Les pièges de la réserve de puissance

Les pièges de la réserve de puissance
Une réserve parfois utile
Nous avons vu que, pour faciliter un dépassement, il pouvait être utile d'accélérer momentanément1.
C'est le bon usage de la réserve de puissance. La capacité d'accélération rentre dans la panoplie des manœuvres d'urgence mises à la
disposition des conducteurs au même titre que le freinage ou l'évitement.
Il s'agit bien d'une possibilité de manœuvre à réserver aux cas d'urgence.
Attention de ne pas en abuser
Abuser de cette possibilité en conduite courante, vous met en infraction, vous prive d'une faculté de manœuvre et, plus grave, vous
entraîne dans des situations accidentogènes que vous ne pouvez plus maîtriser.
En comptant trop sur cette réserve de puissance, le conducteur est tenté de doubler des véhicules roulant déjà, sur route nationale, à la
vitesse de 90 km/h voire davantage. Le résultat est simplement de déplacer vers des vitesses supérieures la situation d'accident
examinée dans la rubrique précédente, avec des risques accrus et des conséquences plus graves.
Plus subrepticement, l'accélération exagérée au moment d'un premier dépassement, peut entraîner un conducteur, par effet d'escalier, à
augmenter sa vitesse de conduite. Après avoir accéléré exagérément au moment de doubler un premier véhicule roulant, disons, à 70
km/h, il se trouve en situation de doubler un deuxième qui roule à 90 km/h ce qui le conduit à accélérer à nouveau pour raccourcir la
durée du dépassement. S'il ne revient pas à sa vitesse de croisière rapidement, il a encore une fois en point de mire une voiture roulant
à 100 km/h et ainsi de suite. Comme il ne peut pas ralentir devant le nez de celui qu'il vient de doubler, il se laisse entraîner dans cette
spirale de la vitesse.
1 Distance parcourue et durée du dépassement. Doublement d'un camion : distance à rattraper: 45m v= vitesse du véhicule doublé V= vitesse du véhicule doublant en Km/h E= écart de vitesse avec le véhicule doublé en m/s t=durée du dépassement d= distance parcourue par le véhicule doublant v
V
E t
d
Km/h Km/h m/s s
m
70
80 10 16,2 360
„
90
20 8,1 203
„ 100 30 5,4 150
90 100 10 16,2 450
„ 110 20 8,1 248
„ 120 30 5,4 180
Un écart de vitesse plus élevé permet de raccourcir la durée du dépassement. Si le véhicule doublé roule déjà à 90 km/h, le conducteur du véhicule doublant est conduit à adopter des vitesses très excessives. Il se laisse prendre dans l'engrenage expliqué précédemment. Sur RN chargée, doubler est dangereux et ne sert à rien
Sur la RN154 entre Orléans et Chartres ou sur la RN60 entre Châteauneuf et Montargis, n'essayez pas de doubler un camion qui roule
déjà à 90 km/h. En roulant à 110 km/h il vous faudra 500 m de voie libre (248 m pour vous et autant pour la voiture qui arrive en face
à la même vitesse). Au bout de 50 km, nerveusement fatigué, vous serez heureux si vous avez réussi à rattraper 3 ou 4 camions dans la
file, soit un gain de l'ordre de la minute : des risques insensés, hasardés à chaque dépassement, pour un gain de temps dérisoire.
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