D. Little 5
Première vague : malgré la crise, un marché en légère croissance
6
Deuxième vague : l’incessante transformation numérique
8
Troisième vague : transformation numé­­rique… et redistribution des cartes
11
Implications pour les acteurs
15
Conclusion17
Auteurs :
Didier Levy
Jean-Marc Bordes
Director
Arthur D. Little
[email protected]
Senior Advisor
Arthur D. Little
[email protected]
Eytan Koren
Tanneguy Laudren
Manager
Arthur D. Little
[email protected]
Business Analyst
Arthur D. Little
[email protected]
Synthèse
Le marché des médias français évolue profondément sous l’effet de la crise mais
aussi de changements structurels tels que le développement du numérique et
l’émergence de nouveaux modes de consommation.
Ces évolutions se déroulent en plusieurs vagues.
Première vague : la crise économique. Celle-ci a affecté le marché des médias
et ses sources de financement. Malgré cela, le marché français a connu une
légère croissance durant la crise, en raison principalement des contributions
publiques.
Deuxième vague : l’incessante transformation numérique. Le online
continue de bousculer le marché des médias tout en représentant une
opportunité, y compris pour les acteurs traditionnels. Les acteurs digitaux,
essentiellement distributeurs et agrégateurs, ont permis une stabilisation du
marché en compensant l’affaiblissement des acteurs traditionnels – presse,
télévision, … Le potentiel de développement des médias online reste très
important.
Troisième vague : la combinaison de ces mouvements de fond rebat les
cartes entre les acteurs. La croissance du segment online a un fort impact sur la
répartition de la valeur au sein de l’écosystème, au détriment des acteurs
traditionnels. Globalement, les acteurs Internet et les producteurs sont les
gagnants de la migration, tandis que les agrégateurs (télévisions, presse,…) et les
distributeurs offline (cinémas, régies,…) ont eu jusqu’à présent tendance à la
subir. L’émergence de nouveaux modèles de monétisation donnera aux acteurs
historiques l’opportunité de mieux tirer profit de la numérisation de leurs
contenus, en accélérant leurs développements et la transformation numérique de
leurs activités.
3
Dans les prochaines années, la migration du offline vers le online va se
poursuivre et génèrera de nouvelles opportunités pour l’ensemble des
acteurs :
nn
es consommateurs vont bénéficier d’un accès aux contenus facilité et
L
élargi. La proposition de valeur générée par le numérique – abondance réelle
et accessible – est inégalée en comparaison aux médias traditionnels. Encore
faudra-t-il savoir juguler les usages illicites et le piratage.
nn
es producteurs de contenus vont bénéficier d’un marché élargi. Figurant
L
déjà parmi les gagnants actuels, ils bénéficieront d’une augmentation de leurs
revenus, alimentée par la multiplication des plateformes et des modes de
consommation, notamment numériques.
nn
es agrégateurs, tels que les chaînes de télévision et les distributeurs, vont
L
devoir adapter leurs modèles économiques. L’une des pistes pour ces acteurs
est de remonter au sein de la chaîne de la valeur vers la production.
nn
es pouvoirs publics ont un rôle important pour soutenir la migration
L
numérique des acteurs et la croissance du marché dans son ensemble.
4
Marché des médias en France
Les chiffres clés d’Arthur D. Little
+ 0,9% par an
croissance du marché des médias depuis 2007 en France
+ 18% par an
croissance moyenne des revenus des médias numériques depuis 2007
+ 131%
croissance de la valeur captée par les acteurs online depuis 2007
19%
part du online dans l’ensemble du marché des médias en 2013
- 5%
réduction potentielle du financement public de France Télévisions en cas d’un retour
de la publicité après 20h
18 milliards d’euros en 2013
valeur captée par les ayants droit et les producteurs en 2013 (soit +10 % depuis 2007)
100 à 150 millions d’euros
revenus supplémentaires potentiels pour les producteurs français suite à l’arrivée
de Netflix et de CanalPlay
+ 1,3% par an
croissance du marché des médias en France d’ici 2017
4 milliards d’euros
nouveaux revenus des médias online générés en France à horizon 2017
(soit +50% par rapport à 2013)
5
Marché des médias en France
Première vague : malgré la crise, un
marché en légère croissance
Le marché français des médias et de l’entertainment
est en légère croissance depuis 2007, à l’instar de la
plupart des autres marchés européens.
