LES ETATS UNIS 1. 1870-1999 : La conquête du pouvoir planétaire 1870 – 1914 : L’émergence d’une grande puissance industrielle Chiffres clés : Part des principaux pays industrialisés dans la production industrielle mondiale : Etats-Unis Fr. + All. + R.U. 1870 23 55 1913 38 36 France 1,6% Royaume-Uni 2,2% Allemagne 2,9% Etats-Unis 4,3% En 1865 les Etats-Unis sont encore agricoles et en moins de 30 ils deviennent la première puissance industrielle du monde. a) Un pays propice à un capitalisme triomphant *La maîtrise du territoire : i. Les ressources naturelles sont abondantes ce qui permet l’épanouissement de la Révolution Industrielle ii. L’étendu du territoire est maîtrisée grâce au chemin de fer, les pipelines et le téléphone iii. La population passe de 38 millions en 1870 à 100 millions en 1914 *Un terrain très favorable à l’essor du capitalisme : i. Par l’absence de tradition corporatiste, donc d’importants profits sont dégagés. ii. L’action de l’Etat est très réduite donc la concentration s’intensifie très vite iii. La pénurie relative de main-d'œuvre oblige les entrepreneurs à investir beaucoup (taux d’investissement = 21% du PIB entre 1870 et 1910 contre 9% en Angleterre). *Un modèle de développement essentiellement autocentré : i. L’importance de la population, l’amélioration du niveau de vie et les besoins de l’appareil productif permettent d’écouler sur le marché national 97% de la production industrielle et les exportations sont très faibles. ii. La victoire du Nord sur le Sud en 1865 permet l’établissement du protectionnisme sur tout le territoire. b) Un pays d’essor privilégié par la seconde révolution industrielle : *La naissance d’un nouvel univers technique : La seconde révolution industrielle favorise la concentration : 2% des entreprises prennent en charge 50% de la production industrielle en 1914 et impliquent de plus en plus les banques. *1890 : l’aube du leadership américain : Les Etats-Unis pèsent autant en PIB que le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne cumulés. Leur productivité est la plus forte du monde et la croissance industrielle est le véritable moteur de l’économie. *Une société industrielle, urbanisée, mais inégalitaire : Un glissement géographique s’opère du triangle Boston – New York – Pittsburgh vers la région des Grands Lacs et le Sud. Les villes s’enrichissent en habitants (immigrants) mais vers 1890 1% des Américains concentrent 47% du patrimoine et reçoit 15% des revenus. 1914-1939 : le refus de jouer pleinement le rôle d’une économie dominante a) 1914-1929 : l’émancipation d’une grande puissance *Un pays enrichi par la guerre : Leur revenu national double entre 1913 et 1919, l’excédent commercial explose et deviennent les créanciers de la planète avec 45% du stock d’or mondial. *Les « roaring Twenties » (Les Années Folles): l’égoïsme d’une puissance dominante : i. La crise de 1921 est l’incarnation de cet individualisme américain car en menant une politique déflationniste depuis 1920, ils entraînent une récession qui se répercute au niveau mondial. ii. Dans leur politique monétaire également ils n’hésiteront pas à rompre et de manière unilatérale, l’accord interallié de 1914 entraînant la baisse de la livre et du franc et dégageant pour les Américains des excédents commerciaux et un excédent de la balance des paiements. iii. Cependant il a permit aussi l’avènement de l’âge de la prospérité où la production industrielle augmente de 47% (1922-1929) et la productivité de 3,5% par an grâce à l’expansion du « taylorofordisme ». *Une prospérité fragile et factice : i. Le surinvestissement et la surproduction mettent l’agriculture victime de la fermeture des débouchés extérieurs et font que les profits progresse plus vite que les salaires favorisant, à partir de 1926, la spéculation boursière (cours des actions multiplié par 2,4 entre 1926 et 1929). ii. La persistance du chômage en période de prospérité remet en cause le taylorisme et pose des quotas à l’immigration et font rentrer les Etats-Unis dans le protectionnisme à partir de 1922 (tarif Forney-Mac Cumber). b) Les années 30 : « sauvegarder l’Amérique d’abord » *La fin du mythe de l’irréversibilité de la prospérité : i. Le krach boursier d’octobre 1929 ruine les banques qui stoppent le crédit, transférant la crise à la sphère productive : chute de la production, chute des prix et explosion du chômage (25% de la population active) ii. Le président Hoover lance une politique de « coopération volontaire » qui fut un échec. *Le New Deal, une solution spécifiquement américaine : i. Roosevelt se montre pragmatique et lance deux vagues de New Deal : 1933-34 : sauver le capitalisme avec l’appui des milieux d’affaire, un second où les syndicat font parti du « Triumvirat du pouvoir économique » (Big Labour, Big Business, Big Governement). ii. La dévaluation de 1934 limite les dettes et les importations donc le chômage. *Une politique qui ne permet pas de sortir de la crise : En 1939 les Américains sont toujours dans la crise : agriculture déplorable, investissements faibles, chômage persistant, production industrielle toujours inférieure à celle de 1929. Roosevelt impose donc un renforcement considérable de l’action économique et sociale de l’Etat et heureusement, les litiges internationaux font des Etats-Unis le refuge de l’or. Le New Deal : une révolution tranquille a) Des mesures inspirées par le pragmatisme *La remise en route de la machine économique : les « Cents jours » : i. Il s’agit tout d’abord de « réamorcer la pompe » en assainissant le système bancaire, en contrôlant la bourse, dévaluant le dollar et en lançant un programme de grands travaux financé par la baisse de traitement des fonctionnaires et un emprunt fédéral. ii. La relance de la production industrielle passe par la RTT (35 heures), une augmentation des salaires et l’accord aux industries de conclure des alliances par le biais du NIRA (National Industrial Recovery Act). iii. L’agriculture fera l’objet de réforme (AAA : Agricultural Adjustment Act) qui réajuste les revenus des Farmers par la dévaluation et l’inflation, réduit les surfaces cultivées pour lutter contre la surproduction et garantit les prix. *Un souci d’équité sociale pour sauver le capitalisme : Le Social Security Act lance une tentative de redistribution sociale, le Wagner Act impose un contrepoids à la puissance du patronat et fait de l’Etat l’arbitre des relations du travail et la réinsertion des chômeurs rentre dans le cadre des grands travaux. b) Le choix d’une voie moyenne entre libéralisme débridé et dirigisme étatique *Le New Deal, des anticipations pour le futur : On assiste à l’émergence d’un syndicalisme de masse (AFL-CIO), d’une politique des revenus et à l’élargissement des pouvoirs du président. Mais un système de sécurité sociale inachevée, une discrimination raciale toujours là et augmentation de la concentration malgré certaines tentions avec le Big Business. *Le New Deal, une révolution pacifique : Il apparaît comme un néo-capitalisme progressiste en ce sens qu’il constitue une voie moyenne entre capitalisme libéral et planification dirigiste et il accroît le rôle du président. *Le New Deal, une reprise tardive et fragile : i. Le redressement n’apparaît qu’à partir de 1935 et n’empêche pas la rechute de 1937-38 et la production industrielle de 1939 n’atteint jamais que 83% de celle de 1929. ii. Les résultats sont inférieurs à ceux des autres pays avec un taux de croissance annuel sur 1929-1937 de 0,1% pour les Etats-Unis contre 2,3% en Angleterre et 2, 8% en Allemagne. iii. Le chômage et la faiblesse de l’investissement perdurent. Au total, le New Deal a permit d’empêcher une révolution majeur contre le capitalisme aux Etats-Unis mais les responsabilités des Etats-Unis à la surface du globe ne sont pas encore claires. 