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1ère partie : les USA ou le complexe de la « Nation
indispensable »
La notion de « Nation Indispensable » est due à la Secrétaire d’Etat sous l’Administration Clinton, Madeleine
Albright en 1998. C’est une vieille idée selon laquelle les USA seraient une nation différente, messianique, placé
sous la protection de la Providence (Dieu) pour réaliser le bien (histoire nouvelle délivrée des conflits européens
et promis au bonheur). Ils auraient un rôle particulier dans l’Histoire : la tâche de répandre la paix et la
démocratie à travers le monde (n’est pas une notion spécifique aux USA).
Cette notion est due à un journaliste du début du XIXe siècle, John O’Sullivan, qui avait parlé en 1845 de
« destinée manifeste ». Les USA sont alors une nation en développement, en plein puissance par rapport aux
autres nations (en guerres). Idée retrouvée à travers la figure d’un président américain, Woodrow Wilson (1913-
21), à la tête des USA quand ils interviennent dans la 1ère Guerre Mondiale (c’est pourquoi on parle de
wilsonisme). Les USA font la guerre du même côté que les Alliés, mais avec leur propre but : pour imposer les
conditions de la paix après la guerre. Les USA sont à l’origine de la création de la Société Des Nations. Les USA
ont une mission d’ordre moral (presque religieuse) : imposer la paix.
Présidents américains qui incarnent le wilsonisme : Franklin Roosevelt (accepte beaucoup de choses de Staline),
Harry Truman (a utilisé pour la première fois la bombe atomique), Kennedy (série d’erreurs politiques graves),
Ronald Reagan (premier à avoir utilisé l’expression « Empire du Mal »), puis, de manière plus modérée, Bill
Clinton et aujourd’hui George W. Bush.
Ces présidents incarnent la même vision mais appartiennent à des courants politiques différents. Reagan était
républicain, tous les autres sont démocrates (tous les wilsoniens ne sont pas de gauche). George W. Bush est
fondamentalement wilsonien, idée très présente notamment lors de son premier mandat. Sont également
wilsonien Donald Rumsfeld, ancien Secrétaire d’Etat à la Défense et Paul Wolfowitz, à la tête du FMI après
avoir été numéro 2 du Pentagone.
Opposés aux wilsoniens existe un autre courant de pensée, minoritaire, le réalisme (« realpolitik », «
realpolitikers »), selon lequel les USA sont un pays comme un autre, inscrit dans le jeu politique entre grandes
puissances. Ce courant est incarné par des hommes comme Théodore Roosevelt (1901-08), Richard Nixon
(1969-74), George Bush père (1989-93). Appartiennent également à ce courant Henry Kissinger (Secrétaire à la
Sécurité Nationale puis Secrétaire d’Etat de Bush), Dick Cheney (numéro 2 des USA actuellement), Robert
Gates (Secrétaire à la Défense actuel).
Cela dit, l’opposition est moins nette qu’il n’y parait en pratique et les USA se sont toujours accommodés d’une
dose de réalisme et d’une dose idéologique. En fait, le messianisme est d’abord/souvent un discours d’ordre
idéologique, c’est-à-dire destiné à justifier, légitimer la politique américaine. Néanmoins, il ne faut jamais nier la
réelle bonne fois du discours messianique.
De ce point de vue, l’opposition est plus nette entre Unilatéralisme et Multilatéralisme => 2ème ligne
d’opposition : ceux favorables au multilatéralisme (discussions dans le cadre d’organisations internationales) et
ceux favorables à des rapports bilatéraux voire unilatéraux.
Multilatéralisme : consiste à promouvoir la collaboration entre nations et la sécurité collective dans le cadre
d’organisations et d’institutions internationales.
Exemples :
Wilson, qui crée la 1ère organisation internationale, la SDN (Société des Nations),
Franklin Roosevelt qui a favorisé la création de l’ONU,
Truman qui a favorisé la création du FMI,
Clinton a soutenu l’OMC (avant l’OMC il n’y avait rien, le GATT était un traité international
régulièrement renégocié).
Toutes ces personnes ont favorisé des discussions multilatérales. L’idée est ici que la paix, la démocratie, la
réduction des conflits s’accompliront dans le cadre de discutions dans des cadres formels entre toutes les nations.
On appelle cela l’ « internationalisme libéral ».
Unilatéralisme : on le confond souvent avec l’ « isolationnisme ». Il s’agit de la conduite de la politique
extérieure sans concertation avec les autres nations, sans dépendre de décisions prise dans le cadre
d’organisations internationales. Ex : Donald Rumsfeld : « Ce ne sont pas les alliés qui font la mission »