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Les textes réunis dans ce recueil posent une question lourde de
tradition – sa réponse permet de séparer Socrate des philosophes
présocratiques – : quelle aide l’observation de la nature nous apporte-
t-elle pour la construction d’une éthique ou, plus fondamentalement,
pour la construction d’un discours normatif ? Le terme
« construction » n’est pas anodin puisque la diversité des éthiques
qu’ont proposées les différents auteurs « naturalistes » dans l’histoire
de la philosophie semble témoigner du fait qu’il y a plusieurs façons
de mener l’observation de la nature et que cette dernière peut être
définie de toutes sortes de manières. Cela ne fait pas d’emblée de
l’entreprise de l’observation de la nature une entreprise inutile pour le
discours éthique : l’arrimage des théories de la justice ou du bien à la
réalité en augmente bien souvent la portée, sinon la qualité. Il reste à
savoir dans quelle mesure elle peut influencer notre manière de
penser le discours prescriptif ; dans quelle mesure également elle
permet de corroborer certaines de nos intuitions éthiques.
Le colloque à l’origine de cette publication – qui en portait le nom
et qui a eu lieu au département de philosophie de l’Université de
Montréal les 28 et 29 mars 2013 – a été l’occasion pour plusieurs
panélistes d’apporter des réponses originales ou celles de plusieurs
philosophes à cette question, qu’il s’agisse de penseurs antiques,
comme Zhuangzi, Calliclès ou Diogène ou de penseurs
contemporains comme Sharon Street ou J. B. Callicott. Les
présentations et les échanges qui les ont suivis ont démontré deux
choses : d’abord, la question du naturalisme est bel et bien présente
dans toutes les époques et sur tous les continents ; ensuite, tenter d’y
répondre aujourd’hui constitue un exercice d’une difficulté marquée.
Il ne fait aucun doute qu’il faut pourtant s’y attarder, ne serait-ce
qu’en vertu de la place croissante des sciences naturelles dans la
recherche universitaire et dans la popularisation de plusieurs formes
de scientismes. Le philosophe aujourd’hui ne peut plus, lorsqu’on lui
demande s’il n’est pas dépassé par la science, répondre simplement