25.10.11
Le triomphe de Mme Kirchner, réélue à la tête de l'Argentine
La présidente péroniste distance le candidat socialiste Hermes Binner
La présidente péroniste, Cristina Fernandez de Kirchner, a été réélue dès le premier tour,
dimanche 23 octobre, avec 53,26 % des voix. Cette victoire annoncée n'en est pas moins
historique. A 58 ans, Cristina - comme l'appellent les Argentins - a obtenu le meilleur score depuis
le retour de la démocratie en 1983. A l'époque, le radical Raul Alfonsin avait été élu avec 51,75 %
des voix.
Elle affiche un avantage sans précédent - 36 points - sur le candidat arrivé en deuxième position,
le socialiste Hermes Binner (17,11 %), soit l'écart le plus important depuis l'élection du général
Juan Peron en 1973 (62 % des voix).
Les Argentins votaient également pour élire 130 députés, 24 sénateurs et neuf gouverneurs. La
formation présidentielle, le Front pour la victoire, récupérera, à partir du 10 décembre, la majorité à
la Chambre des députés et au Sénat, perdue aux législatives de 2009. La présidente Cristina
Kirchner disposera donc d'un pouvoir quasi absolu, plus important qu'après sa première élection
en 2007, où elle avait obtenu 43,65 % des suffrages.
Portée par une croissance économique de 8 % en moyenne depuis 2003, due à la flambée des
prix des céréales, et grâce à son caractère bien trempé et la compassion populaire après la mort
subite de son mari, l'ex-président Nestor Kirchner (2003-2007), le 27 octobre 2010, elle l'a emporté
dans tout le pays, sauf la province de San Luis (centre-ouest) face à une opposition morcelée. Son
veuvage lui a permis de donner d'elle une image moins autoritaire et plus consensuelle, au nom de
l'« unité nationale ». Sa réélection portera à douze le nombre d'années au pouvoir des Kirchner, un
autre record en Argentine. La Constitution ne lui permettra pas de se représenter en 2015.
Puissance du péronisme
Le vice-président élu est Amado Boudou, le ministre de l'économie, qui, la quarantaine joviale, a
fait campagne une guitare de rock sur l'épaule, faisant oublier son passé de militant conservateur.
Cette élection confirme la puissance du mouvement péroniste, plus de soixante ans après la
première élection du général Peron, en 1946. Mme Kirchner a le soutien des classes populaires,
électorat traditionnel du péronisme, de la classe moyenne et des intellectuels, mais aussi de la
grande bourgeoisie qui profite de la stabilité économique.
La surprise du scrutin est l'arrivée en deuxième position du socialiste Hermes Binner, qui a ravi à
l'Union civique radicale (UCR), le parti le plus ancien du pays, sa place de seconde force politique.
Premier socialiste élu, en 2007, gouverneur d'une province (Santa Fe), M. Binner, médecin de 68
ans, a séduit une partie des électeurs avec son allure austère et sa réputation d'honnête
gestionnaire.
A Buenos Aires, Mme Kirchner, toujours vêtue de noir depuis la mort de son mari, a rendu
hommage, la voix brisée par l'émotion, à son « compagnon de militance » : « Sans lui, sans son
courage, cette victoire n'aurait pas été possible. » Sur la mythique place de Mai, face au palais
présidentiel, elle a été ovationnée par des dizaines de milliers de partisans dans un climat de fête
populaire.
Pour la présidente, le principal défi est la lutte contre l'inflation galopante - 30 % selon les instituts
privés. Sur le plan politique, elle compte avec l'appui des jeunes militants de La Campora, un
mouvement que dirige son fils aîné Maximo Kirchner et qui revendique la Jeunesse péroniste de
gauche des années 1970. La Campora devrait s'assurer sept sièges à la Chambre des députés et
occupe déjà des postes-clés dans des entreprises publiques.