Avez-vous déjà eu l'impression de perdre votre
désir sexuel ? De ne pas être sur la même longueur
d'onde que votre partenaire en ce qui concerne la
fréquence de vos activités sexuelles ? Rassurez-vous,
plusieurs personnes se retrouvent dans cette situation. Le
manque de désir sexuel, que certains appellent panne ou
baisse de désir sexuel, c'est une absence ou une perte
d'intérêt pour les activités ou les fantasmes sexuels.
Mon désir sexuel est-il normal ?
Plusieurs facteurs influencent le désir sexuel,
tant des facteurs individuels (éducation reçue, culture,
âge, religion, état de santé, ...) que relationnels (conflits
conjugaux, pauvre communication sur les plans affectif
et sexuel, durée de la relation amoureuse, ...). Ainsi, et
heureusement, il n'y a pas de normes précises en matière
de sexualité. Par exemple, une certaine fréquence d'ac-
tivités sexuelles n'est pas plus saine qu'une autre. Bien
qu'il n'y ait pas de normes précises, il est possible de
ressentir une pression sociale ou une pression du parte-
naire à s'adonner davantage aux activités sexuelles. Le
désir sexuel pourra même provoquer des conflits au sein
du couple, lorsqu'il y a un écart considérable entre le
désir des deux partenaires.
Les manifestations du manque de désir
Il est fréquent que les personnes ayant un
manque de désir sexuel aient moins souvent des activités
de masturbation, explorent moins leur corps et réagis-
sent moins favorablement à des situations érotiques.
Même si elles ont peu d'activités sexuelles, elles
aimeraient en avoir encore moins. C'est pour cette rai-
son, entre autres, qu'elles répondent de façon moins
favorable aux avances sexuelles de leur partenaire.
D'ailleurs, il est fréquent qu'elles refusent de faire
l'amour et lorsqu'elles acceptent, c'est souvent pour
éviter de blesser le (la) partenaire ou par sentiment
d'obligation.
Ces hommes et ces femmes sont également aux
prises avec toutes sortes d'émotions. Ils ressentent sou-
vent de la culpabilité face au plaisir et ont de la difficulté
à se laisser aller sexuellement. Il est fréquent qu'ils aient
peur de l'intimité, et qu'ils craignent d'être jugés néga-
tivement, d'être rejetés ou humiliés. Parfois, c'est l'an-
xiété de performance qui prend le dessus ou à d'autres
moments un sentiment de vide qu'aucune activité
sexuelle ne réussit à combler.
Ces émotions résultent d'expériences passées et
présentes. Par exemple, une expérience sexuelle
restreinte, négative ou insatisfaisante de même qu'une
histoire de faible estime de soi, d'image corporelle néga-
tive ou de valeurs morales antagonistes à l'épanouis-
sement sexuel peuvent générer de telles émotions. Ces
émotions sont également influencées par différents
mythes sexuels et pensées irrationnelles, telles « si j'ai
moins de désir sexuel, c'est nécessairement que j'aime
moins mon (ma) partenaire » ou « je dois être un (e) excel-
lent (e) amant (e) pour plaire à mon (ma) partenaire ».
Les mythes... parlons-en !
Il est faux de croire que l'on naît avec un cer-
tain niveau de désir sexuel et que l'on ne peut rien faire
pour le modifier. Comme plusieurs facteurs peuvent être
à la source du manque de désir et le maintenir, dif-
férentes façons peuvent l'attiser. Certains moyens peu-
vent être bien concrets, tels augmenter et diversifier les
expériences sexuelles et sensuelles ainsi que les fan-
tasmes sexuels, améliorer la communication entre parte-
naires. D'autres peuvent davantage faire appel à un
travail intérieur qui amène une meilleure connaissance
et acceptation de soi. Confronter les mythes sexuels et
pensées irrationnelles fait partie des méthodes
privilégiées pour modifier le désir sexuel et la qualité
des relations de couple. En voici quelques-uns :
· Il est essentiel d'être beau (belle) physiquement
pour maintenir le désir sexuel du partenaire et avoir de très
bonnes relations sexuelles. Non, ce n'est pas essentiel ! On
peut susciter et maintenir le désir du partenaire sans
posséder les standards de la beauté véhiculée par la
société. En fait, bien des facteurs entrent en jeu
lorsqu'on parle de maintenir le désir sexuel de l'autre et
d'avoir de très bonnes relations sexuelles. Parmi ceux-ci
figurent les affinités entre les deux partenaires, le confort
avec l'autre, l'estime de soi, les préférences sexuelles, ...
· Faire l'amour ne devrait pas être planifié à
l'avance, mais plutôt se produire spontanément. Cette
affirmation traduit peut-être la préférence de certaines
gens. Mais n'oublions pas que plusieurs se réservent un
temps particulier pour leurs activités sexuelles, horaire
chargé ou non !
· Quelqu'un qui est satisfait de sa vie sexuelle
avec son partenaire ne devrait pas avoir de fantasmes
sexuels concernant d'autres partenaires ou des situations
différentes ; il ne devrait pas non plus se masturber ni
ressentir un désir de le faire. C'est une croyance qui mérite
d'être nuancée, car plusieurs femmes et hommes satis-
faits sexuellement avec leur partenaire ont divers fan-
tasmes, ressentent du désir pour la masturbation et se
masturbent. D'ailleurs plusieurs professionnels recom-
mandent d'avoir une variété de fanstasmes sexuels
plutôt qu'un seul fantasme rigide et répétitif.
· Une activité sexuelle est bonne seulement si elle
mène à l'orgasme. Faux. Activités sexuelles et pénétration
sont synonymes. Encore faux, de même que Il n'y a pas
d'activités sexuelles possibles entre deux personnes si
l'homme n'a pas d'érection. Beaucoup éprouvent du
plaisir et de la satisfaction sans atteindre l'orgasme. Pour
bien des gens, l'échange d'affection est même plus
important que le déroulement des activités sexuelles.
D'autre part, il y a une gamme d'activités sexuelles
plaisantes qui ne requièrent pas la pénétration ou l'érection.
Une panne de désir peut susciter une prise de
conscience importante sur soi et sur le couple. Les cau-
ses sont nombreuses et les mythes parfois tenaces. Pour
arriver à une sexualité plus riche, il est essentiel de se
donner du temps, éviter de se juger et prendre le risque
de communiquer avec l'autre.
Le manque de désir sexuel Vies-à-Vies
Par
Nathalie
Drouin,
Ph.D. (c)
3
Références
KAPLAN, Helen
Singer. The Sexual
Desire Disorders :
Dysfunctionnal
Regulation of Sexual
Motivation,
Brunner/Mazel, New
York, 1995.
DROUIN, N.,
TRINQUE, C. et
TRUDEL, G.
«Éléments à consi-
dérer dans l'évalua-
tion du désir sexuel
hypoactif» dans
Science et comporte-
ment, vol. 25, no. 1,
pp. 113-130, 1996.