Trouble du rythme et de la conduction chez l`enfant - chu

publicité
Journal de pédiatrie et de puériculture (2016) 29, 191—210
Disponible en ligne sur
ScienceDirect
www.sciencedirect.com
ARTICLE EMC
Trouble du rythme et de la conduction chez
l’enfant夽
Arrhythmia and conduction in children
A. Maltret a,∗,b
a
Centre de référence des malformations cardiaques congénitales complexes (M3C),
hôpital Necker—Enfants-Malades, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France
b
Institut cardiovasculaire Paris Sud, 6, avenue Noyer-Lambert, 91300 Massy, France
MOTS CLÉS
Tachycardie ;
Bradycardie ;
Rythme irrégulier ;
Tachycardie
supraventriculaire ;
Cardiomyopathie
rythmique ;
Trouble du rythme
héréditaire ;
Traitement
antiarythmique ;
Bloc auriculoventriculaire ;
Ablation
endocavitaire
Résumé La grande majorité des troubles du rythme à l’âge pédiatrique est représentée par
des tachycardies supraventriculaires. L’évolution naturelle des tachycardies de la première
année de vie est favorable. La prise en charge consiste en un traitement antiarythmique de
quelques mois pour éviter les récidives et écarter le risque de cardiomyopathie rythmique.
Au-delà de 5 à 10 ans, un traitement curatif par ablation endocavitaire peut être envisagé. Les
troubles conductifs de l’enfant sont observés dans deux contextes distincts. Dans la période
périnatale, il s’agit presque exclusivement de bloc auriculo-ventriculaire complet d’emblée
d’origine immunologique. Les diagnostics de trouble conductif fait au-delà de cette période sont
plus volontiers évolutifs, se présentant initialement comme des troubles conductifs partiels.
La stimulation cardiaque permanente est indiquée en cas de bradycardie symptomatique ou de
fréquence cardiaque inférieure à 50 battements par minute. Les troubles du rythme héréditaires
ou canalopathies sont rares mais potentiellement létaux. Leur prise en charge doit se faire
dans un centre spécialisé. La prévention de la mort subite dans ce contexte passe par des
modifications du mode de vie, un traitement médical et/ou l’implantation d’un stimulateur
cardiaque ou d’un défibrillateur automatique implantable.
© 2016 Publié par Elsevier Masson SAS.
夽 Grâce au partenariat mis en place en 2010 entre le Journal de Pédiatrie et de Puériculture et l’EMC, les articles de cette rubrique sont
issus des traités EMC. Celui-ci porte la mention suivante : A. Maltret. Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant. EMC — Pédiatrie cardiologie 2015 [Article 4-107-A-70]. Nous remercions l’auteur qui a accepté que son texte, publié initialement dans les traités EM, puisse
être repris ici.
∗ Correspondance.
Adresse e-mail : [email protected]
http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2016.06.002
0987-7983/© 2016 Publié par Elsevier Masson SAS.
192
A. Maltret
Introduction
Tachycardie jonctionnelle par réentrée
Les mécanismes des arythmies de l’enfant, sans malformation cardiaque associée, sont les mêmes que chez l’adulte
mais leur épidémiologie et leur histoire naturelle sont singulières. La pédiatrie est, comme chacun sait, une spécialité
d’âge et non d’organe. Cet adage se vérifie pour les troubles
du rythme et de la conduction. Durant l’enfance, la présentation clinique, les diagnostics à évoquer, la prise en charge
et l’évolution d’une arythmie ou d’un trouble conductif sont
différents selon que l’enfant a quelques jours de vie ou
plusieurs années.
Cette prise en charge ne peut s’envisager sans un
diagnostic précis. L’électrocardiogramme (ECG) est le
principal outil diagnostique, c’est pourquoi cet article
s’articule autour des différents aspects électrocardiographiques en tachycardie, bradycardie ou rythme
irrégulier.
Tachycardie jonctionnelle réciproque par une
voie accessoire
Tachycardie régulière à QRS fins
La très grande majorité des arythmies de l’enfance est
représentée par des tachycardies régulières à QRS fins soit,
par définition, des tachycardies supraventriculaires (TSV).
Le terme TSV regroupe différentes formes d’arythmies de
localisation et de mécanisme différents. Par définition, ce
sont des arythmies qui naissent en amont de la bifurcation du faisceau de His. Le QRS est fin (moins de 80 ms).
La cadence ventriculaire dépasse souvent 230 battements
par minute (bpm) chez le nouveau-né. La présentation clinique est fonction de l’âge de l’enfant et de la tolérance
hémodynamique de la tachycardie. Dans la première année
de vie, le diagnostic peut être fortuit à l’auscultation lors
d’un examen systématique. À l’inverse, l’entrée dans la
maladie peut être dramatique dans un tableau de collapsus circulatoire si une tachycardie persistante a été
méconnue jusqu’à se compliquer d’une cardiomyopathie
rythmique.
L’association avec une cardiopathie congénitale n’est pas
rare : 10 à 15 % [1], voire plus en cas de syndrome de
Wolff—Parkinson—White [2].
Le diagnostic du type de TSV repose sur l’analyse
du rapport entre les activités atriales (onde P ou P )
et ventriculaires (QRS). La distinction sur l’ECG de surface de ces événements n’est pas toujours aisée chez
l’enfant, non seulement parce que le cycle de la tachycardie est rapide mais aussi parce qu’elle est conduite
en 1/1. Les manœuvres vagales, voire l’enregistrement
œsophagien, sont souvent utiles et peuvent éventuellement être couplés. Les manœuvres vagales chez l’enfant
sont : l’application d’une vessie de glace sur le visage
pendant 10 secondes chez le nouveau-né et la compression des globes oculaires chez les plus grands. Le test
à l’adénosine est souvent nécessaire (adénosine avant
1 an : 0,15 mg/kg, après 1 an : 0,1 à 0,3 mg/kg en
intraveineuse flash : Krenosin® —Adénocor® ; l’adénosine
triphosphate [Striadyne® ] : 0,5 mg/kg en intraveineuse
flash).
La tachycardie jonctionnelle réciproque ou rythme réciproque orthodromique est une réentrée qui descend par
le nœud auriculo-ventriculaire puis par le His et remonte
par une voie de conduction accessoire atrioventriculaire.
Les caractéristiques de ce type de tachycardie sont résumées dans le Tableau 1 (Fig. 1). Si cette voie accessoire
conduit en antérograde en rythme sinusal, l’espace PR
est court et le QRS « empâté », ce qui caractérise un
syndrome de Wolff—Parkinson—White. Quand la voie de
conduction accessoire ne conduit qu’en rétrograde, l’ECG
en rythme sinusal est normal, on parle alors de Kent
caché.
Ces rythmes réciproques orthodromiques sont la plus fréquente des TSV des premières années de vie, décrite dans
85 % des cas avant 1 an. L’évolution de ces formes précoces
est favorable. Passé l’âge de 12 à 18 mois, les crises cessent.
Jusqu’à 93 % des enfants ne font, en effet, pas de nouvelle
crise après 1 an. Cependant le suivi à moyen et long terme
montre des récurrences de la tachycardie allant de 30 à 60 %
selon la durée du suivi [3,4].
La prise en charge initiale consiste, si nécessaire, en
le rétablissement des fonctions vitales en réanimation et
la réduction du trouble du rythme. Passé cette période,
le risque résiduel est celui de la récidive qui, chez le
nouveau-né et nourrisson, peut conduire à une cardiomyopathie dilatée hypokinétique si la tachycardie n’est pas
reconnue et réduite à temps. Il est donc coutume de prévenir les récidives pendant les 12 premiers mois de vie.
