En d’autres termes, il peut y avoir confusion
entre l’acteur social comme unité de
description et comme unité d’analyse.
Alors, étudier les pratiques banales,
quotidiennes (ce qui ne veut pas dire qu’il
faut oublier le festif, l’exceptionnel, le
« spécial », qui font écho et miroir face au
banal, au quotidien), c’est apporter un
regard différent sur nos sociétés
contemporaines (Desjeux, Garabuau, 1997) :
- Etudier la consommation, c’est se placer
sur un champ en développement et peu
homogène
, en montrant les intérêts de cette
focale thématique, ainsi que ses limites et
ses critiques (l’anticonsommation est elle-
même une consommation).
- Etudier la consommation à une échelle
microsociale, ce n’est pas nier les structures
sociales, mais chercher à comprendre la part
active des acteurs sociaux, dans la relation
structurelle appropriation/contraintes qui
les lient à leur consommation (de Certeau,
1990). En effet, l’œil anthropologique sur la
consommation permet de dépasser l’analyse
en terme d’aliénation (sans la nier) et de
considérer les processus d’appropriations et
de « créations familiales » (Segalen, Le Wita,
1993), dans le cadre domestique. En effet, la
méthode choisie pour appréhender la
consommation est une microsociologie,
A ce sujet, voir Laburthe-Tolra Philippe, Warnier
Jean-Pierre, 1993, qui expliquent que les recherches
sur la consommation se sont particulièrement
développées parallèlement au développement de la
« consommation de masse », après la Deuxième
Guerre Mondiale (pendant les trente Glorieuses).
Historiquement, les recherches auraient d’abord porté
sur la distribution (négoce, marchands, etc.), puis sur
la production (au moment de la Révolution
Industrielle). Notons tout de même que les premières
analyses de la consommation (qui ne s’appelaient pas
encore toujours comme cela) portaient sur la
consommation « ostentatoire » (Veblen Thorstein,
1978 (1ère ed. 1899), Théorie de la classe de loisirs,
Paris, Gallimard), ou sur le lien entre classes sociales
et modes de consommation (Goblot Edmond, 1925, La
barrière et le niveau, Halbwachs Maurice, 1970 (1ère
ed. 1912), La classe ouvrière et les niveaux de vie,
Paris, Gordon and Breach), ou encore sur le lien entre
« civilisation » et culture matérielle (Elias Norbert,
1976 (1ère éd. allde 1939), La civilisation des mœurs,
Paris, Pocket).
compréhensive, inductive, favorisant
l’observation des pratiques et des
interactions, et le développement du
point de vue des acteurs.
- Etudier les pratiques et les
représentations sociales de la
consommation, c’est être au croisement
de différents thèmes de la sociologie et
de l’anthropologie
, comme la famille
(relations conjugales, relations parents-
enfants, évolutions des valeurs, etc.), les
pratiques culturelles et de loisirs, l’espace
(l’univers domestique, l’habitat, l’urbain,
la mobilité, les transports, les territoires,
etc.), les réseaux sociaux, la religion, la
symbolique, et même le travail
. C’est
aussi avoir une vision dynamique de ces
pratiques, en montrant les
apprentissages, transmissions, évolutions
de comportements.
- Analyser les relations sociales autour
de la consommation, c’est non seulement
chercher les liens sociaux (le don,
l’échange, les réseaux, etc.), mais
également les rapports de pouvoir, les
stratégies, les ressources, les inégalités,
les différenciations sociales.
- Analyser les mécanismes sociaux
sous-jacents, c’est comprendre la place
des acteurs sociaux dans la société, et la
manière dont ils s’inscrivent dans les
différents groupes sociaux qui la
constituent. C’est montrer à la fois les
structures, les permanences, et les
évolutions, les dynamiques sociales qui
sont à l’œuvre dans nos sociétés
contemporaines.
Cette « mixité » d’approche permet une richesse
des questionnements, une déconstruction des
notions utilisées par les différentes disciplines,
pour reconstruire des « outils » méthodologiques
et théoriques en cohérence avec un certain regard,
qui se situe au niveau des interactions sociales,
des acteurs sociaux.
On trouve ainsi de nombreux « indices » de
consommation dans les recherches sur la famille,
sans que ce thème soit développé en tant que tel.
Voir Singly (de), 1987 et Singly (de), 2000 (dir).
Par exemple, Anne Monjaret (1997, 1996) montre
la non rupture entre sphère professionnelle et
sphère privée.