Utilisation de la moyenne fréquence interférentielle au niveau du

Ann. Kin ésithér. ,1985, t. 12, n° 9, pp. 449-451
©Masson, Paris, 1985 NOTE DE TECHNIQUE
Utilisation de la moyenne fréquence interférentielle au niveau
du couple quadriceps-ischio-jambiers pour le contrôle actif
du genou
Francis BERTHELIN
Kinésithérapeute, 187, Corniche Président Kennedy, F13007 Marseille.
Ce travail fait suite à celui relatif à «l'apport
de la moyenne fréquence interférentielle à la
rééducation proprioceptive du genou instable
opéré ». Aussi, nous cpntenterons-nous de
reprendre brièvement les principes de la
moyenne fréquence interférentielle.
Un générateur (Endoflux M) délivre deux
courants de moyennes fréquences proches, dont
l'une reste fixe et l'autre peut varier cyclique-
ment de +0 à '+ 100 Hz et retour. Ces deux
courants appliqués simultanément sur le patient
donnent un battement d'interférence de basse
fréquence.
Un premier curseur linéaire permet de faire
varier l'intensité du courant d'interférence pour
obtenir une contraction plus ou moins impor-
tante et un second, appelé balance, permet de
décentrer le vecteur d'interférence, déplaçant
ainsi la zone de contraction.
On a pu constater, au terme de la rééducation
classique du genou, que souvent:
1) La douleur, l'œdème, l'inflammation du
genou, en plus du traumatisme initial et chirurgi-
cal, va conduire le malade à une réaction de
défense musculaire par sidération quadricipitale
et contracture des ischio-jambiers.
2) D'autres phénomènes, déclenchés par les
récepteurs nociceptifs locaux vont se réveiller
au cours de la recherche de la flexion et de
l'extension, c'est-à-dire :
a) contractures réflexes douloureuses dues à
l'allongement musculaire.
b) Douleurs dues aux sollicitations des adhé-
rences articulaires et péri-articulaires.
Tirés à part: F. BERTHELIN, à j'adresse ci-dessus.
3) Une partie des fibres musculaires ne sont pas
encore actives à la phase finale de la rééducation
par non-levée de la sidération.
Suite aux trois points précédents, on peut
conclure que l'ensemble des protections actives
du genou sera insuffisant, car les fibres actives
hypertrophiées en cours de rééducation vont
reprendre, à la longue, une force normale ce qui,
compte tenu des fibres inactives, ne permettra
pas d'assurer une bonne protection du genou.
Ceci nous a conduit à penser qu'un traite-
ment électrique adapté permettrait de lever les
problèmes précédents pour que la rééduca-
tion classique puisse donner le maximum de ses
résultats.
Progression du traitement
Après avoir appliqué, les premiers jours, de
la moyenne fréquence interférentielle de batte-
ment de 80 à 100Hz afin d'obtenir une analgésie
électrique de la région du genou, on applique
alors la plage d'interférence complète de 0 à
100 Hz avec une intensité infra-liminaire pour
permettre :
.- 1 fibrillation musculaire entre 0 et 20 Hz.
- 1 action sur les troubles trophiques et
circulatoires entre 20 et 80 Hz.
- 1 anesthésie électrique (recul du seuil doulou-
reux) entre 80 et 100 Hz.
Au filet au cours des séances, on demande
au patient d'augmenter lui-même l'intensité du
courant d'interférence pour éviter des douleurs
électriques qui entraîneraient des effets nocicep-
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tifs, le malade calquant sa progression sur ses
sensations, le kinésithérapeute pouvant toujours
contrôler la progression sur le milliampèremètre.
