Présentation de l`Alberta - Direction générale du Trésor

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Présentation de l’Alberta
Juillet 2016
© DG Trésor
L’Alberta, province la plus dynamique du Canada au cours de la dernière décennie, est devenue le
moteur économique du pays grâce à l’importance de son secteur énergétique. Avec plus de 60
implantations, la présence des entreprises françaises est centrée sur la production et les services pour
les hydrocarbures. Alors que la chute des prix du pétrole avait peu impacté l’économie albertaine en
2014, la faiblesse persistante des cours a plongé la province dans la récession en 2015 (-4,0% du PIB
réel) et les prévisions indiquent que la contraction de l’activité économique devrait se poursuivre pour
une deuxième année consécutive en 2016. Si la structure de la production économique ne devrait pas
en être modifiée, les impacts sur les investissements du secteur ainsi que les finances publiques sont
importants. Le récent changement de gouvernement avec l’arrivée au pouvoir du Nouveau Parti
Démocratique (NPD) après plus de quarante ans de majorité conservatrice est également
annonciateur de changements pour la province.
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Présentation générale
11,6% de la population du
Canada
PIB réel (2015):
294,7 MdCAD
1ère province en PIB/hab
19% des exportations du
Canada en 2015
– J u i l l e t 2 0 1 6 © DG Trésor
Le « Texas » canadien
L’Alberta est la 4ème province la plus peuplée du Canada avec 4,2 millions
d’habitants. Elle fait partie des 3 provinces des Prairies canadiennes. Sa superficie
(661 848 km²) est équivalente à celles de la France, du Benelux et de la Suisse
réunies. Edmonton est la capitale provinciale (1,36 millions d’habitants) et Calgary
le centre économique (1,44 millions d’habitants). La population devrait continuer à
augmenter (+1,8% en 2015), malgré les conditions économiques difficiles. La
province a enregistré en 2015 son premier solde migratoire interprovincial négatif
depuis 2004 (- 5 272 personnes), alors qu’elle connaissait depuis 10 ans le taux le
plus élevée de migration interprovinciale nette.
L’économie albertaine repose sur d’importantes ressources énergétiques,
forestières, agricoles et touristiques. Avec une réserve estimée à 170 milliards de
barils (13% des réserves mondiales prouvées), l’Alberta constitue la 3ème réserve
mondiale de pétrole, derrière l’Arabie Saoudite et le Venezuela. Sa production
moyenne s’est élevée à 3,9 Mb/jour en 2015, dont 2,1 Mb/j pour les sables
bitumeux. Le PIB/habitant en Alberta est le plus élevé d’Amérique du Nord
(91 183 CAD en 2014).
Le secteur énergétique reste prépondérant dans le PIB, malgré une diminution
de sa part relative (21% du PIB réel en 2015 contre 30% en 2014). Il représente
environ 175 000 emplois directs. Calgary concentre la quasi-totalité des sièges
sociaux des sociétés canadiennes et étrangères du secteur des hydrocarbures et
Edmonton se positionne en base arrière industrielle des chantiers de Fort
McMurray pour l’extraction du pétrole issu des sables bitumineux. Les 2 villes
figurent parmi les villes les plus compétitives en Amérique du Nord pour la facilité
des affaires1. On estime que le secteur énergétique contribue directement et
indirectement à 42% du PIB de l’Alberta.2
Le secteur de l’agriculture et de l’élevage représente 2% du PIB provincial et
11% des exportations totales de l’Alberta. La province est la 1ère productrice et
exportatrice de viande du pays avec 40% des troupeaux d’élevage bovin, et compte
pour 18% des exportations agro-alimentaires canadiennes, derrière la
Saskatchewan et l’Ontario. La performance soutenue du secteur agricole a permis
de modérer en partie le repli de l’économie albertaine provoquée par la chute des
prix de l’énergie.
Les services financiers sont toujours en progression (+4,2% en 2015) alors
même que les secteurs de l’énergie et de la construction qui fondaient ce
dynamisme subissent un recul important (respectivement -5% et -17%).
Lors d’élections en mai 2015, le Nouveau Parti Démocratique (NPD) a obtenu
la majorité au Parlement provincial, permettant à Rachel Notley d’obtenir le
poste de Premier ministre. Cette victoire, qui marque la fin de plus de 40 ans de
présence du Parti Conservateur au pouvoir, crée une nouvelle situation politique
annonciatrice de changements dans la gestion économique de la province.