1941-1953 : La victoire totale de la nouvelle économie dominante a) Une aptitude parfaite à gérer une économie de guerre *La mobilisation du pays sous l’égide du gouvernement : i. L’Etat renforce son dirigisme par l’organisation de la production de guerre et l’effort de recherche. ii. Les entreprises privées sont aussi sollicitées par le gigantisme des demandes militaires qui demandent en outre une forte concentration. *Les Etats-Unis, bénéficiaires du conflit sous tous les plans : i. La production industrielle explose grâce aux demandes militaires (chars, avions et navires) et à leur supériorité technique. ii. La consommation ne cesse de progresser alors que les pertes humaines sont très réduites. iii. les techniques de pointes sont stimulées par la guerre qui déclenche ainsi la troisième révolution industrielle. *Une reconversion globalement réussie : i. La reconversion vers le retour à une économie de paix s’appuie sur le marché intérieur (épargne de la guerre), sur la demande externe de reconstruction et sur l’essor des services publics. ii. Mais cette reconversion a donné lieu à l’inflation, la récession et au chômage. b) Un pays transformé et stabilisé par la guerre : l’avènement d’un siècle américain *Les Etats-Unis, seule superpuissance en 1945 : i. Ils assurent 50% de la production mondiale face à des économies anéanties (Allemagne, Japon, URSS). ii. Ils imposent leur conception du système monétaire international en 1944 en détenant 66% du stock d’or mondial. iii. Le plan Marshall de 13 milliards de dollars accélère le redressement de l’Europe qu’ils orchestrent. *Le Fair Deal : l’intervention de l’Etat définitivement acceptée : C’est la période du Welfare State qui ouvre une période de prospérité de 1947 à 1953. Les phases d’expansion sont plus longues avec une guerre froide qui permet le développement d’un complexe militaro-industriel. *Les Etats-Unis, créateurs d’un nouveau modèle de capitalisme libéral : L’efficacité des grandes entreprises justifient les oligopoles et limite la lutte antitrust et constituent une source au progrès technique (1% des firmes réalisent 85% de le recherche). 1953-1973 : L’âge d’or du keynésianisme a) De la « république impériale » à l’Amérique blessée *Eisenhower : la voie moyenne ou le « conservatisme progressiste » : i. Il hésite dans le choix de ses politique avec le stop and go qui fait alterner les politiques de relance et les politique restrictives. ii. Le problème de surproduction dans l’agriculture perdure et celui du chômage technique du à l’automation apparaît. iii. La confiance dans le dollar perd de la vitesse et se transforme en défiance à cause du faible excédent commercial et de la balance des paiements négative. *Kennedy Johnson : la « New Economics » ou le keynésianisme triomphant : i. Le keynésianisme est systématique et ceci se vérifie par le déficit budgétaire, les allègements fiscaux et l’extension de la législation sociale (Civil Rights Act). ii. Le bilan est mitigé : avant 1966, réussite, après moins à cause de tendances inflationnistes du déficit croissant et de la remise en cause du dollar. *Nixon, un libéral contraint à l’interventionnisme : Il doit effectuer un choix entre chômage et inflation, il choisira d’abord une politique monétariste puis ensuite une politique interventionniste, suspend la convertibilité or du dollar et le dévalue deux fois (71, 73) mais en 73, reprise de l’inflation et du taux de chômage. b) De l’Amérique des certitudes à la crise d’identité *L’apogée du capitalisme américain : La concentration a permis entre 1950 et 1965 au PIB de doubler et les fluctuations sont lissées. *L’essor d’une société d’abondance : i. Le baby boom offre de nombreux consommateurs à l’appareil productif qui profitera du keynésianisme, de la publicité et de l’expansion du crédit pour profiter d’une consommation importante. ii. Le keynésianisme réalise le plein emploi avec un taux de chômage inférieur à 5%. iii. La classe moyenne devient celle des « cols blancs » et son niveau de vie augmente avec un taux d’équipement qui explose (télévision, réfrigérateur, lave-linge). *L’envers du rêve américain : l’Amérique du doute : La contestation de l’American Way of Life se généralise dans la deuxième moitié des années soixantes avec la révolte des minorités noires, les protestations contre la guerre du Vietnam et la montée des mouvements féministes. F. 1973-1980 : une Amérique qui doute La stagflation PNB (dollars) 3,6% 1967-1973 2,6% 1974-1980 Inflation 4,5% 9,0% Taux de chômage 4,6% 6,8% Les Etats-Unis abordent les années 70 dans des conditions difficiles : choc pétrolier, glissement du dollar, pénétration accrue du marché intérieur et la stagflation ouvre la voie au retour de l’idéologie libérale. a) Le Mal américain (Michel Crozier) : mes Etats-Unis face à l’essoufflement du fordisme *Le déclin de l’économie dominante ? L’économie américaine est fragile : son déficit commercial se creuse entre 71 et 76 entraînant un déficit de la balance des paiements courants qui provoque la dépréciation du dollar à 3,95 francs en 1979. Mais ils ont relativement peu souffert du choc pétrolier : 5 majors sur 7 sont américaines et ils sont faiblement dépendant en pétrole. *Un retour du stop and go ? Ford handicapé par les séquelles du Watergate louvoie entre une politique de lutte contre l’inflation et une nécessité de réduire le chômage. Carter augmentera les dépenses sociales, accorde des faveurs fiscales aux entreprises et donc accroît le déficit budgétaire et l’inflation. *1973-1980 : crise ou croissance molle ? L’enracinement dans l’inflation sonne comme une crise, l’échec des politiques également mais la croissance des Etats-Unis de 2,6% par an est plus forte que ses concurrents (sauf Japon) et la création d’emplois aux Etats-Unis (+20 millions) est la plus forte au monde. b) L’Amérique victime du « syndrome anglais » *La décennie de l’érosion du leadership américain : Au niveau diplomatique, les Etats-Unis rencontrent des difficultés (Nicaragua, Afghanistan, Iran), et au niveau économique, la productivité ne cesse de décroître et le marché intérieur de se faire pénétrer. De plus le pouvoir d’achat stagne sur toute la période 70-80. *Une difficile adaptation aux contrainte de la troisième révolution industrielle : Face aux technologies nouvelles, les Etats-Unis n’ont pas su adapter leurs modes de production comme le Japon et sotn restés ancrés dans le fordisme. Cependant, la prise de relais de la Sunbelt sur la Manufacturing Belt et le développement de firmes multinationales qui suivent le mouvement de mondialisation de l’économie nous conduisent à relativiser le déclin américain. *La marche vers la révolution conservatrice : i. Le Welfare State est dénoncé comme étant trop coûteux (bureaucratie, réglementation, fiscalité) et comme favorisant une mentalité d’assistés. ii. La révolution conservatrice s’appuie sur le monétarisme de l’école de Chicago (Friedman) qui vise à lutter contre la « Grande Inflation » et sur la diminution de l’impôt. iii. En 1979, Paul Volcker est nommé à la tête de la FED pour engager un processus de déréglementation et propose un programme de réarmement. Donc depuis 73, les déboires américains ont lourdement endommagé son prestige international. G. 1980-1992 : La réaction libérale « America is back » L’élection triomphale de Reagan en 1980 traduit l’adhésion des américains à un nouveau message idéologique (le « nouveau conservatisme ») et économique (la théorie de l’offre). La relance américaine abandonne le keynésianisme et le Welfare State pour un « Amérique au travail. a) « La « reaganomie » : un New Deal à l’envers ? » (Christian Lix.. euh... Stoffaës) *Une volonté de rupture avec le keynésianisme : i. Le keynésianisme a échoué pour trois raisons : à cause de la hausse des dépenses publiques, de la hausse de la pression fiscale pour freiner l’inflation et de l’intensification de l’intervention étatique et du découragement du travail, de l’épargne et de l’investissement. ii. L’économie de l’offre démentie le keynésianisme qui surestime l’effet de multiplicateur des dépenses publiques à cause de l’augmentation de la pression fiscale (plus assez d’épargne) et on verra donc le retour en force du monétarisme. *Le New Era : « Si vous le voulez, vous le pouvez » (Reagan) : i. Reagan renoue avec les valeurs traditionnelles de l’Amérique (travail, épargne, investissement) et affirme que « L’Etat de résout pas les problèmes, il est le problème ». ii. La révolution conservatrice repose sur la déréglementation, sur une réforme fiscale, sur un programme de réarmement et sur la réduction des transferts sociaux. *Un libéralisme qui n’est pas exempt de contradiction ou d’excès : i. Malgré la politique monétaire restrictive le déficit budgétaire atteint des records et ce à cause de la récession de 81-82, des dépenses militaires et de certaines dépenses sociales injustifiées (Medicare). ii. Les inégalités régionales et sociales s’accroissent. iii. L’économie américaine ne démord pas de son égoïsme et ses taux d’intérêts élevés font subir à l’économie mondiale une déflation de grande ampleur et ruine des pays comme le Mexique en augmentant leurs dettes. b) Le refus du déclin : un rebond du leadership américain *La plus longue phase d’expansion des Etats-Unis (1983-1990) : i. C’est une phase de croissance rapide avec une inflation jugulée, une modération des salaires et une forte création d’emplois. ii. L’augmentation des taux d’intérêt élimine les entreprises les moins performantes et la baisse de la fiscalité permet des vagues d’investissements massives. *Les limites du renouveau : i. Une économie de casino entraîne par la stimulation artificielle de la bourse (allègements fiscaux et raiders) le krach de 1987. ii. Les contrastes sociaux se détériorent : 14% de pauvres en 1992, violence urbaine, développement de la drogue et détérioration de l’enseignement. *L’armement au cœur de la reprise reaganienne : Une reprise « militaro keynésienne » avec 402 milliards de dollars dégagés en 1988 pour le Pentagone ce qui stimule les industries de pointe (mais pas les industries moyenne Vietnam). H. L’Amérique de Clinton : « Putting people first » a) Le plan Clinton : une volonté de reconstruire l’Amérique *Une réhabilitation du rôle de l’Etat : i. A cause de : la dégradation des finances publiques, des mauvaises performances du système éducatif, du système de santé inefficace, du délabrement des infrastructures et des menaces sur l’environnement. ii. Pour enrayer le déclin des Etats-Unis en matière de productivité. iii. L’Etat ne doit pas être un arbitre mais celui qui met en place le cadre favorable à l’initiative privée. *La restauration d’un potentiel de croissance : i. L’accent est mis en priorité sur les investissements et un effort tout particulier est porté sur la R&D pour les gains de productivité. ii. Clinton va réindustrialiser le pays en nouvelles technologies et tourne la R&D vers le civil. iii. Au total, L’économie américaine atteint les 3% de croissance en 1992 dans un contexte faiblement inflationniste. b) Un président démocrate qui échoue dans le domaine social *Huit ans de croissance ininterrompue… i. L’ère Clinton avec 28% des richesses crées en huit ans est en passe de battre en 1999 le record Kennedy-Johnson en matière de longévité de croissance. ii. Plus de 20 millions d’emplois sont créés pendant ces huit ans, ce qui amène le taux de chômage à 4,2% en 1999 et ce plein emploi n’engendre pas d’inflation. iii. Mais l’Etat s’endette et la balance des paiements courants devient déficitaire. *…Mais la société va mal : La tentative de réforme du système de santé échoue au congrès, les inégalités s’accroissent, la pauvreté touche encore 13% d’Américains en 1997 et un nouveau clivage s’établit entre les underclass aux emplois précaires et les nantis. *Une implication croissante de l’Etat dans le commerce extérieur : i. On choisit une politique agressive en matière d’exportations pour protéger l’emploi américain et les conflits commerciaux s’intensifient. ii. Une certaine hypocrisie commerciale se développe également avec la proposition d’élargissement de l’ALENA à l’Amérique du Sud et l’Uruguay Round inclus une clause d’exemption permettant aux EtatsUnis de s’affranchir des contraintes de l’OMC. I. Les années 90 : le nouvel âge de l’économie américaine ? a) Une économie américaine triomphante *Une croissance qui a toutes les apparences de la perfection : i. Une croissance modérée (3,2% par an) et régulière. Elle ne comporte pas d’à-coups et elle est supérieure à celle de « l’Âge d’or » (60-67) malgré la crise mexicaine et asiatique. ii. Une croissance sans inflation… grâce à la faiblesse des coûts salariaux, à la baisse des charges d’intérêts et à des facteurs externes comme la baisse du prix des matières premières et de l’énergie. iii. Une croissance fortement créatrice d’emplois qualifiés. 