Spécialiste®
N°90
22 septembre -
5 octobre 2016
Charleroi X
bimensuel P913976
L'ACTUALITÉ DES MÉDECINS SPÉCIALISTES
www.lespecialiste.be
L’accréditation
remise sur le métier
Comment se portent nos hôpitaux?
Résultats de l’étude Maha et commentaires sur
www.lespecialiste.be
JS2758F
COVER
Cet été, la médico-mut a pris
connaissance et validé les lignes
directrices d’une note sur l’avenir
du système d’accréditation, dont il était écrit
– dans l’accord de gouvernement d’octobre
2014 et l’actuelle convention médico-mut –
qu’il devait être repensé. Il s’agit de switcher
du recyclage à l’ancienne au «développement
professionnel continu», et permettre une
promotion de la qualité dont les fruits soient
(plus) mesurables.
On doit cette note à la direction RDQ –
recherche, développement et promotion de la
qualité – de l’Inami, «qui, après avoir examiné
ce qui se fait à l’étranger, a joué le ‘moteur
d’idées’, lors de réunions incluant notamment
le CNPQ, le Conseil national de promotion de
la qualité», retrace Luc Lefebvre, membre du
Groupe de direction de l’accréditation (GDA)
et président de la Société scientifique de
médecine générale.
277 millions d’euros par an
Question liminaire: pourquoi changer le
dispositif créé il y a 23 ans? «Parce que
l’accréditation a un coût, plus de 277 millions,
et qu’il n’y a pas d’éléments probants pour
affirmer qu’elle a un effet global sur la qualité»,
indique le Dr Lefebvre.
En plus, se pose la question du contrôle sur le
niveau des sessions proposées.
L’Inami soulève également l’iniquité de
l’accréditation dans sa mouture actuelle: les
revenus sont, outre liés à la productivité de
chaque médecin, favorisés dans les disciplines
ambulatoires avec beaucoup de contacts.
«La part que représentent les revenus de
l’accréditation varie fortement entre les
disciplines», développe l’institut en citant les
chiffres de 9,37% des revenus chez les MG
contre 0,02% chez les stomatologues.
Vers un «plan de formation
personnalisé»
Le développement professionnel continu dont
la note Inami prône l’avènement suppose de
faire tourner la «roue de Deming». Soit un
système de gestion de la qualité connu en
anglais sous l’acronyme «PDCA»: plan, do,
check, act.
Un cycle PDCA s’étalerait pour chaque médecin
sur plusieurs années. Il commencerait par
l’établissement d’un plan de formation basé sur
deux piliers: les besoins du prestataire et les
objectifs de santé publique et de l’assurance
maladie. L’enregistrement et le suivi de ce
plan personnalisé se réaliseraient à travers un
portfolio, de préférence électronique. L’action
suivrait (le do), consistant en la formation
proprement dite. Mais celle-ci s’appuierait sur
des méthodes modernes d’apprentissage, plus
dynamiques et interactives que le classique
exposé magistral. Viendrait alors le check,
pour vérifier l’impact de cet enseignement sur
la pratique des médecins. «L’unité de mesure
de l’accréditation ne sera plus le temps passé
mais le résultat obtenu», lit-on dans la note. Il
s’agirait enfin de réagir (act), en ajustant le plan
à l’aune des résultats de l’évaluation.
Johanne Mathy
BUDGET 2017
2
Qui tiendra
tête à la N-VA?
CONCOURS CINÉMA
9
30 X 2 PLACES
POUR
LA
FILLE
INCONNUE
INTERVIEW DES DRS DE WEVER ET KIPS
12-13
Quel avenir
pour
l’Hôpital
Erasme?
