Professions Santé Infirmier Infirmière N° 66 • octobre-novembre-décembre 2005
Compte tenu des indices
démographiques et de
leurs conséquences, l’exis-
tence de structures spécialisées se
justifie, d’autant qu’elles sont appe-
lées à se développer en influençant
l’organisation du système des soins,
comme le rappelle la circulaire
DHOS du 18 mars 2002 dite “circu-
laire Kouchner” : « Tout l’enjeu de la
gériatrie est de savoir reconnaître et
de prévenir les risques de perte
d’autonomie (…). La trajectoire de
soins des personnes âgées, notam-
ment des personnes âgées fragiles,
doit pouvoir s’inscrire dans une
filière de soins gériatriques offrant
un panel de ressources adaptées à
leurs besoins (…). Cette évolution
repose sur un renforcement de l’ac-
cès aux soins de proximité, le choix
de filières courtes, s’appuyant sur
un développement du court séjour
gériatrique, l’amélioration des
réponses en aval de l’hospitalisa-
tion de courte durée. »
La circulaire Kouchner souligne par
ailleurs que « le médecin généra-
liste est le premier interlocuteur du
patient gériatrique (…). Il doit être
en mesure d’utiliser au mieux les
possibilités offertes par l’hôpital et,
plus largement, par le réseau de
santé. (En conséquence), les hôpi-
taux sont invités à créer ou dévelop-
per soit des consultations géria-
triques avancées, soit des pôles
d’évaluations gériatriques, auxquels
les médecins généralistes pourront
adresser leurs patients. »
En tout état de cause, les différentes
formes de prises en charge sani-
taires gériatriques restent encore
davantage juxtaposées que coor-
données.
>>
>> DOSSIER
La prise en charge sanitaire des personnes âgées, souvent polypathologiques,
atteintes de troubles sensoriels, locomoteurs ou cognitifs, pour lesquelles il existe des
risques iatrogènes et de décompensation accrus, devient de plus en plus complexe.
Compte tenu des indices démographiques et de leurs conséquences, l’existence de
structures spécialisées plus nombreuses se justifie amplement. Explications.
Les soins gériatriques à l’hôpital
Quelques repères à distinguer
GÉRONTOLOGIE 15
Équipe mobile
gériatrique (UMG)
(s'il existe un service de court
séjour dans l'établissement 
de rattachement)
Dispense un avis gériatrique
nécessaire pour la bonne
prise en charge de
la personne âgée
dans tous les services
y compris aux urgences.
Urgences (SAU)
Font appel au gériatre
du court séjour ou
de l'équipe mobile
pour une évaluation
précoce et une
orientation adaptée.
Court séjour gériatrique
(avec gériatre)
Prioritairement dans chaque CH
siège d'un SAU. Accueil entre
autres des personnes atteintes de
la maladie d'Alzheimer.
– Favoriser les admissions directes
sans passage par SAU.
– Permanence téléphonique pour
les médecins généralistes.
– Soins en étroite collaboration
avec un service de psychiatrie.
Centre hospitalier
doté de façon optimale :
– d'un service d'accueil des urgences ;
– d'un service de court séjour gériatrique...
Dispositif de
coordination
Convention de coopération
permettant l'intervention des
médecins spécialistes du CH
Disp. de coordination
Retour au domicile :
dispositif de soins et d'aide
à domicile
Soins de site et de
réadaptation gériatrique
Hospitalisation à domicile
Hospitalisation du patient
gériatrique
Aval
Amont
Action de prévention
Consultation avancée
Hôpital local (cadre de proximité
)
traitant du patient y intervient.
Médecin traitant
– Peut négocier une
admission directe en
court séjour
Patient
résidant :
– à domicile ;
– en Ehpad.