20 millions d’emplois sont créés depuis 1991 grâce à une grande fluidité du marché du travail et donc le taux de chômage (4%) atteint des valeurs record. *Les Etats-Unis, prototype de la « nouvelle économie » : i. Une révolution technologique bouleverse l’entreprise où l’ordinateur accélère le processus de production imposant une rupture avec le fordisme. L’entreprise tend à devenir une nébuleuse avec un noyau dur, un premier cercle de sous-traitants et un deuxième de prestataires de services (externalisation). ii. La diffusion des NTIC (Nouvelles technologies de l’information et de la communication) est une caractéristique majeure de la troisième révolution industrielle. Ils sont centrés sur l’immatériel (logiciels, brevets, publicité, R&D) mais n’engendrent pas une grande croissance de la productivité. *Une nouvelle économie qui remet en cause des idées reçues : i. Négation de la courbe de Phillips : le lien fixe entre chômage et inflation (NAIRU) est démenti puisque le taux de chômage de 4% n’entraîne pas l’inflation. ii. Malgré de forts investissements dans les NTIC, la productivité est faible cause de la substitution du capital (ordinateur) à un autre capital et à un mode de calcul de la productivité prenant en compte des critères quantitatif et pas qualitatifs. iii. Mais les NTIC ont permis le redressement des secteurs en difficulté (automobile, composants électroniques). b) Une économie irrationnelle conduisant inéluctablement à la crise *Une aggravation des inégalités menaçant à terme ma cohésion de la société : La nouvelle économie écarte les minorités noires et hispaniques et ses secteurs moteurs sont les seuls à connaître une hausse de salaire provoquant une érosion de la classe moyenne *L’Amérique vit-elle au dessus de ses moyens ? i. De plus en plus de ménages s’endettent pour consommer et l’épargne chute et donc un retournement de conjoncture pourrait avoir un effet dévastateur sur la consommation, principal moteur de l’économie. ii. Le déséquilibre extérieur menace et si la reprise en Europe et en Asie reprenait, leurs capitaux fuiraient alors les Etats-Unis dont la balance des paiements est négative. 2. La population active américaine A. La « Great Job Machine » : vers un dualisme du marché du travail ? Si depuis 1973, les croissances des Etats-Unis et de l’Union Européenne sont comparables, l’emploi américain a progressé de 66% jusqu’en 1999 et seulement de 5% dans l’Union Européenne. a) Une tendance au plein emploi liée à une transformation des structures productive *Une croissance génératrice d’emplois : Il suffit aux Etats-Unis une croissance de 0,15% pour créer des emplois contre 1,18% en France et de plus la stabilité du rythme de croissance incite davantage les entrepreneurs à créer des postes rentables sur le long terme. *Le « just in time » appliqué à l’homme : À côté d’un noyau stable de main-d'œuvre, les entreprises américaines ont à leur portée la possibilité d’embaucher à faibles coûts et sans contrainte une main-d'œuvre non qualifiée (femmes, moins de 20 ans et main-d'œuvre du secteur informel). b) L’emploi stable, une notion en voie de disparition ? *D’énormes efforts de rationalisation liés à la concurrence externe : i. L’industrie manufacturière est destructrice d’emplois pour un temps de travail annuel le plus élevé des PDEM et de manière générale, l’industrie allonge la durée de travail plutôt que de créer des emplois. ii. Les emplois qui glissent du secondaire vers le tertiaire sont en moins bien rémunérés ensuite. *Une précarité de l’emploi en forte progression : i. Le travail à temps partiel augmente : 14% en 1970, 23% en 1999 contre 17% dans l’Union Européenne et le travail temporaire aussi. ii. Si le plein emploi était autrefois assuré par la consommation de masse, les hauts salaires et le Welfare State, il l’est aujourd’hui grâce à l’inégalité des qualifications, c'est-à-dire à la forte proportions de peu qualifiés et peu payés. *Les risques de l’émergence d’une société duale : i. Le nombre de personnes en dessous de seuil de pauvreté et aillant un travail augmente et donc le nombre de « working poors » atteint 18% de la population active en 1999. ii. Ce sont les classes moyennes qui souffrent le plus de cette dualité du travail. B. Les limites de la « Great job machine » a) Une croissance confrontée au dilemme productivité-emploi *Le choix des Etats-Unis : une faible croissance de la productivité : Les services étant moins exposés à la concurrence internationale, ils créent plus d’emplois et permettent la reconversion des emplois industriels grâce à une productivité faible. *Un affaiblissement de la capacité du tertiaire à créer des emplois : i. Si les entreprises ont vécu jusque dans les années 70 sans pression concurrentielle, la déréglementation reaganienne conduisent les entreprises américaine à prendre en compte leur productivité : le groupe monopolistique de télécommunication ATT doit en 1984-85 licencier 35 000 emplois. ii. La tendance à l’internationalisation et la compétitivité de nouveaux marchés comme l’Asie dans la saisie informatique oblige bien souvent à la délocalisation. b) Une compétitivité américaine compromise dans l’avenir ? *Une main-d'œuvre de moins en moins adaptée aux besoins de l’économie : i. Selon le Hudson Institute avec des niveaux de qualification allant de 1 à 6, le niveau moyen des Américains serait de 2,6 alors que les emplois créés exigent un niveau moyen de 3,6. ii. De plus les orientations des étudiants dans les grandes universités (droit, finance) correspondent peu avec les besoins des entreprises (ingénieurs). iii. Lawrence Mishel, économiste du travail, stigmatise les dysfonctionnements du système éducatif actuel : « Nous avons un système industriel conçu par des génies pour des imbéciles et un système éducatif qui y correspond » (J’adore !!!). *Une main-d'œuvre peu motivée et trop mobile : i. L’organisation taylorienne du travail engendre des bas salaires et démotive le personnel. ii. Les employés restent en moyenne 7,5 années dans leur entreprise contre 11 en France ou au Japon. Donc en plus d’un mauvais système éducatif, les patrons refusent d’investir dans une formation pour leurs salariés et préfèrent délocaliser vers les NPI. *Une aggravation des inégalités salariales : Si la Great Job Machine a créé plus de 35 millions d’emplois, ces emplois creusent de plus en plus d’inégalité entre les travailleurs qualifiés et les non-diplômés : écart médian de 40% en 1980 et de 85% en 1999. Le risque d’emplois bien rémunérés aux Etats-Unis compromet le maintien d’une consommation prospère et accentuera la baisse d’épargne. C. Le chômage : un état passager Depuis 1890, le chômage américain a oscillé entre 1,2% (1944) et 25% (1933) avec une moyenne de 5,5%. Les