Développement: Théorème de Hadamard-Lévy
Adrien Fontaine
8 octobre 2013
Théorème 1 (Hadamard-Lévy)
Soit fune application de classe C1de Rndans lui même. Les propriétés suivantes sont équi-
valentes :
1. fest un difféomorphisme de Rnsur Rn.
2. fest propre et, pour tout xRn, la matrice jacobienne Df (x)est inversible.
Une application est dite propre si l’image réciproque de tout compact est compacte. Lorsque Rn
est l’espace de départ et d’arrivée, cela revient à dire que kf(x)ktend vers l’infini quand kxk
tend vers l’infini.
Démonstration : La preuve de ce résultat n’est pas simple, cependant si fest de classe C2,ilya
une preuve abordable que l’on présente ici. On suppose donc désormais que fest de classe C2.
1) 2) :f1étant continue, elle envoie un compact sur un compact donc fest propre.
Ensuite, comme f1f=Id, on a d(f1)(f(x)) df(x) = Id, donc df est inversible en tout
point.
2) 1) :
1. Montrons que fest surjective.
Pour cela on montre que f(Rn)est un ouvert/fermé de Rnet donc que f(Rn) = Rn
par connexité de Rn.
Soit y0f(Rn)et x0Rntel que f(x0) = y0. D’après le théorème d’inversion locale,
fest un difféomorphisme d’un voisinage Vde x0sur un voisinage Wde y0, alors
W=f(V)f(Rn), donc f(Rnest ouvert.
Soit (yk)kNf(Rn)Ntelle que ykyRnquand k→ ∞. Posons K={yk, k
N}∪{y}qui est un compact de Rn. Soit (xk)kNtel que f(xk) = ykpour tout k, on
axkf1(K)qui est un compact puisque fest propre. Il existe donc une sous-suite
convergente xkixdans Rnquand i→ ∞. Alors par continuité de f,yki=f(xki)
f(x)f(Rn)d’où par unicité de la limite y=f(x)f(Rn), ce qui montre que f(Rn)
est fermé.
2. Montrons que fest injective.
C’est ici que l’on va utiliser l’hypothèse fC2.
Soit x0Rn. On considère la fonction g(x) = f(x)f(x0). Elle vérifie les deux
conditions de 2) à savoir gpropre et le déterminant du jacobien est partout non nul.
Il nous faut montrer que l’ensemble S={x/g(x)=0}est réduit à un point {x0}.
(a) Sa un nombre fini d’éléments.
En effet, Sest compact car gest propre (S=g1({0})). Si Savait un nombre
infini d’éléments (xk), il y aurait dans Sun point d’accumulation q. Comme |
Jacq(g)|6= 0, il existe un voisinage Vde qtel que gsoit un difféomorphisme de V
1
2
sur h(V). En particulier, gest injective. Or, dans V, il y a au moins un xk6=qet
on a g(xk) = g(q)=0ce qui contredit l’injectivité de g.
(b) Notons S={p1, ..., pN}. On va montrer que N= 1.
On considère la fonction
F(x)=[dg(x)]1g(x)
Cette fonction est bien définie et de classe C1sur Rnpar hypothèse sur f. On
introduit alors le système différentiel suivant :
(˙x(t) = F(x(t))
x(0) = q
qRn. On appelle alors trajectoire issue de qune solution du problème de
Cauchy ci-dessus. Puisque FC1, ce problème admet une solution maximale
définie sur [0, T [. Soit xune telle solution.
Assertion 1 :T= +.
En effet, pour t[0, T (, on a :
d
dt[g(x(t))] = dg(x(t)) ˙x(t)
=dg(x(t))(dg(x(t)))1g(x(t))
=g(x(t))
Donc, g(x(t)) = etg(q)
Donc,
kg(x(t))k≤kg(q)kcar t0
x(t)g1(B(0,kg(q)k)) qui est un compact car gest propre. Donc, T= +
d’après le lemme de sortie de tout compact (ou théorème de majoration a priori).
Assertion 2 : Chaque piest un point asymptotiquement stable. Autrement dit,
F(pi)=0et δ > 0tel que si xest une trajectoire issue de qtelle que |qpi|< δ
alors limt+x(t) = pi.
On a tout d’abord F(pi)=[dg(pi)]1g(pi)=0car g(pi)=0.
Ensuite, gest un difféomorphisme d’une boule B(pi, δ)sur un voisinage Vde 0.
Soit yVet q=g1(y)B(pi, δ). La fonction x(t) = g1(ety)est la trajectoire
issue de q. En effet, x(0) = g1(y) = qet
˙x(t) = d(g1)(ety)(ety)
=d(g1)(g(x(t))g(x(t))
=[dg(x(t))]1g(x(t))
=F(x(t))
C’est donc par unicité la trajectoire issue de q. Mais alors
lim
t+x(t) = lim
t+g1(ety) = g1(0) = pi
Soit Wil’ensemble des points qRntel que la trajectoire issue de qconverge vers
piquand t+.
Assertion 3 :Rn=SN
i=1 Wi
Soit qRnet x(t)la trajectoire issue de q. On a vu dans l’assertion 1, que x(t)
reste dans un compact pour tout t0. Il existe donc tk+telle que x(tk)
converge vers l. Mais donc g(l)=0(car g(x(t)) = etg(q)), donc l=pipour un
3
certain i.
Fixons k0assez grand pour que x(tk)B(pi, δ)δest défini dans l’assertion 2.
Alors la trajectoire y(t)issue de x(tk0)converge vers pi. Or, la fonction z(t) = x(t+
tk0)est aussi trajectoire issue de x(tk0). Par unicité globale, on a x(t+tk0) = y(t)
et donc x(t)pilorsque t+.
Assertion 4 : Chaque Wiest ouvert.
Soit qWiet x(t)la trajectoire issue de q. Il existe par définition de Wi,T > 0
tel que |x(T)pi|≤ δ/2. Soit yla trajectoire issue de q0Rn. Par continuité des
solutions par rapport aux conditions initiales, il existe ε > 0tel que |qq0|≤ ε
implique |x(T)y(T)|≤ δ/2. Alors
|y(T)pi|≤| y(T)x(T)|+|x(T)pi|≤ δ
Il résulte de l’assertion 2 que y(t)converge vers pilorsque t+,i.e q0Wiet
B(q, ε)Widonc Wiest ouvert.
Assertion 5 :N= 1
Chaque Wiest un ouvert non vide et WiWj=si i6=j(si N2), et
Rn=N
i=1Wi.
Si N2, cela contredit la connexité de Rn. Donc, N= 1 !
Remarque 1
J’ai trouvé deux applications et un exemple d’utilisations du théorème de Hadamard-Lévy sur
internet :
http: // grenoblesciences. ujf-grenoble. fr/ pap-ebooks/ lafontaine/ sites/ default/
files/ pdf/ CP3_ 1. pdf
http: // www. les-mathematiques. net/ phorum/ read. php? 4,357443,357532,quote=
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