Les dépenses des consommateurs génèrent la plus importante
source de revenus pour les médias, représentant plus de la
moitié du marché. Ces dépenses ont très légèrement crû depuis
2007 (+0,4% par an en moyenne sur la période 2007-2013),
sous l’effet de la crise, pour atteindre 23,2 milliards d’euros en
2013. Cette croissance reste tout de même deux fois supérieure
à la croissance des dépenses des ménages en France sur la
même période.
Arthur D. Little a mené une étude approfondie sur l’évolution
récente du marché des médias et du divertissement en France.
Cette étude, focalisée sur la période 2007-2013 et complétée
d’une projection jusqu’en 2017, analyse les sources de
financement du secteur ainsi que leurs destinations.
Les dépenses publicitaires, seconde source de revenus,
représentaient 12,2 milliards d’euros en 2007. Elles ont
également légèrement crû, à un rythme moyen de +0,4%
par an. Toutefois, des disparités marquées existent entre les
différents médias. La presse et les magazines, fortement
substitués par Internet, ont connu une baisse très importante
de leurs revenus publicitaires (environ 30% en 6 ans).
Logiquement, la publicité en ligne a bénéficié quant à elle d’une
très forte croissance (+80% en 6 ans).
Le marché des médias et de l’entertainment en France a connu
une légère croissance sur la période 2007-2013 (voir Figure 1 –
Taille du marché des médias en France par type de financement)
mais cette situation masque des dynamiques très différentes
selon les segments. On observe par ailleurs que le marché des
médias hors contributions publiques est quasi stable avec un
taux de croissance annuel moyen de 0,5%.
Figure 1 : Taille du marché des médias en France par type de financement
Dépenses en milliards d’euros actuels
0,5% hors
contr. Pub.
TCAM1
2007-2013
0,9%
Offline
37,9
3,1
39,2
3,8
40,1
4,4
Contributions publiques
6,0%
12,2
12,0
12,5
Publicité
0,4%
 Télévision
- 1,9 %
 Radio
- 1,5%
 Presse et Magazines
- 5,6 %
 Autres
22,6
2007
23,4
2010
23,2
Consommateurs
2013
Source : IREP, SRI, ZenithOptimedia, analyse Arthur D. Little
1) Taux de Croissance Annuel Moyen
6
0,4%
%
TCAM
- 3,2 %
Online
+ 4,0 %
+ 10,7 %
 Search
+ 12,3 %
 Autres
+ 10,0 %
Marché des médias en France
Les financements publics ont fortement augmenté depuis 2007,
passant de 3,1 milliards d’euros en 2007 à 4,4 milliards d’euros
en 2013. Ceci représente plus de la moitié de la croissance
du marché sur la période. Cette forte croissance est due à
l’augmentation de la contribution à l’audiovisuel public et des
prélèvements alimentant le COSIP du CNC, notamment la TST
(taxe sur les services de télévision) sur les opérateurs télécoms,
avec en particulier l’intégration des offres « triple play » incluant
la télévision sur IP.
Une partie des financements publics est toutefois remise en
cause par les pouvoirs publics, en particulier ceux à destination
de France Télévisions. Un retour de la publicité après 20h sur les
chaînes du groupe est évoqué pour compenser une éventuelle
réduction des contributions publiques. Nous estimons que cette
réintroduction pourrait générer environ 220 millions d’euros de
revenus publicitaires supplémentaires pour le groupe en 2015,
ce qui permettrait de réduire les financements publics de 5%.
Au regard des autres pays européens, le marché français a
relativement bien résisté à la crise (voir Figure 2 – Evolution du
marché des médias dans différents pays européens entre 2007
et 2013). En effet, la France a connu une croissance comparable
aux marchés britannique, allemand et italien et a largement
mieux résisté que le marché espagnol qui s’est effondré (-26%
sur la période).
La chute du marché espagnol est principalement due à la forte
décroissance des dépenses des consommateurs (-25% entre
2007 et 2013) et des annonceurs (-41% entre 2007 et 2013). A
l’inverse, les contributions publiques en Espagne ont fortement
augmenté (+62% entre 2007 et 2013), principalement en raison
du nouveau modèle de financement du groupe de médias
publics RTVE.