Le choix de la molécule relève généralement d’habitudes
personnelles. Les antiarythmiques les plus couramment
utilisés sont les bêtabloquants, la flécaïnide, la digoxine
(sauf en cas de syndrome de Wolff—Parkinson—White avéré)
et l’amiodarone dont les modalités de prescription sont
résumées dans le Tableau 2. L’utilisation des inhibiteurs
calciques, notamment par voie intraveineuse, est contreindiquée chez l’enfant de moins de 2 ans. Ces traitements
peuvent être interrompus après le premier anniversaire,
qu’il y ait ou non un syndrome de Wolff—Parkinson—White
sur l’ECG. À l’arrêt du traitement, les parents doivent
être formés à reconnaître les symptômes de tachycardie et éventuellement savoir prendre le pouls de leur
enfant. En cas de récidive ou de première crise au-delà
de la première année, les options thérapeutiques sont
plus larges et dépendent de la fréquence et de la tolérance des accès de tachycardie. L’ablation par cathéter est
habituellement proposée aux « grands enfants ». Il existe
cependant quelques rares indications d’ablation avant 5 ans,
voire dans les premiers mois de vie en cas de tachycardies
réfractaires compromettant le pronostic vital de l’enfant
[5].
Syndrome de Wolff—Parkinson—White
Le syndrome de Wolff—Parkinson—White est secondaire à
la présence d’une voie de conduction accessoire entre
Caractéristiques des différentes formes de tachycardies supraventriculaires (TSV).
Mécanisme
Tachycardies jonctionnelles
RR
Réentrée
entre le nœud
auriculoventriculaire
et une VA
patente
(syndrome de
Wolff—Parkinson
—White) ou de
conduction
rétrograde
exclusive
(Kent caché)
PJRT
Réentrée
entre le NAV
et une VA de
conduction
rétrograde
décrémentielle le plus
souvent
postéroseptale
droite
RIN
Réentrée
entre deux
portions du
NAV de vitesse
de conduction
et de période
réfractaire
différentes
ECG
Rapport P/QRS
Effet des
manœuvres
vagales
Contexte
Épidémiologie
Population
Traitement
Figures
Tachycardie
régulière à
QRS fins. FC
entre 260 et
300 bpm chez
l’enfant de
moins de 1 an
et 160 à
250 chez
l’enfant de
plus de 1 an
P = QRS
Intervalle RP > 65—70 ms
Réduction de la
tachycardie
Cœur sain le
plus souvent
85 % des TSV
avant 1 an
Traitement
préventif des
récidives
jusqu’à 1 an, à
moyen terme
RF si TJ
persiste
Fig. 1
Tachycardie
régulière
entre 200 et
300 bpm avant
2 ans et
120—150 bpm
au-delà, arrêt
et
redémarrage
spontané
incessant
Tachycardie
régulière à
QRS fins
FC entre
120 et 300
(typiquement
entre 180 et
250 bpm)
P = QRS
P négative en
DII, DIII et aVF
Aspect de R-P
long
Réduction
transitoire de la
tachycardie
Cœur sain
Risque de cardiomyopathie
dilatée
rythmique
< 1 % des TSV
de l’enfant
Fig. 3
P = QRS, P
rétrograde
juste après le
QRS
(< 65—70 ms),
peut être
invisible car
masquée dans
le complexe
ventriculaire
Réduction de la
tachycardie
Cœur sain
Rare avant
2 ans
Incidence
croissante
avec l’âge
Contrôle
difficile de la
tachycardie
nécessitant
souvent
l’association
de plusieurs
antiarythmiques
Ablation
possible
Traitement
antiarythmique jusqu’à
l’ablation
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
Tableau 1
Fig. 4
193
194
Tableau 1
( Suite )
Mécanisme
Tachycardies atriales
Flutter
Macroréentrée
intra-atriale,
le plus souvent
antihoraire et
passant par
l’isthme
cavotricuspide
(flutter
commun)
Tachycardie
atriale
ectopique
Foyer
ectopique de
l’oreillette
droite ou
gauche
Tachycardie
atriale
hissienne
Foyer
ectopique du
faisceau de His
ECG
Rapport P/QRS
Effet des
manœuvres
vagales
Contexte
Épidémiologie
Population
Traitement
Figures
Tachycardie
régulière de
220 à 300 bpm
Activité
atriale en
« dents de
scie » bien
visible en
inférieur et V1
(onde F),
moins caractéristique de cas
de flutter
cicatriciel
Régulier après
possible
démarrage et
fin progressive
(warm-up et
cool down)
QRS fins
Fréquence atriale
entre 300 et
500 chez le
nouveau-né,
fréquence
ventriculaire
variable selon la
conduction AV en
1/1, 2/1, 3/1, etc.
Fréquence atriale
plus lente en cas de
flutter cicatriciel,
conduction en
1/1 plus fréquente
P > QRS ou P = QRS si
conduction en 1/1
Dégradation de la
conduction AV avec
démasquage des
ondes F de flutter
Nouveau-né :
cœur sain,
rare Ebstein
Enfant plus
grand : flutter
postatriotomie
et dilatation
oreillette
droite
15 % des TSV
néonatales
Prédominance
masculine
Dépistage et
réduction
anténatale
possibles
Nouveau-né :
réduction
médicamenteuse
ou électrique
Grand enfant :
ablation par
radiofréquence
Fig. 5
Cœur sain
Possible cardiomyopathie
dilatée
rythmique
2 % des TSV
néonatales
Traitement
antiarythmique
Ablation possible
si la tachycardie
atriale persiste
avec l’âge
Fig. 6
Tachycardie
régulière à
QRS fins, le
plus souvent < 200 bpm
P < QRS avec
dissociation AV ou
P = QRS si conduction
rétrograde en 1/1
Dégradation de la
conduction AV
(P > QRS) sans
changer fréquence
atriale
sous-jacente
Quelques cas de
réduction de la
tachycardie avec
redémarrage
progressif
(warm-up)
Ne change pas la
cadence
ventriculaire
Permet
d’objectiver la
dissociation AV si
conduction
rétrograde
1/1 préalable
Cœur sain,
forme
familiale avec
risque de cardiomyopathie
dilatée
rythmique ou
postopératoire
Rare
Contrôle difficile
de la tachycardie
par les
antiarythmiques,
dont l’objectif
est de ralentir le
foyer
Ablation difficile
Fig. 7
A. Maltret
ECG : électrocardiogramme ; VA : voie accessoire ; FC : fréquence cardiaque ; bpm : battements/min ; TSV : tachycardies supraventriculaires ; TJ : tachycardies jonctionnelles ;
RF : radiofréquence ; RR : rythme réciproque ; RIN : réentrée intranodale ; PJRT : persistent junctional reciprocating tachycardia ; NAV : nœud auriculo-ventriculaire ; AV :
auriculo-ventriculaire.
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
195
Figure 1. A. Tachycardie jonctionnelle réciproque ou « rythme réciproque ». L’activité atriale rétrograde est bien visible dans les
précordiales. B. Arrêt brusque de la tachycardie.
l’oreillette et le ventricule. En rythme sinusal, le passage de
l’influx électrique par la voie nodohissienne et par la voie
de conduction accessoire produit l’aspect empâté du QRS
encore appelé onde delta.
Hormis la survenue d’accès de réentrée décrit ci-dessus,
le risque du syndrome de Wolff—Parkinson—White est celui
d’une mort subite consécutive à la conduction rapide
d’une fibrillation atriale aux ventricules (Fig. 2), dégénérant en fibrillation ventriculaire. Ce risque est dépendant
des propriétés électrophysiologiques spécifiques à chaque
voie de conduction accessoire. Le risque de fibrillation
atriale est souvent lié à l’effort chez l’enfant mais son
incidence est considérée comme très faible avant l’âge de
10 ans.
L’exploration de la perméabilité antérograde de la
voie de conduction accessoire commence par une épreuve
d’effort et un Holter qui, s’ils montrent un affinement du
QRS, permettent de conclure à la bénignité de la voie de
conduction accessoire. Pourtant, dans la majorité des cas
(85), ces examens ne permettent pas de conclure formellement. On peut alors proposer une exploration œsophagienne
ou, comme c’est le cas de plus en plus souvent, une exploration endocavitaire qui sera complétée par une ablation
de la voie de conduction accessoire si celle-ci est maligne
et/ou symptomatique et à distance des voies de conduction normales. On retient donc que tout syndrome de
Wolff—Parkinson—White, même asymptomatique, doit être
exploré avant l’entrée au collège.
Tachycardie jonctionnelle réciproque
permanente ou tachycardie de Coumel
La tachycardie jonctionnelle réciproque permanente ou persistent junctional reciprocating tachycardia (PJRT) est une
forme rare mais potentiellement grave de TSV de l’enfant.
