Le vocabulaire - Académie de Nancy-Metz

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Le vocabulaire
travail
spécifique
(leçon de
mots)
en
production
d’écrits
familles de mots
- dérivation : radical, affixe (préfixe / suffixe)
- Contraire
- nom/verbe/adjectif/adverbe d’après le même
radical
- Étymologie
- mots du jour (mots inconnus, pseudo-mots)
- jeux de morphologie
champs lexicaux (thèmes)
- synonymes (remplacer) ; ajouter, déplacer
- préparation de la production
- tonalité
- spécificité de certaines séquences (exemple, les
portraits péjoratifs ou mélioratifs)
- effets sur le lecteur
- lien avec le genre textuel
- registre de langue
Iufm de Lorraine – Stage R3 Jarville janvier 2010 – Jean-Paul Vaubourg
Modalités de travail du vocabulaire
1 Le mot du jour
2 Les catégories grammaticales
3 L’invention de phrases avec un mot inconnu
4 Les pseudo-mots
5 La réflexion sur la construction des mots : la morphologie lexicale
6 Les collocations
7 L’observation des régularités et l’élaboration de règles
8 Le vocabulaire en lien avec l’orthographe :
9 Manipulation
10 Jeux et pratiques littéraires
Iufm de Lorraine – Stage R3 Jarville janvier 2010 – Jean-Paul Vaubourg
Ces activités sont
- l’occasion d’un jeu sur la langue française
- le support à une analyse du lexique de notre langue
- le moyen d’enrichir la connaissance grammaticale des mots, et
notamment de leur classe grammaticale.
1 Le mot du jour
Descriptif :
- chaque jour, un mot est découvert par les élèves
- il est, selon les cas, choisi par l’enseignant, choisi par les élèves, choisi au
hasard, pris dans une liste ou une éphéméride…
- il est analysé, interrogé, noté, et éventuellement appris ; il est observé dans
un dictionnaire et mis dans des phrases et un contexte
- les mots découverts au fil de l’année sont capitalisés pour pouvoir être
repris régulièrement
Choisir le mot du jour :
Le mot peut être
- tiré d’une lecture ou d’un document lu dans la journée
- proposé par l’enseignant dans un domaine travaillé dans la journée
- choisi sans aucun lien avec le travail du jour
Choisir l’ordre des activités
Toute activité autour du mot du jour fait intervenir la définition du mot,
sa morphologie, sa classe grammaticale.
Pour la définition du mot du jour
1ère modalité :
- l’enseignant donne le mot du jour aux élèves et leur demande d’en
inventer une courte définition. Les élèves vont-ils utiliser d’éventuels
indices morphologiques (le repérage d’un mot de la même famille
notamment) pour écrire cette définition ?
- puis le mot est copié pour être gardé.
2ème modalité :
- l’enseignant donne aux élèves la définition et leur demande d’imaginer
un mot qui pourrait lui correspondre.
- puis il donne le mot et demande aux élèves d’écrire une phrase le
contenant
- puis le mot est copié pour être gardé.
3ème modalité :
- l’enseignant donne le mot aux élèves
- puis il leur demande d’écrire une phrase le contenant. Les élèves
devront, plus ou moins intuitivement, attribuer une classe grammaticale au
mot pour l’employer.
Iufm de Lorraine – Stage R3 Jarville janvier 2010 – Jean-Paul Vaubourg
Lien entre la connaissance
des classes grammaticales et des fonctions
et le vocabulaire
2 Les catégories grammaticales
- selon l’analogie
Exemple
donné
Faire de
même avec
grandir,
agrandir
grand
grandeur
grandement
lent
se réjouir
saleté
- selon le métalangage désignant les classes grammaticales
Adjectif
Verbe1
Nom
Adverbe
grandement
lent
se réjouir
saleté
Exemples de phrases changeant de sens selon les classes grammaticales et les
fonctions de certains mots :
La musique rend les élèves calmes et Le maitre interroge les élèves calmes : calmes
est attribut du COD dans la première phrase et épithète dans la seconde.
Mariz Courberand2 propose les exemples suivants :
- Ramenez-les vivants / Ramenez les vivants
- Je connais un savant aveugle / Je connais un aveugle savant
- Il n’est pas toujours là / Il n’est toujours pas là
- Je n’ai pas envie de manger aujourd’hui / J’ai envie de ne pas manger aujourd’hui
- Je te présente Pierre et Marie, celle qui l’aime / Je te présente Pierre et Marie,
celle qu’il aime
1
Comme nous préconisons de ne pas évoquer la classe grammaticale verbe en début de cycle, cet exercice sera réservé au
CM2.
2
Courberand M., Au palais des congres. Accents, signes et ponctuation, Paris : Mots et Cie, 2004.