Le nouveau budget adopté en avril 2016 reprend un certain nombre de
propositions énoncées par R. Notley dans son programme de campagne, et
notamment celles qui concernent les politiques environnementales et
l’instauration d’une taxe carbone pour 2017.
1
KPMG, A guide to international business costs, Competitive Alternatives, 2006.
2
Alberta Government, Economic Commentariy, 4 avril 2016
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Perspectives
économiques générales
Croissance PIB réel
(2014) : +4,5%
Croissance PIB réel (2015) :
-4,0%
Croissance PIB réel
(2016e) : -2,5%
Chômage (2015): 6,0%
(Canada 7,1%)
Chômage (2016e) : 7,8%
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Après une année de récession en 2015, les prévisions économiques
de 2016 misent sur une nouvelle contraction de l’activité
L’Alberta est la province canadienne la plus touchée par la chute des prix du
pétrole (-4% sur le PIB réel) en 2015. L’attractivité de la province s’est rapidement
dégradée. Le taux de chômage peu élevé (6%, en hausse par rapport à 4,7%
en 2014) cache en réalité une émigration importante. Celle-ci devrait se
poursuivre en 2016 et contribuer à la baisse continue de la demande des ménages.
Les ventes au détail ont fortement diminué sur l’année (- 3,7%), et particulièrement
celles de nouveaux véhicules automobiles (- 25%).
Bien que la province demeure la 2ème contributrice aux exportations canadiennes
(derrière l’Ontario), sa part est passée de 24,7% à 19,2% du total en 2015. En
raison de la chute de 38% de la valeur des exportations de gaz et de pétrole, les
exportations de biens de la province se sont élevées à 92,4 MdCAD, en baisse
d’environ 24% par rapport à 2014. Enfin, les incendies de forêt à proximité de
Fort McMurray en mai 2016 ont mis en suspens de nombreux projets d’exploitation
de sables bitumineux, ce qui devrait provoquer une contraction du PIB réel de
l’Alberta d’environ 0,5%.
La récession devrait se poursuivre en 2016 (PIB réel en baisse de -2,5%). Les
impacts sont marqués sur le plan des investissements et sur les perspectives
fiscales du gouvernement de l’Alberta (RBC). Les économistes des banques
espèrent une hausse de la production énergétique en 2017 et un appui du secteur
de la construction à la croissance, en raison des destructions provoquées par
les incendies de mai.
Politique publique
Solde budgétaire (2015-16) :
-6,4 MdCAD
(-1,9% du PIB)
Ratio dette/PIB (2015) :
6% (1ère province)
Le budget provincial durablement impacté par la conjoncture
Le déficit provincial a été revu à la hausse pour l’exercice 2015-2016, passant
de 6,1 à 6,4 MdCAD, soit 1,9% du PIB. Les déficits prévus pour les exercices
2016-2017 et 2017-2018 devraient atteindre respectivement 10,4MdCAD puis
10,1MdCAD. Ces projections les moins optimistes se fondent sur un prix moyen du
baril de pétrole à 36CAD.
Le Ministre des Finances Joe Ceci table sur un retour à l’équilibre budgétaire
pour l’horizon 2024. L’encours de la dette pourrait atteindre 57,6 MdCAD en 2019,
soit 15,5% du PIB. La première ministre Rachel Notley envisage en conséquence
de supprimer le seuil légal d’endettement de la province, fixé à 15% du PIB et qui
avait été adopté par son gouvernement en novembre 2015.
Le gouvernement du NPD a par ailleurs annulé les taxes nouvelles sur les
particuliers prévues par le précédent gouvernement conservateur pour compenser
la baisse des revenus tirés des énergies fossiles (on estime que les revenus des
royalties devraient chuter de 90%, à 1,4 MdCAD pour l’exercice fiscal 20162017). Le budget prévoit de baisser la taxe sur les petites entreprises de 3%
actuellement à 2%. Dans le cadre de la stratégie de lutte contre le changement
climatique, il comprend également la mise en place d’une taxe carbone à partir de
janvier 2017, fixé à 20CAD/tonne. Celle-ci devrait rapporter 274 MCAD d’ici la fin
de l’exercice 2016-2017, puis 1,7MdCAD durant l’exercice suivant (le taux doit
augmenter en 2018).
