
3 
 
surface et un bouillonnement qui ressemblait à la lie du vin et celui qui l'avalait avait 
beaucoup de mérite...» (d'après Acosta, 1589).  
Les Espagnols comprirent très vite qu'en remplaçant le piment et le rocou par du sucre extrait 
de la canne dont ils avaient introduit la culture des Canaries à Saint-Domingue puis au 
Mexique, et par de la vanille, le «xocoatl» devenait une boisson très nettement consommable 
et de plus en plus appréciée.  
Dès la fin du XVI e siècle, le cacaoyer est cultivé dans la plupart des régions tropicales 
d'Amérique centrale et du Sud ainsi que dans les Antilles. Les premières exportations de 
cacao vers l'Europe sont effectuées en 1585 au départ de Veracruz à destination de Cadix. 
D'Espagne, l'usage du cacao se répand en Europe par les cours royales, en Italie puis en 
France (Anne d'Autriche, fille de Philippe III d'Espagne, l'y introduisit à la suite de son 
mariage avec Louis XIII en 1615), puis en Hollande, en Angleterre et en Allemagne.  
Dès lors, chroniqueurs, médecins, planteurs, commerçants et gourmands des deux sexes 
eurent pour cette «nourriture des dieux» des opinions et des sentiments souvent passionnés. 
Ce fut un véritable engouement: le chocolat avait un franc succès dans les cours royales de 
Charles II d'Angleterre, de Louis XIV et de Philippe IV en Espagne où, dit-on, les dames de 
cour se faisaient servir leur chocolat durant les offices religieux en dépit des protestations de 
l'évêque... Les théologiens eux-mêmes y trouvèrent un nouveau sujet à débat casuistique.  
Conséquence de cet engouement, les plantations de cacaoyers se multiplièrent au XVII e 
siècle dans le Nouveau Monde, à Trinidad, à la Jamaïque et à Haïti, au Venezuela puis à la 
Martinique où la culture est commencée par les Français en 1660. Au Brésil, il n'est introduit 
que tardivement en 1754 dans la région de Bahia. Les Espagnols, les Hollandais et les 
Portugais introduisent cette culture dans toutes leurs possessions d'outre-mer, dans le Sud-Est 
asiatique d'une part et, d'autre part, dans les îles du golfe de Guinée. C'est à partir de ces îles 
Fernando Poo (aujourd'hui Malabo), Sao Tomé et Principe, que le cacaoyer est introduit, il y a 
un peu plus d'un siècle, sur le continent africain.  
  3 - La production et la commercialisation mondiale de cacao 
Parmi les grands produits tropicaux, le cacao n'a jamais joué le rôle dominant de la canne à 
sucre, du tabac ou du coton tant qu'il est resté l'apanage du Nouveau Monde. C'est l'Afrique 
qui assura la plus grande partie de sa production dès son introduction sur ce continent à la fin 
du XIX e siècle.  
Le XX e siècle voit s'amplifier considérablement le développement de la production, qui 
atteint 1,5 million de tonnes en 1964 et dépasse aujourd'hui les 2 millions de tonnes. 
L'Afrique assure à elle seule près de 55 % de cette production mondiale.  
Les grands pays producteurs sont aujourd'hui la Côte d'Ivoire, le Brésil, le Ghana, la Malaisie, 
le Cameroun et le Nigeria.  
Cette production progresse à un rythme annuel de 2 à 2,5 % depuis le milieu de la dernière 
décennie, tandis que la consommation ne connaît qu'un taux de croissance voisin de 1 %.