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3 L’invention de phrases avec un mot inconnu
Descriptif :
- l’enseignant choisit des mots inconnus des élèves
- les élèves doivent utiliser ces mots dans des phrases en imaginant leur classe
grammaticale
- on réfléchit ensuite aux indices qui permettent de proposer telle ou telle classe
grammaticale pour chaque mot
:
Les mots sémillant, tintinnabuler, subrepticement et approximation sont donc spontanément employés
par les élèves selon les classes grammaticales suivantes :
Adverbe
par analogie avec
maintenant
sémillant
Adjectif
par analogie avec
méchant
(gaucher ?)
tintinnabuler
par analogie avec
calmement
subrepticement
(véhément)
approximation
Adverbe
C’est sémillant bon
cette pizza.
sémillant
tintinnabuler
subrepticement
approximation
J’ai réussi mon
évaluation
subrepticement.
Adjectif
Ce verre est
sémillant.
Nom
par analogie avec
géant
par analogie avec
gouter
par analogie avec
moment
par analogie avec
confirmation
Nom
Je plante un
sémillant.
Je n’aime pas ce
tintinnabuler.
Le subrepticement
a mal, il a eu un
problème.
J’ai une
approximation sur
cette idée.
verbe
par analogie avec en
partant
par analogie avec
lancer
verbe
En sémillant, je
suis tombé
Je ne sais pas
tintinnabuler.
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4 Les pseudo-mots
Descriptif :
- activité analogue à la précédente
- l’enseignant choisit des pseudo-mots
- les élèves doivent utiliser ces mots dans des phrases en imaginant leur classe
grammaticale
- on réfléchit ensuite aux indices qui permettent de proposer telle ou telle classe
grammaticale pour chaque mot
Les activités utilisant des pseudo-mots sont des moments de jeu sur la langue et
des supports d’analyse de la morphologie des mots et de leur emploi grammatical.
Cette utilité qui n’est pas directement utilisable en production est expliquée aux
élèves.
Utilisation des pseudo-mots sans définition ni classe grammaticale
On pourrait encore donner les mots sans définition ni classe grammaticale et demander de
les employer dans des phrases. Ils pourraient être utilisés selon les classes grammaticales
suivantes :
Adverbe
Adjectif
par analogie avec
calmement
par analogie avec
muette
par analogie avec
sage
par analogie avec
véhément
décalir
calonnette
parnage
canonnement
Nom
par analogie avec
désir
par analogie avec
savonnette
par analogie avec
carnage
par analogie avec
moment
verbe
par analogie avec
finir
par analogie avec
je partage
3
Quelques exemples de phrases inventées en cycle 3 :
décalir
calonnette
parnage
canonnement
Nom
Où as-tu mis ce
décalir ?
J’ai vu ma calonnette.
Je fais un parnage.
J’ai tiré le
canonnement.
verbe
Tu me décalis.
Je parnage mes idées.
3
On pourrait imaginer que par analogie avec « ils mangent », les élèves prennent canonnement pour un verbe avec un sujet ils
au présent de l’indicatif, mais aucun ne l’a fait, tous l’ayant spontanément lu [kanonmã] ou [kanonemã] et pas [kanonm]
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Écrire une phrase en connaissant la classe grammaticale du pseudo-mot
nom
un charlet
une modaine
adjectif
délutif
pélageux
verbe
rebimer
métanir
adverbe
charnement
taliquement
5 La réflexion sur la construction des mots : la morphologie lexicale
Descriptif :
- activités autour de la construction des mots (préfixes, suffixes, radicaux, dérivations,
mots de la même famille…) en lien avec leur sens
- activités pratiquées sous forme de jeux sur la langue, parfois avec des pseudo-mots
Premier niveau de difficulté :
- dériver les noms d’animaux à partir d’un animal connu : comment s’appellent la
femelle et le petit du renard ?
- puis créer un nom de petit ou de femelle pour les animaux pour lesquels on ne le
connait pas : comment pourraient s’appeler la femelle et le petit du léopard, du corbeau ?
- puis inventer un nom pour un animal imaginaire et un nom pour son petit et sa
femelle : comment s’appelleraient la femelle et le petit d’un girafadaire ?
- trouver le nom d’un petit objet existant : maison / maisonnette et faire de même avec
des objets inventés (comment s’appelleraient une petite molane, un petit radir ?) ou avec
des objets réels mais dont les noms ne sont pas connus des élèves (comment
s’appelleraient une petite recingle ? comment s’appellerait le petit du binturong ?)
Niveau de difficulté intermédiaire :
- travailler les marques de genre et de nombre dans la relation entre oral et écrit (petit /
petite vs joli / jolie ; un bon ami / des bons amis) ; un appui sur la conscience
grammaticale des élèves sera valorisé puisque beaucoup de transformations en genre et
en nombre sont connues des élèves lorsqu’elles changent la prononciation du mot par
rapport à son masculin et / ou son singulier (le féminin de petit, le pluriel de cheval).
Comme dans beaucoup de domaines, on pourra judicieusement faire en classe des
comparaisons interlangues, expliquant par exemple aux élèves qu’en anglais un ours se
dit a bear et une ourse a she-bear.
- manipuler des mots avec le préfixe « re » : repérer dans les mots si ce préfixe veut
dire « à nouveau » ou pas. Proposer aux élèves des mots et pseudo-mots et leur demander
s’ils pensent qu’ils existent et s’ils pensent qu’ils évoquent une action faite à
nouveau (rereprendre, remanger, rebalayer, relaver, repeindre, retravailler…). On peut
aussi proposer une liste de verbes et faire chercher ceux qui acceptent ce préfixe (lire,
penser…).