Il s’agit d’une réentrée entre le nœud auriculo-ventriculaire
et une voie accessoire spécifique dans ses propriétés électrophysiologiques et sa localisation. La conduction dans cette
voie de conduction accessoire est lente donc facilement perméable. La tachycardie est quasi-permanente, entrecoupée
de passage spontané en rythme sinusal plus ou moins long.
L’aspect ECG est typique comme résumé dans le Tableau 1
(Fig. 3).
Le caractère permanent de la tachycardie expose au
risque de cardiomyopathie rythmique. De petites séries
de la littérature rapportent jusqu’à 50 % de dysfonction ventriculaire gauche chez les enfants avec PJRT [6].
C’est une tachycardie difficile à contrôler par les antiarythmiques ; l’amiodarone est le traitement de première
intention [7]. Une bi-, voire une trithérapie peut être nécessaire. L’ablation par radiofréquence est possible et efficace.
Tachycardie jonctionnelle par réentrée
intranodale
Elle est considérée comme rare dans la première année de
vie. Pourtant, selon les séries, elle est rapportée dans 3 à
19 % des tachycardies jonctionnelles avant 1 an [8]. C’est
196
Tableau 2
A. Maltret
Exemples de spécialités utilisables en pédiatrie.
DCI/nom
commercial
Présentation
Posologie orale
Remarques
Digitalique/Digoxine
Nativelle®
Solution buvable
1 mL = 50 mg
10 à 15 ␮g/kg par jour
(nourrisson)
5 à 10 ␮g/kg par jour
(enfant)
Dose à adapter en cas
d’insuffisance rénale,
d’association avec
l’amiodarone ou du jeune
âge
Contre-indiqué en cas de
WPW
Surveillance ECG
Voie orale T3 , T4 , TSH avant
de débuter le traitement
Surveillance ECG (QTc),
interaction avec les AVK
Surveillance bilan thyroïdien
à 1 mois puis tous les 3 mois
Surveillance ECG
Surveillance glycémique si
nouveau-né non alimenté
Surveillance ECG
Bêtabloquant cardiosélectif,
utilisable en cas d’asthme du
nourrisson
Surveillance ECG
Amiodarone/Cordarone® 1 comprimé = 200 mg
500 mg/m2 par jour (dose
d’attaque)
250 mg/m2 par jour (dose
d’entretien)
Propranolol/Avlocardyl®
5 mL = 5 mg (Syprol)
1 comprimé = 40 mg
3 à 5 mg/kg par jour (en
trois à quatre prises)
Acébutolol/Sectral®
Solution buvable
40 mg/mL
10 mg/kg par jour (en
deux prises)
Nadolol/Corgard®
1 comprimé = 80 mg
Sotalol/Sotalex®
1 comprimé = 80 mg
Flécaïnide/Flécaïne®
Comprimé sécable 100 mg
Gélule LP 50, 100, 150 et
200 mg
25 à 50 mg/m2 par jour
(en deux prises)
100 à 200 mg/m2 par jour
(en deux prises)
2 à 4 mg/kg par jour (en
une prise si LP sinon en
deux prises)
Surveillance ECG
Dose test
Surveillance ECG
(élargissement du QRS)
WPW : syndrome de Wolff—Parkinson—White ; ECG : électrocardiogramme ; T3 : tri-iodothyronine ; T4 : thyroxine ; TSH : thyroid
stimulating hormone ; AVK : antivitamine K ; LP : libération prolongée.
à partir de 5/6 ans que la réentrée intranodale devient une
cause courante de TSV. Le substrat de la réentrée intranodale est une dualité nodale.
La présentation clinique de la réentrée intranodale diffère peu ou ne diffère pas, de celle du rythme réciproque.
Comme elle intéresse des enfants plus grands, ceux-ci sont
en mesure de décrire des palpitations. Les caractéristiques
ECG sont résumées dans le Tableau 1 (Fig. 4). Si les crises
sont fréquentes et responsables d’une gêne fonctionnelle
importante, un traitement par bêtabloquants peut être instauré. À terme, l’option du traitement invasif devra être
discutée avec l’enfant et ses parents.
Tachycardies atriales
Flutter atrial
Le flutter atrial droit ne représente que 1 % des arythmies
de l’enfance mais jusqu’à 15 % des TSV de la période néonatale [2]. On distingue deux types de flutters dans la période
pédiatrique. Le flutter sur cœur sain dont le diagnostic est
fait dans deux tiers des cas dans la première année de vie
[9], voire même en anténatal, et le flutter associé à une
cardiopathie. Les cardiopathies susceptibles de se compliquer de flutter dans l’enfance sont celles qui dilatent
l’oreillette droite mais aussi toutes les cardiopathies opérées par atriotomie droite. Ces caractéristiques ECG sont
résumées dans le Tableau 1 (Fig. 5). Le flutter de la
période néonatale n’est généralement pas associé à une
malformation cardiaque [10], il n’y a pas d’indication à
l’anticoagulation. Ce trouble du rythme a une histoire naturelle particulière. En effet, une fois réduit, le risque de
récidive est extrêmement faible passé la période néonatale [11]. L’urgence à rétablir le rythme sinusal dépend
de la tolérance hémodynamique du flutter. En cas de choc
cardiogénique sur une tachycardie extrêmement rapide, la
réduction peut être obtenue par cardioversion électrique
(1 à 2 j/kg). En cas de cardiomyopathie rythmique secondaire au flutter, la prise en charge consiste dans un premier
temps à ralentir la conduction de la tachycardie aux ventricules. À l’opposé, si le trouble du rythme est très bien
toléré, on peut se donner quelques jours d’imprégnation en
amiodarone par voie orale pour réduire la tachycardie. Une
fois le rythme sinusal rétabli, on peut proposer un traitement d’entretien par digoxine pour quelques semaines ou
quelques mois, mais celui-ci n’est pas systématique.
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
Figure 2.
197
A. Syndrome de Wolff—Parkinson—White en rythme sinusal. B. Fibrillation atriale transmise par la voie accessoire.
Figure 3. Tachycardie jonctionnelle réciproque permanente ou permanent junctional reciprocating tachycardia. L’onde P rétrograde
(flèches) est négative dans les dérivations DII, DIII et aVF. L’espace entre le QRS et l’onde P est long.
Tachycardie atriale ectopique
Les tachycardies focales par automaticité anormale sont
minoritaires dans la première année de vie [1]. Leur mode
de révélation est variable et fonction de la fréquence de
la tachycardie, de son ancienneté et du nombre des accès
de tachycardie. Une tachycardie persistante non diagnostiquée peut conduire à une cardiomyopathie rythmique [12].
Les principales caractéristiques des tachycardies atriales
ectopiques sont résumées dans le Tableau 1 (Fig. 6).
L’histoire naturelle et le pronostic du trouble du rythme
sont différents selon l’âge au diagnostic. Quand le trouble
du rythme débute avant l’âge de 2 à 3 ans, le pronostic est
bon avec un foyer ectopique qui finit par disparaître avec
la croissance [13]. À l’inverse, quand le diagnostic est fait
au-delà des premières années de vie, il est plus vraisemblable que le trouble du rythme soit persistant faisant porter
198
A. Maltret
Figure 4. Tachycardie jonctionnelle par réentrée intranodale. L’activité atriale rétrograde est masquée dans le QRS donnant l’aspect de
bloc de branche droit incomplet en V1 (A) non retrouvé en rythme sinusal (B).
l’indication, à terme, d’ablation endocavitaire. La possibilité de guérison spontanée dans les premières années de
vie fait préférer le traitement médical. Pourtant ces tachycardies sont volontiers réfractaires aux antiarythmiques et
nécessitent des associations de deux voire trois antiarythmiques. Les molécules les plus efficaces semblent être
l’amiodarone, le sotalol et la flécaïnide [14]. La durée du
traitement est d’au moins deux ans.
Figure 5.
Tachycardie hissienne
La tachycardie hissienne est la forme la plus rare mais
aussi la plus grave de TSV de l’enfant. Le risque de cardiomyopathie rythmique est important. Les caractéristiques de
cette tachycardie sont résumées dans le Tableau 1 (Fig. 7).
