Les élasticités sur le marché du pétrole Diverses études ont été faites pour estimer les élasticités caractéristiques de l’offre et de la demande sur le marché pétrolier. Les ordres de grandeur de ces élasticités estimées sur des horizons temporels de court terme et de long terme sont donnés dans le tableau qui suit. Elasticité-prix de la demande Elasticité-revenu de la demande Elasticité-prix de l’offre (OPEP) Elasticité-prix de l’offre (hors OPEP) Court terme (1 an) de 0 à -0,05 de +0,70 à +1,00 de +0,09 à +0,15 de +0,02 à +0,05 Long terme (10 ans) de -0,20 à -0,50 de +0,40 à +0,70 de +0,30 à +0,50 de +0,25 à +0,45 Vous vous aiderez de ces différentes informations pour répondre de façon précise et argumentée aux questions suivantes. 1) Indiquer ce que mesure chacune des élasticités du tableau ci-dessus en précisant pour chaque cas si la mesure se réfère à un déplacement sur la courbe ou à un déplacement de la courbe. 2) Comment peut-on expliquer que l’offre de pétrole (hors OPEP) est plus élastique par rapport au prix à long terme qu’à court terme ? 3) Comment peut-on expliquer que la demande de pétrole est plus élastique par rapport au prix à long terme qu’à court terme ? 4) Dans quelle mesure l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) peut-elle s’attendre à une augmentation du montant total des recettes de ventes de pétrole par ses membres lorsqu’elle provoque une hausse du prix de ce produit ? 5) A partir des informations disponibles, que peut-on dire de la forme générale des courbes d’offre et de demande sur le marché du pétrole ? -o-o-o-o-oCorrigé 1°) L’élasticité mesure la proportionnalité d’une réaction ; elle est définie comme un rapport de variations relatives. L’élasticité prix de la demande ( D,p ) est définie comme le rapport de la variation relative de la quantité demandée du bien (QD) sur la variation relative du prix de ce même bien (p) : QD D,p QD p p QD p p QD soit, en écriture pour des variations continues : D, p QD p p QD L’élasticité revenu de la demande ( D,R ) est définie comme le rapport de la variation relative de la quantité demandée du bien (QD) sur la variation relative du revenu de demandeur (R) : QD D,R R QD R soit, en écriture pour des variations continues : QD R D ,R R QD QD R R QD L’élasticité prix de l’offre ( S,p ) est définie comme le rapport de la variation relative de la quantité offerte du bien (QS) sur la variation relative du prix de ce même bien (p) : QS S,p QS p p soit, en écriture pour des variations continues : QS p S,p p QS QS p p QS Les élasticités prix de demande ou d’offre qui relient directement la quantité demandée ou offerte d’un bien au prix de ce même bien se rapportent à des déplacements sur les courbes respectives de demande ou d’offre. L’élasticité revenu de la demande qui relie la quantité demandée au revenu, variable exogène au marché, se rapporte à un déplacement de la courbe de demande. 2°) En règle générale, l’élasticité prix de l’offre de produits de base est plus faible à court terme qu’à long terme pour des raisons techniques et économiques. Le développement de la production à la suite d’une hausse du prix demande en effet la mise en œuvre de ressources supplémentaires et cela demande souvent du temps. Comme cela peut aussi exiger des investissements parfois coûteux et qui ne pourront être démantelés et revendus rapidement en cas de retournement du prix, les producteurs peuvent aussi attendre que le mouvement de hausse de prix soit bien confirmé avant de s’engager dans un développement de la production. La réaction de l’offre à court terme est donc très faible et ne devient significative qu’à plus long terme. On peut penser que cette différence est encore plus marquée pour les pays hors OPEP, ou du moins pour ceux d’entre eux qui n’ont pas un potentiel de production installé très important leur permettant de répondre facilement en « ouvrant plus ou moins le robinet ». 3°) Le pétrole, source d’énergie et matière première, est un produit de base essentiel pour de nombreux secteurs d’activité économique. Il a un caractère essentiel et il est difficile d’en réduire fortement la consommation à court terme. A plus long terme en revanche, on peut envisager de modifier les processus de production ou/et les habitudes de consommation pour réduire l’utilisation des produits pétroliers (économies d’énergie, développement de substituts). Cela explique que l’élasticité prix est plus élevée (en valeur absolue) à long terme qu’à court terme. 4°) A court terme les élasticités prix de la demande de pétrole et de l’offre de pétrole hors OPEP sont très faibles, proches de 0. Cela signifie que la demande de pétrole ne diminuera guère à la suite de la hausse du prix et que l’offre hors OPEP ne pourra pas se développer pour concurrencer efficacement celle de l’OPEP. Dans ces conditions, l’OPEP peut donc s’attendre à continuer à vendre des quantités quasiment inchangées à un prix plus élevé. Le montant total de ses recettes devrait donc augmenter à court terme. A plus long terme, l’augmentation de ces recettes sera freinée par une diminution de la demande et une montée de l’offre concurrente hors OPEP. On note cependant que, même si les élasticités prix sont plus élevées à long terme qu’à court terme, elles restent inférieures à 1 en valeur absolue, ce qui signifie des réactions moins que proportionnelles. La hausse des recettes de l’OPEP sera sans doute moindre à long terme qu’à court terme, mais elle ne sera peut-être pas totalement annulée. 5°) L’élasticité prix de la demande est négative et faible en valeur absolue. La courbe de demande est donc décroissante dans le plan (quantité, prix). Elle est très proche de la verticale à court terme et un peu moins à long terme (rigidité de la demande). L’élasticité prix de l’offre est positive et faible en valeur absolue. La courbe d’offre est donc croissante dans le plan (quantité, prix). Elle est assez proche de la verticale à court terme et un peu moins à long terme (rigidité de l’offre).