politiques d’emploi ont hésité entre une politique volontariste et la confiance dans les mécanismes du marché. a) D’amples variations pour un chômage globalement modéré *De 1890 à 1997, des taux fréquemment proches de 5- 6% : Les périodes de fort chômage correspondent aux crises, tandis que les périodes de plein emploi correspondent aux guerres. *Un chômage relativement sélectif : i. Les plus sévèrement touchés sont les minorités ethniques, les jeunes et les travailleurs manuels mais aucune différence entre les femmes et les hommes (mais c’est injuste !). ii. Les régions du Sud voient leur chômage se réduire. iii. La durée moyenne de chômage est plus faible aux Etats-Unis (4 mois) que dans les pays de l’OCDE (15 mois en France). *Un chômage reflet de la conjoncture des politiques économiques : i. Une grande sensibilité à la conjoncture (crise de l’automobile, réduction des budgets militaires). ii. Le post baby boom provoque une diminution des jeunes sur le marché du travail. b) Assistance ou traitement social : du Welfare au Workfare State. *Des politiques keynésiennes de stimulation de la demande : i. Le New Deal -1962- (intégration des plus défavorisés dans le monde du travail), le vote du CETA 1973- (politique globale d’emploi) et le projet Clinton de 1994 de financement de grandes infrastructures. *Une réaction néo-libérale dans les années 80 : i. Le déficit est creusé, l’inflation galopante et le gouvernement est accusé de mettre en place une politique d’assisté. ii. Une assurance chômage (aide de 26 semaines). *Une plus grande souplesse du travail dans les années 90 : La faiblesse de la législation et la grande mobilité de la main-d'œuvre permet aux entreprise d’ajusté judicieusement le volume d’emplois à la conjoncture (principe de « destruction créatrice » : licenciements et création d’emplois massifs). 3. L’agriculture A. Une agriculture fortement soutenue par l’Etat Le ministère de l’agriculture américain (USDA) emploie 110 000 personnes et dispose d’un budget annuel de 55 milliards de dollars (1998) et le complexe agro-industriel embauche 10 millions d’américains soit 15% des actifs et produit 18% du PIB. Cette performance du secteur agricole est à rattacher à l’interventionnisme étatique qui s’est développé depuis les années 30. *Une volonté de combiner revenu équitable et efficacité économique : i. L’absence de l’intervention de l’Etat sur le marché agricole allègerait certes ses dépenses directes, mais il deviendrait difficile d’ajuster l’offre à la demande, entraînerait des coûts sociaux importants et la dégradation des sols. ii. L’effondrement des prix agricoles des années 20 a conduit au vote de l’AAA en 1933, destiné à restreindre la production. iii. L’USDA réserve 1 milliard de dollars par an à la recherche fondamentale. *Des agriculteurs bénéficiant d’un triple système de soutien : Le loan rate (permet d’écouler la production), le deficiency payment (paiements compensatoires) et des crédits à l’agriculture. B. Les Etats-Unis : protectionnistes à l’intérieur, libéraux à l’extérieur a) Une longue tradition de protectionnisme agricole *Un arsenal législatif et réglementaire efficace : i. En 1951 est votée une loi permettant à l’Administration de limiter les importations sans se préoccuper des accords internationaux signés. ii. Depuis l’AAA, certains produits sont contingentés (lait, sucre, viande). *Une production agricole analogue à celle de l’OCDE : i. Trois groupes de pays : les libéraux, les pays où la charge est assumée par le contribuable essentiellement et les pays où le consommateur est encore largement responsable du soutien (Union Européenne, Japon). ii. Dans les pays de l’OCDE, les agriculteurs sont largement subventionnés grâce à l’ESP (Equivalent subvention à la production). *Un instrument de rétorsion : le Super 301 de 1988 : Pour réprimer les cas de concurrence déloyale (Colza dans l’Union Européenne), et pour modifier les taxes douanières sur certains produits. b) Une agriculture à la conquête des marchés mondiaux *Une politique volontariste de conquête des marchés extérieurs : i. L’agriculture représente 9% des exportations américaines avec un excédent de 22 milliards de dollars. ii. L’aide alimentaire permet aux américains d’imposer leurs produits dans les PED. *La mise en place d’une arme verte : i. On assiste au développement d’un agro-impérialisme qui implante de nouvelles surfaces agricoles en Amérique centrale ou qui délocalise pour des conditions de production meilleures (Bananes en Amérique latine). ii. On utilise même l’agriculture comme une arme politique avec l’embargo contre l’URSS (1980). C. Les relations agricoles Etats-Unis/CEE :Guerre ou paix ? a) De la dépendance à la concurrence : la montée de la confrontation Etats-Unis/CEE *Une montée des tensions jusqu’en 1986 : i. Certains produits sont sous la protection financière de la PAC mais le soja et le protéagineux sont encore majoritairement américains. ii. Le boom des exportations en 72 et prolongé jusqu’en 79 permet un accord tacite entre les deux forces et les Etats-Unis tolèrent les principes de la PAC. iii. Après 1980 cependant, les subventions à l’exportation de la CEE enclenche une guerre commerciale où les Etats-Unis s’incrustent dans les marchés favoris des européens (Afrique du Nord). *Une position de force dans un secteur jugé essentiel : Dans un contexte de surproduction, les exportations sont essentielles pour la prospérité du complexe agroindustriel. *L’essor d’une guérilla commerciale : Face au gonflement de leurs stocks les américains préconisent une libéralisation des échanges (même si ils continuent de protéger certains produits). Mais la sagesse européenne demande une régulation de la concurrence par les prix. On débouche donc sur des conflits à cause de la pénétration du vin européen sur le marché américain ou de celle du soja sur le marché européen. b) L’agriculture, une des priorités de l’Uruguay Round *L’Uruguay Round, un conflit essentiellement américano-européen : Bien que l’agriculture ne représente que 10% des échanges mondiaux, ils sont une priorité pour les EtatsUnis, désireux de relancer l’industrie agro-alimentaire, pour cela ils veulent une ultralibéralisation des échanges, ce à quoi s’oppose la PAC. *Les principaux points du contentieux agricole : i. La réduction des subventions à l’exportation : les Etats-Unis veulent que l’Union Européenne supprime ses subventions sans accepter de le faire eux-mêmes. ii. La réduction du soutien interne aux agriculteurs : l’Union Européenne propose une modeste réduction du soutien, mais les Etats-Unis voudraient que cette réduction soit du double. L’Union Européenne demande aussi l’abandon de certains articles du Super 301. *Un accord laborieux qui ne démantèle pas le soutien à l’agriculture : L’accord de Blair House de 1993 ne résout en rien le problème et même conforte la puissance des deux agricultures américaines et européennes au détriment de celle des PVD et des cairns (les libéraux, les vrais). 