chuchoter quelque chose, détimbrer la voix pour exprimer la confidence, le secret ou la
tendresse. En "voix blanche", le comédien doit parler plus lentement, articuler plus,
habiter très fortement ses répliques. Paroles blanches est ainsi une indication de jeu, non
pas pour détimbrer mais pour trouver quelque chose de cette idée de délicatesse et de
précision dans la transmission
» ; afin qu’ils puissent éprouver leur compréhension de
cette définition et goûter à cette qualité de profération, on leur soumet par exemple la
première scène (cf. annexe 1), qui semble se prêter particulièrement bien à l’exercice ;
- quid de ces étranges prénoms, « Miche » et « Drate » ? quels horizons d’attente
soulèvent-ils ? qui peuvent-ils être, ces personnages sans âge ni sexe a priori précisés ?
Les idées fuseront, convergentes ou divergentes, et il serait alors intéressant d’initier les
élèves aux essentielles et inépuisables polysémies du texte, de la lecture et de la
représentation, en leur faisant mesurer les écarts entre leurs propres interprétations,
celle de Gérald Chevrolet - pour qui « Miche est le rond, l’harmonie, la réflexion, la
pensée, la miche de pain. Drate est le carré ou la flèche, l’instinct, la ligne droite. Miche
et Drate sont les deux parties du cerveau qui dialoguent au bord du monde
», et celle de
la metteure en scène Charlotte Blanchard, qui instaure un lien père-fils entre l’un et
l’autre.
Un travail d’écriture peut également être envisagé ; afin de familiariser les élèves avec les
enjeux de la pièce (la transmission, la séparation, l’éducation, l’amour à l’épreuve de la distance) et la
forme dialogique adoptée par Gérald Chevrolet (chaque scène repose sur un échange souvent limité
à 6 ou 7 répliques denses, concentrées, rayonnantes de plusieurs niveaux de lecture), on les invite à
rédiger un dialogue entre Miche et Drate : la scène 1 (annexe 1) peut servir de modèle, de texte-
source, et l’imaginaire se nourrir des titres des 23 autres scènes ("Moi en tout cas", "La recette
d’amour", "Le jour où mon ennemi viendra", "Le cadeau de l’oiseau", "L’Ennui"…).
Pourquoi ne pas faire jouer la classe ? La forme brève permet une mémorisation rapide ; une
même scène peut être confiée à des duos différents afin que les élèves saisissent clairement l’idée
que jouer, c’est forcément choisir (un angle, un parti-pris, un sens…) ; quant aux rétifs timides, une
initiation à la direction d’acteurs (entrée/sorties, déplacements, débit et volume de la voix, regard…)
et/ou à la mise en scène (occupation de l’espace, gestion des accessoires, pertinence des costumes,
rapports scène-salle…) les tentera certainement. On trouvera en annexes 2 et 3 deux scènes
susceptibles de les intéresser
.
Comment poursuivre en aval ?
Le spectacle aura sans nul doute fait naître maintes questions que le bord-plateau n’aura
peut-être pas toutes étanchées. Aussi peut-on tâcher de revenir et de réfléchir en classe sur
quelques-uns des enjeux de la représentation :
Gérald Chevrolet, Miche et Drate, paroles blanches, p.8, éditions Théâtrale Jeunesse (2006).
Ibid.
Les enseignants souhaitant travailler sur d’autres scènes peuvent réclamer le texte au TCM ; s’adresser à
Diane Reichart et/ou Adeline Stoffel. Le texte est également disponible à la médiathèque Voyelles.