JUINJUILLET 2012 N°869 MOUVEMENT COMMUNAL 7
répondre au quotidien aux besoins des entrepreneurs, la CCW
a créé des services performants : énergie, emploi, formation,
environnement, droit, urbanisme, aspects socio-économiques
et nanciers, gestion de la qualité, sécurité et communication.
L’asbl regroupe une vingtaine de fédérations de métiers et une
dizaine de chambres syndicales de la construction. Au total, cela
représente donc 15 000 entreprises a liées dont 5 000 en Wal-
lonie. Cela fait de la CCW la principale organisation patronale
wallonne en termes de nombre d’a liés. Nous représentons 1/10
de l’économie en quelque sorte… Le secteur de la construction
occupe 65 000 salariés et 12 000 indé-
pendants. D’innombrables activités
économiques sont liées en amont et
en aval à la construction. Au total, la
lière représente en Wallonie 10 %
du PIB, 100 000 emplois salariés et
20 000 indépendants.
Concernant les communes, je sup-
pose que le domaine des mar-
chés publics vous intéresse plus
particulièrement…
Le domaine des marchés publics est
en effet très important pour nous,
parce que cela représente environ
25 % du chi re d’a aires du secteur de la construction. Et, dans ces
25 %, les pouvoirs locaux sont les principaux donneurs d’ordres.
On sait aussi que, au niveau de l’ensemble de la Belgique, la moitié
des investissements publics émane des communes. La loi sur les
marchés publics est très complexe et les communes ont parfois un
peu de mal à en respecter toutes les nesses. Ainsi, nous dénon-
çons régulièrement un certain nombre de défauts de gestion de
la part des communes… C’est évidemment, dans la plupart des
cas, involontaire, mais nous pensons cependant qu’il y a parfois
un manque de volonté de se conformer strictement à la loi. Ainsi,
le receveur communal ne paiera les factures que lorsqu’il sera sûr
que toutes les conditions légales seront réunies. Et cela concerne
également l’incontestablement dû. Cela met des centaines de
PME en di culté de trésorerie.
Les manquements ne sont que du côté des communes, vous
pensez ?
Je suis le premier à dire qu’il y a aussi des manquements au niveau
des entreprises. Ainsi, nous formons régulièrement les PME
et les entreprises à la bonne gestion des marchés publics. Nous
sommes d’ailleurs tout à fait à l’écoute des communes si elles ont
des reproches à faire. Nous devons travailler ensemble pour une
bonne gestion collective et bien utiliser l’outil des marchés publics
au béné ce de l’ensemble de l’économie wallonne.
Vous venez de publier un mémorandum à l’attention des élus
communaux. Quelles en sont les grandes revendications ?
La lière s’approvisionne à 80 % sur le marché local. S’appuyer
sur la construction constitue un choix stratégique soutenu par
les organisations patronales et syndicales du secteur. Pour nous,
malgré la crise, les communes doivent impérativement mainte-
nir leur rythme d’investissement. Comme tous les six ans, un pic
d’investissements locaux était attendu dès 2010, mais il s’avère
moins élevé que prévu car les communes restent prudentes suite
à la crise bancaire et nancière, à l’assainissement des nances
publiques et aux transferts de charges. La prudence nancière
des communes se répercute évidemment sur le volume de com-
mandes aux entreprises. Mais il y a une deuxième conséquence
qui pénalise les entreprises : le lancement d’adjudications dont
le nancement n’est pas assuré, ce qui perturbe le planning des
soumissionnaires ou engendre des frais d’étude. Des adjudica-
tions sont en e et lancées par les communes, l’entreprise lance
les études, fait ses devis alors que l’ordre de lancer les travaux n’est
jamais donné. Une véritable perte d’énergie. Le lancement d’adju-
dications devrait être lié à la disponibilité des crédits budgétaires.
Y-a-t-il, selon vous, des solutions qui
soient à la portée des communes ?
Les solutions sont, me semble-t-il, à
trouver dans la gestion nancière et le
choix des priorités. Il s’agit également
de maintenir le dialogue entre les
communes et l’État fédéral, et entre
les communes et la Région wallonne,
pour maintenir une capacité d’inves-
tissement local su sante. On touche
là à une responsabilité politique glo-
bale qui ne dépend pas uniquement
que des pouvoirs locaux. C’est la res-
ponsabilité politique de l’ensemble
des décideurs belges que d’assurer un niveau de services adéquat.
Les besoins sociétaux se multiplient : logements, crèches, mai-
sons de repos, infrastructures sportives, écoles, voiries, friches,
rénovation énergétique des bâtiments publics… Pour rencontrer
tous ces besoins, les communes doivent impérativement conti-
nuer à investir et obtenir des autorités fédérales et régionales de
préserver leur capacité d’investissement. Il est important de conti-
nuer à investir parce qu’un entretien reporté décuple son coût à
terme. Il importe que les communes établissent rigoureusement
leurs besoins en entretien structurel et programment les travaux
sur plusieurs années. La formule du « droit de tirage » peut s’avérer
stimulante en ce sens.
Vous êtes donc pour le droit de tirage ?
Le droit de tirage serait en e et une nouvelle forme de nance-
ment adéquate. Une nouvelle forme qui a d’ailleurs déjà fait ses
preuves en matière de voirie. Le droit de tirage accélère en e et la
procédure, sans contestation aucune. Sur ce point, nous sommes
parfaitement en phase avec l’UVCW.
Excluez-vous certains modes de nancement alternatif comme
les PPP ?
Les nancements classiques doivent certes rester la règle. Une
norme d’investissement public de 3 % du PIB est d’ailleurs
recommandée par les autorités européennes. Cependant, les
nancements alternatifs et les partenariats public/privé peuvent
o rir une alternative, mais celle-ci ne pourra être que partielle
et devra être bien balisée, notamment pour rester accessible aux
acteurs de di érente taille. Je suis le premier à dire que les PPP
ne sont pas la solution universelle, que ce sont des marchés plus
lourds à passer où il faut être spécialement prudent parce qu’on
est à la limite entre les marchés publics et une forme de négocia-
tion plus ouverte. Nous plaidons donc pour un décret PPP, qui
rassurerait les acteurs de taille moyenne, et des contrats-types
PPP standards.
LA RESPONSABILITÉ
DES DÉCIDEURS EST
D’ASSURER UN NIVEAU
DE SERVICES ADÉQUAT