1789, Benthman expose le concept central d’utilité : « Par principe
d’utilité, on entend le principe selon lequel toute action, quelle qu’elle
soit, doit être acceptée ou désavouée selon sa tendance à augmenter ou
à diminuer le bonheur des parties affectées par l’action. On sert à
désigner par utilité la tendance de quelques chose à générer bien-être,
avantages, joie, biens et bonheur ».
Il suffit par conséquent de ne pas diminuer le concept d’utilité à son
sens courant de moyen en vue d’une fin immédiate donnée.
Parmi les philosophies qui influent sur l’exercice médical,
l’utilitarisme a donc une place importante. Ce courant philosophique,
comme nous l’avons vu brièvement régit la pensée anglo-saxonne
depuis maintenant deux siècles, et son influence, sur nos pratiques ne
cesse de s’accentuer, en particulier dans le domaine de l’éthique
appliquée (euthanasie par exemple). Comme nous le savons cette
doctrine « enseigne qu’une action ne peut être jugée moralement
bonne ou mauvaise qu’en raison de ses conséquences bonnes ou
mauvaises pour le bonheur des individus concernés ». Ainsi le
bonheur – éviter la douleur et rechercher le plaisir – devient-il la fin de
toute vie humaine (« welfarisme »), la valeur unique. Ainsi l’utilité
(tout ce qui procure satisfaction) devient-elle le seul fondement de la
vérité. Tel est en quelques sortes, ce qui fonde le bien et le mal. A ce
critère s’ajoute un impératif moral, qui est celui de maximiser le bien :
« produire le plus grand bonheur pour le plus grand nombre », selon la
thèse de Bentham (« prescriptivisme »). Enfin l’action morale est
évaluée en fonction de ses conséquences sur l’individu et le collectif
(« conséquentialisme ») : faire le bien suppose une évaluation au cas
par cas qui tiennent compte des effets prévisibles de l’acte. En
d’autres termes, il ne peut y avoir ici de critère a priori pour juger
l’action.
L’utilitarisme rejette donc toute morale déontologique dans laquelle
c’est le respect de principes indépendants qui donne son caractère
moral à l’acte. C’est en ce sens, l’antithèse de la position kantienne
pour laquelle l’action morale doit s’exercer sans tenir compte de ses
conséquences.
Alors que la science est aujourd’hui omniprésente, on observe une
attitude plutôt critique à son égard. Depuis les Lumières, la