Figure 2 : Evolution du marché des médias dans différents pays européens entre 2007 et 2013
Dépenses en milliards d’euros actuels incluant les contributions publiques
2007
2013
+1,4%
60,7
%
+1,1%
55,7
48,6
52,0
TCAM
+0,9%
37,9
40,1
+0,8%
29,1
-5,0%
30,5
23,0
16,9
Dépenses en % du PIB
1,95%
2,41%
1,44%
1,38%
1,47%
1,47%
1,36%
1,44%
1,60%
1,25%
Source : analyse Arthur D. Little
7
Marché des médias en France
Deuxième vague :
l’incessante transformation numérique
Figure 3 : Taille du marché des médias en France
Dépenses en milliards d’euros actuels
Dépenses en milliards d’euros actuels
0,9%
37,9
2,9
TCAM
2007-2013
TCAM
2013-2017
39,2
40,1
4,9
7,6
40 000
Online
17,8%
30 000
35,1
Offline
-1,2%
Offline hors
contr. Publiques
-2,1%
20 000
34,3
32,5
Offline
-1,2%
10 000
Online
+17,8%
0
2007
2010
Source : analyse Arthur D. Little
2007
2013
%
Les médias online sont les principaux contributeurs
à la croissance du marché des médias, avec des
niveaux de maturité hétérogènes selon les segments.
En France, la croissance du marché a été principalement tirée
par le développement des médias online (+17,8% par an,
en moyenne, sur la période) alors que le offline a connu une
décroissance de 1,2% par an (voir Figure 3 - Taille du marché des
médias en France). La décroissance du offline a été encore plus
prononcée hors contributions publiques (-2,1% par an).
La télévision et la vidéo accusent un retard particulier dans
le numérique, avec uniquement 3% des revenus générés en
ligne, malgré une migration avancée des usages, la croissance
des services de télévision de rattrapage illustrant bien ce
phénomène. Cette faible migration s’explique notamment par
les revenus importants générés par les chaînes de télévision
« classiques » à l’échelle du marché.
Autre segment en pleine migration : l’édition, regroupant la
presse et le livre, qui génère seulement 9% de ses revenus
via le numérique, malgré des usages numériques désormais
démocratisés. A titre d’exemple, 43% des lecteurs de presse
s’informent sur Internet… dont les deux tiers via Internet
uniquement.
8
2009
2011
2013
TCAM
Cette différence entre migration des usages et des revenus est
symptomatique d’une sous-monétisation des contenus en ligne.
Les comportements et les usages sont toutefois très différents
en fonction des tranches d’âge.
De plus, la migration vers le online induit une fragmentation
de l’offre. Ainsi, sur la télévision linéaire, les audiences se
répartissent entre quelques dizaines de chaînes contre plusieurs
milliers de sites sur internet. Cette fragmentation de l’offre a
pour conséquence une plus forte concurrence entre les acteurs
et une forte difficulté à monétiser les contenus.
Marché des médias en France
Figure 4 : Evolution des revenus par média et par mode de consommation
2013 – € 40,2 mds
2007 – € 37,9 mds
15
1%
3
2%
2
13
2%
2
3
17
3%
18%
3
4%
11
2
3
4
9%
26%
47%
99%
98%
98%
100%
100%
97%
82%
96%
100%
91%
74%
53%
Online
Source : analyse Arthur D. Little
Malgré une croissance soutenue, le développement
du marché reste inférieur à son potentiel.
La croissance du marché des médias est passée de 3,6% par
an entre 2005 et 2007 à 0,9% par an entre 2007 et 2013. Cette
forte décélération s’explique principalement par la crise et par la
sous-monétisation des usages numériques.
Le défi pour les acteurs du secteur consiste donc à développer
de nouveaux modèles de monétisation.
En effet, les usages en ligne explosent. A titre d’exemple, le
nombre d’utilisateurs actifs de la télévision de rattrapage croît de
+25% par an depuis 2010 pour atteindre aujourd’hui 11 millions
d’utilisateurs.
Offline
L’industrie de la presse subit aussi assez fortement ce
phénomène. Aujourd’hui, il existe un écart très fort de
monétisation entre les versions « en ligne » et « imprimées »
d’un même contenu (voir Figure 5 - comparaison de CPM ).
L’industrie de la presse est donc à la recherche de nouveaux
modes de monétisation. Vingt ans après les débuts de la
migration des journaux vers le numérique, et après avoir
appliqué des modèles « classiques » (bannières publicitaires,
abonnements, etc.), les acteurs de la presse évoluent
progressivement vers des modèles mieux adaptés aux
nouveaux usages (voir Figure 6 - Nouveaux modèles de
monétisation de la presse en ligne).
