Utilisation des protéagineux dans l`alimentation des bovins lait

Bovins Viande Bovins Lait Ovins Viande Caprins Laitiers
Lupin
Pois
Féverole
Les crises récentes en élevage ont un retentissement sur l'alimentation des
bovins laitiers ; les éleveurs ont le souci de réassurer le consommateur sur les
sources alimentaires utilisées par leurs animaux, que ce soit par la volonté de
garantir une alimentation sans OGM ou par le souci d'assurer la trabilité des
aliments qu'ils distribuent. Ces démarches les incitent à rechercher l'autonomie
alimentaire de l'exploitation, en particulier celle en protéines.
Limiter ou supprimer l’achat d’aliments riches en
protéines
Dans la très grande majorité des situations, les exploitations de Midi-Pyrénées
sont structurellement autonomes en fourrages ; 95 à 100 % des fourrages sont
produits par l'exploitation. Seuls des énements climatiques engendrent des
achats de fourrages ; ces situations restent conjoncturelles. La plupart du temps,
les entrées de ressources alimentaires externes à l'exploitation se limitent aux
aliments concentrés, dans des proportions variables selon le système fourrager,
le niveau de production par animal et les cultures associées (céréales,
oléoprotéagineux) ; l'autonomie en concentrés évolue en général entre 0 et
75 % de la MS en concents consommés. Une bonne partie de ces concents
correspond à des achats de protéines destinées à corriger les rations,
notamment celles à base de maïs ensilage, et à équilibrer les concentrés de
production. Ces protéines achetées proviennent en majorité de tourteaux de
soja importés du Brésil ou des États-Unis puis de tourteau de colza d'origine
métropolitaine ou européenne. L'autonomie en protéines se situe généralement
entre 0 et 60 % de la MAT provenant des concentrés distribués.
L'emploi de ces sources concentrées en protéines peut être limité :
par l'application stricte des apports recommandés de l'INRA pour le
rationnement protéique des animaux, sans "marges de sécurité", voire en
abaissant le niveau protéique de la ration pour mieux valoriser les fourrages
et être plus économe. Cette dernière pratique peut s’accompagner d’une
baisse de production. Ces pratiques présentent aussi l'avantage de limiter les
rejets azotés défavorables à l'environnement,
par leveloppement de systèmes utilisateurs d'une plus grande part d'herbe
qui constitue la principale source de protéines métropolitaines. La richesse de
l'herbe en protéines est permise par un stade d’exploitation précoce, par
l'apport d'azote minéral, par l'utilisation de légumineuses cultivées et par
l'association de trèfle blanc dans les prairies de graminées,
en veillant au bon équilibre desgimes en associant correctement les
fourrages conservés à base d'herbe et ceux moins riches en protéines comme
le maïs ensilage,
par l'utilisation des graines protéagineuses. Le pois, le lupin et laverole,
dont les techniques culturales sont au point en Midi-Pyrénées, peuvent
constituer des sources protéiques alternatives intéressantes en remplacement
des tourteaux et contribuer significativement à l'autonomie protéique des
exploitations d'élevage.
Utilisation des proagineux
dans l'alimentation des bovins lait
Bovins Viande Bovins Lait Ovins Viande Caprins Laitiers
Page 2 sur 9 Utilisation des protéagineux dans l'alimentation des bovins lait
Les protéagineux : une valeur azotée intermédiaire entre les
céréales et les tourteaux
Les graines de pois, lupin et féverole se
caractérisent par une valeur énergétique très
proche de celle des céréales. Elles contiennent
des proportions variables d'amidon : le pois en
comporte 45 %, la féverole 38 % et le lupin
n'en contient pas. Le pois et la féverole
comportent aussi peu
de matières grasses
que les céréales et les
tourteaux déshuilés ;
le lupin en contient
3 à 5 fois plus.
Leurs teneurs en matières azoes totales
(MAT) sont inférieures de 25 à 50 % à celles
du tourteau de soja. Avec près de 35 % de
MAT, le lupin est le plus riche. Le pois et la
féverole ont des valeurs assez proches
comprises entre 20 et 25 % de MAT. Ces
protéines présentent la particularité d'être
rapidement dégradées dans le
rumen. Leur teneur en PDIE n'est
donc pas très élevée. Des mesures
récentes de l'INRA faites sur la
dégradabilité des protéines dans le
rumen ont conduit à proposer une
revalorisation substantielle de la valeur en
PDIE du pois (116 g/kg brut) et du lupin
(140 g/kg brut). Mais les résultats acquis sur
les animaux n'ont pas
toujours confir
cette augmentation de
valeur pour le pois.