Le caractère familial de cette tachycardie fait suspecter
une transmission autosomique dominante [15]. Le diagnostic
Flutter atrial conduit en 1/1 (A). Onde F du flutter (flèches) mieux visible avec la dégradation de la conduction en 2/1 (B).
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
199
Figure 6. A. Tachycardie atriale par foyer ectopique conduit en 1/1. B. L’activité atriale est mieux visible quand la conduction auriculoventriculaire est dégradée en 2/1 avec plus d’onde P’ (astérisques) que de QRS.
est souvent précoce dans la période postnatale immédiate,
voire anténatale, d’où le terme anglo-saxon de congenital junctional ectopic tachycardia. La mortalité était très
importante, entre 30 et 35 % [16], jusqu’à l’utilisation de
l’amiodarone. En effet, l’amiodarone est le seul antiarythmique qui permet de ralentir le foyer ectopique. Le foyer
reste actif mais plus lent, « coiffé » par le rythme sinusal. Ce
traitement doit être maintenu plusieurs années. Au sevrage,
Figure 7. Tachycardie hissienne. A. L’électrocardiogramme montre une tachycardie régulière à QRS fins ; on devine les ondes P (flèches).
B. Enregistrement œsophagien où l’activité atriale est clairement identifiable. Les ondes P sont moins nombreuses et dissociées des QRS
(flèche).
200
si la tachycardie récidive, une ablation endocavitaire peut
être proposée, même si cette technique a montré ses limites
pour un tel substrat. Le foyer arythmogène est situé à proximité immédiate des voies de conduction normales ; le risque
de trouble conductif postablation est important.
Indications d’ablation en pédiatrie
Les recommandations quant à l’ablation pédiatrique
n’ont pas fait l’objet d’études cliniques contrôlées. Les
indications sont basées sur des consensus d’experts internationaux (niveau de preuve C) [17] et plus récemment
européens [18].
L’ablation endocavitaire est le traitement de première
intention des TSV mettant en jeu le pronostic vital (voie
de conduction accessoire maligne et TSV compliquée de
cardiomyopathie rythmique). Pour ces rares indications
(moins de 10 % des procédures pédiatriques), l’âge ou
le poids de l’enfant n’est pas un élément limitant. Audelà de 5 ans, les nouvelles recommandations européennes
mettent au même niveau le traitement médical antiarythmique et l’ablation endocavitaire pour tous les syndromes
de Wolff—Parkinson—White symptomatiques.
En l’absence de syndrome de Wolff—Parkinson—White,
l’ablation doit être considérée pour les enfants de moins
de 5 ans dont le rythme réciproque n’est pas contrôlé par
les antiarythmiques ou en cas d’effets secondaires liés au
traitement médical. Après l’âge de 5 ans, le traitement définitif par ablation peut être proposé même si la TSV est
contrôlée par les antiarythmiques (indication de classe IIa
des nouvelles recommandations européennes).
Pour les indications de classe IIb (syndrome de
Wolff—Parkinson—White symptomatique avant 5 ans, syndrome de Wolff—Parkinson—White asymptomatique entre
5 et 10 ans, rythme réciproque peu fréquent après 5 ans),
c’est souvent le choix éclairé du patient et de ses parents
qui motive la procédure. Ces indications représentent plus
de 80 % des indications chez les plus de 10 ans [19].
Quelle que soit l’indication, l’ablation endocavitaire de
l’enfant doit être réalisée par une équipe entraînée, dans
une structure adaptée, en étroite collaboration entre les
électrophysiologistes et les cardiopédiatres.
A. Maltret
Tachycardie ventriculaire monomorphe
Les TV monomorphes de l’enfant sont rares. La forme la plus
fréquente est la TV en salves de Gallavardin. Les complexes
ventriculaires prennent leur origine dans l’infundibulum pulmonaire. Ils ont un aspect retard gauche (l’extrasystole
ventriculaire dépolarise d’abord le ventricule droit puis le
ventricule gauche), avec un axe descendant (90◦ ) ; et ont
toujours la même morphologie. Ces extrasystoles ventriculaires peuvent être isolées, mais aussi se présenter en
doublet, triplet ou courtes salves. La TV peut également être
entrecoupée de quelques battements sinusaux. Le caractère bénin de ces extrasystoles ventriculaires est confirmé
si l’échographie cardiaque est normale et si les extrasystoles ventriculaires disparaissent à l’effort. Les formes peu
actives ne justifient que d’une simple surveillance échographique. Les formes incessantes peuvent nécessiter un
traitement, le plus souvent par bêtabloquant. En effet, il
a été décrit des cardiomyopathies rythmiques sur des extrasystoles ventriculaires représentant 30 à 40 % du nycthémère
au Holter [20]. L’évolution est souvent favorable avec
régression, voire disparition complète des extrasystoles
ventriculaires [21]. Si les extrasystoles ventriculaires persistent, une imagerie par résonance magnétique cardiaque
doit être réalisée à la recherche d’une myocardiopathie
touchant principalement le ventricule droit : la dysplasie
arythmogène du ventricule droit. L’autre forme de TV monomorphe de l’enfant est la tachycardie fasciculaire gauche
dite « tachycardie de Belhassen » ou tachycardie sensible
au vérapamil (Fig. 9). Cette TV est souvent déclenchée par
l’effort, elle se manifeste par une tachycardie régulière à
QRS larges avec un aspect de retard droit, axe ascendant. Le
diagnostic différentiel avec une TSV est parfois difficile car
les QRS ne sont pas très larges, c’est alors la dissociation
entre l’activité atriale et ventriculaire, les complexes de
capture et de fusion qui permettent de faire le diagnostic. La
réduction de la tachycardie est obtenue par l’injection intraveineuse d’un bêtabloquant ou d’un inhibiteur calcique. La
prévention des crises ultérieures passe par la prescription
d’une de ces deux classes de molécules et la guérison spontanée est possible [22]. Dans le cas contraire, l’ablation par
radiofréquence peut être proposée.
Tachycardie à QRS larges
Tachycardie ventriculaire polymorphe et
torsades de pointe
Les tachycardies à QRS larges sont d’origine ventriculaire
jusqu’à preuve du contraire, le seul diagnostic différentiel étant les TSV avec bloc de branche fonctionnel. On
définit comme tachycardie ventriculaire (TV) une tachycardie à QRS larges (supérieur à 80 ms), différents des
QRS sinusaux. Les complexes de capture et de fusion
ainsi que la dissociation auriculo-ventriculaire permettent
d’affirmer le diagnostic. Une TV monomorphe se caractérise par des ventriculogrammes identiques entre eux. Une
activité ventriculaire désorganisée, avec des morphologies
différentes de celles des QRS, définit la TV polymorphe.
Les « rythmes idioventriculaires accélérés » désignent un
trouble du rythme bénin dont la fréquence est inférieure
à 150 bpm chez le nouveau-né et 120 bpm chez l’enfant
(Fig. 8).
On parle de TV polymorphes devant des tachycardies à QRS
larges, de morphologie et de cycles variables. Ces tachycardies sont très mal tolérées en raison d’une chute du débit
cardiaque. Dans leur forme aiguë, elles se manifestent par
une syncope puis un arrêt cardiorespiratoire si la tachycardie, notamment en cas de torsades de pointe, dégénère en
fibrillation ventriculaire (Fig. 10). Ce type de tachycardie
nécessite une prise en charge extrêmement rapide par des
manœuvres de réanimation et une cardioversion. Secondairement, le bilan étiologique est primordial pour décider de
l’attitude thérapeutique. Les TV polymorphes engageant le
pronostic vital se rencontrent dans trois contextes différents :
• en cas d’anomalie structurelle cardiaque : cardiomyopathie hypertrophique, dilatée ou restrictive ; dysplasie
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
201
Figure 8. Rythme idioventriculaire du nourrisson (A) évoluant en salves (B) entre lesquelles on observe quelques QRS fins (N : complexes
sinusaux ; V : complexes ventriculaires). Au Holter (C), les extrasystoles ventriculaires disparaissent avec l’accélération du rythme sinusal.