ELECTIONS ORDINALES
14, 16
Découvrez
les candidats
CONCOURS
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2 I
Le Spécialiste 90 22 septembre 2016 www.lespecialiste.be
Quand l’heure de la rentrée sco-
laire sonne, les calculatrices
chauffent déjà depuis quelques
semaines dans les mains des grands
argentiers du système. Le marathon
budgétaire a commencé dans les cou-
lisses du pouvoir: les nombreuses com-
missions établissent la liste de leurs
«envies», la Commission de contrôle
budgétaire présente son rapport, les
mutuelles négocient une proposition
budgétaire commune à soumettre au
Comité de l’assurance, avant le vote, en
théorie pour le 2e mardi d’octobre, du
budget des soins de santé par le Conseil
général de l’Inami. Durant cette période,
les partenaires s’échauffent. Maggie
De Block avait déjà déclaré dans Le
Spécialiste (N°89) avoir «déjà fait
beaucoup d’efforts lors des autres discus-
sions budgétaires. C’est de ma respon-
sabilité de me battre pour chaque euro.»
Elle a ensuite répété qu’on ne lui fera pas
les poches sur le dos de la santé. Suite
aux déclarations de Bart De Wever affir-
mant qu’il est nécessaire de réaliser des
économies dans ce secteur, Maggie De
Block est monté aux créneaux. «Depuis
le début de la législature, nous avons fait
des réformes qui rapportent des écono-
mies énormes déjà, alors qu’on regarde
maintenant d’abord les autres et leurs
efforts à eux!», a-t-elle déclaré. Et d’affir-
mer qu’il n’est pas question de «tuer le
système, donc pour ce qui concerne les
efforts supplémentaires, qu’on regarde
ailleurs». Selon son cabinet, les écono-
mies en soins de santé s’élèveront à 2,6
milliards à la fin de cette année, pour
un objectif de 3,6 milliards à la fin de la
législature.
Trajectoire de mort
Le 10 septembre, dans l’Echo, les pa-
trons de Solidaris, Jean-Pascal Labille
et Michel Jadot, avaient aussi exprimé
leurs inquiétudes. «On nous impose
une trajectoire de mort. La gestion pari-
taire de la Sécu est menacée, de même
que la qualité des soins», dénoncent
dans l’Echo le secrétaire général et le
président de la mutuelle socialiste. Ils
estiment que pour pouvoir respecter la
trajectoire budgétaire à l’horizon 2019, il
faudrait encore économiser 1,8 milliard
dans les soins de santé, soit plus que les
JS2755AF
Le budget 2017 résistera-t-il à
l’assaut de la N-VA?
La N-VA tente une nouvelle fois de réaliser des économies
sur le dos des soins de santé. Maggie De Block a déjà
prévenu dans nos colonnes qu’elle s’y opposera
(Le Spécialiste du 8 septembre). Solidaris prévoit un
déficit supplémentaire de 1,8 milliard dans le secteur d’ici
2019. Il n’y a pas de doute: les discussions budgétaires
ont commencé. Elles s’annoncent musclées.
VOTRE ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
honoraires des médecins généralistes
(1,2 milliard). Ils émettent également des
doutes sur les objectifs réels du grand
redesign de l’Etat voulu par le gouver-
nement Michel (lire Le Spécialiste N°88
et N°89) qui devrait rapporter 550 mil-
lions d’ici 2018. Ils craignent également
lors de la grande réorganisation des
administrations de santé une montée
en puissance du SPF Santé publique au
détriment de l’Inami.
«La N-VA nuit gravement à
la santé des familles»
Le cdH dénonce également la volonté de
la N-VA d’instaurer plus d’austérité en-
core dans les soins de santé. «La volonté
communautariste de la N-VA affaiblit un
pilier de l’Etat belge et met en péril le
système qui garantit des soins de quali-
té ainsi qu’une couverture sociale indis-
pensable. Pareille décision nuirait grave-
ment à la santé des familles! Qui peut
en effet ignorer qu’aujourd’hui quantité
d’entre elles sont parfois contraintes de
choisir entre se soigner et remplir leurs
frigos?», commente le parti humaniste.