La filière de soins gériatriques de la circulaire du 18 mars 2002
Les centres et services
de gériatrie
Rattachés à un établissement de
santé, les centres et services de
gériatrie rassemblent un panel diver-
sifié de prises en charge spécialisées
(soins, hébergement). Les centres
peuvent inclure une unité mobile de
gérontologie, un Ehpad, un service
de soins de suite et de réadaptation
gériatriques, un hôpital de jour géria-
trique, un centre d’accueil de jour
pour personnes désorientées… Les
services assurent spécifiquement
des fonctions sanitaires en partena-
riat avec les institutions et les profes-
sionnels médico-sociaux.
Les consultations d’évaluation
et d’orientation gérontologiques
Les consultations gériatriques
avancées articulées avec les Clic
constituent une réponse de proxi-
mité. Elles fonctionnent de façon
complémentaire avec les consulta-
tions mémoire et les centres
mémoire de ressources et de
recherche, et permettent à la per-
sonne âgée de bénéficier d’un bilan
médico-psycho-social, et aux méde-
cins généralistes d’ajuster leur prise
en charge.
Les pôles d’évaluation gériatrique
proposent des bilans approfondis
réalisés de façon pluridisciplinaire,
collaborent au suivi du patient et
proposent des aides utiles. Ils fonc-
tionnent de façon complémentaire
avec les consultations mémoire et
les centres mémoire de ressources
et de recherche, et permettent à la
personne âgée de bénéficier d’un
bilan médico-psycho-social, et aux
médecins généralistes d’ajuster leur
prise en charge.
Les consultations mémoire
Les consultations mémoire (CM)
Les consultations spécialisées dans
le domaine de la démence existent
aussi bien en ville qu’en établisse-
ment de santé. Mais toutes ne font
pas l’objet d’une démarche pluridis-
ciplinaire faisant appel à un neuro-
psychologue et proposant un plan
de soins. C’est pourquoi le
“Programme pour les personnes
souffrant de la maladie d’Alzheimer
et de maladies apparentées” d’oc-
tobre 2001 et la circulaire DHOS du
16 avril 2002 prévoient la mise en
place et le renforcement, avec cahier
des charges associé, d’un “dispositif
spécialisé et gradué, inséré en
milieu hospitalier, au sein des pôles
d’évaluation gériatrique ou en liaison
étroite avec eux”.
Le cahier des charges des CM
précise :
Les missions :
Affirmer le trouble mnésique et
diagnostiquer avec fiabilité un syn-
drome démentiel, et le type de
démence.
Rassurer les personnes exprimant
une plainte mnésique, n’ayant pas
de syndrome démentiel et leur pro-
poser un suivi.
Identifier les situations complexes
justifiant le recours au centre
mémoire de ressources et de
recherche.
– Mettre en place un projet de soins
personnalisé et l’articuler avec le
plan d’aide élaboré par les profes-
sionnels de terrain ou les Clic.
Participer au suivi des personnes
malades en partenariat avec les
médecins de ville (généralistes, neu-
rologues, psychiatres…) et les pro-
fessionnels médico-sociaux.
Participer à la formation des pro-
fessionnels impliqués dans la prise
en charge des personnes souffrant
de troubles démentiels (généraliste,
personnels des services de soins
infirmiers à domicile…).
Établir annuellement un compte
rendu d’activité.
Les moyens :
Une équipe pluridisciplinaire,
composée selon les cas d’un
gériatre ou d’un neurologue, avec
possibilité de faire appel à un psy-
chiatre ; un personnel (infirmière,
assistante sociale…) chargé de l’ac-
cueil, de la coordination des interve-
nants médico-sociaux et du recueil
de l’activité ; un personnel, de préfé-
rence neuropsychologue, chargé de
faire passer les tests, d’assurer le
soutien psychologique.
Moyens paracliniques : tests neu-
ropsychologiques et accès à l’image-
rie cérébrale.