Ainsi, les valeurs en
PDI des protéagineux
proposées dans le
tableau 1 sont des "valeurs pratiques"
s'appuyant sur celles de l'INRA pour le pois et
la féverole (2002) et pour le lupin (1991),
proches de celles de l'UNIP-ITCF (2000). Les
données 2002 proviennent de la mise à jour
des valeurs des aliments faite par l'INRA le 25
octobre 2002 pour toutes les espèces à partir
de la banque des données de l’alimentation
animale de l’AFZ.
Les protéagineux sont un peu plus riches en
phosphore que les céréales et sont
pauvres en calcium, un peu moins que
les céréales. Leur teneur en méthionine
digestible peut être un facteur limitant
de la production laitière ; ce n’est pas
le cas de la lysine digestible.
Tableau 1: Composition et valeur nutritive des principales graines protéagineuses
Comparaison avec lesales et les tourteaux d'oléagineux
Maïs Blé Pois Lupin Féverole T. soja 48 T. colza 35
Teneur en MS
Matières minérales
Matières grasses
Matières azotées totales
Cellulose brute
Amidon
Phosphore absorbé
Phosphore total
Calcium
(%)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
86
12
37
81
22
641
1,9
2,6
0,4
87
16
15
105
22
605
2,3
3,2
0,7
86
30
10
207
52
446
2,9
4,0
1,1
89
35
84
341
114
0
2,8
3,8
3,4
87
33
13
254
79
383
3,4
4,6
1,4
88
64
19
453
60
0
4,4
6,2
3,4
89
70
23
337
124
0
8,1
11,4
8,3
UFL
PDIN
PDIE
LysDI
MetDI
(/kg brut)
(g/kg brut)
(g/kg brut)
(% PDIE)
(% PDIE)
1,06
64
84
5,7
1,9
1,02
70
89
6,7
1,9
1,04
130
83
7,7
1,7
1,18
200*
139*
6,8
1,6
1,04
162
97
7,4
1,5
1,06
331
229
6,9
1,5
0,85
219
138
6,8
2,0
(*) = valeur d'usage (INRA 1991 et UNIP-ITCF 2000) (Source INRA 2002)
Les faibles à très faibles teneurs en facteurs
antinutritionnels (tanins, alcaloïdes, facteur
antitrypsique, glucosides) n’entraînent pas de
problèmes sanitaires ; ils ne gênent pas
l’ingestion et les performances de vaches ou
de veaux d’élevage qui sont des non-ruminants
pendant 1 à 2 mois seulement. Les nouvelles
variétés, de lupin en particulier, minimisent la
présence de ces composés.
Lu
p
in
Pois
Févérole
Bovins Viande Bovins Lait Ovins Viande Caprins Laitiers
Page 3 sur 9 Utilisation des protéagineux dans l'alimentation des bovins lait
Avec le pois, des performances aussi bonnes qu’avec les tourteaux
Les essais conduits sur l'utilisation du pois en
remplacement du tourteau de soja sont
relativement anciens (fin des années 80-début
90). Dans ces essais sur vaches laitières sur
des rations à environ 100 g PDI/kg MS de
ration totale, le pois (3,5 à 5 kg/j) associé ou
non à une petite quantité de tourteau tanné
venait en remplacement de tourteau de soja et
d'une céréale. Lorsque les besoins en PDIE
sont couverts (4 essais), calculés sur la base de
86 g PDIE/kg brut de pois, la production
laitière est légèrement améliorée (+ 0,4 kg) et
celle de matières grasses (MG) et protéiques
(MP) est maintenue ; d'où unegère baisse du
TB et du TP (- 0,6 g/kg) (tableau 2).
Deux essais récents (1999-2001) ont é
conduits en début de lactation sur des rations
complètes à base de maïs ensilage titrant 90 g
PDI/kg MS de ration totale ; le pois (4,7 kg/j)
associé à du tourteau tan de colza
remplaçait du tourteau de colza associé à du
tourteau tanné de colza. L'ingestion totale
n'est pas modifiée ; la production laitière a
gèrement baissé (- 0,5 kg), les quantités de
MG et MP sont maintenues d'où unegère
augmentation des taux (+ 0,6 g/kg en TB)
(tableau 2). Avec le pois la reprise de poids est
plus rapide en fin d’essai qu’en début.