Figure 5 : Comparaison de CPM d’un support imprimé
vs. en ligne
/8
820
100
Publicité premium offline
Publicité premium online
Source : analyse Arthur D. Little
9
Marché des médias en France
Figure 6 : Nouveaux modèles de monétisation de la presse en ligne
Modèle de financement
Modèle publicitaire
Brand content
Bannière
publicitaire
Abonnement
Possibilité
d’accéder à des
contenus
normalement
payants contre le
visionnage d’une
publicité ciblée
Contenus copubliés par une
marque et un
éditeur de
contenu
Affichage
publicitaire sur le
site du journal
sans ciblage
particulier
Abonnement au
journal donnant
un accès illimité
aux contenus en
ligne
Achat de contenu
à l’unité sur le site
du journal
Achat de
contenus via une
market place
regroupant
plusieurs sources
de contenus
Slimcut Media
Campagne YahooLa Redoute
Le Figaro,
Le Monde
Le Figaro,
Le Monde
Blendle,
LeKiosk,
Kiosque d’Apple
Exemple
Description
Publicités
ciblées
Modèle payant
Monétisation innovante
Modèle historiques de financement
Paiement à
l’article
Le Monde
Market place
Monétisation innovante
Source: Analyse Arthur D. Little
De nombreux acteurs s’orientent vers un modèle économique
hybride combinant les activités physiques et numériques.
Ces transformations nécessitent notamment des évolutions
organisationnelles importantes pour mieux prendre en compte
le online, à l’instar de ce qu’ont pu faire le New York Times ou le
groupe finlandais Sanoma.
Enfin, les achats programmatiques sont en train de révolutionner
le secteur de la publicité en ligne. Les ad-exchanges et le Real
Time Bidding (RTB) viennent fluidifier la rapidité d’exécution et
affiner la précision du ciblage. Le RTB représente déjà plus de
15% de la publicité en ligne et devrait croître fortement dans les
années à venir.
De leur côté, les pure players Internet parviennent à développer
des modèles de monétisation innovants, y compris dans les
formes de monétisation de contenu. A titre d’exemple, la
startup Slimcut Media a développé un outil de monétisation des
contenus premium pour les groupes de presse, à travers un
affichage de publicité choisie.
Par ailleurs, les modèles freemium s’affirment progressivement
comme dans le domaine de la musique (Spotify, Deezer,…) : les
versions gratuites, limitées et financée par la publicité, attirent
les clients tandis que les formules par abonnement proposent
de l’écoute illimitée et des fonctionnalités étendues.
10
Marché des médias en France
Troisième vague : transformation
numé­­rique… et redistribution des cartes
Figure 7 : Segmentation utilisée pour la répartition de la valeur
Source de
financement
Destination des financements
Distributeur
Funds
Consommateurs
Annonceurs
Contributions
publiques





Cinéma1
Magasins
Casinos
Télévision payante2
Régies publicitaires
Agrégateur
Producteur
 TV publiques et privées
 Diffuseurs
 Presse et magazines
Offline
 Moteurs de recherche
 Plateformes OTT
 Presse et magazines
numériques
 Plateforme de jeu en ligne
Online
 Studios, artistes et
éditeurs3
 Producteurs de concert
et de théâtre
 Agences de presse
 Développeurs
d’application
Source: Analyse Arthur D. Little
1) cinéma, théâtre et concerts , 2) inclut entre autres Canal + et Canalsat, 3) inclut les labels musicaux, éditeurs de livres, et les studios (vidéos et jeux)
Arthur D. Little a analysé les évolutions de la
captation de valeur par les acteurs du secteur des
médias et de l’entertainment.
La répartition de la valeur a été analysée, dans le temps, selon
deux dimensions :
nn L
a source des flux : consommateurs finaux, publicité /
annonceurs, financements publics des médias
nn L
a destination des flux : distributeurs, agrégateurs,
producteurs ou ayants droit
La valeur captée par un segment du marché correspond à la
différence entre les revenus du segment et les flux reversés à
d’autres acteurs de l’écosystème.
Gagnants et perdants : capter de la valeur à l’aune
de la transformation numérique.
