J'entends par voix, les paroles dites ou chantées en opposition aux paroles écrites; car les
paroles écrites pour être lues et celles écrites pour être parlées sont de deux ordres
entièrement distincts.
Craig, 1905
L'esthétique théâtrale moderne est issue à la fin du XIXè siècle de l'apparition de la mise en scène.
Dans un premier temps, elle désigne l'ensemble des réflexions théoriques concernant le phénomène théâtral, qu'il
s'agisse du texte ou de la scène. Son champ d'application est donc très étendu : il comprend tous les éléments
constitutifs du théâtre : le lieu, l'architecture, le texte, la mise en scène, l'acteur, la lumière, le costume… il
recouvre également tout le processus de création et de réception ainsi que les instances impliquées : l'auteur,
l'acteur, le metteur en scène et le spectateur.
Enfin, l'esthétique théâtrale s'occupe du rapport du théâtre avec les autres arts : cinéma, musique, peinture…
Auparavant, elle se confondait avec l'esthétique classique et les différents discours philosophiques sur l'art. elle
était essentiellement concentrée sur le texte.
Définir l'esthétique théâtrale aujourd'hui, c'est essayer de saisir la notion de sa double dimension, diachronique
et synchronique, ainsi que son rapport avec les autres sciences de l'art ou de la littérature. En qq sorte mettre la
notion d'esthétique théâtrale au pluriel.
LE THÉATRE, LE RÉEL ET LE TEXTE
La narration par l'imitation, la mimèsis, c'est la théâtre.
La première grande pensée occidentale sur le théâtre est négative : Platon condamne violemment la mimésis
= imitation
Il existe toute une filiation platonicienne autour du refus idéologique du théâtre qui tire son origine des effets
néfastes de la mimésis sur l'homme.
A notre époque, l'assimilation du fait théâtrale à une maladie ne peut faire penser qu'à Artaud et à la conception
épidémiologique du théâtre qu'il décrit dans Le Théâtre et la peste. Mais les valeurs sont alors inversée et Artaud
revendique cette contagion du théâtre sur l'homme.
La mimésis aristotélicienne est différente de celle de Platon. Certains traducteurs de sa Poétique traduisent
d'ailleurs mimésis non pas par imitation, mais par représentation.
L'imitation selon Platon est simple reflet des choses. Aristote, lui, distingue 3 manières de représenter les
choses : - simple reflet
- représentation des choses tel qu'on les dit ou qu'elles semblent être. L'artiste prend alors acte de la
part subjective de la perception du réel
- représentation des choses telles qu'elles doivent être. La représentation agit sur le réel.
Aristote : c'est dans la vraisemblance que la représentation construit son rapport au réel. Cette notion de
vraisemblance donne au poète une marge de liberté.
La tragédie et la catharsis
"la tragédie est la représentation d'une action noble, menée jusqu'à son terme et ayant une
certaine étendue, au moyen d'un langage relevé d'assaisonnements d'espèces variées, utilisés
séparément selon les parties de l'œuvre ; la représentation est mise en œuvre par les
personnages du drame et n'a pas recours à la narration ; et, en représentant la pitié et la
frayeur, elle réalise une épuration de ce genre d'émotions"
Aristote, Poétique
La catharsis est l'effet propre au genre de la tragédie, soulage le spectateur de ses maux.
C'est une notion liée au plaisir.
Le plaisir mimétique est un plaisir noble qui naît du regard et s'élabore dans un processus d'intellection. Il
est d'un autre ordre que l'émotion immédiate, on peut donc le rapporter à des choses pénibles.