Tableau 2 : Utilisation du pois par les vaches laitières
témoin t. soja (4 comparaisons) témoin t. colza (2 comparaisons)
Lot t. soja Lot pois Lot t. colza Lot pois
Consommation (kg MS)
Ensilage maïs
Concentré
dont pois
11,9
5,5
-
12,5
5,5
4,1
15,1
5,0
-
13,8
6,6
4,1
Performances
Lait (kg)
TB (g/kg)
TP (g/kg)
Gain de poids vif (g/j)
22,2
42,0
30,9
85
22,6
41,4
30,3
40
31,8
35,8
30,3
186
31,3
36,4
30,4
150
(Source Institut de llevage Chambres d'Agriculture - INRA - ITCF)
Le pois peut servir de correcteur unique pour
assurer une ration à 25 - 28 kg de lait selon la
composition de la ration, en vérifiant que la
ration n'est pas déficitaire en PDIE et en
acceptant un léger excès en PDIN. Pour aller
au-delà de ce niveau, il faut l'associer avec 15 à
25 % de tourteaux tannés (soja ou colza) selon
le niveau de production recherché. On peut
aussi l'associer à 20 - 25 % de tourteaux
tannés pour reconstituer un concentré de
production équilibré de type VL 2,5 à 3 l. Dans
ces différents cas, il peut ainsi être utilisé 5 à 6
kg de pois/jour/vache.
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Page 4 sur 9 Utilisation des protéagineux dans l'alimentation des bovins lait
Avec le lupin, un lait plus riche en matières grasses et un peu
pénalisé en protéines
Les essais conduits sur l'utilisation du lupin en
remplacement du tourteau de soja sont
anciens (anes 80). Dans ces essais sur
vaches laitres sur des rations à environ 100 g
PDI/kg MS de ration totale comportant 80 %
d'ensilage de maïs et 20 % de foin de luzerne,
3,5 kg/j de lupin associé ou non à une petite
quantité de tourteau tanné venaient en
remplacement de tourteau de soja et d'une
céale. Lorsque les besoins en PDIE sont
couverts (3 essais), la production laitière est
amélioe (+ 0,8 kg) ainsi que celle en
matières grasses ; la quantité de matières
protéiques est maintenue. Il en sulte un
maintien du TB et une baisse du TP
(- 0,7 g/kg) (tableau 3).
Deux essais récents (1999-2001) ont é
conduits en début de lactation sur des rations
complètes à base de maïs ensilage titrant 90 g
PDI/kg MS de ration totale ; le lupin (3,7 kg/j)
associé à du tourteau tan de colza
remplaçait du tourteau de colza associé à du
tourteau tanné de colza. L'ingestion totale
n'est pas modifiée ; la production laitière s'est
maintenue en moyenne (+ 0,4 kg), la quantité
de MG est augmentée et alors que celle en MP
est maintenue d' une augmentation du TB
(+ 1,3 g/kg) et une baisse du TP (- 0,6 g/kg)
(tableau 3). La reprise de poids ne diffère pas
entre les lots.
Selon les essais, le lupin entraîne une
augmentation de production du lait et un
maintien du TB ou un maintien de la
production de lait et une augmentation de TB.
En résumé, la quantité de matières grasses
augmente.
Tableau 3 : Utilisation du lupin par les vaches laitières
témoin t. soja (3 comparaisons) témoin t. colza (2 comparaisons)
Lot t. soja Lot lupin Lot t. colza Lot lupin
Consommation (kg MS)
Ensilage maïs
Foin luzerne
Concentré
dont lupin
11,6
3,3
3,5
-
11,6
3,3
3,5
3,1
15,1
-
5,0
-
15,1
-
5,4
3,3
Performances
Lait (kg)
TB (g/kg)
TP (g/kg)
Gain de poids vif (g/j)
25,5
41,7
30,3
612
26,3
41,8
29,6
600
31,8
35,8
30,3
186
32,2
37,1
29,7
156
(Source Institut de l'Élevage – Chambre d'Agriculture 49 – INRA Lusignan)
Le lupin ne pose pas de problème d'appétence
jusqu'à 6 kg/jour/vache. Il peut servir de
correcteur unique pour assurer une ration à
28 - 32 kg de lait selon la composition de la
ration, en vérifiant que la ration n'est pas
déficitaire en PDIE et en acceptant un léger
excès en PDIN. Pour aller au-delà de ce
niveau, il faut l'associer avec 15 à 20 % de
tourteaux tannés (soja ou colza) selon le
niveau de production recherché.
