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G E O P O L I T I Q U E ( 2 / 3 )
D’après le cours de M. Kulemann du 1er semestre 2007/08
Conseils de lecture
Washington et le monde, Pierre Hassner et Justin Vaïsse (éditions Autrement, 200 pages)
Une histoire populaire des Etats-Unis de 1942 à nos jours, Howard Zinn (éditions Agone, 810 pages)
TABLE DES MATIERES
1ère partie : les USA ou le complexe de la « Nation indispensable » ................................... 3
I. Acteurs et théories géopolitiques dans l’Amérique de G. W. Bush ............................... 5
A. Les acteurs .................................................................................................................. 5
1. Les organes officiels ............................................................................................... 5
a) Département d’Etat (State Department) ............................................................. 5
b) Département de défense (Pentagone) ................................................................. 5
c) Conseil à la Sécurité Nationale (NSC) ............................................................... 5
2. Les Think tanks (réservoirs/boîtes à idées) ............................................................ 6
B. L’échiquier géopolitique américain............................................................................ 6
1. A gauche ................................................................................................................. 6
a) Gauche protestataire (« Radical ») ..................................................................... 6
b) Gauche protectionniste ....................................................................................... 6
c) Gauche humanitaire ............................................................................................ 6
d) Gauche réaliste (« internationalisme libéral ») .................................................. 6
2. A droite ................................................................................................................... 7
a) Droite isolationniste ........................................................................................... 7
b) Droite réaliste ..................................................................................................... 7
c) Droite néo-conservatrice .................................................................................... 7
II. Les priorités géopolitiques américaines depuis le 9/11 .................................................. 7
A. La question russe : la Russie et les ex-républiques soviétiques ................................. 7
1. L’ouverture mesurée sous l’administration Clinton (1992-2000) .......................... 8
2. La méfiance sous l’administration Bush ................................................................ 8
B. La question chinoise : la Chine et l’Extrême-Orient .................................................. 9
1. La position des Néo-conservateurs....................................................................... 10
2. La position des Realpolitikers .............................................................................. 10
C. La question arabo-musulmane : l’Irak et le « Grand Moyen-Orient » ..................... 11
2ème partie : Le « Grand moyen orient » : un rêve américain ? ....................................... 12
I. Du nationalisme arabe à l’intégrisme islamique .......................................................... 13
A. La naissance du nationalisme arabe (à la fin du XIXe siècle) ................................. 14
1. Le partage de l’Empire turc .................................................................................. 14
2. Nasser et le rêve d’une R.A.U. ............................................................................. 15
B. La naissance de l’intégrisme islamique (à la fin du XXe siècle) ............................. 16
1. L’intégrisme chiite ............................................................................................... 16
2. L’intégrisme sunnite ............................................................................................. 16
II. Le conflit arabo-sioniste ............................................................................................... 17
A. La naissance de la question palestinienne (1948-1966) ........................................... 19
1. La guerre d’indépendance (1948) ........................................................................ 19
2. La guerre des 6 jours (1967) ................................................................................ 20
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3. La guerre du Kippour (6 octobre 1973) ............................................................... 21
4. Les deux guerres du Liban (1982 et 2006) ........................................................... 21
B. Vers la création d’un Etat palestinien ? .................................................................... 22
1. La fin de la guerre froide : espoirs et conséquences perverses ............................ 22
a) S’agissant d’Israël ............................................................................................ 22
b) S’agissant des Palestiniens ............................................................................... 22
2. Espoirs et solutions envisageables en 2007 .......................................................... 23
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1ère partie : les USA ou le complexe de la « Nation
indispensable »
La notion de « Nation Indispensable » est due à la Secrétaire d’Etat sous l’Administration Clinton, Madeleine
Albright en 1998. C’est une vieille idée selon laquelle les USA seraient une nation différente, messianique, placé
sous la protection de la Providence (Dieu) pour réaliser le bien (histoire nouvelle délivrée des conflits européens
et promis au bonheur). Ils auraient un rôle particulier dans l’Histoire : la tâche de répandre la paix et la
démocratie à travers le monde (n’est pas une notion spécifique aux USA).
Cette notion est due à un journaliste du début du XIXe siècle, John O’Sullivan, qui avait par en 1845 de
« destinée manifeste ». Les USA sont alors une nation en développement, en plein puissance par rapport aux
autres nations (en guerres). Idée retrouvée à travers la figure d’un président américain, Woodrow Wilson (1913-
21), à la tête des USA quand ils interviennent dans la 1ère Guerre Mondiale (c’est pourquoi on parle de
wilsonisme). Les USA font la guerre du même que les Alliés, mais avec leur propre but : pour imposer les
conditions de la paix après la guerre. Les USA sont à l’origine de la création de la Société Des Nations. Les USA
ont une mission d’ordre moral (presque religieuse) : imposer la paix.
Présidents américains qui incarnent le wilsonisme : Franklin Roosevelt (accepte beaucoup de choses de Staline),
Harry Truman (a utilisé pour la première fois la bombe atomique), Kennedy (série d’erreurs politiques graves),
Ronald Reagan (premier à avoir utilisé l’expression « Empire du Mal »), puis, de manière plus modérée, Bill
Clinton et aujourd’hui George W. Bush.
