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Neustrie Ebroïn, puis déporté chez des religieuses de Fécamp et finalement mis à mort en 679. Les
reliques du martyr furent gardées et vénérées, dès 682, par les moines de l’abbaye Saint-Maixent dans
le Poitou, non loin de l’abbaye Saint-Martin de Ligugé. C’est d’ailleurs, vers 684, à la demande de
l’abbé de Saint-Maixent Audulf, que l’abbé de Ligugé Ursinus écrivit la biographie de saint Léger.
Lors des incursions normandes, les moines de Saint-Maixent s’exilèrent en 898 avec leurs précieuses
reliques vers la Bretagne, à Redon, et assez rapidement, en 903, vers l’Auvergne, précisément à
Ebreuil qui bénéficia, par le fait même, de la présence d’une partie des reliques du saint martyr que
vinrent vénérer de nombreux pèlerins. Rien d’étonnant dès lors que la fondation par Arnauld de
Villebois, évêque de Périgueux, du prieuré de Cognac, non pas en 1041 ou en 1031 comme on l’a
d’abord avancé mais en 1016 selon des experts sans doute ici présents, ait été placée sous le patronage
de saint Léger d’Autun. L’installation des moines se fit vraisemblablement de façon plus structurée
vers 1031 avec pour prieur, de 1032 à 1050, Aimery Maintrol. Les bénédictins menèrent la vie
monastique en ce lieu dépendant de l’abbaye d’Ebreuil jusqu’aux guerres de religion, au XVIe siècle.
Les moines sont alors chassés et le prieuré dévasté.
Les moniales bénédictines au prieuré de Cognac
La Règle de saint Benoît va pourtant continuer à être observée et l’office liturgique chanté
avec l’installation en 1622 de religieuses bénédictines. Elles y seront vite 37 moniales sans compter les
converses, établies à Saint-Léger de Cognac par le pape Grégoire XV, autorisées comme il se devait à
l’époque par le roi en janvier 1623 et vérifiées par le Parlement trois mois après. Le prieuré qui
comptera jusqu’à 70 moniales perdurera jusqu’à la Révolution. Les premières prieures de Notre-Dame
de Grâces, de Saint-Liguaire, car tel est devenu son nom, seront issues de la famille de Montbron (ou
Montberon) telles Louise de Montbron, auparavant moniale à l’abbaye de Jouarre et décédée en 1660,
puis sa sœur Marie qui lui succéda comme prieure jusqu’à sa mort en 1669. Une autre de leur sœur,
Elisabeth (+ 1665), se trouvait aussi moniale de ce prieuré de Cognac qui fut très florissant. Quant à
Catherine de Montbron qui fut la première cloîtrée dès 1622, elle fut inhumée ici en 1671 avec pour
épitaphe : « Ci gît très illustre et vertueuse demoiselle Catherine de Montbron, de la maison de
Fontaines Chalandray, fondatrice de ce monastère. Au milieu de la cour et du monde, elle fit vœu de
virginité, assembla ses trois sœurs afin d’observer la Règle de saint Benoît. L’humilité, générosité et
douceur ont éclaté en sa vie aussi bien que la charité. Elle a fondé la lampe devant le Saint Sacrement
et la messe de prime pour ses parents. Elle décéda saintement en l’âge de 82 ans le 11e jour de juin
1671. Priez Dieu pour son âme ».
En tant que moine bénédictin, je ne peux pas ne pas être sensible à ce riche passé monastique,
à ces générations de moines et de moniales qui prièrent en ce lieu, qui chantèrent la gloire de Dieu, qui
rayonnèrent de la charité du Christ, qui goûtaient et savouraient la Parole de Dieu. Indéniablement il y
a là une continuité dans l’histoire malgré les inévitables ruptures de périodes troubles et douloureuses.
La ville de Cognac a baigné et, pourrait-on dire, a été baptisée dans ce fleuve multiséculaire de la
psalmodie monastique, portée par l’eucharistie quotidienne, ce pain vivifiant et ce breuvage de vie que
nous a légués le Christ.
La sainteté de saint Martin et la présence de sa réputation
En tant que moine de Ligugé, je ne peux pas ne pas être sensible aussi et tout particulièrement
à la proximité de l’église et du quartier Saint-Martin. Nous fêtons cette année le 1700e anniversaire de
la naissance de saint Martin qui est né en 316. Il a vécu neuf ans, de 361 à 370, sur le site de Ligugé,
seul puis entouré de quelques frères, rendant visite fréquemment à l’évêque de Poitiers saint Hilaire.
En 370, saint Martin fut enlevé de Ligugé par les Tourangeaux pour qu’il devienne leur évêque. Son