«Force est d’ailleurs de constater que,
depuis le début de cette législature, les
familles n’ont cessé de fournir l’essentiel
des sacrifices budgétaires sans jamais
rien recevoir en retour de la part du Gou-
vernement MR/N-VA.»
Le parti de Benoît Lutgen demande au
gouvernement fédéral de renoncer à
«utiliser la santé des Belges comme
variable d’ajustement budgétaire.»
Vincent Claes
JS2755BF
Nouveau DG pour le CHR Sambre
et Meuse
Pascal Mertens
Pascal Mertens assurera
à partir du 1er octobre la
direction générale du CHR
Sambre et Meuse,
institution qui regroupe
depuis 2012 le
CHR Val de Sambre et le
CHR de Namur.
Mr Mertens connaît bien le sec-
teur hospitalier. Il a été, entre
autres, administrateur délé-
gué (AD) du CH neurologique William
Lennox (lire Le Spécialiste N°15-14),
administrateur général adjoint du CHR
Mons Warquignies, et AD de la centrale
interhospitalière d’achats MercurHosp.
Il maîtrise également la machinerie com-
plexe de notre système des soins de san-
té puisqu’il a été durant 7 ans directeur
général des Mutualités libres et vice-
président du Conseil général de l’Inami.
Le CHR Sambre et Meuse – né le 1er jan-
vier 2012 de la fusion administrative des
deux hôpitaux publics de la Province de
Namur – présente une capacité de 749
lits agréés sur deux sites (419 sur le site
Meuse et 330 sur le site Sambre).
De grands défis attendent Pascal
Mertens, dont la transformation en cours
du paysage hospitalier namurois.
I 3
Le Spécialiste 90 22 septembre 2016
www.lespecialiste.be
Entre la création de son formulaire de contact et le
début de semaine, l’Ordre a réceptionné 20 noti-
fications d’agression, dont 19 émanent de géné-
ralistes (contre un spécialiste hospitalier). C’est un «suc-
cès» dont la communauté médicale se passerait bien –
surtout si l’on considère que le point de contact ordinal,
tout récent, commence seulement à gagner en notoriété
et que les médecins ne sont pas toujours enclins à parta-
ger ce qui leur est arrivé. Ce volume d’affaires rapportées
est donc en toute vraisemblance une sous-estimation de
la réalité.
Qu’à cela ne tienne, c’est un ordre de grandeur qui
tombe alors que la médecine générale vient d’être
ébranlée, une énième fois, par l’attaque brutale d’un des
siens, dans son cabinet de Forest, par un patient au pas-
sé psychiatrique, et ce, quelques mois à peine après le
décès du généraliste flamand Patrik Roelandt, poignar-
dé lors d’une visite à domicile. Il tombe aussi alors que
devraient reprendre incessamment les réunions visant
à améliorer la sécurité des prestataires de soins, sous
l’égide du SPF Intérieur. Le Pr Michel Deneyer, vice-pré-
sident néerlandophone de l’Ordre des médecins, ne
cache pas son intention de sensibiliser le ministre Jam-
bon à l’ampleur du phénomène. Ni de continuer à collec-
ter les témoignages (*), d’autant que le point de contact
est désormais bien mis en évidence sur la page d’accueil
du site www.ordomedic.be et que le formulaire est deve-
nu réellement interactif.
Les grandes tendances
Si l’actuel échantillon est trop réduit pour dresser une
typologie ferme des assauts d’agressivité que les mé-
decins essuient, les 20 cas laissent néanmoins poindre
quelques grandes tendances. Sur les 19 agressions de
médecins généralistes (MG) recensées, deux ont été per-
pétrées alors que l’intéressé officiait en tant que méde-
cin-contrôleur. Parmi les autres victimes, on dénombre
deux tiers de MG exerçant en solo contre un tiers prati-
quant en groupe. C’est majoritairement dans le cabinet
de consultation, voire parfois à l’entrée de celui-ci, que
les faits se produisent (10 fois sur 19); il y a eu cinq cas
de violence intervenant au domicile du patient et quatre
s’exprimant par téléphone.
