Les pays en développement face à la mondialisation
avoir littéralement explosé au cours de la première
moitié des années 90, les entrées de capitaux au
titre de prise de participation ont quelque peu reflué
pour être compensées par une reprise des prêts ban-
caires
5
.
DES SITUATIONS CONTRASTÉES
Cette évolution globale largement positive
témoigne d’une insertion active des PED dans le
mouvement de mondialisation. Toutefois, elle dis-
simule des disparités importantes. Jusqu’à présent,
les fruits de la mondialisation ont été répartis de
manière extrêmement inégale, ce qui a conduit à
une hétérogénéisation croissante du monde en déve-
loppement
6
. Alors que certaines économies (en
particulier en Asie de l’Est) ont su tirer profit de
la mondialisation en adoptant des stratégies de
développement fondées sur l’ouverture écono-
mique et les exportations
7
, d’autres semblent être
restées en marge.
Ces disparités sont perceptibles dans les diffé-
rentes dimensions de la mondialisation (financière
et réelle). À titre d’exemple, la part de l’Afrique
dans le total des flux nets de capitaux à destina-
tion des PED n’a cessé de diminuer depuis les
années 80, passant de 27 % en 1980 à 17 % en
1990 pour atteindre à peine 8 % en 1996 (FMI
1998). Parallèlement, l’extrême concentration des
flux d’IDE à destination d’un petit nombre de pays
n’a fait que s’accentuer au cours des dernières
années puisque les 5 principaux pays destinataires
(Chine, Brésil, Mexique, Singapour et Indonésie)
ont recueilli 55 % du total des IDE en 1998, contre
41 % en 1990. La participation de l’Afrique au
mouvement d’expansion des IDE est particulière-
ment limitée. Selon la CNUCED, la part de cette
région dans l’ensemble des IDE à destination des
PED serait passée de 11 % pour la période 1986-
1990 à 5 % pour la période 1991-1996, puis à 3,8 %
en 1996. La Malaisie à elle seule reçoit plus d’IDE
que l’ensemble du continent africain. Par ailleurs,
au sein du continent africain, la répartition est très
inégale entre les pays : ainsi le Nigeria totalise
44 % du total des IDE entrants de la région. De
manière plus générale, les pays les moins avancés
ne participent pas au mouvement général d’ac-
croissement des flux d’IDE et leur part dans les
flux mondiaux demeure inférieure à 1 %.
En fait, les modalités d’intégration des PED aux
circuits financiers internationaux diffèrent nette-
ment d’une région à l’autre et reflètent, dans cer-
tains cas, la persistance d’une véritable situation
de dépendance. Ainsi, dans le cas des économies
africaines, les flux officiels continuent de domi-
ner largement, même si la part des flux privés a eu
tendance à s’accroître quelque peu au cours des
5 dernières années.
5. Cette inversion de tendance s’est produite à partir de la crise mexi-
caine, qui a entraîné une chute des flux de portefeuille.
6. Voir le chapitre « La fin de l’aide au développement ? » dans
RAMSES 98
.
7. Les stratégies de forte croissance fondées sur la croissance des expor-
tations ne sont cependant pas l’apanage des économies d’Asie de l’Est,
elles ont également été le fait du Chili depuis le milieu des années 80 et
de la Chine depuis le milieu des années 70.
63
1948 1953 1963 1973 1983 1993 1998
Exportations
Amérique latine 12,3 10,5 7,0 4,7 5,8 4,4 5,2
Afrique 7,4 6,5 5,7 4,8 4,4 2,5 2,0
Moyen-Orient 2,1 2,1 3,3 4,5 6,8 3,4 2,6
Asie de l’Est 3,0 2,6 2,4 3,4 5,8 9,7 9,6
Importations
Amérique latine 10,6 9,3 6,8 5,1 4,4 5,0 6,2
Afrique 7,6 7,0 5,5 4,0 4,6 2,6 2,4
Moyen-Orient 1,7 2,0 2,3 2,8 6,3 3,2 2,6
Asie de l’Est 3,0 3,4 3,1 3,7 6,1 10,0 8,0
Tableau 1
Commerce mondial des marchandises par région, 1948-1998 (en pourcentage du total)
Source
: OMC (1999).