Regards Croisés 2 Chapitre 2 : Quelles politiques pour l`emploi

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Regards Croisés 2
Chapitre 2 : Quelles politiques pour l’emploi ?
Taux d’emploi : c’est la capacité d’une économie à utiliser ses ressources humaines. Il
correspond au rapport population active/population en âge de travailler (plus de 15 ans).
Demande anticipée : (ou demande effective), demande estimée par les entreprises, dans un
futur proche, de leurs productions.
Pauvreté : le manque de ressources pour subvenir aux besoins fondamentaux dans une
société donnée (c’est le manque d’accès au minimum vital).
Taux de chômage : le rapport du nombre de chômeurs par rapport au total de la population
active.
Précarité : la précarité est l’absence des conditions et des sécurités permettant à une
personne de bénéficier des droits fondamentaux et de vivre dignement.
Salariat : le salariat est le mode d’organisation majoritaire du travail, la norme, dans les
sociétés libérales. On parle de société salariale. En France, la population active est constituée
à environ 90% de salariés.
Qualification : capacité d’un travailleur (ou d’un futur travailleur) à exercer une fonction ;
varie selon la formation, l’expérience et les individus.
Flexibilité du marché du travail : ajustement rapide des salaires et du travail aux variations
de la production, ces politiques luttent contre la rigidité du marché du travail qui est un frein
à l’embauche.
Les politiques pour l’emploi que les gouvernements peuvent mener sont des
politiques publiques visant à améliorer le marché du travail, en créant des emplois ou en
protégeant les emplois existants. Elles servent à lutter contre le chômage qui est un sous-
ensemble de la population active : les chômeurs sont des « actifs inoccupés » qui s’opposent
aux travailleurs, les « actifs occupés ». On définit un chômeur par un individu sans emploi à
la recherche d’un emploi et disponible pour travailler (3,5 millions de chômeurs enregistrés à
Pôle Emploi en mars 2015).
A- De la dynamique du marché du travail au chômage
*Le chômage est un ensemble de flux constants et quotidiens de destructions et de
créations d’emplois. Le chômage augmente donc lorsque les destructions d’emplois sont
supérieures aux créations d’emplois. Néanmoins, les destructions se situent plus dans les
secteurs primaire (agriculture) et secondaire (industries) tandis que les créations sont plus
présentes dans le secteur tertiaire (services) ; Joseph Schumpeter qualifia ce processus de
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« destruction créatrice » qui est l’un des éléments de la croissance mais aussi du chômage.
Ainsi des destructions d’emplois dans les branches les moins dynamiques seraient
compensées par des créations d’emplois dans les branches les plus dynamiques.
La structure de l’emploi se modifie par secteur mais aussi par qualifications, par zones
géographiques, par genre,…
Il faut alors préciser que le chômage est souvent lié aux variations du Produit Intérieur
Brut ou PIB, lorsqu’il y a une croissance, celle-ci est souvent accompagnée d’une création
d’emploi. Les variations de l’emploi dépendent donc de la variation du PIB (ou de la Valeur
Ajoutée) mais aussi de la variation de la productivité par tête ainsi
Variations de la productivité > Variations de la VA = destructions d’emplois car la
productivité ne permet pas de compenser la demande ou la production.
Variations de la productivité < Variations de la VA
*L’Insee ou le BIT (Bureau International du Travail) considère qu’un individu est
chômeur si :
- il a plus de 15 ans
- s’il ne travaille pas pendant la semaine de l’enquête
-s’il est disponible pour travailler/a accompli des recherche d’emplois/s’apprête à travailler.
Pour l’Insee, cet individu appartient à la catégorie A soit l’équivalent de 3 500 000
chômeurs ; toutes catégories confondues A+B+C, 5,34 millions (chiffres d’Avril 2015) de
chômeurs, ces autres chômeurs font alors parti du halo des chômeurs, calculé par l’Insee et
ignoré par le BIT.
Le chômage varie aussi selon la variation de l’emploi (destructions/créations) et de la
population active (entrante/sortante) sur le marché. Si la croissance des emplois est
inférieure à la croissance de la population active alors il n’y aura pas assez d’emplois donc
existence d’un chômage. La population active peut évoluer en fonction de l’immigration, du
taux de fécondité, de la place des femmes sur le marché du travail, l’allongement du marché
de travail,… De plus, on observe l’existence d’un « chômage volontaire », qui correspond
aux individus qui pourraient travailler si elles le souhaitaient mais qui refuse de travailler
pour le niveau de salaire courant (les indemnités de chômage peuvent suffire pour préfèrer
l’inactivité).