Ce qui nous amène aux formes que revêtent ces accès
d’animosité: les violences verbales et psychologiques
dominent, représentant les deux tiers des incidents.
Mais pour le tiers restant, on parle bien d’atteintes phy-
siques. Si les suites de ces faits sont majoritairement
inconnues de l’Ordre, on repère dans ces tableaux six
à sept affaires ayant entraîné dommages émotionnels,
dégâts matériels et/ou traumatismes corporels, dont un
cas où le pronostic vital a été engagé.
Parmi les auteurs des violences, les patients connus
du médecin victime le disputent aux parfaits inconnus
(respectivement sept cas contre huit); dans les autres
affaires, l’auteur n’était pas le patient lui-même mais un
tiers. Ces agresseurs ont-ils des antécédents psychia-
triques? L’Ordre n’en sait rien la plupart du temps, mais
dans deux dossiers toutefois, c’est ce qui lui a été rap-
porté.
Qu’est-ce qui pousse les patients à s’en prendre à celle
ou celui qui les soigne? Les «catalyseurs» mentionnés
via le formulaire de l’Ordre sont variés. Arrivent claire-
ment en tête les contestations autour d’une incapacité
de travail, suivies de plus loin par des refus de prescrip-
tion et des désaccords avec un contrôle ou une décision
du médecin. Mais des victimes ont aussi relaté que c’est
une «frustration» chez le patient ou une interdiction de
fumer (!) qui avait mis le feu aux poudres. Comme dé-
clencheurs des attaques physiques reviennent notam-
ment – outre l’éventuel passé psychiatrique – le manque
d’argent, le fait d’être sous influence et celui de se voir
refuser une ordonnance.
Johanne Mathy
(*) à noter que le point de contact «agressions» fait partie d’un projet de plus
grande envergure, appelé «Médecins en difficulté», à propos duquel l’Ordre des
médecins communiquera bientôt et sur lequel Medi-Sphere (journal frère du
Spécialiste) lèvera une partie du voile dans son édition du 29 septembre. Pour faire
bref, le Conseil national souhaite, en marge de ses activités disciplinaires, apporter
son soutien aux confrères qui rencontrent différents types de situations délicates,
la violence donc, mais aussi l’addiction, le burn-out ou une plainte en justice.
JS2737F
Une vingtaine d’agressions
de médecins signalées
à l’Ordre en un trimestre
En juin dernier, l’Ordre des
médecins instituait un point
de contact national pour la
notification, par les médecins,
de faits de violence subis
dans l’exercice de leur métier.
Notre journal a pu jeter
un œil sur un récapitulatif
(dûment anonymisé) des
signalements introduits. Leur
nombre est révélateur: il y en
a une vingtaine, déjà, depuis
l’ouverture du service. Dans
l’écrasante majorité des
cas, les victimes sont des
médecins généralistes.
BE/TRIM/0017/16 - Date of Creation: September 2016
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abacavir
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ER/VU/RE: ViiV Healthcares.a./n.v Site Apollo Avenue Pascal, 2-4-6,
1300 Wavre, BELGIUM • Contact +32 10 85 65 00
© 2016 ViiV Healthcare group of companies.
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Comme déclencheurs des attaques physiques reviennent
notamment - outre l’éventuel passé psychiatrique - le manque
d’argent, le fait d’être sous influence et celui de se voir refuser
une ordonnance.