Aspects sectoriels
La province est particulièrement exposée aux risques conjoncturels
du secteur de l’énergie
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Revenus du secteur de
l’énergie (2014) :
111,7 MdCAD
(Sables bitumineux : 60%
Pétrole brut conventionnel :
16,5% ;
Charbon et soufre : 1,1%
Gaz naturel et liquide : 22,8%)
Revenus du secteur de
l’énergie (2015) :
88,5 MdCAD
Total des exportations
énergétiques (2015) :
63,5 MdCAD
(Pétrole brut : 87%
Gaz naturels et liquides :
12,6%
Soufre et charbon : 1%)
Revenus des principaux
produits agricoles (2015) :
Viande bovine : 1,6 MdCAD
Canola: 1,7 MdCAD
Blé : 2,3 MdCAD
Porc : 468 MCAD
Montant total des
exportations
agro-alimentaires (2015) :
9,8 MdCAD
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Energie et matières premières
L’économie de l’Alberta est largement dépendante du secteur énergétique et
de la demande américaine (99,4% des exportations énergétiques de la province
en 2015), malgré la croissance de la demande asiatique. Le secteur de l’énergie a
généré 88,5 MdCAD de revenus en 2015, dont 60% liés à l’extraction des sables
bitumineux. Il représente 70% des exportations.
L’Alberta dispose d’un cadre fiscal incitatif pour les projets d’extraction pétrolière
et gazière. Constatant que le régime de royalties sur le gaz naturel et le pétrole
classique avait une incidence négative sur sa compétitivité vis-à-vis de la
Colombie-Britannique et de la Saskatchewan, la province a abaissé en 2011 ses
taux de redevance (de 50% à 40% pour le pétrole classique, de 50% à 36% pour
le gaz naturel). Le nouveau gouvernement, favorable à une hausse de ces
royalties, s’est engagé à maintenir le système actuel jusqu’à la fin de 2016 et mène
actuellement un processus de consultation sur le sujet.
La part des sables pétrolifères devrait augmenter en 2016 et compenser ainsi la
baisse de la production de pétrole conventionnel. Toutefois, l’Association
Canadienne des Producteurs de Pétrole prévoit une baisse de 33% des
dépenses d’investissement à court terme dans l’ouest du Canada, ce qui
devrait retarder la réalisation de ces projets. Il convient de préciser dans ce
contexte que le NPD de Rachel Notley semble plutôt favorable au développement
de ces activités de raffinage, y voyant une opportunité de création de valeur plus
importante que les simples activités d’extraction. Elle s’est également prononcée
pour la construction supplémentaire d’oléoducs afin d’acheminer le pétrole
albertain vers les marchés mondiaux.
Agriculture et agroalimentaire
L’Alberta est le 1er exportateur de produits carnés et 3ème exportateur agricole
du Canada, derrière la Saskatchewan et l’Ontario. Les exploitations sont
essentiellement tournées vers l'élevage bovin (5,3 millions de tête au 1er juillet
2015, 1er producteur du pays), le canola (équivalent du colza, 2,6 Mha) et les
cultures céréalières (blé, 2,7 Mha).
La production agricole de l'Alberta est largement destinée à l'exportation,
principalement vers le marché américain (24%). Les exportations des produits
agricoles ont représenté un montant de 5,5 MdCAD en 2015. Les principales
productions sont, dans l'ordre décroissant des recettes d’exportation sur 2015 : le
blé (2,3 MdCAD), le canola (1,7MdCAD), la viande bovine (1,6 MdCAD), les
troupeaux (584MCAD), et le porc (468MCAD). Les exportations sont en légère
baisse en 2015, la production agricole ayant diminué de 3,6% et l’élevage de 9%
sous l’effet de la sécheresse3. Ces conditions climatiques passagères ne doivent
pas masquer l’excellente performance à moyen terme du secteur, qui a vu la
valeur de ses exportations multipliée par 2,5 en dix ans.