4. L’industrie à la recherche d’une compétitivité perdue A la fin du XIX° siècle, l’industrie américaine s’élève au premier rang mondial. Le « tayloro-fordisme » fut la référence jusqu’à la crise de 70 où les gains de productivité, la compétitivité et l’émergence de la concurrence fait craindre une grande panne de l’industrie américaine. A. L’Amérique en voie de désindustrialisation ? Dépendance de gros clients ou de programme publics Faible ouverture au client Faible standardisation Coûts élevés Faible modernisation des PME Pénétration étrangère Vieillissement de l’éco. Pertes de parts de marché Cercle vicieux de l’industrie américaine des années 80 Intégration industrielle et financière Articulation avec l’Etat Accès à un capital bon marché Maîtrise du marché domestique Développement rapide de la consommation de masse Baisse de prix accélérée Force l’alignement des concurrents qui… Pertes financières en maintenant leurs investissements Réduisent leurs investissements Baisse progressive de la compétitivité Gains de parts de marché Articulation des stratégies financières et industrielles des entreprises japonaises Les Etats-Unis n’assurent plus que 30% de la production industrielle dans les PDEM contre 60% en 1945. a) La fin du « made in America » ? *Des signes inquiétants de recul industriel jusqu’au milieu des années 80 : i. La part de l’industrie dans le PIB américain chute avec l’emploi industriel ET la productivité. ii. En effet on assiste à la fermeture de nombreuses usines surtout dans la Manufacturing Belt. *Une remise en cause de la domination industrielle des Etats-Unis : i. Les Etats-Unis passent d’une situation où ils dominent le marché intérieur comme extérieur à une situation où même leur marché intérieur se fait pénétré par les capitaux étrangers. ii. Le déficit dans les échanges industriels supplante l’équilibre qui régnait encore dans les années 70. *Un déclin contrasté selon les secteurs : Les secteurs traditionnels implosent et perdent des parts de marché considérables. Cependant, grâce à l’avancée informatique, l’armement, l’informatique, l’aéronautique résistent bien. b) La mauvaise gestion, source du déclin industriel *Les freins à l’amélioration de la productivité industrielle : i. L’éducation qui affecte les ressources humaines ii. L’industrie américaine consacre des moyens très importants à la modernisation de l’outil de production pour des résultats décevants : de lourds investissement sans gains de qualité ni de productivité. iii. La prédominance du « now nowism » : priorité des entreprises pour la rentabilité immédiate en vue de satisfaire l’actionnaire au détriment d’une amélioration à long terme des procédés de production c'est-à-dire de méthodes novatrices. * « Pas de déclin technologique, mais un problème de transfert vers le marché », (Aubry, ambassadeur de France à Washington) : Les Etats-Unis (R&D) ont choisi les technologies les plus complexes qui ne sont accessibles qu’aux plus grandes entreprises et les PME vieillissent et deviennent obsolètes ce qui gonfle les importations. * « Une industrie qui se vide de son contenu », Akio Morita, ancien PDG de Sony : La R&D aux Etats-Unis n’est pas intégrée à la production ce qui conduit à la multiplication des défauts et ce sont les japonais qui profitent le plus souvent des nouvelles inventions américaines (TVHD). B. L’industrie américaine sur la voie du renouveau a) Des entreprises à la recherche d’un ajustement compétitif *Une réaction spectaculaire face au choc des années 80 : i. Un effort d’investissement soutenu (automobile par exemple) qui relance la production et une augmentation des capacités. ii. Les firmes renoue avec une très forte concentration et recentrent sur leurs activités d’origine après leur éparpillement. iii. Mais ceci engendre la fermeture de nombreuses unités, la baisse de pouvoir des syndicats et l’adoption de méthodes modernes. *Une modification en profondeur du paysage industriel : i. Le textile stagne, la production automobile explose et l’informatique explose puissance l’infini. ii. La Sun Belt attire les entreprises qui se délocalisent de la Rust Belt. iii. Le mouvement de délocalisation se poursuit jusqu’à l’étranger où 26% du chiffre d’affaires des firmes américaines est réalisé en 1997. b) L’Etat, un acteur essentiel du renouveau industriel américain *Une action dans l’amélioration de l’environnement économique : i. Dans les années 80, le retour au libéralisme donne un cadre favorable au développement industriel et la hausse du dollar et la crise de 1980-82 permet un assainissement des structures industrielles. ii. La R&D, les demandes militaires (IDS, NASA) et les déductions fiscales sont réorientés de manière à fournir d’importants débouchés à l’industrie. *Le libéral-protectionnisme au secours de l’industrie : i. Des organismes sont chargés d’améliorer l’information des entreprises sur le marché extérieur. ii. On protège le marché intérieur principalement grâce aux quotas à l’importation et aux taxes douanières exceptionnelles. iii. Des pressions politico-diplomatiques comme les ventes de Boeing à l’Arabie Saoudite. *Une industrie rénovée : i. Donc l’industrie a retrouvé depuis sa compétitivité avec une productivité supérieure à celle des autres PDEM et les EtatsUnis sont en tête dans les dépôts annuels de brevet. ii. Renouveau que l’on attribue à cinq mesure : l’utilisation efficace de la technologie, les gains de productivité, le développement de la coopération dans l’entreprise, l’assimilation des technologies étrangères, et prise en compte des problèmes de formation. iii. L’industrie américaine si elle n’est pas dominante dans tous les secteurs, elle garde une prééminence dans les industries d’avenir. La crise traversée dans les années 70-80 laisse croire que l’industrie américaine est désormais invincible. En effet, les EtatsUnis se sont spécialisés dans l’industrie de pointe plus que dans l’industrie de masse, fait soutenu par tous les présidents américains depuis Reagan : « Nous devons garder la technologie chez nous » (W. Clinton). C. Les industrie High Tech : une domination contestée ? Peter Drucker : « Les Etats-Unis ont presque achevé le transformation d’une société industrielle en une société du savoir ». En effet, leur puissance se fonde sur les industries de pointe où ils s’efforcent à tout prix de maintenir leur leadership (effort sur la R&D). a) Une domination technologique quasi absolue pendant près d’un demi-siècle *Un environnement exceptionnellement favorable au développement de la High Tech : i. La guerre a stimulé l’effort de recherche et l’armée récupère encore 55% des fonds destinés à la R&D. ii. Le brain drain a également permis de suppléer à la pénurie d’ingénieur et de pourvoir