Figure 9.
Tachycardie fasciculaire gauche. La dissociation auriculo-ventriculaire est bien visible en DI. Astérisques : activité atriale.
arythmogène du ventricule droit ; cardiomyopathie opérée ; tumeur cardiaque ; souffrance ischémique du
myocarde (anomalie coronaire native ou postopératoire,
myocardite) ;
• en cas d’anomalie du métabolisme, notamment déficit de
la ß-oxydation d’acides gras chez le nouveau-né ;
• en cas de maladie électrique primitive. Ici le cœur est de
structure et fonction normales, les désordres sont purement électriques par mutation dans les canaux ioniques,
responsables de l’influx électrique myocardique (on parle
de canalopathie). Ces mutations peuvent être « de novo »
ou héritées d’un parent le plus souvent sur le mode
202
Figure 10.
A. Maltret
A. Torsade de pointe. B. Fibrillation ventriculaire.
autosomique dominant. C’est pourquoi la découverte
d’une canalopathie chez un parent justifie le dépistage
des apparentés du premier degré.
Les principales entités nosologiques des TV polymorphes
sont les suivantes.
repose sur l’administration de fortes doses d’amiodarone. Si
la TV échappe au traitement, l’issue est rapidement fatale
malgré des approches plus agressives (exérèse chirurgicale,
ablation endocavitaire). Des cas de transplantations cardiaques ont été rapportés.
Syndrome du QT long (SQTL)
Cardiomyopathie histiocytoïde
Ces TV polymorphes touchent le nourrisson ; elles sont
très rares (une centaine de cas rapportés dans la littérature) mais souvent létales. Le diagnostic du trouble du
rythme est souvent fait dans un contexte de défaillance cardiaque. En échographie, le cœur est d’architecture normale
mais le ventricule gauche est souvent dilaté et de contraction altérée au diagnostic du fait du caractère incessant
de la TV. L’ECG s’inscrit en tachycardie à QRS large plus
ou moins régulière et polymorphe (Fig. 11). Initialement
cette TV était dite « idiopathique du nourrisson ». Il est
maintenant établi que cette arythmie est secondaire à une
anomalie de développement du tissu conductif. L’analyse
macroscopique du myocarde retrouve des taches de couleur chamois dans la paroi myocardique. Histologiquement,
il s’agit d’amas de cellules d’aspect histiocytaire contenant
des gouttelettes lipidiques et de nombreuses mitochondries
atypiques [23]. La prise en charge du trouble du rythme
Le SQTL se caractérise par un allongement de la repolarisation associé à un risque de trouble du rythme ventriculaire
(torsades de pointe, fibrillation ventriculaire), syncope et
mort subite. Le diagnostic du QT long est certain si le QT
corrigé à la fréquence cardiaque par la formule de Bazett
est supérieur ou égal à 480 ms ou si une mutation génétique a été mise en évidence. Le diagnostic peut également
être retenu pour des valeurs inférieures de QTc associé
à des symptômes, des anomalies de l’ECG ou des antécédents familiaux. La prévalence du SQTL est estimée à
1/2000 [24], c’est l’une des principales causes de mort
subite chez le jeune. Ce syndrome est hétérogène génétiquement et cliniquement avec 14 types de SQTL décrits à
ce jour. Les avancées de la biologie moléculaire ont permis
une meilleure compréhension de ces SQTL. La corrélation
génotype—phénotype est bien documentée avec un aspect
ECG, un pronostic et une prise en charge différents selon le
gène muté [25]. Les types 1, 2 et 3 sont les plus fréquents
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
Figure 11.
203
Tachycardie ventriculaire incessante du nourrisson ou cardiomyopathie histiocytoïde.
puisqu’ils représentent 75 % de l’ensemble des SQTL. Parmi
eux, le type 1 est le plus fréquent (50 à 60 %). Il est lié
à une mutation dans un canal potassique (KCNQ1) à l’état
hétérozygote. Dans sa forme homozygote ou double hétérozygote par mutation dans un autre canal potassique, le SQTL
1 s’associe à une surdité de perception. Cette forme, particulièrement sévère sur le plan rythmique, a gardé l’ancienne
appellation de syndrome de Jervell et Lange—Nielsen qui
associe QT long et surdité de perception bilatérale. À l’ECG,
l’onde T a une morphologie sensiblement normale avec une
base élargie. Le diagnostic de SQTL1 doit être évoqué devant
toute bradycardie néonatale. Les événements rythmiques du
type 1 sont volontiers déclenchés par l’effort, notamment
la natation.
Le SQTL de type 2 compte pour 35 à 45 % de l’ensemble
des SQTL. Il est lui aussi secondaire à une mutation dans un
canal potassique (KCNH2). L’aspect ECG de la repolarisation
est classiquement décrit en « double bosse ». Les syncopes
et les troubles du rythme graves surviennent principalement
lors des émotions vives (notamment réveil en sursaut). La
présentation néonatale, voire anténatale, du SQTL2 est singulière. Comme le montre la Fig. 12, les troubles conductifs
sont au premier plan avec un bloc en 2/1 et une repolarisation « monstrueusement » allongée (jusqu’à 600 ms)
(Fig. 12).
Le SQTL de type 3 est plus rare, et a pour base génétique
une mutation dans un canal sodique (SCN5A). À l’ECG, l’onde
T est ample et pointue après un segment ST plat. Dans ce
type de SQTL, les événements rythmiques surviennent au
repos. La fréquence de ces événements est faible, mais le
risque mortel plus important à chaque événement.
La prise en charge en urgence de la torsade de pointe
comprend l’administration intraveineuse de sulfate de
magnésium (sulfate de magnésium 10 % : 0,25 à 0,5 mL/kg
soit 25 à 50 mg/kg sans dépasser 2 g), la supplémentation potassique et la stimulation cardiaque temporaire afin
d’accélérer la fréquence cardiaque. En effet, la torsade de
pointe est favorisée par l’irrégularité de la fréquence cardiaque et les pauses.
La prévention des troubles du rythme liés au SQTL,
que le patient soit symptomatique ou non, implique des
adaptations du mode de vie (contre-indication à la pratique
du sport de compétition ou de la natation sans surveillance
en cas de SQTL 1, changement de sonnerie de réveil pour
les SQTL 2, etc.) et l’exclusion des médicaments susceptibles d’aggraver les anomalies de la repolarisation (liste
complète sur www.qtlong.com à fournir aux patients). Le
traitement bêtabloquant par propranolol initialement, ou
nadolol à l’âge scolaire, a montré une très grande efficacité dans la prévention des événements rythmiques pour le
SQLT 2 mais surtout le SQTL 1 [26]. Si le patient reste symptomatique sous bêtabloquants, l’indication de stimulation
cardiaque permanente peut être posée, notamment dans la
forme néonatale du SQTL 2. Enfin, et surtout pour les SQTL
3, l’implantation d’un défibrillateur automatique reste le
seul moyen efficace de prévenir la mort subite [27].
Syndrome de Brugada
Le syndrome de Brugada a été décrit au début des années
1990. Il se caractérise par des anomalies de la repolarisation sur l’ECG en rythme sinusal et par un risque de mort
subite par fibrillation ventriculaire de repos [28]. D’après
les dernières publications, le syndrome de Brugada toucherait environ un individu sur 2000 [29]. La base génétique
du syndrome de Brugada est dans 15 à 25 % des cas une
mutation dans SCN5A, un canal sodique impliqué dans la
repolarisation cardiaque. Le risque de mort subite concerne
principalement les hommes. Le diagnostic du syndrome de
Brugada est posé chez les patients ayant, dans les dérivations V1—V2, un aspect de bloc de branche droit atypique
avec un segment ST convexe, sus-décalé en dôme d’au moins
2 mm et suivi d’une onde T négative (Fig. 13). L’ECG est
fluctuant et cet aspect typique dit « de type 1 » peut être
démasqué en cas de fièvre ou lors de test pharmacologique
par injection intraveineuse d’inhibiteur sodique (ajmaline
ou flécaïnide). Les formes pédiatriques sont extrêmement
rares mais le diagnostic peut être fait lors du bilan familial
après qu’un des parents ait été diagnostiqué. En l’absence
de symptôme, les enfants du cas index doivent avoir des
ECG répétés jusqu’à l’âge de 15 ans. Si cet ECG est normal, l’attitude consiste en une surveillance simple. Si l’ECG
204
A. Maltret
Figure 12. Syndrome du QT long congénital de type 2. En rythme sinusal peu rapide, la conduction auriculo-ventriculaire est normale
(A), la repolarisation est très allongé (QTc > 500 ms). Lorsque la fréquence sinusale s’accélère, une onde P sur deux n’est pas conduite car
arrivant avant la repolarisation ventriculaire (B).