Outils de suivi d’activité (nombre
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 66 • octobre-novembre-décembre 2005
de patients, nombre de nouveaux
patients, diagnostics, stades de la
maladie, durée de la prise en
charge, motifs d’arrêt et du suivi,
nombre de réunions pluridiscipli-
naires, nombre et type de formation
organisée, partenariats dévelop-
pés…).
L’implantation :
- Les CM doivent se situer dans un
établissement de soins de court
séjour, et pouvoir avoir accès autant
que possible à des places en hospi-
talisation de jour, qui permettent de
regrouper en un lieu et sur une jour-
née tous les examens nécessaires
et d’éviter une hospitalisation clas-
sique chaque fois que celle-ci n’a
pas de justification médicale.
Les centres mémoire de
ressources et de recherche
(CMRR)
Ils jouent un rôle de recours pour les
diagnostics complexes, développent
une activité de recherche clinique et
de formation. Une procédure de
labellisation a été mise en place.
Le cahier des charges des CMRR
précise :
Les missions :
– Être un recours pour les CM et les
spécialistes lorsque se présentent
des cas difficiles.
Assurer les missions d’une CM
pour le secteur géographique.
Développer des travaux de
recherche.
Assurer des formations universi-
taires.
Structurer et animer un dispositif
régional ou interrégional en partena-
riat avec les CM.
Aborder et traiter les questions à
caractère éthique.
Ces centres sont obligatoirement
implantés au sein d’un centre hospi-
talo-universitaire.
Les moyens :
Humains (équipe pluridiscipli-
naire : neurologue, gériatre, psy-
chiatre, neuropsychologue, infir-
mière, orthophoniste, assistante
sociale, secrétaire, attaché de
recherche clinique et, si possible,
ergothérapeute).
– Plateau technique (accès organisé
à des équipements d’imagerie par
Focus ...
Quels séjours
pour quels
patients ?
Près du tiers des
séjours hospitaliers
concerne les
personnes de 65 ans
et plus ; cette part va
croissant avec l’âge.
En 2002, seulement
50 services de court
séjour gériatrique
dans les 207
établissements dotés
d’un Service
d’accueil des
urgences.
2 malades sur
3 hospitalisés
en soins de suite
et de réadaptation
sont âgés de 65 ans
et plus, et 1 sur 2
est âgé de 75 ans
et plus.
DOSSIER
16
>>
>> DOSSIER
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 66 • octobre-novembre-décembre 2005
résonance magnétique d’imagerie
fonctionnelle tel un tomographe à
émissions de positrons).
Autres moyens :
Disposer d’une hospitalisation de
jour.
Avoir organisé un espace de
réflexion sur les questions éthiques.
Disposer d’un système d’informa-
tion accessible aux CM du réseau et
aux autres CMRR labellisés.
Il faut également justifier d’une acti-
vité clinique dans le domaine des
pathologies démentielles et déve-
lopper des travaux de recherche :
l’activité est appréciée à partir de
publications, participations aux
congrès internationaux, conférences,
collaborations scientifiques interna-
tionales, subventions obtenues…
Il faut également développer une
activité de formation universitaire :
participation à des formations ini-
tiales, continues, publications à
caractère pédagogique.
À noter : les CM et CMRR fonction-
nent en étroite collaboration avec
les consultations d’évaluation.
Les unités mobiles
de gérontologie (UMG)
Il est prévu que les unités mobiles
de gérontologie (UMG), appelées
“équipes mobiles gériatriques” par la
circulaire de référence, puissent être
créées “dans les centres hospitalo-
universitaires et les centres hospita-
liers régionaux ainsi que dans les
centres hospitaliers à forte capacité.
Toutefois, elles ne peuvent être
mises en place que s’il existe un ser-
vice de court séjour gériatrique dans
l’établissement de rattachement”.
Leurs missions sont ainsi définies :
“(elles) dispensent un avis géria-
trique nécessaire à la bonne prise
en charge de la personne âgée fragi-
lisée dans l’ensemble des services
de l’établissement, y compris aux
urgences”.