- manipuler des diminutifs avec les mots se finissant par -et, -ette, -eau : quels mots
dans une liste donnée désignent des petits objets ou animaux ? Quel suffixe veut dire petit
dans les mots suivants : lionceau, chaton, château, gilet…
Iufm de Lorraine – Stage R3 Jarville janvier 2010 – Jean-Paul Vaubourg
Niveau de difficulté plus élevé :
- utiliser la morphologie lexicale pour travailler les accords et donc l’orthographe
grammaticale : partir de la veste verte pour faire accorder la veste bleue, utiliser les
liaisons (des bons amis). Utiliser également la morphologie pour l’orthographe lexicale
en s’appuyant sur les lettres finales muettes (lait / laitier). Cette réflexion sera conduite
en relation avec le classement des erreurs orthographiques (erreurs lexicales et erreurs
d’accord dans le GN) présenté dans le chapitre consacré à l’orthographe.
- travailler des mots semblant avoir la même base pour déterminer s’ils sont de la
même famille : loup / louve / louper4, galopin et galoper, ou bien texte et textile5 : là
encore, c’est d’une réelle jubilation à propos de la langue française dont il s’agit, au
moment de la découverte de ces liens insoupçonnés !
- repérer dans un texte les s non prononcés et trouver leur valeur : sont-ils des
marques de pluriel, des indications de relations sujet-verbe, des marques lexicales… ?
- mettre toute une phrase au féminin (par exemple Le cheval gris regarde le mouton)
ou au pluriel.
- apparier deux éléments d’après une liste de verbes et une liste de suffixes pour
construire des mots qui existent, si nécessaire en les vérifiant dans un dictionnaire, par
exemple les verbes régler, dater, avancer et les suffixes -age, -ment, -tion… ou encore
associer un préfixe avec plusieurs mots puis en vérifier l’existence (par exemple le
préfixe para avec les mots chute, tonnerre, devoir, pluie…).
6 Les collocations
Le jeu des paires :
- donner un adjectif et demander un nom
- donner un nom et demander un adjectif ; ajouts de l’enseignant pour enrichir la liste
- donner un nom et demander un adjectif ; ajouts de l’enseignant pour enrichir la liste
- travailler sur une liste : x noms en –age, en –tion ou x adjectifs en –eux
- préparer une liste de collocations avant un travail de production orale ou écrite : des
mots à collocation très large et des mots fermés (expressions), qui serviront de banque
lexicale
- rituels : collocation fermées soleil radieux, soleil éblouissant, soleil voilé si elles
partent d’un nom, et température douce, vent doux, chaleur douce si elles partent d’un
adjectif
collocations ouvertes (grand  vent, soleil alors que grand peut aussi
convoquer aussi grand chien, verre, cahier…)
Par exemple, lorsqu’on fait réfléchir les élèves à la lettre finale du mot « loup », ils suggèrent souvent un p, « parce qu’on
peut dire louper ».
5
Comme nous l’indiquons dans le chapitre consacré à la compréhension en lecture, texte et tissu ont la même étymologie d’où
l’intérêt de la réflexion sur les liens entre texte et textile.
4
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7 L’observation des régularités et l’élaboration de règles
Descriptif :
- activité de formalisation
- suite à toutes les activités précédentes, observation de régularités
- écriture de règles décrivant le fonctionnement des mots
- les albums de Claude Ponti, dans lesquels les personnages sont sloumpy-sloumpy6 et
inventent des parlophones7
- le Jabberwocky de Lewis Carroll
- Le bon gros géant de Roald Dahl, où l’on boit de la frambouille
- Le Prince de Motordu de Pef qui porte un château sur la tête
- La BD Spirou et Fantasio La frousse aux trousses, dans laquelle un personnage
supplie « Toush-pah ! Pafair demalh amwah ! »
8 Le vocabulaire en lien avec l’orthographe :
au féminin ou au masculin : un soleil chaud, une pluie chaude
en lien grammaticalo-orthographique : le soleil est chaud / la pluie est chaude
en relation de conjugaison : le soleil sera chaud / hier le soleil était chaud
en relation syntaxique : le soleil est chaud / le soleil n’est pas chaud
On peut mixer ces entrées : par exemple le soleil est chaud / hier, la pluie n’était pas chaude)
9 Manipulation
Dérivation
Nominalisation
Synonymie
Antonymie
La Terre tourne.
La rotation
se déplace
s'arrête
On tourne un film.
Le tournage
fait
Le tour
me déplace
La rotation
manœuvre, actionne
Phrases
Je tourne autour de l'arbre.
Papa tourne le volant.
Le vent tourne.
Il tourne sur lui-même.
vire
La rotation
pivote
Le lait tourne
6
7
Ponti C., L’ile des Zertes, Paris : L’école des loisirs, 1999.
Ponti C., Okilélé, Paris : L’école des loisirs, 1993.
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