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CORRIGE du DEVOIR MAISON A VRIL 2009
Lisez le texte suivant : une épouse infidèle retrouve son mari dans un monastère…
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“ Did you tell those nuns all about me ?” said Dora.
“I didn’t tell the nuns anything,” said Paul. “I had to say something about you to the
other members of the community, and if it was unflattering that is hardly my fault.”
“They think their beastly prayers brought me here,” said Dora.
“I respect this place,” said Paul, “and I advise you to do the same.”
Dora wondered if she would ask Paul now whether he believed in God, but decided not
to. Evidently he did. She said instead, “I can’t do anything about the past.”
Paul looked at her hard. “You can refrain from being frivolous about it,” he said. “In your
case I won’t speak of repentance, since I don’t think you’re capable of anything so
serious.”
The sharp tinkling of a hand bell rung on the other side across the water, came in through
the window. Dora jumped. “That bell again,” she said. “What is it?”
“It’s the Abbey bell for the various offices,” said Paul. “It’s ringing now for Matins. If
you’re awake in the very early morning you’ll hear it ringing for Lauds and Prime.
They’re getting a big bell soon,” he added.
They both began to undress.
I. Murdoch The Bell
Commentaires
De façon générale, les copies étaient moyennes, parce que ce qui était demandé n’était
pas complètement compris. Les réponses manquaient ainsi parfois de pertinence. Dans
des cas plus rares, les réponses révélaient un vrai problème de connaissance, et de
méthodologie et de contenu, avec des confusions importantes sur les questions de syntaxe
(cf. same serait un adverbe parce qu’il est précédé d’un déterminant!!!). Enfin, certains
ont vraiment travaillé scrupuleusement leur devoir, et même si des confusions
persistaient, leur recherches bibliographiques ou argumentations bien mênées ont été
valorisées.
PS : Certains font beaucoup de fautes d’orthographe : il faut se ressaisir avant que cela ne
devienne un handicap à la rédaction en français.
Les réponses aux questions :
1. Expliquez le passage de anything à something ligne 2.
ANYTHING et SOMETHING sont des pronoms indéfinis, constitués étymologiquement
d’un quantifieur et de l’élément nominal indéfini -THING, qui réfère à un inanimé. Dans
le contexte a étudié, ces deux pronoms sont employés pour référer à la même notion que
l’on reconstruit à partir du contexte antérieur, et plus précisément de la question de Dora :
« things to say about me».
Ligne 2 le passage de l’un à l’autre de ces 2 pronoms dépend de la polarité de l’énoncé.
ANYTHING apparaît dans un contexte négatif «I didn’t tell the nuns… » ; dans la phrase
suivante, SOMETHING apparaît dans une phrase déclarative positive : « I had to
say… ». On note que l’on ne pourrait pas interchanger les marqueurs.
* I didn’t tell the nuns something
* I had to say anything to…
Au-delà des règles grammaticales qui assertent la compatibilité de ANY et ses composés
avec des contextes non assertifs (négatifs, hypothétiques et interrogatifs), on peut
expliquer ce passage de ANY à SOME dans ce contexte. La négation dans la première
phrase exprime un rejet d’une existence. La négation invalide l’implicite posé dans la
question précédente « you told the nuns all about me » et par cette réfutation, réfère à
l’absence. ANYTHING permet de renvoyer à l’ensemble des choses susceptibles d’être
dites sur DORA, sans qu’aucune de ces unités (quelle qu’elle soit) ne soit distinguée et
prélevée. D’où son apparition ici. Par opposition, SOMETHING exprime un prélèvement
d’occurrences, c’est-à-dire dans ce contexte, l’existence de propos tenus. On comprend la
compatibilité de l’énoncé validant un événement d’échange de propos et la référence à
des propos, dont on pose l’existence, tout en restant imprécis.
On remarquera que dans cet échange, le passage de ANYTHING à SOMETHING dans
des phrases assez symétriques (verbes de dire, locuteurs) permet de construire un
parallèle intéressant, exploitable d’un point de vue stylistique ou littéraire
2. advise ligne 5 : Pourquoi le présent simple ici ? Référez-vous au fonctionnement
de advise.