Figure 13.
Syndrome de Brugada type 1 spontané chez un enfant de 8 ans.
est pathologique mais que l’enfant est parfaitement asymptomatique, la prise en charge consiste en l’exclusion des
médicaments contre-indiqués dans le syndrome de Brugada
(http://www.brugadadrugs.org/) et le traitement actif des
épisodes fébriles. Passé 15 ans, il est conseillé de réaliser
un test à la flécaïnide ou à l’ajmaline pour déterminer
si l’enfant a reçu ou non la mutation parentale. Le seul
moyen efficace pour prévenir la mort subite est le défibrillateur automatique implantable. Certaines équipes proposent
un traitement par hydroquinidine mais la preuve de son
efficacité n’a pas été établie. L’implantation d’un défibrillateur est réservée aux patients considérés à haut risque
d’accidents rythmiques. Il s’agit des patients symptomatiques (ayant déjà expérimenté une mort subite récupérée,
des syncopes, des convulsions nocturnes, etc.) et qui ont un
aspect de type 1 à l’ECG [30].
Tachycardie ventriculaire catécholergique
polymorphe (TVCP)
La TVCP est une cause rare mais grave de trouble du
rythme ventriculaire de l’enfant de plus de 3 ans et de
l’adolescent. Le diagnostic doit être suspecté devant une
perte de connaissance à l’effort ou à l’émotion. La TVCP doit
également être évoquée devant toute « épilepsie d’effort ».
En effet, l’arythmie ventriculaire peut s’accompagner d’un
bas débit cérébral et de convulsions anoxiques qui égarent
le diagnostic. Le délai entre le premier symptôme et le
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
Figure 14.
205
Tachycardie ventriculaire polymorphe catécholergique (A, B).
diagnostic est souvent retardé de 2 à 4 ans, surtout
quand la piste neurologique a été retenue initialement
[31].
Le diagnostic repose sur l’enregistrement Holter à
l’effort ou l’épreuve d’effort. L’ECG de repos est normal.
À l’effort, à partir d’une fréquence cardiaque d’environ
130 bpm, les troubles du rythme apparaissent. Les anomalies du rythme vont crescendo avec l’effort ou la perfusion
d’isoprénaline (Isuprel® ). Il s’agit d’abord d’extrasystoles
ventriculaires isolées, puis en doublet, puis en salves jusqu’à
la TV et la fibrillation (Fig. 14). Le caractère bidirectionnel
des extrasystoles ventriculaires et de la TV sont typiques de
la TVCP. Ce trouble du rythme est secondaire à une anomalie
du métabolisme intracellulaire du calcium. Les gènes le plus
souvent impliqués sont le gène du récepteur à la ryanodine
de type 2 (RyR2) dans sa forme autosomique dominante [32]
et la calséquestrine 2 (CASQ2) [33] pour la forme récessive.
Les mutations peuvent être transmises par un des parents
ou être « de novo » chez le cas index. L’exploration des
apparentés du premier degré est importante.
La prévention des troubles du rythme sur TVCP passe par
l’adaptation du mode de vie (contre-indication formelle aux
sports de compétition) et la prise à vie de bêtabloquants.
Les bêtabloquants, éventuellement associés à la flécaïnide,
ont fait preuve d’une très grande efficacité. L’observance du
traitement médical est capitale. En cas de risque de rupture
de traitement, notamment à l’adolescence, l’implantation
d’un défibrillateur peut être discutée [31].
Rythmes irréguliers
Arythmie sinusale et extrasystole atriale (ESA)
Les bruits du cœur d’un enfant peuvent être très irréguliers à l’auscultation. La cause la plus fréquente est une
arythmie sinusale respiratoire (accélération à l’inspiration),
physiologique à cet âge. Une arythmie à l’auscultation peut
également être secondaire à une extrasystolie atriale ou
ventriculaire. Les ESA ne sont pas rares chez le nouveau-né.
Les ESA peuvent être bloquées quand elles arrivent « trop
tôt » dans le cycle cardiaque. Le battement sinusal suivant
est alors retardé suite au repos compensateur postextrasystolique, ce qui mime une bradycardie (Fig. 15). Ces ESA ont
généralement une évolution favorable dans les premières
semaines. Il faut cependant réaliser un Holter de contrôle à
1 mois de vie pour s’assurer de la régression des ESA et de
la non-évolution vers une tachycardie atriale organisée.
Hyperréactivité vagale et malaises vagaux
Le malaise vasovagal est une cause fréquente de consultation en pédiatrie. En effet, 15 à 25 % des enfants
expérimentent un malaise avant l’âge adulte [34]. Dans
80 % des cas il s’agit de malaises vagaux par bradycardie
et/ou hypotension paroxystique et réversible [35]. Même si
le diagnostic de malaise vagal repose essentiellement sur
l’interrogatoire, il est d’usage de réaliser un bilan minimal
206
A. Maltret
Figure 15. Arythmie respiratoire physiologique chez l’enfant (A). Extrasystoles atriales (astérisques) conduite (B) et bloquée (C) responsables d’une fausse bradycardie.
comprenant, en sus de l’interrogatoire détaillé, un examen
physique et un ECG. Aucun autre examen n’est recommandé
s’il n’y a pas d’argument de gravité à l’interrogatoire,
d’anomalie de l’examen clinique ou de l’ECG. Les arguments de gravité à l’interrogatoire sont, entre autres, les
antécédents familiaux de décès inexpliqué chez des gens
jeunes, l’absence de prodromes et la survenue en cours
d’effort (à distinguer des malaises survenant à la récupération de l’effort). Ces investigations sont parfois complétées
par un Holter. En cas de malaise pendant l’enregistrement,
l’origine vasovagale du malaise est confirmée par une pause
sinusale concomitante du malaise (jusqu’à une dizaine
de secondes d’asystolie). En l’absence de symptôme pendant le Holter, l’origine vasovagale des malaises peut
être suspectée devant des signes d’hyperréactivité vagale.
L’hyperréactivité vagale du nouveau-né se manifeste par
des bradycardies brutales et brèves. Chez le nourrisson,
l’hyperréactivité vagale se traduit par un rythme très
instable avec succession d’accélérations et de ralentissements. Enfin, chez le grand enfant et l’adolescent, le
« caractère vagal » est suspecté devant une accentuation
de l’arythmie respiratoire.
La prise en charge des malaises vagaux commence par
une réassurance du patient et de sa famille. Le patient doit
savoir reconnaître ces prodromes et éviter les situations à
risque. Une bonne hydratation, une alimentation salée, ainsi
que la pratique des sports d’endurance font également partie des conseils à donner à la famille.
Fibrillation atriale et tachycardie atriale
chaotique
La tachycardie atriale chaotique ou multifocale compte
pour environ 10 % des TSV du nouveau-né et nourrisson
[36]. Le mécanisme de cette tachycardie reste méconnu. Le
tracé ECG est typique montrant un rythme très anarchique
(Fig. 16). L’activité atriale est très rapide (entre 150 et
500 bpm), polymorphe (au moins trois morphologies d’ondes
P différentes) et irrégulière avec des retours brefs en rythme
sinusal. L’activité ventriculaire est elle aussi très chaotique
avec une conduction auriculo-ventriculaire variable et des
aberrations de conduction intraventriculaire responsables
de QRS larges. La prise en charge de la tachycardie atriale
chaotique dépend de la fréquence cardiaque moyenne de
l’arythmie et de son retentissement hémodynamique. Si la
cadence ventriculaire est inférieure à 150 bpm et que la
fonction ventriculaire gauche est strictement normale, la
prise en charge peut se limiter à une surveillance clinique et
échographique, voire à un traitement par digoxine [37]. Si la
fréquence cardiaque excède 150 bpm, sans retentissement
hémodynamique, le traitement de choix est l’utilisation des
bêtabloquants. En cas de dysfonction ventriculaire gauche,
la prise en charge repose sur l’amiodarone [38]. L’évolution
est favorable chez le nourrisson ayant un cœur sain et pas
de pathologie extracardiaque associée. La guérison est dans
ce cas la règle après 12 à 18 mois de traitement.