Lorsque, visuellement, on constate une bonne
fibrillation dans la fréquence des 30-40 Hz (au
cours du balayage de 0-100 Hz); on applique
alors un courant de fréquence fixe choisie entre
30 et 40 Hz, permettant d'obtenir la meilleure
contraction possible (cette plage de fréquence
est plus spécifiquement excito-motrice, mais
toujours avec une composante analgésique). A
cette phase, après que le kinésithérapeute ait fixé
une intensité de départ de traitement, le malade
augmente lui-même l'intensité du courant d'in-
terférence, en intercalant des phases de repos
musculaire suffisamment longues pour permettre
l'élimination des déchets de la contraction
précédente, et un apP9rt d'éléments énergétiques
pour la contraction à venir. On constate que de
2 à 4 contractions d'environ 5 s par minute
(selon l'état amyotrophique du muscle) semblent
suffisantes.
Au début, les contractions seront purement
passives, mais très vite, on demandera au patient
des contractions actives aidées par le courant
interférentiel.
Lorsque celles-ci seront de bonne qualité, on
recherchera le contrôle actif du genou à diffé-
rents degrés de flexion par contractions actives
d'un des deux muscles, lors de sollicitations
électriques passives de son antagoniste.
Ceci nécessitera un degré de flexion déjà
suffisant, sinon, il faudra profiter de l'analgésie
électrique sur le quadriceps, et sur les éléments
articulaires qui possèdent des récepteurs noci-
ceptifs pour pratiquer des postures auto-passives
de flexion.
Installation du malade
Sujet placé dans une cage de pouliethérapie.
1°) Assis au bord de la table, jambes pendantes,
excitation du quadriceps, et le malade doit
s'opposer activement à l'extension de son genou
par contractions volontaires des ischio-jambiers.
Dans un premier temps, le segment jambier
sera suspendu par une élingue de suspension
permettant de placer le genou à différents degrés
de flexion. A ce moment, sans que le malade
puisse avoir un contrôle visuel, le kinésithéra-
peute augmente l'intensité (qui doit toutefois
rester infra-douloureuse) pour obtenir la réponse
en flexion du patient.
Au début, les sollicitations seront longues et
isolées, et le sujet cherchera à raccourcir son
temps de réponse. Quand celle-ci sera plus
rapide, on commencera à envoyer des impul-
sions de durée décroissante, puis de plus en plus
proches par salves plus ou moins régulières.
aussi, les réponses devront être les plus rapides
possibles, en veillant à ce que le malade
n'anticipe pas ses réponses, ce que l'on évitera
en envoyant des impulsions isolées ou répéti-
tives, en variant les temps de repos entre chaque
train d'impulsions, de quelques secondes à
quelques fractions de seconde.
Quand le patient aura bien maîtrisé l'exercice,
on poursuivra la progression en remplaçant
l'élingue de suspension par un circuit poids-
poulie, permettant d'équilibrer le poids du
segment jambier à différents degrés de flexion,
ce qui aura pour effet,à intensité égale, d'obtenir
une réponse plus ample et donc, un début de
mouvement d'extension plus prononcé. La
même technique de travail sera alors appliquée.
2°) En décubitus ventral, les mêmes exercices
seront repris en sollicitant les ischio-jambiers .
électriquement, et en demandant' un contrôle
actif par le quadriceps.
En plaçant les deux circuits électriques, non
plus en diagonale par rapport aux masses
musculaires, mais longitudinalement, on pourra,
en jouant sur la balance entre les deux circuits,
associer à la flexion une composante de rotation
externe ou interne du segment jambier que le
patient devra contrôler en même temps que la
flexion.
Conclusions
Cette technique de rééducation permettra
d'entretenir très tôt, ou de-recréer, le schéma
moteur des muscles concernés, le sujet voyant
ses douleurs atténuées ou supprimées, puis,
sentant les contractions d'origine électrique de
ses muscles, retrouvera plus vite une-contraction
musculaire active de bonne qualité, après la levée
électrique de sa sidération douloureuse.
Le contrôle agoniste-antagoniste commencé
très tôt permettra d'entretenir le schéma mus-
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culaire de protection, important au niveau du
genou, et ce, même avant la phase de reprise
d'appui, et aura donc, en plus, pour rôle de
préparer très tôt la phase de réadaptation pro-
prioceptive.
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