Ces présidents incarnent la même vision mais appartiennent à des courants politiques différents. Reagan était
républicain, tous les autres sont démocrates (tous les wilsoniens ne sont pas de gauche). George W. Bush est
fondamentalement wilsonien, idée très présente notamment lors de son premier mandat. Sont également
wilsonien Donald Rumsfeld, ancien Secrétaire d’Etat à la Défense et Paul Wolfowitz, à la tête du FMI après
avoir été numéro 2 du Pentagone.
Opposés aux wilsoniens existe un autre courant de pensée, minoritaire, le réalisme (« realpolitik », «
realpolitikers »), selon lequel les USA sont un pays comme un autre, inscrit dans le jeu politique entre grandes
puissances. Ce courant est incarné par des hommes comme Théodore Roosevelt (1901-08), Richard Nixon
(1969-74), George Bush père (1989-93). Appartiennent également à ce courant Henry Kissinger (Secrétaire à la
Sécurité Nationale puis Secrétaire d’Etat de Bush), Dick Cheney (numéro 2 des USA actuellement), Robert
Gates (Secrétaire à la Défense actuel).
Cela dit, l’opposition est moins nette qu’il n’y parait en pratique et les USA se sont toujours accommodés d’une
dose de réalisme et d’une dose idéologique. En fait, le messianisme est d’abord/souvent un discours d’ordre
idéologique, c’est-à-dire destiné à justifier, légitimer la politique américaine. Néanmoins, il ne faut jamais nier la
réelle bonne fois du discours messianique.
De ce point de vue, l’opposition est plus nette entre Unilatéralisme et Multilatéralisme => 2ème ligne
d’opposition : ceux favorables au multilatéralisme (discussions dans le cadre d’organisations internationales) et
ceux favorables à des rapports bilatéraux voire unilatéraux.
Multilatéralisme : consiste à promouvoir la collaboration entre nations et la sécurité collective dans le cadre
d’organisations et d’institutions internationales.
Exemples :
Wilson, qui crée la 1ère organisation internationale, la SDN (Société des Nations),
Franklin Roosevelt qui a favorisé la création de l’ONU,
Truman qui a favorisé la création du FMI,
Clinton a soutenu l’OMC (avant l’OMC il n’y avait rien, le GATT était un traité international
régulièrement renégocié).
Toutes ces personnes ont favorisé des discussions multilatérales. L’idée est ici que la paix, la démocratie, la
réduction des conflits s’accompliront dans le cadre de discutions dans des cadres formels entre toutes les nations.
On appelle cela l’ « internationalisme libéral ».
Unilatéralisme : on le confond souvent avec l’ « isolationnisme ». Il s’agit de la conduite de la politique
extérieure sans concertation avec les autres nations, sans dépendre de décisions prise dans le cadre
d’organisations internationales. Ex : Donald Rumsfeld : « Ce ne sont pas les alliés qui font la mission »
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Ce qui se justifie :
1. par le fait que les USA ont le droit d’agir seul quand leurs intérêts vitaux sont en jeu
2. par méfiance à l’égard du reste du monde (notamment parce que les autres pays ne bénéficient
justement de la « destinée manifeste »)
Il n’y a jamais réellement eu d’ « isolationnisme » : c’est une perspective européenne. En fait, c’est d «
Unilatéralisme » dont il s’agit.
Ex : « La doctrine de Monroe » du nom du président James Monroe (1817-1823), formulée lors du discours sur
l’Etat de l’Union le 2 décembre 1823.
Contexte : Intervention de la France en Espagne dans le cadre de la Sainte-Alliance, crainte US et GB d’une
intervention en Amérique latine, proposition d’alliance de la part de la Grande-Bretagne. La doctrine Monroe se
résume en trois points :
Les USA considèrent comme hostile toute puissance européenne qui entamerait une action contre
d’anciennes colonies (vise clairement l’Espagne qui voulait récupérer ses colonies perdues lors des
guerres napoléoniennes)
Il n’y aura plus de nouvelles colonies sur le continent américain
En contrepartie, les USA n’interviendront contre personne (« n’interviennent pas dans les affaires des
colonies encore existantes »)
Cela étant, la doctrine de Monroe n’implique pas l’ « isolationnisme » : au contraire, les interventions US au
XIXème vont monter en puissance :
1836 : guerre du Texas (colons US installés au Mexique qui veulent leur indépendance)
1846 : guerre du Mexique (1/3 du territoire revient aux USA)
1853 et 56 : ouverture du Japon (avant c’était un pays féodal fermé, les USA ont envoyé leurs navires de
guerre en exigeant que le Japon ouvre ses ports)
Bilan des oppositions Messianistes/Réalistes et Multi/Unilatéral :
1. A priori, les conceptions multilatérales semblent plutôt proches des conceptions Messianistes : idée des
USA généreux et ouverts au monde. Ex : le « wilsonisme ».