Contrairement à la population adulte, la fibrillation
atriale est extrêmement rare chez l’enfant. Certaines
formes de fibrillation atriale sont d’origine génétique, transmises sur le mode autosomique dominant [39] et peuvent
débuter dans l’enfance. Ailleurs, la fibrillation atriale peut
compliquer une situation cardiologique déjà précaire (insuffisance cardiaque congestive, rétrécissement mitral ou fuite
mitrale, etc.). Le traitement de la fibrillation atriale est le
traitement de la cause, pour autant qu’elle existe. Le traitement anticoagulant n’est pas systématique, son indication
dépend de la cardiopathie sous-jacente.
Bradycardie
Bloc auriculo-ventriculaire (BAV) partiel
Les troubles conductifs partiels sont :
• le BAV I : allongement de l’espace PR supérieur à 200 ms ;
• le BAV II de type Mobitz 1 : allongement progressif du
PR avant une onde P bloquée (encore appelé période
de Luciani—Wenckebach) et Mobitz 2 quand l’onde P est
bloquée de façon inopinée, sans allongement de PR sur
les cycles antérieurs. Un BAV de haut degré se caractérise par plusieurs ondes P bloquées. Chez le grand
enfant, les troubles conductifs partiels, surtout le BAV
I et BAV II Mobitz 1, sont généralement nodaux. Le
trouble conductif siège en amont du faisceau de His, il
est totalement régressif à l’effort et bénin (pas de risque
d’asystolie). Chez le nourrisson, les troubles conductifs
partiels, notamment le BAV II en 2/1, sont susceptibles
d’évoluer vers le BAV complet. Ces enfants doivent donc
faire l’objet d’une surveillance clinique, ECG et par Holter
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
Figure 16.
207
A. Tachycardie atriale chaotique du nourrisson. B. Fibrillation atriale de l’enfant.
Figure 17. Bloc partiel du nourrisson. A. Les tracés Holter montrent l’évolution en six mois d’un bloc partiel 2/1 en bloc complet. B. Profil
fréquentiel reflétant la baisse de la fréquence cardiaque sur les 24 heures.
208
(Fig. 17). Si l’évolution est marquée par l’apparition d’un
BAV complet, les indications de stimulation cardiaque
permanente sont les mêmes que pour les BAV complets
d’emblée.
Bloc auriculo-ventriculaire complet
Lors d’un BAV complet, la coordination entre la commande
sinusale et la contraction ventriculaire est complètement
interrompue, on parle donc de dissociation auriculoventriculaire. La fréquence atriale est supérieure à la
fréquence ventriculaire. Le rythme d’échappement ventriculaire assure la contraction des ventricules.
Les étiologies des BAV complets de l’enfant sont :
• certaines cardiopathies congénitales impliquant la jonction auriculo-ventriculaire (double discordance) et les
hétérotaxies. Les troubles conductifs peuvent être présents dès la naissance ou apparaître secondairement [40] ;
• le lupus maternel clinique ou la présence d’anticorps
anti-SSA ou anti-SSB circulants, asymptomatiques chez
la mère. Le passage transplacentaire de ces anticorps
détruit le nœud auriculo-ventriculaire chez 1 à 3 % des
fœtus lors d’une première grossesse. Le risque de récidive
pour les grossesses ultérieures est d’environ 20 % ;
• le postopératoire des corrections de cardiopathie
complexe. La chirurgie cardiaque se complique dans 1 à
A. Maltret
3 % de BAV. Le risque d’asystolie est important dans
cette étiologie comme le montre l’histoire naturelle
des BAV postopératoires. L’indication de stimulation cardiaque définitive est formelle si le BAV persiste au-delà
de 10 jours après la chirurgie.
La seule prise en charge efficace des troubles conductifs complets est la stimulation cardiaque permanente.
Les indications d’implantation de pacemaker chez l’enfant
sont les bradycardies symptomatiques : BAV complet
compliqué d’insuffisance cardiaque, de malaise ou encore
d’intolérance à l’effort. L’indication d’un stimulateur cardiaque peut également être prophylactique en cas de
fréquence d’échappement basse (fréquence cardiaque instantanée inférieure à 50 bpm avant 1 an ou fréquence
cardiaque moyenne au Holter inférieure à 50 bpm après
1 an) [41], de QRS d’échappement larges, de nombreuses
extrasystoles ventriculaires au Holter ou d’allongement du
QT.
Que ce soit pour l’implantation d’un stimulateur ou
d’un défibrillateur cardiaque, la voie chirurgicale épicardique doit être privilégiée chez l’enfant afin de préserver
les abords veineux pour l’implantation à l’âge adulte
(Fig. 18) en endocavitaire. Les sondes endocavitaires sont
en effet trop vulnérables en période de croissance, elles
se fracturent et sont à l’origine de thrombose des axes
veineux.
Points essentiels
• Les TSV diagnostiquées dans les deux premières
années de vie ont un fort potentiel de résolution
spontanée. La prise en charge de ces formes
précoces repose principalement sur le traitement
médical préventif des récidives. Ce traitement est
maintenu jusqu’à la rémission spontanée des accès
de tachycardies.
• En cas de TSV chez les enfants plus grands,
les options thérapeutiques sont plus vastes et
dépendent du substrat de l’arythmie, de l’efficacité
du traitement médical et du retentissement
hémodynamique des accès de tachycardie.
L’acceptabilité du traitement médical et le souhait
de l’enfant et de ses parents sont à prendre en
compte lorsque se pose la question d’un traitement
curatif par ablation endocavitaire.
• Tout syndrome de Wolff—Parkinson—White doit
être exploré avant l’entrée au collège, même
asymptomatique. Syncope et mort subite peuvent
être le premier symptôme.
• Le premier symptôme d’une canalopathie peut
être la mort subite. Le diagnostic d’une maladie
rythmique primitive chez un enfant impose que
soient réalisés des ECG à ses frères et sœurs mais
aussi à ses parents.
• Les anticorps anti-SSA et anti-SSB doivent être
systématiquement recherchés chez la mère d’un
nouveau-né en BAV complet.
Figure 18. Technique d’implantation chez l’enfant. A. Pacemaker épicardique double chambre. B. Défibrillateur épicardique.
Trouble du rythme et de la conduction chez l’enfant
• Les progrès constants des sondes de stimulation et la
réduction de taille des pacemakers et défibrillateurs
implantables facilitent la prise en charge des
enfants, même si aucun système ne leur est dédié.
• La Société française de pédiatrie recommande que
soit réalisé un ECG à partir de 12 ans pour l’obtention
d’un certificat de non-contre-indication à la pratique
de sport en club dans le but de dépister des
« syndromes électriques » (syndrome de Brugada,
syndrome de Wolff—Parkinson—White, SQTL, etc.) ou
de cardiomyopathies hypertrophiques.
Déclaration de liens d’intérêts
L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
Références
[1] Batisse A, Petit J, Fermont L, Kachaner J. Supraventricular
tachycardia in newborn infants and infants. Arch Fr Pediatr
1979;36:551—62.
[2] Etheridge SP, Judd VE. Supraventricular tachycardia in infancy:
evaluation, management, and follow-up. Arch Pediatr Adolesc
Med 1999;153:267—71.
[3] Perry JC, Garson Jr A. Supraventricular tachycardia due to
Wolff—Parkinson—White syndrome in children: early disappearance and late recurrence. J Am Coll Cardiol 1990;16:1215—20.
[4] Lundberg A. Paroxysmal atrial tachycardia in infancy:
long-term follow-up study of 49 subjects. Pediatrics
1982;70:638—42.
