
ECOLE SUPERIEURE DES AFFAIRES
Marc FIEVET : leçons d’économie leçon 6
BIMETALLISME ET LOI DE GRESHAM
Un problème constant de la longue période « métallique »
a été la coexistence de pièces
d’or et d’argent. Ces dernières, de valeur moindre, semblent s’être imposées durant tout le
Moyen-Age, parce que le volume des transactions n’était pas élevé, et que l’argent était plus
abondant que l’or. L’or prit peu à peu le dessus, à partir du XIVème siècle. Certains pays
connurent ainsi un régime bimétallique, d’autres un régime monométallique, en fonction des
disponibilités. Du fait des variations des quantités disponibles (= offre), essentiellement lors
de la découverte de gisements importants, le rapport entre la valeur de marché de l’or et
celle de l’argent a régulièrement varié, la loi de GRESHAM se vérifiant à chaque fois.
Le système monétaire napoléonien illustre bien ce fait ; la loi du 17 germinal an XI
(6 avril
1803) avait mis en place un bimétallisme, reposant sur un ratio légal or/argent de 15.5,
correspondant à leur prix relatif à ce moment. L’or étant à cette époque relativement rare, il
fut thésaurisé. Lors de la découverte des mines d’or de Californie (1848) et d’Australie
(1851), la hausse de l’offre engendra une dépréciation du prix de l’or sur le marché mondial,
le rapport réel (prix or/prix argent) devenant à ce moment différent du rapport légal.
Apparaît alors un mécanisme « d’arbitrage » : les détenteurs des pièces d’or les échangent
contre des pièces d’argent au cours légal, puis revendent celles-ci contre de l’or au cours réel
déprécié; ils obtiennent de ce fait plus d’or qu’ils n’en avaient au départ, et les pièces
d’argent disparaissent de la circulation monétaire au profit de l’or (loi de GRESHAM).
supposons que le ratio or/argent sur le marché passe à 12. Je change au cours légal 1 franc-or contre 15,50
francs-argent, puis je rachète de l’or sur le marché, où j’obtiens l’équivalent de 1,29 franc-or (15,50/12), cqfd.
Remarquez que TCEPA, la demande d’or fera remonter son cours jusqu’à atteindre à nouveau un ratio de 15,50.
Les pays de la « zone franc » s’inquiétèrent, et finirent par former l’Union Latine
, considérée
comme une première tentative de « monnaie unique » ; la France restant opposée au
monométallisme, le système fonctionna mal, et disparut en 1914. Il démontra à souhait les
difficultés engendrées par la circulation parallèle de plusieurs monnaies (leçon à retenir !)
.
DE LA MONNAIE MARCHANDISE A LA MONNAIE PAPIER
Garder de l’or ou de l’argent sur soi n’étant pas très sécurisant, les détenteurs de métaux
précieux déposent leur fortune auprès de « banquiers ». En contrepartie du dépôt, le
banquier émet un certificat nominatif, permettant de récupérer la monnaie-métal, et qui
commence bientôt à circuler comme moyen de paiement.
Depuis l’invention des pièces jusqu’en 1914 au moins.
En 1792, lors de l’avènement de la Ière République, la France adopte un calendrier « révolutionnaire » en lieu et place du
calendrier grégorien (catholique) ; le nom des mois se référait aux saisons (germinal : période de la germination ; vendémiaire :
période des vendanges, …), l’an I étant 1792. Ce calendrier a été utilisé jusqu’en 1806.
1865 : France, Belgique, Suisse, Italie, rejoints ensuite par la Grèce, la Roumanie et le Saint-Siège (les Etats du Pape).
Il n’empêche que les valeurs des monnaies de l’époque sont d’une stabilité extraordinaire : le franc (dit franc-or ou franc
germinal) tel que créé en 1795 et redéfini en 1803 se substitue simplement à la livre tournois de 1726 et conservera la même
valeur jusqu’en 1928. La £ conservera sur plus de deux siècles, jusqu’en 1914, le même taux de conversion avec le franc
(français). Ce n’est qu’avec la première guerre mondiale que le système monétaire va se déstabiliser.