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La ligne
enfouie n’est
pas enterrée
ÉNERGIE
Le Conseil national a accepté
hier un postulat du Valaisan
Mathias Reynard qui veut l’enfouissement
des lignes THT entre Chamoson et Ulrichen.
SAMUEL JACQUIER
Le rapport de force autour des lignes à
très haute tension entre Chamoson et
Ulrichen s’est-il inversé hier à Berne?
Un postulat du conseiller national
Mathias Reynard demandant au Con -
seil fédéral d’examiner la construction
d’une ligne enterrée sur le tracé global
entre Cha moson et Ulrichen a été plé-
biscité par les élus fédéraux par 127 voix
contre 60 et 5 abstentions. De quoi ré-
jouir le dépositaire du postulat, par
ailleurs président de l’association suisse
Haute Tension Sous Terre. «C’est une sa-
crée victoire, lance-t-il. Un succès inatten-
du qui a été mené en équipe puisque tous
les élus valaisans ont su convaincre des
membres de chaque groupe.» En effet,
tous les conseillers nationaux du canton
ont joué de leur influence, alors que le
Conseil fédéral et les premiers mots
d’ordre des partis laissaient penser à un
balayage de ce postulat.
Trois tracés sont concernés: la ligne
entre Chamoson et Chippis, celle entre
Chippis et Mörel, puis celle entre Mörel
et Ulrichen.
Quelles conséquences sur
le jugement du Tribunal fédéral?
Dans les faits, le Conseil fédéral devra
fournir un rapport détaillé qui évalue
des variantes d’enfouissement de ces li-
gnes. L’Office fédéral de l’énergie (OFEN)
sera chargé de ces études. Un recours
des opposants à la ligne Chamoson-
Chippis est actuellement pendant au
Tribunal fédéral.
La décision d’hier à Berne aura-t-elle
des influences sur ce jugement? Con -
tacté, le service de presse du Tribunal
fédéral ne s’exprime pas. Pour Fabien
Luethi, porte-parole de l’OFEN, «la pro-
cédure d’approbation des plans pour la li-
gne aérienne Chamoson-Chippis est ac-
tuellement traitée par le Tribunal fédéral.
Celle-ci n’est pas dépendante de cette déci-
sion parlementaire.»
Selon l’article 105 de la loi sur le
Tribunal fédéral, «le TF statue sur la base
des faits établis par l’autorité précédente».
Ce qui tendrait à corroborer les propos
du porte-parole de l’OFEN.
Opposants confiants,
Swissgrid attend
De son côté, Mathias Reynard rap-
pelle que «l’OFEN, qui attribue les autori-
sations pour les différents projets de
Swissgrid, est soumis aux décisions du
Parlement. Il semble difficile pour eux de
s’entêter.» La confiance est donc de mise
du côté du conseiller national comme
du président du groupement THT Sous
Terre Valais, Marcel Bayard. «Cette nou-
velle très positive nous donne de l’espoir
pour la suite», explique-t-il.
Swissgrid, porteur des projets de li-
gnes électriques, ne préfère pas se
mouiller après cette décision de la
Chambre du peuple. «Nous ne prenons
pas position sur ce postulat qui impacte les
autorités fédérales. Nous attendons la dé-
cision du Tribunal fédéral», souligne
Marie-Claude Debons, porte-parole de
la société de transport d’électricité.
«Le Conseil d’Etat
doit se positionner»
Les oppositions aux lignes aériennes à
très haute tension se sont multipliées ces
derniers mois dans la société civile valai-
sanne. Mais aussi au sein des communes,
notamment celles du coteau directe-
ment concerné. Alors que le Conseil na-
tional a fait un pas important vers l’en-
fouissement des lignes THT, le Conseil
d’Etat ne s’est toujours pas prononcé offi-
ciellement. «Le gouvernement devra pren-
dre position rapidement pour un enfouisse-
ment», conclut Mathias Reynard.
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Les différentes lignes à très haute tension entre Chamoson et Ulrichen doivent faire face à de nombreux opposants.
SACHA BITTEL/A
À LA UNE Un examen du
Conseil fédéral
attendu
Le Conseil
national suit
les Valaisans
3
VENDREDI 10 MARS 2017
L’Office fédéral de l’énergie (OFEN) ap-
prouve en 2010 un projet de ligne aé-
rienne à très haute tension plusieurs
fois modifié entre Chamoson et Chippis.
Des collectivités et des privés s’y oppo-
sent. Le Tribunal administratif fédéral
(TAF) puis le Tribunal fédéral (TF) rejet-
tent les recours en 2013. En janvier 2015,
l’OFEN approuve un nouveau projet. Re-
cours des opposants au TAF, rejeté en
décembre 2016. Entre 2015 et 2016, des
citoyens de Grône, Chalais et Chippis se
mobilisent contre cette ligne aérienne.
Les municipalités de ces trois localités
leur emboîtent le pas. Des postulats
au Grand Conseil sont acceptés. La pro-
cédure est pendante au TF après un
énième recours des opposants.
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RAPPEL DES FAITS POUR LE TRONÇON CHAMOSON-CHIPPIS
z
«Tous les élus
valaisans ont su
convaincre dans
leurs groupes.»
MATHIAS REYNARD
CONSEILLER NATIONAL