La forme verbale à étudier est au présent simple. Il faut justifier du temps et de l’aspect
en prenant en compte le potentiel de fonctionnement du verbe ADVISE. En effet, nous
avons affaire ici à un verbe potentiellement performatif. Comme d’autres (promise,
declare etc.), ADVISE conjugué à la première personne du singulier au présent simple
prend une valeur performative, c’était à dire que le procès exprimé est validé (et donc a
des conséquences) au moment même où le segment I ADVISE…est prononcé : prononcé
le verbe c’est faire une déclaration officielle.
Dans le texte, le conseil est formellement donné dans le contexte qui suit « to respect this
place » ; la recommandation exprimée est envisagée comme officielle. Comment
expliquer la compatibilité du présent et de l’aspect zéro avec ce fonctionnement ?
Le présent signifie que la validation du procès est constatable par rapport à la situation
d’énonciation. Quand il s’agit d’un verbe d’action, cela peut avoir une valeur générique
(habitude) ou spécifique (action ponctuelle). Ici, avec ADVISE, il n’y a pas de récurrence
envisageable. La valeur est alors spécifique : le conseil est donné hic et nunc. Ce qui
correspond bien au fonctionnement performatif résumé dans cette formule « quand dire,
c’est faire ».
L’aspect zéro signifie qu’il n’y a pas de lien entre l’énonciateur et la représentation du
procès (donc pas de lien aspectuel, ce qui n’empêche pas le lien temporel). Concrètement,
cela a deux conséquences : 1) l’action est envisagée globalement en fonction de son
terme ; 2) l’action n’est pas représentée en fonction d’une mise en perspective ou d’un
point de vue subjectif (celui de l’énonciateur). On voit que la conséquence 1 est
compatible avec l’idée d’action en temps réel menée à son terme dans la situation
d’énonciation : quand je dis « I advise… », c’est une recommandation qu’il faut prendre
en compte au moment où je parle. La conséquence 2 implique que le sujet énonciateur
exprime une action en tant qu’elle est constatable pour tous ; il n’y a pas de commentaire
ajouté. On aurait pu avoir une forme en BE+ING :
I’m advising you to do the same.
Dans ce cas, ADVISE n’a plus un fonctionnement performatif. Selon le contexte, cela
peut donner plusieurs valeurs. Par exemple, l’énonciateur reprend une recommandation
qui est en cours de formulation et en quelque sorte la résume : « bref, ce que je suis en
train d’essayer de te dire, ça revient à tel conseil ». Ou encore, l’énonciateur met au
premier plan le caractère subjectif de son propos : « enfin, moi, c’est ce que je te
conseille ».
3. Distinguez les deux emplois du présent BE+ING dans is ringing ligne 12 et are
getting ligne 13.
On a deux occurrences de présent en BE+ING. Seulement, les formes verbales
apparaissent dans des contextes différents, de sorte que cela a un impact évident sur
l’expression du temps. Avec « is ringing » combiné avec l’adverbe « NOW », le procès
prend une valeur spécifique et réfère à une action constatée dans le présent. Avec « are
getting » combiné avec l’adverbe « soon », on réfère à une action qui n’est pas encore
débutée et qui sera constatable dans le futur. Le présent ne se justifie ici que parce que
l’énonciateur s’engage en quelque sorte sur la validité à venir du procès : on est dans le
« sûr de sûr ».