L’analyse d’Arthur D. Little a permis d’identifier et de quantifier
les mutations au sein du marché et a révélé trois grandes
tendances :
1. Les acteurs Internet captent de plus en plus de valeur mais
cette augmentation devrait être plus modérée à l’avenir.
Jusqu’à présent, les acteurs Internet ne reversaient qu’une
faible part de leurs revenus à l’écosystème des médias.
Ce faible ratio s’expliquait par un modèle fortement basé
sur des contenus gratuits de type moteurs de recherche,
plateformes de référencement (i.e. Google News), etc.
Dans les années à venir, le online captera davantage de
valeur… mais la part relative de valeur captée sera inférieure,
en raison des nouveaux modèles d’abondance comme
le streaming musical et vidéo (Deezer, Spotify, Canalplay,
Netflix,…) qui sont davantage redistributifs.
2. Les autres gagnants sont les ayants droit et les producteurs.
En effet, ceux-ci captent une part significative de la valeur de
l’écosystème (17,8 milliards d’euros en 2013)… et ont perçu
davantage en 2013 qu’en 2007 (+10% sur la période).
3. En revanche, et malgré la réception de nombreux flux
financiers, les distributeurs et les agrégateurs offline
captent relativement peu de valeur. Ceci est dû au
rôle d’intermédiaire des distributeurs et à l’important
financement des contenus par les agrégateurs.
La France n’est pas un cas atypique. A titre d’exemple, le
marché espagnol connaît une dynamique proche, malgré un
impact plus fort de la crise. Le online y capte de plus en plus
11
Marché des médias en France
Figure 8 : Flux de financement dans le marché des médias en France, 2013
ANNONCEURS
CONSOMMATEURS
CONTRIBUTIONS
PUBLIQUES
Contribution :
12,5 mds
(+3%)
Contribution :
23,2 mds
(+3%)
Contribution :
4,4 mds
(+36%)
7,8 mds
(-19%)
20,0 mds
(-10%)
3,7 mds
0,1 mds
(+68%)
Valeur captée :
DISTRIBUTEURS
Offline
13,0 mds
(-13%)
5,7 mds
(-13%)
4,0 mds
(+33%)
Valeur captée :
AGRÉGATEURS
Offline
4,3 mds
(+82%)
11,0 mds
(-14%)
3,2 mds
(+608%)
Valeur captée :
ONLINE
Distrib./Agrég.
9,3 mds
(-6%)
0,3 mds
(+75%)
Fonds offline
Fonds online
Les distributeurs et les
agrégateurs contribuent aux
fin. publics via différentes taxes
(0,7 mds)
5,8 mds
(+131%)
6,0 mds
(+3%)
1,7 mds
(+439%)
PRODUCTEURS
ET AYANTS DROIT
0,4 mds
(+68%)
Valeur captée :
17,8 mds
(+10%)
Source: analyse Arthur D. Little
Note: Toutes les valeurs sont exprimées en EUR, tous les pourcentages sont des TCAM sur la période 2007–2013
12
Marché des médias en France
Figure 9 : Variation de la valeur captée par les différents segments (mds €)
Online
Distributeurs offline
+131%
-13%
5,8
6,5
2013
2007
Production /
ayants droit
Agrégateurs offline
+10%
-14%
12,7
5,7
11,0
16,1
2013
2007
17,8
2,5
Effets sousjacents
2007
2013
2007
2013
Flux entrant
Capacité à capter
la valeur
+166%
-12%
-8%
+10%
-13%
-1%
-6%
0%
Source : analyse Arthur D. Little
de valeur (+136% entre 2007 et 2013). La différence entre les
marchés porte avant tout sur les producteurs espagnols qui,
contrairement à leurs homologues français, ont vu leur capacité
à capter de la valeur diminuer de 17% entre 2007 et 2013.
à venir (de l’ordre de 1,3% par an sur la période 2013-2017).
Cette légère reprise sera soutenue par le rebond – néanmoins
modeste – des dépenses des consommateurs et des
annonceurs.
Les perspectives sont positives pour le marché
français et totalement tirées par le digital.
L’ensemble de la croissance sera généré par le segment online,
qui devrait croître de 4 milliards d’euros et représentera plus du
quart des revenus médias en 2017.
