s'élever à la hauteur de ce grand mystère, nous y penserons avec plus de fruit et
avec plus de profondeur. Jean naît, d'une mère âgée et stérile; le Christ, d'une
Mère jeune et Vierge. Jean est le fruit de la stérilité; le Christ, celui de la
virginité. Pour donner naissance à Jean, l'âge de ses parents n'était plus
convenable; et pour donner naissance au Christ, l'union des sexes a fait défaut.
L'un est annoncé par le message d'un ange; à la voix d'un ange l'autre est conçu.
Le père ne croit pas à la future naissance de Jean, et il devient muet; la mère
croit au Christ qui lui est annoncé, et sa foi l'amène dans son sein; la foi descend
dans son coeur, puis la fécondité dans ses entrailles. Les paroles toutefois sont à
peu près les mêmes de part et d'autre. […]
Enfin. Jean naît à l'époque où le jour diminue et où la nuit commence à croître; le
Christ naît au moment où la nuit décroît et où le jour augmente. Ne semble-t-il
pas que le précurseur ait eu en vue ces époques mystérieuses des deux naissances
lorsqu'il disait: «Il faut qu'il croisse et que je diminue?» […]
3. Jean est la voix, mais dès le commencement le Seigneur était le Verbe. C'est
pour un temps que Jean est la voix: Verbe dès le principe, le Christ est Verbe
pour l'éternité. […]
«La voix de Celui qui crie dans le désert»; qui rompt le silence. «Préparez la voie
au Seigneur». C'était comme dire: Si je me fais entendre; c'est pour l'introduire
dans vos cœurs; mais si vous ne lui préparez la voie, il ne daigne pas venir où je
voudrais le faire entrer. Que signifie: «Préparez la voie», sinon: Priez avec
ardeur? Que signifie: «Préparez la voie», sinon: Soyez humbles dans vos pensées?
Imitez en lui ses exemples d'humilité. On le prend pour le Christ; il dit qu'il n'est
pas ce qu'on pense de lui, et il ne profite pas, pour s'élever, de l'erreur d'autrui. Il
disait: Je suis le Christ, avec quelle facilité on le croirait, puisque avant qu'il eût
rien dit, on le croyait déjà! Il ne dit pas cela, il sait ce qu'il est, il ne se confond
pas avec le Christ, il s'humilie. Il sait où trouver le salut; et comprenant qu'il
n'est qu'un flambeau, il craint de s'éteindre au souffle de l'orgueil. […]
Le Christ devait venir parmi nous avec un corps; c'était le Christ, non pas un
ange, non pas un envoyé, non pas tout autre, mais Celui qui doit les sauver. Celui
qui devait venir n'était donc pas le premier venu; et pourtant, comment devait-il
venir? Il devait naître avec un corps mortel, être petit enfant, placé dans une
crèche, enveloppé de langes, se nourrir de lait, croître avec l'âge et finir par être
victime de la mort. C'étaient autant d'actes d'humilité et d'humilité extrême. Or,
qui devait s'humilier ainsi? Le Très-Haut. Et combien est-il élevé! Ne cherche