2. Inversement, les conceptions unilatérales semblent plutôt proches des conceptions Réalistes : cynisme,
règne de la force… Ex : coup d’Etat contre Salvador.Alliende (Kissinger)
Mais en fait, c’est plus complexe car les deux courants peuvent se recouper :
1. Le courant réaliste peut être favorable au multilatéralisme dès lors que cela permet d’équilibrer les
forces et gérer sereinement les intérêts US. Ex : le GATT
2. Inversement, le courant messianique peut être parfois résolument unilatéraliste dès lors qu’il estime que
le cadre multilatéral les empêche d’accomplir leur mission messianiste (le bien) : c’est bien sûr le cas de
la 2ème guerre du Golfe.
=> Il n’y a pas de logique qui voudrait que wilsonien = multilatéraliste et realpolitiker = unilatéraliste.
Conception multilatérale des
relations internationales
Conception unilatérale des relations
internationales
Vision messianique des USA
wilsonisme
Guerre d’Irak depuis 2003
Vision réaliste des USA
GATT de 1947 à 95
Renversement de Salvador Allende
(11 septembre 1973), président
démocratiquement élu,
renversement favorisé par les USA,
puis prise de pouvoir de Pinochet.
Pas de changement du jour au lendemain de la politique des USA. L’association de l’unilatéralisme et de la
vision messianique est en œuvre depuis Clinton (et la majorité Républicaine au Congrès) :
1996 : loi Helms-Burton qui condamne toute société qui commerce avec Cuba, quelle que soit sa nationalité.
1997 : refus de ratifier le traité interdisant les mines anti-personnelles
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1999 : refus de ratifier le traité interdisant les essais nucléaires
1999 : intervention de l’OTAN au Kossovo
I. Acteurs et théories géopolitiques dans l’Amérique de G. W. Bush
A. Les acteurs
Les acteurs de la géopolitique aux USA sont d’une part les organes officiels, qui sont les instances se
définissent les objectifs géopolitiques US, et d’autres part les Think tanks, qui sont des associations, des
institutions privées ou publiques, qui fléchissent sur des problèmes d’ordre politique et communiquent leurs
conclusions via des conférences, des publications et des sites web. Ils sont véritablement à l’origine de la
réflexion.
1. Les organes officiels
L’exécutif se résume à une seule personne : le Président. Pas de ministres. Le Président choisit les gens qu’il
veut et les organise comme il veut.
3 grands organes : le Département d’Etat (≈ Ministère des Affaires Etrangères), le
Département de la Défense (Pentagone) et le Conseil à la Sécurité Nationale.
a) Département d’Etat (State Department)
Dirigé par un « Secrétaire d’Etat » (Condoleezza Rice depuis 2005 remplaçant
Colin Powell) ayant deux fonctions :
Dirige l’ensemble du personnel diplomatique à travers le monde
Conceptualise la politique étrangères (réfléchit aux orientations de politique
étrangère aux USA, en concurrence avec d’autres organes contrairement
aux autres pays).
b) Département de défense (Pentagone)
Il dirige l’ensemble des armées US. Il est dirigé par un « Secrétaire à la Défense », actuellement Robert Gates,
nommé après la 2nde élection de George W. Bush. Il a remplacé Donald Rumsfeld qui a voulu l’intervention en
Irak. Le Secrétaire à la Défense est secondé par un « sous-secrétaire » (le Sous-secrétaire de Donald Rumsfeld
était Paul Wolfowitz, l’idéologue de l’intervention en Irak).
Le Secrétaire à la Défense a 4 rôles :
Il gère les bases militaires à l’étranger : intervention sur des territoires
étrangers, dialogue avec les dirigeants étrangers
Il gère les opérations militaires ( y compris le « nation building » : idée
qu’il faut reconstruire le pays après la guerre, c’est ce qui a été mis en
œuvre en Yougoslavie et c’est l’idée de départ en Irak).
Il gère un budget colossal : plus de 480 milliards de dollars en 2008
(correspond environ au budget de la France)
Il définit les intérêts géostratégiques des USA, souvent en rivalité avec le
Département d’Etat (ex pour Irak, Colin Powell, ancien Secrétaire d’Etat
y était opposé et Donald Rumsfeld a imposé sa vision).
c) Conseil à la Sécurité Nationale (NSC)
C’est une instance informelle. Il réfléchit aux questions qui touchent à la sécurité nationale, souvent en rivalité
avec le Secrétaire d’Etat.
Il est composé du Président, du vice-Président, du Secrétaire d’Etat, du Secrétaire à la Défense, du Président du
comité des Chefs d’Etats-majors, du directeur de la CIA, et du Conseiller à la Sécurité Nationale (« National
Security Advisor »). Depuis 1947, rôle très important (et de plus en plus) du Conseiller à la Sécurité intérieure et
conflit avec le Secrétaire d’Etat. Exemple : Henri Kissinger, Conseiller à la Sécurité intérieure de 1969 à 1975 de
Nixon puis de G. Ford avant de devenir son Secrétaire d’Etat (75-77) ; Condoleezza Rice jusqu’en novembre
2004, Stephen Hadley depuis 2005.
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