Arthur D. Little prévoit une croissance modérée du marché
français des médias et de l’entertainment dans les années
Figure 10 : Prévision de la taille du marché des médias en France
Dépenses en milliards d’euros actuels
Dépenses en milliards d’euros actuels
TCAM
2013-2017
1,3%
40,1
41,2
42,3
7,6
9,4
11,3
32,5
2013
31,8
2015
Source : analyse Arthur D. Little
31,0
2017
10,4%
Online
Offline
TCAM
2013-2017
1,3%
40,1
41,2
42,3
4,4
4,5
4,5
Contributions publiques
0,4%
12,5
12,7
13,1
Publicité
1,3%
23,2
24,0
24,7
Consommateurs
1,5%
2013
2015
2017
-1,2%
%
TCAM
13
Marché des médias en France
Cette croissance variera fortement selon le niveau d’avancement
des segments dans leur migration numérique. Par exemple,
les marchés de l’édition et de la vidéo se trouvent encore à des
stades amont tandis que les jeux de hasard sont plus avancés
(voir Figure 9 - Avancement de la migration online).
Le marché du offline devrait quant à lui se stabiliser
progressivement pour plusieurs raisons :
nn L
a poursuite de la vente de certains produits physiques
« symboliques » ou profitant d’un effet générationnel. A titre
d’exemple, la vente de CD physiques a connu en France un
regain de croissance en 2013, après plus de 10 années de
déclin
nn L
’existence de services et d’événements difficilement
dématérialisables (casinos, concerts,…)
nn L
e maintien des financements publics pour les médias
traditionnels
Figure 11 : Avancement de la migration online
Part des revenus online sur les revenus totaux
du segment (% des ventes en valeur)
Phase d’amorçage
Phase de développement
Phase de stabilisation
25%
20%
Monde Online :
 Applications
 Réseaux
sociaux
15%
10%
5%
2013
2017
Progression de la migration
Source : analyse Arthur D. Little
14
Marché des médias en France
Implications pour les acteurs
La croissance du secteur, l’accélération du numérique et
les évolutions de captation de valeur impacteront fortement
le secteur des médias en France. Ils créeront de nouvelles
opportunités pour les acteurs du secteur et nécessiteront aussi
la réalisation de profonds mouvements de transformation.
La transformation des médias a par exemple permis à des
acteurs Internet ou hybrides de devenir des champions
internationaux en quelques années (Spotify, Schibsted,
Meetic,…), ce qui semblait impossible dans le monde du offline.
Les implications de ces bouleversements varient selon les
acteurs.
Figure 12 : Indice d’évaluation des principales offres SVOD
et offres comparables en France – octobre 2014
Indice
d’évaluation
des contenus
(films et séries)
29
La migration vers le online représente une opportunité majeure
pour les consommateurs, pour lesquels s’ouvre une véritable
ère d’abondance, de choix et de diversité des contenus. Cette
opportunité s’est concrétisée par exemple avec Deezer et
Spotify pour les contenus musicaux, avec Google News ou
ePresse pour la presse, avec Amazon et la Fnac pour les livres
et avec Canal Play, OCS ou Netflix pour la vidéo.
Les offres de vidéo en streaming se sont développées en amont
de l’arrivée de Netflix et proposent des services comparables ou
supérieurs à ceux de Netflix (voir Figure 10 – Indice d’évaluation
des principales offres SVOD - Subscription VOD - et certaines
offres comparables en France). CanalPlay, l’offre de VOD illimitée
offerte par Canal+, a conquis plus de 520 000 abonnés en
septembre 2014.
Selon nos analyses, Netflix et CanalPlay disposent à ce jour
d’offres comparables en termes de qualité avec un indice
d’évaluation des contenus supérieur à 25 (indice construit par
Arthur D. Little sur la base de la taille des catalogues, la qualité
des contenus évaluée via un panel de films et séries récents et
la présence ou non d’un mode offline).
En France, les services de SVOD se heurtent toutefois à la
chronologie des médias, qui impose une période de 36 mois
entre la sortie d’un film en salle et sa mise à disposition via un
service de VOD par abonnement.
22
OCS
Caractéristiques
Prix
Le online facilitera l’accès aux contenus pour les
consommateurs.
25
Mode hors
connexion
16
1
Jook
Outil de
recommandation
Outil de
recommandation
Contenus
disponibles
30 jours
Service
SVOD de
AB Groupe
7,99€
7,99€
12€
6,99€

prochainement

Source : analyse Arthur D. Little
Le développement des offres SVOD (Subscription
VOD) permettra aux producteurs de générer
d’importants revenus supplémentaires.