Synthèse : Le dynamisme du marché du travail peut s’expliquer par le processus de
destruction créatrice, mis en évidence par Joseph Schumpeter. Des activités disparaissent
tandis que d’autres se développent en permanence, ce qui engendre nécessairement des
destructions d’emplois dans certaines branches et des créations d’emplois dans d’autres.
Chaque année, plus de 20% d’emplois sont créés et/ou détruits en moyennes, et près d’un
tiers de l’ensemble des travailleurs sont embauchés et/ou quittent leur employeur.
La réallocation de la main-d’œuvre est un moteur important de la hausse de la productivité,
dans la mesure où les entreprises les moins productives ont tendance à détruire plus
d’emplois et les plus productives à en créer davantage. De ce fait, la structure de l’emploi ne
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cesse de se modifier par secteurs (destructions d’emplois dans l’agriculture et l’industrie
/création dans les services), par qualifications (destructions d’emplois non qualifiés / hausse
des emplois qualifiés), par sexe, par régions,…
Les flux de création et de destruction d’emplois sont indissociablement liés aux fluctuations
de la croissance économique. Pourtant la hausse du rythme de croissance n’entraîne pas
mécaniquement une baisse du chômage : les gains de productivité peuvent suffire dans un
premier temps à obtenir le niveau de production prévu. Il faut donc nuancer la corrélation
entre croissance et emploi, car la croissance n’est pas toujours riche en emploi. La
croissance du nombre d’emplois dépend donc d’un certain nombre de facteurs : la
croissance de la production et/ou de la demande de biens et de services, la durée annuelle
du travail, la productivité du travail.
Globalement, lorsque la croissance de la valeur ajoutée ou du PIB est surieure à celle de la
productivité par tête, le stock d’emplois augmente (création nette d’emplois) car les gains de
productivité ne permettent pas de satisfaire la hausse de la production et de la demande.
L’entreprise ou le pays a alors besoin de recruter de la main-d’œuvre supplémentaire.
Un chômeur est une personne sans emploi à la recherche d’un emploi. Le chômage peut
donc être défini comme l’inactivité d’une personne souhaitant un emploi. Selon le Bureau
International du Travail (BIT), les chômeurs sont les personnes âgées de 15 à 64 ans qui
étaient sans emploi pendant la semaine de référence (ne pas avoir travaillé une heure),
disponible pour travailler dans un délai de deux semaines suivant la semaine de référence, et
à la recherche active d’un emploi. En France, Pôle Emploi effectue également une mesure
du chômage. Le stock de chômage dépend des variations de l’emploi et de la population
active : lorsque la population active augmente plus vite que l’emploi, le chômage augmente
et inversement. Outre la démographie (accroissement naturel et solde migratoire), des
facteurs socioéconomiques font varier la population active : l’allongement de la durée des
études, l’âge de départ en retraite, le taux d’activité des femmes,…
B- Quelles sont les conséquences du chômage ?
*En France, le taux de remplacement, ou le pourcentage du revenu d’activité que l’on
touche une fois au chômage/retraite est peu dégressif ; on favorise autant les faibles
revenus que les revenus élevés. Ainsi tous les chômeurs n’ont pas la même expérience
sociale du chômage car tous nont pas la même assurance chômage, cela dépend aussi de la
proximité des instances de socialisations, du genre, de l’âge, de la CSP,…
*L’emploi est aussi vu comme une norme d’intégration car il permet d’accéder à la
consommation, à la protection sociale ; il est aussi une source de sociabilité, de sentiment
d’utilité, de revenu, d’un statut social,…. Il peut aussi permettre l’épanouissement
personnel. En effet, être au chômage signifie moins de régulation, moins d’intégration dans
la société, moins de revenus et moins de sociabilité pour les individus. Ce qui résulte en
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« l’effritement de la société salariale » ou à une absence de participation aux formes de
sociabilité à cause de :
-massification des emplois atypiques
-affaiblissement de la protection du travail
La diminution de la socialisation peut être limitée par la famille (les liens forts entre les
individus qui protègent plus), la forme de protection sociale, histoire de l’individu, la
tolérance vis-à-vis de la pauvreté (plus importante dans les pays du sud de l’Europe)
*on distingue la pauvreté absolue : individu possédant un revenu qui ne permet pas
de combler le minimum vital et les besoins fondamentaux (on fixe un revenu en-dessus
duquel on ne peut pas survivre) et la pauvreté relative : individus dans l’incapacité de
satisfaire ses besoins physiologiques et sociaux (relatif aux changements de la société à un
moment donné) >>>> est pauvre celui qui a moins que les autres
La pauvreté ne peut diminuer que si les revenus des pauvres progressent plus vite que le
revenu médian.