Est-ce que cette différence temporelle va de pair avec une différence de valeur
aspectuelle ? Oui. La valeur de BE+ING est liée au contexte de chaque occurrence,
d’autant plus qu’ici on a une différence cruciale : dans un cas, une action qui a démarré en
To (le temps de la situation d’énonciation) alors que dans l’autre cas, l’action « to get »
n’est pas encore observable en To. Avec « is ringing », BE + ING se justifie parce que
l’action exprimée n’a pas atteint son terme en To. Il y a une coïncidence temporelle et
aspectuelle parfaite entre la situation d’énonciation et l’action observée: on est dans le
domaine du « en cours » ; BE+ING a une valeur temporelle. Comme on l’a déjà dit, avec
« are getting », BE+ING ne se justifie pas a priori d’un point de vue temporel : la forme
verbale ne décrit pas une action observable dans la situation d’énonciation. De plus, il est
nécessaire de rappeler que GET réfère à un procès ponctuel, incompatible
notionnellement avec l’idée de processus1, comme des verbes comme HIT ou FALL. On
imagine alors que BE+ING a plutôt une valeur modale, amenant le co-énonciateur à
reconstruire une sorte de commentaire.
Tous ces critères pris en compte, nous permettent de conclure que BE+ING dans cette
deuxième occurrence a une valeur modale dominante : ce qui est souligné ici, c’est le fait
que l’obtention de la cloche est d’autant plus garantie qu’une certaine somme de critères
l’indique (ils se sont décidés, ils font tout pour).
4. Donnez la nature syntaxique des 4 éléments en italiques. Faire un petit
commentaire pour bien décrire ces formes selon le modèle suivant :
tinkling l. 11 : C’est un nom en –ING. Hors contexte, tinkling pourrait être une
forme verbale en –ING, mais ici, on sait que c’est un nom parce qu’on peut le
remplacer par un nom : the sharp sound of…
“ I advise you to do the same.”
Hors contexte le marqueur SAME peut être un adjectif (the same colour) ou un marqueur
anaphorique. Dans le texte, SAME n’étant pas suivi d’un nom, il ne peut être un adjectif.
Les dictionnaires posent que le SAME non adjectival est un pronom. Cependant quand on
remplace SAME par un pronom qui n’est pas ambigu, il y a un problème :
Du moins quand il est transitif. Autrement, lorsqu’il exprime le changement d’état, cette
contrainte est levée : I’m getting bored…
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*Do the it.
En réalité, un pronom au sens strict du terme ne peut être précédé d’un déterminant. On
parle en syntaxe, pour référer à ces marqueurs au fonctionnement anaphorique (ici, same
réfère à respect this place) de substitut de nom, car ils sont à la place d’un nom et non
d’un groupe nominal entier (comme les pronoms). ONE aussi peut être un substitut de
nom.
Paul looked at her hard.
Hors contexte, le marqueur grammatical HER peut être un déterminant possessif ou un
pronom personnel. Ici, il s’agit d’un pronom personnel parce qu’il n’est pas suivi d’un
nom (HARD fonctionne comme un adverbe) et qu’il pourrait être remplacé par un nom
propre, constituant une GN : Paul looked at DORA/ HER hard.
The sharp tinkling of a hand bell rung on the other side across the water, came in through
the window.
La syntaxe de cette phrase est délicate et si on ne connaît pas bien les verbes irréguliers, il
peut y avoir une erreur de compréhension. Hors contexte, RUNG pourrait être un nom,
signifiant alors « échelon » ou « barreau d’échelle ». Mais on voit rapidement que ce n’est
pas le nom ici : il est précédé d’un groupe nominal, et ne peut-être remplacé par aucun
pronom. RUNG est la forme participe passé du verbe RING (rang, rung). Ce n’est donc
pas un verbe conjugué (on dit plutôt un verbe au mode personnel). RUNG est le noyau de
la proposition participiale qui qualifie « a hand bell ». RUNG a un sens passif que l’on
peut comparer à « a hand bell which was rung… ».
“That bell again,” she said.
Hors contexte, THAT peut être une conjonction, un pronom relatif, un déterminant
démonstratif, un pronom démonstratif ou un adverbe (is it that hard ?). Suivi d’un N, il
est possible que THAT soit un déterminant. Pour le vérifier on peut le substituer à un
déterminant non ambigu, comme THE ou MY:
“The / my bell again,” she said.
Ainsi, THAT fait partie du même paradigme que THE et MY qui sont des déterminants.
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