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L’action, 2
des raisons qui sont des causes
Philosophie des SCHS
séance 6
M. Cozic
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
remerciements chaleureux à...
Elisabeth Pacherie !
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
2. le causalisme
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
2.1. explication de l’action et causalité
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
introduction
I
causalisme = qu’un événement soit une action dépend de
la manière dont il a été causé
I
causalisme mentaliste = un événement est une action s’il
est causé de manière appropriée par des états mentaux
de l’agent
I
soit, en t, deux billets de 5 euros physiquement
indiscernables : l’un est authentique, l’autre non. Le fait
d’être authentique ou non ne dépend pas seulement de ce
qu’ils sont en t mais de leur histoire causale
I
soit, en t, deux événements physiquement indiscernables
(ex: une main se lève) : l’un peut être une action, l’autre
non, si le premier (et non le second) a la bonne histoire
causale i.e. a été produit de manière appropriée par les
états mentaux de l’agent.
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
2.1. le causalisme de Davidson
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
l’explication de l’action
I
expliquer une action = expliquer une action par les raisons
= rationaliser une action
I
rationaliser une action = mettre en avant un aspect de
l’action qui motive l’agent à la faire
I
rationaliser une action a = faire l’hypothèse
(a) que l’agent avait une pro-attitude vis-à-vis des actions de
type A
pro-attitudes: désirs, volontés, envies, incitations, valeurs
morales
(b) que l’agent croyait que l’action a était de type A
I
un couple (a)-(b) est une raison primaire
I
expliquer une action = en donner une raison primaire
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
explications et raisons primaires
I
le vouloir est un genre qui inclut les différentes sortes de
pro-attitudes comme espèces
I
une raison primaire rend l’action “désirable” du point de
vue l’agent ou justifie que l’agent fasse l’action
I
une raison primaire rend l’action rationnelle
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
action et description d’action
(d1) Je tourne l’interrupteur
(d2) J’allume la lumière
(d3) J’illumine la pièce
(d4) J’alerte un rôdeur de ma présence.
I
si on explique le fait que je tourne l’interrupteur (d1) en
disant que je voulais allumer la lumière, cette raison ne
rationalise pas la même action décrite par (d4).
I
une certaine raison rationalise une action sous une
certaine description
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
action et description d’action
d’où
(C1) “R est une raison primaire pour laquelle un agent a
accompli l’action A sous la description d que si R consiste
en une pro-attitude de l’agent à l’égard d’actions qui ont
une certaine propriété et en la croyance de l’agent que A,
sous la description d, a cette propriété.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
la thèse causaliste
(C2) “une raison primaire d’une action est une cause”
I
toute raison primaire qui rationalise une action n’est pas
LA raison primaire qui explique l’action :
“...une personne peut avoir une raison de faire une action
bien que la raison ne soit pas la raison pour laquelle elle a
accompli l’action. Il y a une idée qui est indissociable de la
relation entre une action et la raison qui l’explique: c’est
l’idée que l’agent a accompli une action parce qu’il avait
une certaine raison”
I
l’intentionnaliste ne rend pas compte de la différence entre
avoir une raison pour agir et agir pour une raison
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
. Davidson (1974), “La psychologie comme philosophie”
“Un désir et une croyance appropriés peuvent expliquer
une action, mais ils ne l’expliquent pas nécessairement.
Un homme peut avoir de bonnes raisons de tuer son père,
et il peut le faire, sans que pourtant ses raisons soient des
raisons de le faire...Par conséquent, quand nous
proposons comme explication le fait qu’il y ait un désir et
une croyance, nous impliquons non seulement que l’agent
avait le désir et la croyance, mais que ceux-ci étaient
efficaces pour produire l’action.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
les argument anti-intentionnalistes
I
la V1 de l’argument de la connexion logique repose sur
l’idée que, dans une relation causale, on doit pouvoir
décrire la cause sans faire référence à l’effet ; et sur celle
selon laquelle, dans une explication de l’action, la “cause”
fait référence à l’effet
I
la V2 de l’argument de la connexion logique repose sur
l’idée que, dans une relation causale, la cause ne redécrit
pas l’effet ; et sur celle selon laquelle, dans une explication
de l’action, la “cause” redécrit l’effet
I
Davidson ne nie pas que l’explication de l’action ait ses
caractéristiques, mais il nie que ces caractéristiques
excluent que ce soit une explication causale
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
les argument anti-intentionnalistes
. Davidson (1963)
“nous ne pouvons pas inférer, du fait que donner des
raisons redécrit simplement l’action et que les causes sont
séparées de leurs effets, qu’il s’ensuit que les raisons ne
sont pas des causes. Les raisons, étant des croyances et
des attitudes, ne sont certainement pas identiques à des
actions ; mais - et c’est plus important - les événements
sont souvent redécrits en termes de leurs causes.”