les Etats-Unis en matière grise performante sans coût de formation. iii. Les universités disposent de fonds considérables (Harvard annuellement 1,5 milliards de dollars) *La haute technologie, moteur de la croissance aux Etats-Unis : i. Les industries de pontes recouvrent la plupart des branches motrices de l’économie (aérospatiale, informatique, électronique, nucléaire, biotechnologies…) ii. Elles s’intègrent aussi depuis quelques années dans les industries plus anciennes comme l’automobile où elles ont révolutionné les méthodes de production (ateliers flexibles) et la conception même de la voiture (l’électronique représente 20% du prix). b) L’instrument d’une domination persistante malgré l’émergence de la concurrence *L’avance des Etats-Unis dans les batailles technologiques du XXI° siècle : i. Les grandes universités permettent une main-d'œuvre très qualifiée et bien rémunérée qui s’adapte facilement aux révolutions technologiques. ii. Les industries de pointe assurent une grande partie du commerce : Intel fabrique 76% des puces des micro-ordinateurs et la balance technologique encaisse quatre fois plus qu’elle ne dépense. *Vers un ébranlement de l’hégémonie technologique américaine : i. L’émergence de la concurrence : dans le secteur spatial, les américains se heurtent aux européens, à l’ex-URSS et aux pays asiatiques ; dans l’aéronautique, Airbus gagne des parts de marché sur Boeing. ii. Le manque d’épargne pénalise de plus en plus les investissements dans les entreprises High Tech. *Des réactions pour surmonter des handicaps structurels : i. La perte de l’hégémonie tenait à une recherche civile insuffisante et au copiage des concurrents enlevant l’avance américaine. ii. Donc, à partir de 1984, l’Etat encourage la recherche civile pour retrouver leur hégémonie : « Après la révolution de l’agriculture, après la révolution industrielle, nous sommes à l’aube de la révolution du savoir » (Alvin Toffler). 5. L’ambiguïté des échanges extérieurs Après la Pax Britannica du XIX° siècle, le monde a connu dans la seconde moitié du XX° la Pax Americana qui a permis aux Etats-Unis de s’imposer par leur technologie, leur monnaie, leurs firmes multinationales et leur modèle culturel. Mais les EtatsUnis sont confrontés à l’usure de leur commerce extérieur et enregistrent depuis 1970 des déficits lourds pour leur hégémonie. A. L’émergence progressive d’une grande puissance commerciale Contrairement à l’Europe, les Etats-Unis n’accordent qu’une place secondaire aux échanges et s’appuient sur une longue tradition protectionniste. a) Une économie qui marginalise le commerce extérieur *Un commerce extérieur n’occupant q’une place secondaire : i. Jusqu’en 1914, les Etats-Unis ont un développement essentiellement autocentré et le commerce extérieur ne représente que 6% du revenu national. ii. Dans l’entre-deux-guerres, l’égoïsme américain conduit au repli des Etats-Unis sur leurs frontières et provoque une crise mondiale. iii. Entre 1945 ET 1970, ils n’exportent que 5% de leur production, comptant principalement sur le marché interne. *Un pays traditionnellement protectionniste : Au XIX° siècle, pour se protéger de la concurrence européenne, ils pratiquaient déjà le protectionnisme éducateur. Cette stratégie impliquait des hauts tarifs douaniers (Mac Kinley de 49% en 1890 et Hawley-Smoot de 60% en, 1930 par exemple). *Un commerce extérieur caractérisé par trois constantes : i. Un excédent permanent de 1893 à 1970 qui culmine sur la fin de la période. ii. Une prédominance des articles manufacturés iii. L’implantation de firmes à l’étranger pour garantir certains approvisionnements fondamentaux (café, fer…) b) Un siècle pour passer d’une économie autocentrée à une ouverture relative *1870-1914 : une puissance commerciale sous-dimensionnée : i. Un commerce de type « colonial » jusqu’en 1896 : exportation de produits bruts, importations de produits manufacturés. ii. Commerce centré sur l’Europe. iii. Trois principes guident l’essor commercial : -la doctrine Monroe (1823 : refus de l’intervention européenne en Amérique) -la doctrine « porte ouverte » (rejet des relations de type métropole-colonie) -l’intervention directe (guerre avec l’Espagne en 1898 - ????-) *1914-45 : l’accession au rang de première puissance commerciale du monde : i. Les deux guerres mondiales font des Etats-Unis le grenier de belligérants et l’arsenal des démocraties. De plus l’Europe est terriblement affaiblie dans ses structures. ii. La crise de 1929 les conduit à se protéger et donc l’Europe est d’autant plus en difficulté. *1945-1970 : l’affirmation de la domination commerciale américaine : i. En position de force en 1945, ce sont eux qui imposent leur vision libérale des échanges : Bretton Woods fait du dollar la monnaie de référence. ii. La création de la CEE est une facilité à l’implantation de firmes multinationales. B. Une puissance commerciale planétaire a) la fin de l’hégémonie commerciale américaine ? *Un repli continu mais relatif des exportations : i. Grâce à leur avance technologique, les Etats-Unis 25% des exportations mondiales en 1950 et plus que 10% en 1997. Mais en absolu le commerce américain a fortement augmenté. ii. Un exportateur important de produits bruts même ils ont tendance à laisser place de plus en plus aux produits manufacturés dont part de haute technologie va croissante. *L’irrésistible montée des importations : i. A cause des faiblesses de l’industrie et de la volonté des Etats-Unis de préserver leurs ressources naturelles. ii. Les importations en produit brut ont pourtant diminué, mais surtout grâce à l’agriculture. iii. Les achats de produits manufacturés progressent dans les industries traditionnelles comme dans le High Tech. *Un déficit croissant lié en partie aux délocalisations : i. La dégradation du solde commercial tient en partie à la détérioration du solde industriel qui lui-même provient de la transformation des firmes en firmes multinationales et 15% des importations sont en réalité des réimportations. ii. De plus les filiales des firmes américaines s’approvisionnent à l’étranger ce qui crée un manque à gagner pour les entreprises américaines et déstabilise le solde commercial. b) Une dépendance croissante face au reste du monde *Une importante redistribution géographique des importations : Les marchés d’Asie ne cessent de prendre de l’importance en tant que fournisseur des Etats-Unis, l’Europe maintien ses positions et le Canada reste le premier fournisseur des Etats-Unis. *Une prétention à la direction mondiale des échanges : Ils refusent la fragmentation du monde en blocs commerciaux concurrents et la fondation de l’ALENA et de l’APEC, ils veulent forcer les autres blocs au libre échange. C. Une politique commerciale originale : un libéral-protectionnisme ? a) Un poids croissant de la politique commerciale aux Etats-Unis *La pression politique