VII.1 ✦ CULTURE ET GESTION EN CHINE 3
ou les initiatives individuelles. Quelle que soit l’entreprise, un constat par-
tagé converge, à savoir l’importance du facteur humain et la reconnaissance
des spécificités culturelles, sociales, politiques et économiques chinoises. Ce
pays imposerait alors un minimum de connaissance sur le monde chinois,
mais aussi une préparation à la gestion interculturelle afin d’éviter le risque
d’un échec (Faure, 2003; Gao, 2002; China Staff, 2000; Arthur Andersen,
2000; CEGOS, 2000). On observe aujourd’hui des changements de com-
portements qui prennent en compte les erreurs passées en intégrant les
facteurs culturels et leurs impacts sur la gestion des personnes. Certaines
personnes qui ont fait le choix de travailler dans ce pays nous ont fait part
de leurs expériences, de leurs échecs et de leurs capacités à créer un juste
équilibre entre les intérêts de l’entreprise, ceux personnels et les attentes du
monde chinois (Fernandez et Underwood, 2003; Fernandez, 2003; Faure,
2003; Worm et Aagaard Petersen, 2000; Faure, 1998; Piques, 2001). En
s’adaptant, ils ont développé in fine une capacité à s’immerger dans un
environnement changeant en proposant des pistes de réflexion sur l’art de
réussir en Chine. Nous aborderons cette dimension de l’expérience dans la
troisième partie de ce chapitre.
Sous le signe d’une croissance économique extraordinaire, dans un envi-
ronnement juridique en voie de normalisation (droit des obligations, droits
des contrats, droit des sociétés commerciales) pour se conformer aux con-
traintes du marché international, la Chine présente un modèle politique,
social et économique spécifique (Huchet et Richet, 2005, p. 17; Di Domenico,
2005; Vandermeersch, 2004; Inglehart, 1997, p. 93; Lasserre et Schütte,
1995). D’autres spécialistes de la Chine considèrent qu’une « approche cultu-
relle de l’économie chinoise » (Chieng, 2005, p. 130) s’impose afin d’appré-
hender la complexité du pays. Nous verrons que des recherches récentes ont
démontré que l’application stricto sensu des procédures ISO 9000 (Interna-
tional Standardization for Organisation) soulevait en Chine des difficultés
d’adaptation, voire des résistances (Zheng, 2002, p. 177-186 et Niu Qiaoxia,
2002, p. 187-194). Le « one best way », ou encore l’emprunt d’un modèle
importé sont donc sujets à des ajustements en fonction de contraintes locales,
régionales et nationales. C’est pourquoi, l’éminent sinologue Vandermeersch,
spécialiste aussi du Japon, attire notre attention sur l’importance de la dimen-
sion culturelle du monde sinisé quand il dit :
Reste qu’au plan culturel, dans le nouveau monde sinisé se prépare l’apparition
d’une forme de civilisation égale à la nôtre pour ses performances économiques,
scientifiques et techniques, mais appuyée sur un système de valeurs, une