”Décrire un événement en termes de sa cause, ce n’est
pas confondre l’événement avec sa cause, pas plus
qu’expliquer un événement en le redécrivant n’exclut qu’on
fournisse par là une explication causale.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
les argument anti-intentionnalistes
I
exemple : la blessure de Paul
Paul s’est blessé. En fait, sa blessure est provoquée par le
contact avec de l’eau bouillante: Paul a été brûlé par l’eau
bouillante. On peut redécrire
• Paul s’est blessé
par une expression qui fait référence à la cause de la
blessure, par exemple
• Paul a été brûlé
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
2.2. anomie de l’explication de l’action
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
rappel: l’argument de l’absence de lois causales du
comportement
(P1) toute explication causale repose sur une loi causale
générale
(P2) l’explication de l’action ne repose pas sur des lois causales
générales
(C) l’explication de l’action n’est pas causale
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
la réponse de Davidson
I
Davidson rejette évidemment (C), mais accepte (P2):
“...les généralisations qui relient des raisons et des actions
ne sont pas - et ne peuvent pas être précisées de manière
à produire - le genre de lois sur la base desquelles on peut
faire des prédictions exactes.”
I
= thèse d’anomie des explications par les raisons
I
faut-il en conclure que Davidson rejette (P1) ?
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
lois causales et explication de l’action
I
(P1) est confus car il ne distingue pas
(P1i) l’existence d’une loi causale générale qui relie sous une
certaine description les événements décrits dans
l’explication de l’action comme la raison primaire (R) et
l’action (A)
(P1ii) l’existence d’une loi causale générale qui relie dans le
vocabulaire des raisons et de l’action les événements
décrits dans l’explication de l’action comme la raison
primaire (R) et l’action (A)
I
la thèse d’anomie de l’explication par les raisons est
incompatible avec (P1ii) mais pas avec (P1i).
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
lois causales et explication de l’action
. Davidson (1963)
“Si les causes d’une certaine classe d’événements (les
actions) appartiennent à une certaine classe (celle des
raisons), et s’il y a une loi derrière chaque énoncé causal
singulier, il ne s’ensuit pas qu’il existe une loi quelconque
reliant les événements classés comme des raisons aux
événements classés comme des actions - les
classifications peuvent être de nature neurologique,
physique, ou chimique.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
lois causales et explication de l’action
I
dans l’explication de l’action, on invoque une relation
causale singulière (entre une raison R et une action A) non
subsumée sous une véritable loi causale générale
I
il n’y a rien de problématique en cela: on considère
souvent qu’on a accès (épistémique) à des relations
causales singulières non adossée à des lois causales
formulées dans le même vocabulaire
“Je suis certain que la vitre de la fenêtre s’est brisée parce
qu’elle a été frappée par une pierre - j’ai vu tout ce qui
s’était passé. Mais je ne dispose pas (et quelqu’un en
dispose-t-il ?) de lois sur la base desquelles je peux
prédire quelles sortes de coups casseront quelles sortes
de vitres.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
mettre de l’ordre
I
les relations causales sont des relations entre événements
qui sont indépendantes de la manière dont les
événements sont décrits
I
les lois causales et les explications causales dépendent,
elles, de la façon dont sont décrits les événements
• l’événement A sous la description d peut être expliqué
correctement par l’événement B sans qu’il soit expliqué
correctement sous la description d 0
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
mettre de l’ordre
I
Soit A un événement que l’on peut décrire comme une
action et soit R un autre événement décrit comme une
raison primaire (pro-attitude + croyance)
I
quand on explique A par R on suppose qu’il existe une
relation causale entre A et R (indépendamment de la façon
dont on les décrit)
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
mettre de l’ordre
I
quand on décrit A et R dans le vocabulaire de l’action et
des raisons, il y a typiquement des généralisations,
comportant des exceptions, qui relient le type auquel
appartient A au type auquel appartient R: en général, une
raison de type Φ cause une action de type Ψ
I
c’est dans un autre vocabulaire (disons la physique) que
se trouvent les vraies lois causales: A est alors classé
comme appartenant à un type physique (disons P), R à un
autre (disons Q) et il existe une loi causale stricte qui relies
les Ps au Qs.
