Ainsi, en période de récession, le recul de l’activité économique engendre chômage de masse et baisse du
pouvoir d’achat des ménages. Logiquement les ménages vont accroitre leur épargne de précaution pour
faire face aux incertitudes de la conjoncture. Ce faisant, ils ralentissent leur consommation, ce qui accroit
la baisse de la production et de l’emploi. Parallèlement, les entreprises anticipent le recul de l’activité,
stoppent leur projet d’investissement et se séparent d’une partie de leurs salariés ce qui accroît la crise. La
mévente des produits et l’importance du chômage favorisent la baisse des prix et des salaires réels.
L’économie entre en déflation. Les tensions sociales et politiques augmentent et remettent en cause le
« laissez-faire ». La lenteur de l’ajustement de l’économie par la déflation a été soulignée par J.M. Keynes
qui déclarait en 1931 : « A long terme, nous sommes tous morts ». Face à la paralysie des entreprises et
des ménages qui, tétanisés par la peur de l'avenir, ne veulent ou ne peuvent plus investir et consommer,
seul l'Etat dispose de la capacité d'emprunter et de dépenser. Il va donc adopter un plan de relance qui
consiste à accroître les dépenses publiques afin d’accroître la demande et la production.
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De même, en cas de croissance économique effective trop forte par rapport au potentiel de croissance
de l’économie, des tensions inflationnistes peuvent se manifester et être à l’origine d’un cercle vicieux
aux conséquences néfastes. L’inflation se traduit en effet par une baisse du pouvoir d’achat de la
monnaie, qui mine la confiance qu’ont les agents en elle, et par une perte de compétitivité-prix au
niveau international, ce qui peut avoir des effets négatifs sur les échanges extérieurs et donc la
production réalisée à l’intérieur du pays. Elle a également pour effet, si les revenus n’augmentent pas
au même rythme que les prix, de provoquer une baisse du pouvoir d’achat des ménages qui pourrait
être source de ralentissement de l’activité. Elle provoque enfin, lorsqu’elle n’est pas compensée par
une hausse des taux d’intérêt, des transferts de richesse des prêteurs, épargnants notamment, vers
les emprunteurs. L’Etat va alors adopter des plans de rigueur pour freiner la demande et ralentir la
hausse des prix.
B – Les politiques conjoncturelles budgétaires et monétaires
a) – Qu’est-ce qu’une politique conjoncturelle ?
1. Les politiques économiques recouvrent l’ensemble des mesures prises par les pouvoirs publics dans
l’économie. Elles sont caractérisées par la hiérarchisation des objectifs poursuivis et par le choix des moyens
mis en œuvre pour les atteindre.
2. Les politiques conjoncturelles visent des objectifs à court terme de rétablissement des grands équilibres
macroéconomiques. Elles sont essentielles au moment des retournements de la conjoncture, en vue
d’échéances électorales ou encore face à la pression de l’opinion publique. Les objectifs principaux des
politiques économiques conjoncturelles sont ceux mis en évidence graphiquement par le « carré magique »
proposé par Nicolas Kaldor : le plein-emploi ; la croissance ; l’équilibre des échanges extérieurs et la stabilité
des prix. L’État devient ainsi une sorte « d’auxiliaire » du marché, en tentant, par son intervention, d’orienter
l’activité économique dans un sens jugé souhaitable.
Réduction de l’emploi et
montée du chômage
Baisse de la
consommation
Hausse de l’épargne de
précaution
Baisse des salaires
réels