4 I
Le Spécialiste 90 22 septembre 2016 www.lespecialiste.be
Première grande modification: la
nouvelle loi élargit le concept
des soins palliatifs en ne le limi-
tant plus à la «fin de vie». «Dans la loi
relative aux soins palliatifs de 2002, on
parlait clairement de “fin de vie”. D’une
part, cela s’éloignait donc de la défini-
tion de l’OMS qui n’aborde nulle part
ce concept de “fin de vie”. D’autre part,
cela ne correspondait pas à la réalité du
terrain parce que l’on remarque que les
patients ont des besoins de confort, de
soulagement bien avant. C’est pourquoi
il est essentiel d’en parler précocement
au patient. Si l’on aborde le sujet pré-
cocement et progressivement au cours
de la maladie, cela se passe toujours
beaucoup mieux. Les patients peuvent
alors poser des choix qui sont en accord
avec leurs valeurs, leurs priorités», com-
mente le Dr Bouckenaere.
Bien trop tardivement
Par ailleurs, il existe également des
études qui viennent renforcer cette nou-
velle conception sur des bases scienti-
fiques. Le point de départ de la réflexion
a été l’étude (2) très vaste du KCE de
2009 relative à l’organisation des soins
palliatifs en Belgique.
«Une première grande conclusion de
cette étude était qu’à l’heure actuelle,
dans notre pays, on commence les soins
palliatifs souvent très tardivement. Je ne
parle même pas ici de mois, mais bien
de semaines!», s’exclame la présidente
de la FBSP.
«Une deuxième conclusion importante
de cette étude était que lorsque l’on
parlait de soins palliatifs, on ne pensait
qu’au cancer. Or, il faut penser beaucoup
plus largement. Il faut une réflexion glo-
bale étendue aux affections non cancé-
reuses», poursuit le Dr Bouckenaere.
Cette étude du KCE a donc constitué le
point de départ de cette modification
législative. Ensuite est intervenue une
réflexion au sein de la Cellule fédérale
d’évaluation des soins palliatifs, qui
regroupe notamment les différentes fé-
dérations de soins palliatifs, des repré-
sentants du SPF Santé publique et des
représentants du Cabinet de la ministre
qui a abouti à l’étude PICT. Celle-ci a
élaboré un outil destiné à identifier les
patients palliatifs, indépendamment de
leur pathologie et de leur espérance de
vie et à évaluer l’intensité de leurs be-
soins.
Une autre étude, indépendante de la
Cellule d’évaluation, est l’étude Fliece
(3) qui a été menée en Flandre. Celle-ci
a permis d’objectiver que pour les affec-
tions non cancéreuses (par ex. une insuf-
fisance cardiaque), dans notre pays, les
soins palliatifs sont débutés en moyenne
seulement 10 à 12 jours avant le décès
du patient. Ce n’est pas beaucoup mieux
pour les affections cancéreuses, où le re-
cours aux soins palliatifs n’a aussi lieu
que seulement 3 semaines avant le dé-
cès. C’est deux fois plus tard que dans
d’autres pays, comme les Etats-Unis par
exemple.
En outre, cette étude a aussi objecti-
vé que les besoins des patients étaient
presque aussi intenses lorsqu’ils ont en-
core des traitements que les patients en
toute fin de vie chez qui l’on a arrêté les
traitements.
Finie l’opposition curatif/
palliatif
La deuxième grande modification lé-
gislative consiste en la suppression de
la traditionnelle opposition curatif/pal-
liatif. «On peut en effet tout à fait déjà
déclencher le dispositif palliatif chez un
patient qui reçoit encore des traitements
actifs. Auparavant, on poursuivait les
traitements pour lutter contre la mala-
die le plus loin possible et lorsque l’on
s’apercevait que cela ne marchait vrai-
ment plus, on passait aux soins pallia-
tifs. Cette conception n’était pas du tout
adaptée à la réalité», relève Dominique
Bouckenaere.
«Aujourd’hui, on est dans une intégra-
tion beaucoup plus souple des traite-
ments dirigés contre la maladie et des
traitements de confort. En fait, l’ap-
proche palliative repose sur une seule
chose: les besoins et les souhaits du pa-
tient. C’est cela le facteur déterminant!»
Quid de l’impact
budgétaire?