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Page 5 sur 9 Utilisation des protéagineux dans l'alimentation des bovins lait
Avec la féverole, les mêmes performances quavec des tourteaux,
mais peu de références
Les essais conduits sur l'utilisation de la
verole en remplacement du tourteau de soja
sont anciens (années 70) et peu nombreux
dans des conditions d'alimentation connues en
Midi-Pyrénées, les fourrages représentent
plus de 60 % de la ration. Dans un essai sur
des vaches laitières en milieu de lactation
(INRA, 1982) avec une ration comportant
50 % de maïs ensilage et 50 % de foins, 2,6 kg/j
de féverole venaient en remplacement de
tourteau de soja. Sur une production laitière
moyenne entre les 2 lots de
14,0 kg/jour/vache, il n'y a pas de modification
de production laitière ni de composition du
lait.
Un essai récent (2002) a été conduit en début
de lactation sur des rations complètes à base
de ms ensilage titrant 90 g PDI/kg MS de
ration totale ; la féverole (4,0 kg/j) associée à
du tourteau tanné de colza remplait du
tourteau de colza associé à du tourteau tan
de colza. L'ingestion totale n'est pas modifiée ;
la production laitière s'est maintenue
(+ 0,2 kg), la quantité de MG est augmentée
alors que celle en MP est maintenue d'où une
augmentation du TB (+ 1,0 g/kg) et un
maintien du TP (+ 0,2 g/kg) (tableau 4). La
variation de poids ne diffère pas entre les lots.
Tableau 4 : Utilisation de féverole par les
vaches laitières
témoin t. colza (1 comparaison)
Lot t. colza Lot féverole
Consommation (kg MS)
Ensilage maïs
Concentré
dont verole
14,4
4,6
-
13,7
5,7
3,5
Performances
Lait (kg)
TB (g/kg)
TP (g/kg)
Gain de poids vif (g/j)
31,3
36,9
29,5
-172
31,5
37,9
29,7
-224
(Source Institut de l'Élevage – Chambre d'Agriculture 49)
Comme le pois et le lupin, la féverole ne pose
pas de problème d'appétence. La féverole peut
servir de correcteur unique pour assurer une
ration à 25 - 28 kg de lait selon la composition
de la ration, en vérifiant que la ration n'est pas
déficitaire en PDIE et en acceptant un léger
excès en PDIN. Pour aller au-delà de ce
niveau, il faut l'associer avec 15 à 25 % de
tourteaux tannés (soja ou colza) selon le
niveau de production recherché. La féverole
s'apparente à un concentré de production de
type VL 2 litres ; on peut aussi l'associer à 20 -
25 % de tourteaux tannés pour reconstituer
un concentré de production équilibré de type
VL 2,5 à 3 l. Le petit nombre d'expériences
montre qu'il peut être utilisé 4 à 6 kg de
féverole/jour/vache dans des rations à base
d'ensilage de maïs ou de foins.
Pois, lupin et féverole : mêmes conditions d’emploi
Conserver les graines entières
En lescoltant à 15 % d’humidité ou moins,
les protéagineux se conservent facilement en
graines entières, comme des céréales. Les
grains sont protégés par des guments épais ;
ils ne sont pas attaqués par les insectes
habituels des grains conservés. Les traitements
insecticides pour le stockage ne sont donc pas
nécessaires. Les bruches qui sortent des grains
en cours de stockage proviennent d’attaques
ayant eu lieu avant lacolte ; ces insectes
n’attaqueront pas les graines stockées.
La grande taille des graines permet une bonne
circulation de l’air dans le volume de stockage.
Le stockage est facilité par l’absence de
résidus d’adventices ; en cas de récolte avec
beaucoup d’impuretés, un tri sera nécessaire
pour éviter les risques de moisissures.
Durant le stockage, il faut surveiller
l’humidité ; quand l’humidité est inférieure à
16 %, il suffit de suivre l’évolution de l’état des
grains. Pour une humidité comprise entre 18
et 22 %, une ventilation froide permet de
ramener l’humidité des graines à 14 %. Au-
delà de 22 % d’humidité, un séchage est
cessaire pour éviter moisissures et
germination.
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