Les UMG peuvent exercer une
double compétence ; en interne,
elles interviennent sur la demande
des praticiens dans les différents
services du centre hospitalier ; en
externe (cas rare), elles intervien-
nent à la demande du médecin trai-
tant dans différents établissements
extérieurs au CH (Ehpad, soins de
longue durée, soins de suite et de
réadaptation, appartements proté-
gés...).
Marie Rocher
>> DOSSIER
GÉRONTOLOGIE 17
Services gériatriques
Les définitions du
Dictionnaire de
l’Académie française :
Gériatrie : XX
e
siècle, 
composé à partir du grec,
gerôn "vieillard" et iatr
e
"médecine" ; branche de
la médecine consacrée
aux personnes âgées.
Gérontologie : XX
e
siècle
,
composé de géronto, tiré
du grec gerôn, -ontos
"vieillard" et de -logie,
tiré du grec logos,
"discours traité" ; étude
des problèmes biologiques
psychologiques et
sociologiques liés à la v
Géronto-psychiatrie
Autres unités de soins spécialisés
Urgences gériatriques : l'intervention d'une Unité mobile de gériatrie – consultation d'une géri
infirmière en gériatrie –, marque la spécialisation. Elle n'est pas systématique et est conjoint
e
lorsqu'il existe un service de court séjour gériatrique.
Service de court séjour gériatrique : équipe pluridisciplinaire spécialisée ; lien fort avec le
Missions de prise en charge globale curative et préventive de la personne âgée polypathologique
à
risque de dépendance. Préférer un service situé à proximité d'un plateau technique à un service
p
domicile du patient. Possibilité d'adminission en direct. Intègre un projet de retour au domicil
e
Soins de suite et de réadaptation gériatrique (SSRG) : la composante gériatrique des SSRG s'impo
s
davantage que par les textes réglementaires. Cette spécialisation reste à affirmer. Toutefois, l
a
de certaines équipes et les équipements mis à sa disposition justifient pleinement l'adjectif gé
r
Admission directe théoriquement possible avec entente préalable.
Unité de soins de longue durée (USLD) : s'adresse aux patients nécessitant une assistance médica
et une surveillance permanente. Présente la particularité de combiner un statut juridique relev
a
avec une tarification médico-sociale.
Hôpital de jour gériatrique – à temps partiel ou déterminé – : structure sanitaire alternative
à
classique, à différencier des accueils ou centres de jour, structures autonomes relevant du méd
i
Missions (selon) : diagnostic, évaluation et expertise, soins de rééducation...
Le dispositif public de soins psychiatriques est organisé par les ARH en secteurs géographiques,
étant doté d'une équipe plluridisciplinaire et de moyens variés. Parallèlement, il existe un di
s
constitué de cliniques. Les services ou unités de géronto-psychiatrie se sont développés à la s
u
regroupement de moyens de différents secteurs de psychiatrie adulte, soit d'une politique propr
e
qui valorise au sein d'un centre hospitalier spécialisé cette forme de prise en charge, soit d'
u
projet d'établissement d'un centre hospitalier gériatrique, ou encore à la suite de la décision
service qui choisit d'affecter plus particulièrement des moyens. Certains établissements d'hébe
r
personnes âgées ont passé une convention avec un établissement de santé dont le service de géro
n
psychiatrie fait ainsi office de structure relais. Par ailleurs, on assite au développement d'u
n
spécialisés (Alzheimer et maladies apparentées) au sein des maisons de retraite et des unités d
e
Unité de soins palliatifs (USP) : très peu d'USP sont aujourd'hui spécifiquement orientées vers
palliatifs gériatriques.
La géronto-psychiatrie
s’attache à la prise en
par des médecins psychi
a
de patients âgés souffr
a
de pathologies chroniqu
e
ou récentes, qu’il s’ag
i
d’une phase aiguë ou no
n
Tableau de synthèse des différentes prises en charge sanitaires gériatriques
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