[5] Chiu SN, Lu CW, Chang CW. Radiofrequency catheter ablation
of supraventricular tachycardia in infants and toddlers. Circ J
2009;73:1717—21.
[6] Dorostkar PC, Silka MJ, Morady F. Clinical course of persistent junctional reciprocating tachycardia. J Am Coll Cardiol
1999;33:366—75.
[7] Chen RP, Ignaszewski AP, Robertson MA. Successful treatment
of supraventricular tachycardia-induced cardiomyopathy with
amiodarone: case report and review of literature. Can J Cardiol
1995;11:918—22.
[8] Blaufox AD, Warsy I, D’Souza M. Trasesophageal electrophysiological evaluation of children with a history of supraventricular
tachycardia in infancy. Pediatr Cardiol 2011;32:1110—4.
[9] Mendelsohn A, Dick 2nd M, Serwer GA. Natural history of isolated atrial flutter in infancy. J Pediatr 1991;119:386—91.
[10] Lupoglazoff JM, Denjoy I. Practical attitude toward arrhythmia
in the neonate and infant. Arch Pediatr 2004;11:1268—73.
[11] Lisowski LA, Verheijen PM, Benatar AA, Soyeur DJ, Stoutenbeek P, Brenner JI. Atrial flutter in the perinatal age
group: diagnosis, management and outcome. J Am Coll Cardiol
2000;35:771—7.
[12] Shinbane JS, Wood MA, Jensen DN. Tachycardia-induced cardiomyopathy: a review of animal models and clinical studies.
J Am Coll Cardiol 1997;29:709—15.
[13] Salerno JC, Kertesz NJ, Friedman RA, Fenrich Jr AL. Clinical
course of atrial ectopic tachycardia is age-dependent: results
and treatment in children < 3 or > or = 3 years of age. J Am Coll
Cardiol 2004;43:438—44.
[14] Bauersfeld U, Gow RM, Hamilton RM. Treatment of atrial
ectopic tachycardia in infants < 6 months old. Am Heart J
1995;129:1145—8.
209
[15] Gaudelus J, Jeandidier B, Giorno JL. Familial focal His bundle
tachycardia. A new case in the same family. Ann Pediatr
1984;31:343.
[16] Villain E, Vetter VL, Garcia JM, Herre J, Cifarelli A, Garson Jr
A. Evolving concepts in the management of congenital junctional ectopic tachycardia. A multicenter study. Circulation
1990;81:1544—9.
[17] Friedman RA, Walsh EP, Silka MJ. NASPE Expert Consensus Conference: radiofrequency catheter ablation in children
with and without congenital heart disease. Report of
the writing committee. North American Society of Pacing
and Electrophysiology. Pacing Clin Electrophysiol 2002;25:
1000—17.
[18] Brugada J, Blom N, Sarquella-Brugada G. Pharmacological and
non-pharmacological therapy for arrhythmias in the pediatric
population: EHRA and AEPC-Arrhythmia Working Group joint
consensus statement. Europace 2013;15:1337—82.
[19] Joung B, Lee M, Sung JH. Pediatric radiofrequency catheter ablation: sedation methods and success, complication and
recurrence rates. Circ J 2006;70:278—84.
[20] Chugh SS, Shen WK, Luria DM, Smith HC. First evidence of
premature ventricular complex-induced cardiomyopathy: a
potentially reversible cause of heart failure. J Cardiovasc Electrophysiol 2000;11:328—9.
[21] Lucet V, Ngoc DD, Denjoy I. Sustained ventricular tachycardia
in older children. Spontaneous regression in 3 cases. Arch Mal
Coeur Vaiss 1997;90:693—7.
[22] Yasui K, Shibata T, Yokoyama U. Idiopathic sustained left
ventricular tachycardia in pediatric patients. Pediatr Int
2001;43:42—7.
[23] Shehata BM, Patterson K, Thomas JE. Histiocytoid cardiomyopathy: three new cases and a review of the literature. Pediatr
Dev Pathol 1998;1:56—69.
[24] Priori SG, Wilde AA, Horie M, Cho Y, Behr ER, Berul C.
HRS/EHRA/APHRS expert consensus statement on the diagnosis
and management of patients with inherited primary arrhythmia
syndromes expert consensus statement on inherited primary
arrhythmia syndromes: document endorsed by HRS, EHRA, and
APHRS in May 2013 and by ACCF, AHA, PACES, and AEPC in June
2013. Heart Rhythm 2013;10:e75—106.
[25] Schwartz PJ, Priori SG, Spazzolini C. Genotype-phenotype
correlation in the long-QT syndrome: gene-specific triggers for life threatening arrhythmias. Circulation 2001;103:
89—95.
[26] Vincent GM, Schwartz PJ, Denjoy I. High efficacy of
beta-blockers in long-QT syndrome type 1: contribution
of noncompliance and QT-prolonging drugs to the occurrence of beta-blocker treatment ‘‘failures’’. Circulation
2009;119:215—21.
[27] Schwartz PJ, Spazzolini C, Priori SG. Who are the long-QT
syndrome patients who receive an implantable cardioverterdefibrillator and what happens to them?: data from the European Long-QT Syndrome Implantable Cardioverter-Defibrillator
(LQTS ICD) Registry. Circulation 2010;122:1272—82.
[28] Brugada J, Brugada R, Brugada P. Right bundle-branch block
and ST-segment elevation in leads V1 through V3: a marker
for sudden death in patients without demonstrable structural
heart disease. Circulation 1998;97:457—60.
[29] Antzelevitch C, Brugada P, Borggrefe M, Brugada J, Brugada R,
Corrado D. Brugada syndrome: report of the second consensus
conference. Heart Rhythm 2005;2:429—40 [Erratum in: Heart
Rhythm 2005;2:905].
[30] Priori SG, Napolitano C, Gasparini M. Natural history of Brugada
syndrome: insights for risk stratification and management. Circulation 2002;105:1342—7.
[31] Hayashi M, Denjoy I, Extramiana F, Maltret A. Incidence and risk
factors of arrhythmic events in catecholaminergic polymorphic
ventricular tachycardia. Circulation 2009;119:2426—34.
210
[32] Laitinen PJ, Brown KM, Piippo K. Mutations of the cardiac
ryanodine receptor (RyR2) gene in familial polymorphic ventricular tachycardia. Circulation 2001;103:485—90.
[33] Lahat H, Eldar M, Levy-Nissenbaum E. Autosomal recessive
catecholamine- or exercise-induced polymorphic ventricular
tachycardia: clinical features and assignment of the disease
gene to chromosome 1p13-21. Circulation 2001;103:2822—7.
[34] Ruckman RN. Cardiac causes of syncope. Pediatr Rev
1987;9:101—8.
[35] Massin MM, Bourguignont A, Coremans C. Syncope in pediatric patients presenting to an emergency department. J Pediatr
2004;145:223—8.
[36] Bradley DJ, Fischbach PS, Law IH, Serwer GA. The clinical
course of multifocal atrial tachycardia in infants and children.
J Am Coll Cardiol 2001;38:401—8.
[37] Liberthson RR, Colan SD. Multifocal or chaotic atrial rhythm:
report of nine infants, delineation of clinical course and
A. Maltret
[38]
[39]
[40]
[41]
management, and review of the literature. Pediatr Cardiol
1982;2:179—84.
Salim MA, Case CL, Gillette PC. Chaotic atrial tachycardia in
children. Am Heart J 1995;129:831—3.
Brugada R, Tapscott T, Czernuszewicz GZ, Marian AJ, Iglesias
A, Mont L. Identification of a genetic locus for familial atrial
fibrillation. N Engl J Med 1997;336:905—11.
Huhta JC, Maloney JD, Ritter DG, Ilstrup DM, Feldt RH. Complete trioventricular block in patients with atrioventricular
discordance. Circulation 1983;67:1374—7.
Gregoratos G, Cheitlin MD, Conill A, Epstein AE, Fellows
C, Ferguson Jr TB. ACC/AHA Guidelines for implantation
of cardiac pacemakers and antiarrhythmia devices: executive summary — a report of the American College of
Cardiology/American Heart Association Task Force on Practice
Guidelines (Committee on Pacemaker Implantation). Circulation 1998;97:1325—35.
Téléchargement