La migration vers le online est une opportunité pour les
producteurs et les ayants droit. En effet, les médias en ligne
financent déjà le maillon « production » à hauteur de 1,7
milliards d’euros, financement qui a crû de 500% entre 2007 et
2013.
Netflix France et CanalPlay pourraient représenter 100 à 150
millions d’euros de revenus supplémentaires à horizon 5 ans
pour la production française dans l’hypothèse où les producteurs
français parviennent à intégrer 25% de leurs contenus parmi les
audiences de ces services en France (à titre de comparaison,
l’offre de fiction française a représenté environ 45% de l’offre
globale dans l’audiovisuel français en 2012).
Il existe des opportunités concrètes d’évolution pour
les agrégateurs et les distributeurs offline.
La migration de la valeur impacte les distributeurs offline et les
agrégateurs offline. Ces renouvellements nécessiteront des
arbitrages stratégiques pour les entreprises.
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Marché des médias en France
Les agrégateurs pourront se procurer un accès aux données
clients et se déplacer vers la distribution en ligne afin de
cibler les contenus et les publicités et ainsi mieux monétiser
les contenus. Cette évolution nécessitera de poursuivre le
développement des services de rattrapage, par exemple par
la création d’une plateforme commune entre les chaînes de
télévision ; et d’être attentif à l’accès client afin de conserver
une connaissance des habitudes et des attentes des clients.
Alternativement, les agrégateurs peuvent envisager de
s’étendre en amont vers la production afin de sécuriser la
viabilité de leur modèle économique, avec en particulier des
opportunités d’exportation des contenus. Un tel mouvement
nécessiterait de modifier la réglementation actuelle qui interdit
aux chaînes de produire des contenus (vs. financement).
Les pouvoirs publics peuvent jouer un rôle important dans la
migration vers le online et dans le soutien à la croissance du
marché des médias dans son ensemble
Plusieurs mesures peuvent être envisagées pour
soutenir le secteur :
1. L’autorisation pour les chaînes télévisées de détenir (sous
certaines conditions) des parts producteurs leur permettrait
de renouveler et de sécuriser leur modèle économique
traditionnel
2. L’application des mêmes contraintes fiscales et de
financement à l’ensemble des acteurs distribuant du
contenu en France permettrait aux distributeurs français
de proposer des offres online dans des conditions plus
concurrentielles
3. Un assouplissement de la chronologie des médias, via un
raccourcissement des fenêtres SVOD pour certains acteurs
participant au financement, permettrait aux acteurs du
secteur de proposer des offres plus attractives, accélérant
ainsi la monétisation des contenus online
4. L’autorisation pour les opérateurs télécoms de différencier la
qualité de service par type de flux permettrait de financer les
lourds investissements dans les réseaux rendus nécessaires
par la très forte croissance du trafic vidéo
5. L’assouplissement de la loi sur la concentration des
médias, à l’instar d’autres pays de l’Union européenne,
permettrait aux groupes médias de renforcer leurs modèles
économiques
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Marché des médias en France
Conclusion
Après une bonne résistance à la crise et une
légère croissance sur la période 2007-2013, le
marché des médias français poursuit sa
transformation numérique.
La transformation des médias est marquée par
le développement du numérique, à la fois dans
les usages et dans les revenus. La migration
des usages est toutefois plus prononcée que
celle des revenus et nécessite le
développement de nouveaux modèles de
monétisation.
Cette mutation ouvre la voie à de nombreuses
opportunités pour les acteurs et pour les
consommateurs. Les acteurs de la production
et de l’Internet sont, à l’heure actuelle, les
principaux bénéficiaires de la migration
numérique. Les gagnants et les perdants de la
transformation ne sont toutefois pas encore
établis et il est nécessaire pour les agrégateurs
et les distributeurs offline d’accélérer leur
transformation et de renouveler leurs modèles
économiques.
17
Notes
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Contacts
Si vous souhaitez davantage d’informations ou organiser une discussion autour des sujets évoqués dans ce rapport, n’hésitez pas à
contacter :
Allemagne
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Etats-Unis
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Amérique latine
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Japon
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Suisse
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Corée
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Moyen Orient
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Espagne
Carlos Abad
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Pays-Bas
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Arthur D. Little
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