Bien sûr, lorsque l’on évoque un élar-
gissement de la loi, on peut émettre
des doutes quant à sa faisabilité en ces
temps de disette budgétaire. «En effet,
déjà aujourd’hui, alors que les soins pal-
liatifs sont encore généralement limités
à la fin de vie, les moyens sont insuffi-
sants, les équipes ne parviennent pas à
répondre à la demande car elles sont en
sous-effectif. Et nous sommes tout à fait
conscients que nous sommes dans une
période d’austérité budgétaire», affirme
le Dr Bouckenaere.
«Cela dit, il existe une fausse idée qui
tend à faire rimer systématiquement
soins palliatifs avec équipes spécialisées
de soins palliatifs. Or, il convient de dis-
tinguer les soins palliatifs de base qui
doivent être délivrés par les soignants
actuels et les soins palliatifs spécialisés
qui n’interviennent que lorsque les pre-
miers ne suffisent plus. Tout médecin,
dans sa pratique, peut déjà prodiguer
des soins palliatifs sans pour autant en-
traîner des dépenses supplémentaires.
Et justement, le fait d’en parler plus pré-
cocement aux patients va faire en sorte
que certains vont faire le choix de traite-
ments de confort plus satisfaisants pour
leur qualité de vie et moins coûteux pour
le budget des soins de santé.»
Si la loi de 2002 avait pour mérite d’avoir
véritablement ancré la culture des soins
palliatifs dans nos soins de santé, la
présidente de la FBSP estime toutefois
que cette modification législative était
devenue nécessaire et se réjouit donc
de cette avancée législative qui vise
à implémenter plus précocement les
soins palliatifs et à favoriser un passage
progressif des soins curatifs aux soins
palliatifs en fonction des besoins et sou-
haits des patients.
«Evidemment, il faut encore que les
mentalités changent. Une loi ne va pas
changer les choses du jour au lende-
main, mais doit être considérée comme
un signal», conclut le Dr Bouckenaere.
France Dammel
Notes
1. La loi modifiant la loi du 14 juin 2002 qui vise à
élargir la définition des soins palliatifs, entérinée
par la Chambre le 23 juin 2016, a été promulguée
le 21juillet 2016 et publiée au Moniteur belge le 29
août 2016.
2. Rapport du Centre Fédéral d’Expertise des soins de
santé, 2009: KCE rapport 115B
3. Flanders Study to Improve End-of-Life Care and
Evaluation Tools FLIECE
JS2750F
Des soins palliatifs bien avant l’arrêt des
traitements
Datant de 2002, la loi relative aux soins palliatifs avait
bien mérité un petit lifting. Une nouvelle loi (1) la modi-
fiant a été publiée au Moniteur belge le 29 août dernier.
Cela dit, publiée pendant les vacances, elle n’a pas eu
beaucoup d’échos. En tout cas, pour le Dr Dominique
Bouckenaere, présidente de la Fédération bruxelloise
pluraliste de soins palliatifs et continus (FBSP), cette
modification législative traduit la réalité du terrain.
ACTUALITÉ SOCIO-PROFESSIONNELLE
Dr Dominique Bouckenaere:
«L’approche palliative repose sur une seule chose: les besoins et les
souhaits du patient. C’est cela le facteur déterminant!»
I 5
Le Spécialiste 90 22 septembre 2016
www.lespecialiste.be
La ministre de la Santé publique
a présenté le 14 septembre dans
la presse générale sa réforme
des indemnités de maladie – dont les
mesures seront applicables au 1er oc-
tobre – comme une «opération de sim-
plification et d’harmonisation, devant
le nombre et le caractère très hétéro-
clite des primes» qui entrent en compte
dans leur calcul. La ministre a proposé
à l’Inami de modifier la manière de dé-
terminer le salaire de référence pris en
compte pour calculer les indemnités
de maladie. Concrètement, toutes les
primes seront exclues du calcul, ainsi
que les heures supplémentaires (sauf
celles dont la rémunération représente
au moins 10% de la rémunération glo-
bale sur la période de référence) et la
date de référence.