L’emploi ne protège pas obligatoirement de la pauvreté. En effet, on estime qu’il y a 8% de
travailleurs pauvres donc la pauvreté n’est pas uniquement la conséquence du chômage.
Certains économistes constatent l’existence d’une nouvelle pauvreté avec les oubliés de la
croissance, une précarisation du marché du travail et des insertions professionnelles plus
difficiles.
Synthèse : L’expérience sociale du chômage revêt des modalités différentes selon les pays.
Elle est liée au niveau et aux conditions d’indemnisations, à l’encadrement des chômeurs par
des institutions dédiées, à son traitement économique et social. Cette expérience dépend
également de l’articulation du travail avec d’autres instances d’intégration comme la famille,
et aussi du genre, de l’âge, de la catégorie socioprofessionnel. Elle est néanmoins marquée
par l’affaiblissement des liens sociaux. Le chômage entraîne une diminution du revenu, nuit
au réseau de sociabilité, est parfois acteur de dégradation de l’état de santé et des relations
familiales. L’emploi stable étant un vecteur essentiel de l’intégration, la pénurie d’emplois
stables a conduit à associer chômage et désaffiliation, c’est-à-dire un processus de rupture
progressif des liens sociaux.
Les évolutions de l’emploi liées à une flexibilité accrue précarisent les trajectoires
professionnelles qui alternent de plus en plus les périodes d’emplois et les épisodes de
chômage. Le lien entre travail et intégration sociale se trouve fragilisé pour plusieurs raisons.
La flexibilité détache tout d’abord les travailleurs des organisations qui les emploient : les
carrières professionnelles sont de plus en plus mobiles. Elle individualise ensuite les relations
de travail, ce qui rend difficile d’éprouver une solidarité et des intérêts communs.
L’individualisation du traitement du chômage et de l’accompagnement du chômeur fait par
ailleurs du chômage une expérience individuelle qui sera alors plus souvent intériorisée
comme un échec personnel. L’impact des politiques de l’emploi se ressent donc au-delà de
leurs bénéficiaires immédiats : ce sont bien les normes d’emploi du salariat comme statut
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étendu et consolidé au cours du XXème siècle qui sont affectées. L’articulation des politiques
de flexibilité du marché du travail avec la précarité est une question contemporaine
commune à l’ensemble des pays. Ainsi les réformes Hartz en Allemagne, associées à
l’institutionnalisation de « mini-jobs » très faiblement rémunérés et largement exonérés de
cotisations sociales et d’impôts ont contribué à une élévation du taux d’emploi et une baisse
du taux de chômage, mais aussi une pression à la baisse sur les salaires et contribué à une
augmentation du nombre de travailleurs pauvres et à la détérioration des conditions
d’emploi de certains salariés.
Le chômage est en effet facteur de pauvreté. La pauvreté peut se définir en termes absolus
à partir d’un niveau de consommation minimal en biens considérés comme fondamentaux.
Cependant, on privilégie aujourd’hui une définition en termes relatifs, le seuil de pauvreté
correspondant à une fraction du revenu médian. La pauvreté est alors envisagée comme une
forme d’inégalité, et sous l’angle de l’intégration sociale : c’est parce qu’elle éloigne des
normes de consommation propres à une société que la pauvreté peut être facteur
d’exclusion. Pour cerner statistiquement la pauvreté, il faut alors en diversifier les
approches, envisager conjointement à la pauvreté monétaire, la pauvreté des conditions de
vie en matière de consommation courante, de logement et d’équipement en biens durables,
et la pauvreté subjective qui ressort des perceptions par les individus de leur propre
situation. Le chômage accroit le risque de pauvreté, cependant les prestations sociales
atténuent ce risque, de façon différenciée en fonction des époques et des modèles
nationaux. Les politiques sociales peuvent toutefois conduire à la disqualification sociale de
leurs bénéficiaires.
C-Comment lutter contre le chômage ?
*les politiques pour l’emploi sont de plusieurs types :
-politiques de flexibilité (assouplir les réglementations)
-politiques monétaires et budgétaires
-politiques conjecturelles (plan de relance keynésien, par exemple)
-politiques structurelles (modifier l’âge de départ à la retraite)
-politiques de dépenses passives/actives
-dépenses actives : cherchent à élever le niveau d’emploi et
remettre les chômeurs en emploi (traitement économique du chômage) comme la création
d’emplois publics temporaires, subventionner les entreprises,…
-dépenses passives : consistent à atténuer les conséquences du
chômage pour les individus, indemnisations ou dispositifs de préretraite (traitement social
du chômage)
L’Etat et ses tentatives pour « activer » les politiques passives brouillent la distinction entre
ces deux types de dépenses.
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