Aérospatial
Le secteur de l’aérospatiale de l’Alberta, qui génère un revenu annuel de
1,3 MdCAD emploie 6 000 travailleurs (compagnies aériennes et aéroports non
compris) et exporte 40% de sa production. La province dispose d’un avantage
concurrentiel dans les secteurs de la robotique et des systèmes de véhicules
téléguidés (SVT), des sciences spatiales, géomatiques et des systèmes de
navigation, et des services d’entretien et de réparation. A Calgary, plus de
50 entreprises de l’aérospatiale sont recensées, parmi lesquelles ATCO Frontec,
Field Aviation, ITRES, Iunctus Geomatics, Pratt & & Whitney, NovAtel et Raytheon.
3
Alberta’s International Exports by Industry – A 10-Year Review, 2005 to 2015, 17 mai 2016
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Relations bilatérales
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La présence des entreprises françaises se maintient malgré la baisse
des activités provoquées par la chute des cours de l’énergie
Les échanges commerciaux bilatéraux représentaient 350 MCAD en 2015,
dont 226 MCAD d’importations en provenance de la France. Ils sont constitués en
majorité d’échange des produits agricoles, qui se sont élevés à environ 140MCAD,
plutôt favorables à la France (80MdCAD d’exportations). Les principaux produits
exportés par l'Alberta sont la viande de cheval, le colza et les boissons autres que
les vins et spiritueux.
La présence française en Alberta est centrée sur la production et les services
pour les hydrocarbures. On dénombre environ 60 implantations françaises
(essentiellement filiales, établissements commerciaux et usines).
Veolia avait été choisie par Royal Dutch Shell pour l’accompagner sur un projet de
sables pétrolifères à Carmon Creek, dans le nord de l’Alberta. Le projet est
suspendu du fait des incertitudes économiques et du manque d’infrastructures pour
acheminer le pétrole brut vers les marchés mondiaux.
Total a fortement réduit ses effectifs en Alberta et enregistré des pertes en 2015.
Le groupe français a décidé en septembre 2015 de céder à son partenaire Suncor
Energy 10% de sa participation dans un projet d’investissement de sables
pétrolifères de Fort Hills, afin de réduire son exposition aux sables bitumineux
canadiens.
Thales Canada a annoncé en juillet 2011 avoir remporté un contrat auprès de la
ville d’Edmonton pour le système de signalement du réseau de train léger (LRT).
Prévue pour avril 2014, l’ouverture du train a finalement eu lieu en septembre 2015.
- Energie : Total, IFP, Technip, Schlumberger, CGG Veritas, Genoyer, Air Liquide,
Oxand, Areva, PCM, Amalto, Saltel, Altamira (CNES), Schneider Electric, Veolia
Environnement, Safenergy, Interdevelop, Bureau Véritas, Vam Premium
(Vallourec)
- Industrie / Transports / Environnement : Alstom, Air Liquide, Safran (Snecma),
SDV Logisitics (Groupe Bolloré), Thalès, PCM, Amalto, Saltel, Interdevelop,
Safenergy, Artelia, Foraco, Dalkia (Western Bioenergy Inc.), Engie (Pacific
Bioenergy), Ecomundo, Foraco, Schneider Electric, Veolia Water
- Construction : Bouygues, Colas, Soprema, Lafarge, Artelia, Vinci
- TIC, Telecom & Nouveaux Media : Alcatel-Lucent, Geovia (Dassault Systemes)
- Finance/Assurance : Société Générale / First Energy Capital, BNP-Paribas,
Groupe SCIACI, First Energy Capital, Newedge
- Biens de consommation et services : Sephora, Louis Vuitton, Roche Bobois,
Essilor, L’Occitane en Provence, Hermes, Lacoste, Chanel, Groupe Louis
Dreyfus, Servisair, Sodexo, Vitalaire, Veolia, Publicis, Ecomundo, ETDE Facility
Management
- Vins : Osoyoos Larose (Vincor/Bernard Taillan), Maxxium Canada (Remy Martin)
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Auteur : Service Économique Régional d’Ottawa
Ambassade de France au Canada
42 Sussex Drive, Ottawa, Ontario K1M 2C9
Canada
Mise à jour par : Clara Nicolas
Revue par : Fouzia Dine
Validée par : Philippe Huberdeau
Version de juillet 2016
Sources : Statistique Canada, Gouvernement de la Province
de l’Alberta et Banque Royale du Canada, Banque TD
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