«Le Gouvernement Michel, sous l’im-
pulsion explicite de la N-VA, poursuit
un agenda de démantèlement de la
sécurité sociale, préparant ainsi soit sa
régionalisation, soit sa privatisation.
Chaque mesure qu’il prend pousse
de nouvelles personnes vers le risque
de pauvreté et rend notre système
moins efficace et juste. Alors que des
réformes devraient, au contraire, être
mises sur la table pour répondre aux
nouveaux enjeux sociaux, comme le
travail des jeunes, la situation des fa-
milles monoparentales ou l’explosion
du nombre de burn-out», constate
Georges Gilkinet, député fédéral Ecolo.
Les écologistes estiment que «tout en
déclarant refuser de nouvelles écono-
mies sur la sécurité sociale, Maggie De
Block continue, dans les faits, à disqua-
lifier les travailleurs malades».
«Pour la ministre de la Santé, c’est une
obsession. Si on l’écoute, les travail-
leurs malades le sont trop longtemps,
ils ont des allocations trop élevées et
ils abusent du système. Ce n’est évi-
demment pas le cas. Au lieu de de les
presser comme des citrons, elle devrait
plutôt interroger les choix d’un gou-
vernement qui allonge les carrières,
quelle que soit la pénibilité du travail,
ou qui amplifie les heures supplémen-
taires obligatoires et la flexibilité des
horaires», ajoute Muriel Gerkens, dé-
putée fédérale Ecolo et présidente de
la Commission Santé de la Chambre.
Diviser et sanctionner
Ecolo ajoute que c’est le même gouver-
nement qui privilégie le recours à des
primes diverses plutôt qu’à des aug-
mentations salariales, alors que ces der-
nières contribueraient au financement
de la sécurité sociale. «Et ensuite, on dé-
ciderait de considérer que ces primes ne
font pas partie du salaire pour diminuer
les allocations de maladie.
C’est du cynisme à l’état pur!», pour-
suit-elle.
Les Verts réclament des revenus dé-
cents pour tous, des conditions de tra-
vail plus soutenables et le respect pour
les travailleurs malades. Selon La Libre,
les syndicats sont également opposés à
cette réforme.
V.C.
JS2735F
Ecolo: «de nouvelles économies sur le dos des malades»
Pour les écologistes, la nouvelle réforme proposée par
Maggie De Block à l’Inami pour harmoniser et simplifier
les indemnités de maladie détricote encore davantage les
filets de la sécurité sociale.
References: 1. PEG-intron and ribavirin combination product approval letter. FDA: August 7, 2001. 2. Victrelis® (boceprevir), first-in-class
oral hepatitis C virus protease inhibitor, approved in the European Union for treatment of chronic hepatitis C [news release EU version].
Whitehouse Station, NJ: MSD; July 18, 2011. 3. Intron A Registration Life Cycle Status as of January 21, 2011 [FDA].
MSD Belgium BVBA/SPRL
Lynx Binnenhof 5 Clos du Lynx, 1200 Brussel / Bruxelles
GAST-1169488-0001 Date of last revision 01/2016 Sustained Virologic Responsibility
AN UNWAVERING COMMITMENT
TO THE TASK AT HAND
Where a 25-year legacy
of innovation in chronic HEPATITIS C treatment1–3 meets
LEADERSHIP
MSD has a long history of developing innovative solutions for people with chronic hepatitis C, from the very
first approved treatment to the first pegylated interferon-alfa and the first direct-acting antiviral.1-3
COMMITMENT
MSD is dedicated to a deeper understanding of chronic hepatitis C, uncovering new molecular
breakthroughs, and strengthening support for patients.
INNOVATION
Through its chronic hepatitis C pipeline, MSD is continuously exploring potential new therapies.
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