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
I
dans “Les événements mentaux” (1970), Davidson
reformule ainsi les thèses centrales de la discussion qui
précède:
I
Principe du Caractère Nomologique de la Causalité: “des
événements qui entretiennent des relations de cause à
effet tombent sous des lois déterministes strictes”
I
Anomalie du Mental: “...il n’y a pas de lois déterministes
strictes à partir desquelles on puisse prédire et expliquer la
nature exacte des événements mentaux”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
implications épistémologiques
I
étant donné (1) le caractère anomal de l’explication de
l’action par les raisons et (2) le rôle central de l’explication
de l’action par les raisons dans la sciences humaines et
sociales (SHS), il suit que
il existe une différence épistémologique fondamentale
entre les SHS et les (ou certaines du moins) sciences de
la nature
I
en particulier, on ne doit pas attendre de prédictions
sérieuses dans le vocabulaire des raisons et de l’action
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
. Davidson (1974), “La psychologie comme philosophie”
“D’un côté, les actes humains font de toute évidence partie
de la nature, car ils causent et son causés par des
événements qui sont extérieurs à nous. D’un autre côté,
on peut s’opposer légitimement à la thèse selon laquelle la
pensée, le désir et l’action volontaire peuvent être
subsumés sous des lois déterministes, comme peuvent
l’être les phénomènes physiques. Une théorie adéquate
du comportement doit rendre justice à ces deux intuitions
et montrer comment, contrairement aux apparences, on
peut les réconcilier.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
. Davidson (1974), “La psychologie comme philosophie”
“Quand le monde entre en contact avec un individu, ou
quand il se meut pour modifier son environnement, on peut
enregistrer et codifier les interactions selon des
procédures qui ont été raffinées par les sciences sociales
et le sens commun. Mais on ne peut pas en tirer les lois
strictes quantatives strictes qui figurent dans les théories
sophistiquées et fiables que nous pouvons attendre de la
physique, mais seulement des corrélations
irréductiblement statistiques qui résistent, et résistent par
principe, aux tentatives que nous faisons sans cesse pour
les améliorer.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
. Davidson (1974), “La psychologie comme philosophie”
“...on ne peut pas s’attendre à ce que les sciences sociales
se développent de la même façon que peuvent le faire les
sciences physiques, et...nous ne pouvons pas nous
attendre à pouvoir expliquer et prédire le comportement
humain avec une précision du genre de celle qui est en
principe possible dans le cas des phénomènes physiques.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
pourquoi l’anomie ?
I
quelles justifications Davidson apporte-t-il aux deux
affirmations (1) de l’anomie des explications par les
raisons et (2) de l’asymétrie entre les sciences de la nature
et les SHS ?
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
pourquoi l’anomie ?
. Davidson (1974), “La psychologie comme philosophie”
“C’est une erreur que de comparer un truisme tel que “si
l’homme veut manger une omelette aux glands, alors en général
il le fera si l’opportunité s’en présente et si aucun désir
concurrent ne l’emporte sur celui-ci” avec une loi qui dit à quelle
vitesse un corps tombera dans le vide. C’est une erreur, parce
que, dans ce dernier cas, mais pas dans le premier, nous
pouvons dire par avance si la condition est satisfaite, et parce
que nous savons ce qu’il faut ajouter si elle ne l’est pas. Ce dont
nous avons besoin, dans le cas de l’action, si nous devons faire
des prédictions sur la base de désirs et de croyances, c’est d’un
calcul quantitatif qui puisse prendre compte des croyances et
des désirs pertinents. On ne peut pas espérer raffiner la trame
simple de l’explication en termes de raisons pour l’incorporer
dans un tel calcul.”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
I
pourquoi l’anomie ? l’anomie du mental provient de son
caractère holistique: l’application des concepts mentaux
est soumis à des contraintes globales de cohérence et de
rationalité.
I
objection]1: il y a des théories qui prolongent l’explication
par les raisons et qui semblent proposer des lois du
comportement: les théories de la décision
I
objection]2: on trouve dans de nombreuses “sciences
spéciales” des situations analogues, où des lois non-stricts
foisonnent
exemple (Fodor): “Les méandres des rivières érodent la
paroi externe de leurs berges”
M. Cozic
L’action, 2 des raisons qui sont des causes Philosophie des SCHS
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