pour contrôler le commerce extérieur : i. C’est le Congrès qui vote les textes et il est à l’origine des négociations commerciales et promeut le protectionnisme. ii. 50% des exportations sont réalisées par les 100 premiers groupes américains *Une protection du marché intérieur fondée sur trois types de mesures : i. Les pics tarifaires (acier coréen taxé à 60% en 1992), les quotas (aciers…) ou les accords d’autolimitation (automobile). ii. La protection permanente de la production agroalimentaire b) Une ambiguïté séculaire : repli sur soi ou insertion mondiale *Une philosophie commerciale privilégiant « un égoïsme sacré » : i. Les sommets de l’isolationnisme sont atteints dans les années 30, où ils n’ont aucun scrupule à précipiter toutes les économies dans la crise. ii. Ils privilégient leur économie interne par la manipulation du dollar. iii. Malgré leur adhésion au multilatéralisme, ils restent protectionnistes. Il privilégient souvent l’unilatéralisme (section 301), le bilatéralisme (autolimitation) et le régionalisme (ALENA). *Protectionnisme ou libre-échange musclé : le choix offert par les Etats-Unis : i. Les Etats-Unis utilisent leur puissance pour exiger la réciprocité (passage du free trade au fair trade) et tourner les négociations commerciales à leur avantage. ii. La revendication d’un droit au protectionnisme repose sur l’idée que leur marché est déjà très ouvert (20% aux automobiles japonaises contre 11% dans l’Union Européenne). *Vers un maintien du leadership fondé sur la réorganisation du commerce planétaire : i. En 1945, l’adhésion sans condition des Etats-Unis au libre-échange reposait sur leur avance technologique. Mais comme cette avance s’est fortement réduite, ils ont créé le GATT exigeant la réciprocité du libre-échange. ii. Ainsi le libre-échange est maintenu aux Etats-Unis jusque dans les années 90. iii. Après la guerre froide, ils s’intègrent dans le régionalisme en espérant contraindre l’Union Européenne et le Japon à intégrer le même ensemble et donc renouer avec le libre-échange. 6. Le capitalisme américain, un interventionnisme libéral ? A. La grande entreprise, symbole du capitalisme américain Les 10 premières entreprises représentent 13% du PIB en 1999 et les 500 premières 70%, ce qui illustre le système de Big Corporation. a) Une affirmation progressive de la grande firme *Trois vagues successives de concentration marquent le capitalisme américain : i. La période 1870-1930 est l’âge des grands capitaines d’industrie (Rockefeller, Ford…). ii. Les années 60 voient l’édification de grands conglomérats pour gommer la conjoncture mais ils se révéleront inadaptés dans les années 70. iii. Dans les années 80-90 les fusions se multiplient à cause de la concurrence, de la déréglementation et du progrès technique. *Une concentration qui préserve le poids mondial des Etats-Unis : i. Ces vagues de concentration ont permis aux Etats-Unis de rester le leader mondial malgré le rattrapage du Japon et de l’Europe. ii. La vague de fusion des années 80-90 a permis un recentrage sur les métiers de base tout en étant profitable pour les actionnaires. *Les PME, une des composantes du capitalisme américain : i. Le taux de natalité des PME est très élevé mais le quart disparaît au bout de trois ans ii. L’essentiel de ces créations sont issues de la déréglementation et de la politique d’externalisation et concernent avant tout les services. iii. L’élite du « small is beautiful » (3%) est allé droit au succès (Microsoft, Appel) mais ne concerne que la nouvelle technologie. b) De la grande entreprise nationale à l’entreprise mondiale *La grande entreprise à l’origine d’un système organisationnel : i. Elle a permis l’essor du progrès technique (Taylor). ii. Elle a permis des nouvelles techniques de management (« technostructure », business schools). iii. Dans les années 90, elles opèrent des fusions pour éviter l’endettement tout en acquérant une dimension mondiale *La grande entreprise face à des priorités stratégiques successives : i. Première phase : La recherche de l’avantage coût : de 1870 à 1914, l’entrepreneur diminue la concurrence par élimination, cartellisation ou absorption. ii. Deuxième phase : de 1945 à 1990, succès grâce au marketing d’abord puis au conglomérat sur des critères de rentabilité. iii. Troisième phase : depuis 90, les mégafusions permettent un retour aux métiers de base et une externalisation. *La grande entreprise, premier acteur de la mondialisation : i. Dès la fin du XIX° siècle, l’internationalisation concernait les entreprises industrielles (Ford). ii. Après 45, elles favorisent la diffusion du fordisme. iii. Depuis 1973, elles exploitent les compétences là où elles se trouvent. B. Réglementation ou déréglementation : la contestation du rôle de l’Etat a) Un renforcement progressif du rôle de l’Etat en contradiction avec l’orthodoxie libérale *Trois vagues successives de réglementation : i. A la fin du XIX° siècle, des oligopoles (chemins de fer) et des monopoles (Standard Oil) amènent le congrès à légiférer contre les Trusts : (Sherman Act (1890), Clayton Act(1914)). ii. Une seconde vague accompagne le New Deal : l’ampleur de la crise fait accepter le sacrifice de certaines libertés. iii. Dans les années 60-70 : lois sur la protection des travailleurs, des minorités, des consommateurs et de l’environnement. *Une activité réglementaire dont l’application fut inégale : i. La réglementation touche l’organisation des marchés (concurrence), le domaine social et les conditions d’entrée sur le marché (caractéristiques et prix des produits). ii. Sur la longue période, l’application des lois a été relativement laxiste : concentration dans le pétrole, formation des conglomérats (60’). iii. Mais les procès se multiplient et Kennedy obtient l’interdiction des fusions permettant à une firme d’obtenir plus de 5% d’un marché. *Une réglementation d’avoir des effets pervers : i. L’établissement de rentes de situation freine les gains de productivité ii. Lourdeurs bureaucratiques qui engendrent des coûts pour l’entreprise. iii. Mise en place de subventions croisées : les activités les plus rentables doivent compenser les difficultés des moins rentables. b) De Carter à Clinton : la déréglementation en question *La déréglementation, « nouvelle priorité nationale » depuis 1975 : i. La réhabilitation du rôle du marché : on renoue avec la théorie libérale à partir de 1975. ii. Les mutations technologiques rendent les marchés plus concurrentiels. iii. Le nouveau contexte économique après les chocs pétroliers ne permet plus de tenir une grille des prix fixe. *Une dérégulation d’une ampleur contrastée selon les secteurs : i. Le secteur des télécommunications est placé sous l’égide d’un monopole (ATT) ii. On déréglemente le secteur bancaire et celui des transports. iii. Le secteur énergétique connaît une libération progressive.