PLACE FINANCIÈRE INNPACT De la finance qui fait du bien à tous PHOTO 235 mm x 135 mm S É BAS T I E N L A M B OT T E | MIKE ZENARI MODÈ LE Patrick Goodman et Arnaud Gillin espèrent bien que leur démarche inspire d’autres entreprises au Grand-Duché. Innpact est un acteur spécialisé dans le conseil et la structuration de fonds orientés impact investing. L’ impact investing, ou l’activité d’investissement financier de laquelle découle un impact social, sociétal ou environnemental positif, s’inscrit, par sa nature, dans une démarche de développement durable. Ce créneau d’investissements vise des projets divers, par exemple en matière d’énergie renouvelable, en entrepreneuriat social ou en microfinance. La diversité de la place financière permet l’épanouissement de sociétés actives dans ce domaine. C’est sur cette vague qu’a pu surfer la société Innpact, créée en 2007, et qui a reçu, fin 2015 – une première pour une société au Luxembourg –, le label international B Corp (abréviation de benefit corporation). Créée il y a 10 ans aux États-Unis, cette certification est attribuée aux entreprises affichant des objectifs extra-financiers sociaux ou environnementaux, mis en œuvre pour le bien de la collectivité. « Aujourd’hui, les labels ou certifications ont tendance à inviter les structures à se positionner comme neutres sur le plan environnemental ou sociétal. Dans le chef de nombreux acteurs, il y a déjà une satisfaction à ne pas nuire, explique Arnaud Gillin, associé fondateur d’Innpact. Ce label B Corp va au-delà, considérant l’apport d’une activité pour l’ensemble de ses parties prenantes et pour l’amélioration de la société en général. » L’évaluation de l’entreprise pour cette certification a porté sur sa gouvernance, sa relation avec La société est la première à obtenir le label B Corp, qui vise la promotion d’une activité économique qui fait du bien à la société. ses salariés, la communauté gravitant autour d’elle, ses fournisseurs, ses prestataires aux engagements civiques et, enfin, sur l’impact sociétal ou environnemental de ses activités, de ses projets, mais aussi de la société elle-même. « Bien sûr, la nature de notre activité nous pousse naturellement vers ce genre d’initiatives. Cependant, ce label – et la démarche qu’il promeut, celle de placer son business au service d’un monde meilleur – ne concerne pas que les ONG. Il peut être appliqué à tous les secteurs d’activité, précise Patrick Goodman, le cofondateur d’Innpact. De grandes marques et entreprises internationales, dans le commerce ou dans l’industrie, ont adhéré à cette démarche, ont pris part à ce qu’il convient de considérer comme un nouveau mouvement. » Par la nature de son activité, Innpact s’inscrit dans une démarche de développement durable. Mais sa philosophie va plus loin, envisageant l’activité économique comme moteur d’amélioration de la société dans sa globalité. Cela se traduit dans la manière dont s’organise l’entreprise, les relations qu’elle entretient avec ses clients, ses salariés et ses partenaires. Désormais labellisée, la société espère entraîner d’autres acteurs luxembourgeois dans son sillage et les inviter à rejoindre le mouvement. Innpact n’est pas le seul cabinet de conseil à opérer dans ce domaine de l’impact investing. Mais il revendique le fait d’être l’un des rares acteurs au monde à ne faire exclusive- ment que cela. La structure, basée à Hollerich, compte aujourd’hui 23 personnes et est spécialisée dans l’accompagnement des clients en vue de la mise en place de structures d’investissement dans le domaine de l’impact investing. « Aujourd’hui, nous répondons aux besoins d’une clientèle internationale, avec des institutions comme la BEI, la SFI (filiale de la Banque mondiale, ndlr) ou la Kreditanstalt für Wieder­ aufbau (la Banque de développement allem a n d e , n d l r ) , qui montent des projets d’envergure en la matière », indique M. Gillin. Les fonds qu’Innpact aide à structurer peuvent rapidement peser plusieurs centaines de millions d’euros. Récemment, la société a accompagné un projet des Nations unies dans la mise en place d’un fonds devant servir à la réhabilitation des sols avec la volonté d’arrêter l’assèchement global des terres fertiles disponibles. « Nous travaillons donc sur des projets avec des visées sociétales ou environnementales qui, cependant, s’inscrivent dans un contexte économique pérenne. Le rendement doit être au rendez-vous », précise M. Goodman. EN RÉSUMÉ Pour la première fois au Luxembourg, une société (Innpact) a reçu le label B Corp récompensant la mise en œuvre d’objectifs extra-financiers sociaux ou environnementaux, pour le bien de la collectivité. La voie est ouverte. Avril 2016 — — 101