Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle L1 -Anglais Culture Economique
M. Latreille Année 2015-2016
Motif de spéculation : dépend des anticipations sur les évolutions futures du niveau des
titres. Plus les taux sont bas, plus la valeur des titres risque de chuter et mieux vaut
conserver de la monnaie que de faire des placements.
Le taux d’intérêt est la rémunération non pas de l’épargne mais de la renonciation à la détention
d épargne sous forme d’actifs liquides. Dans ce deuxième cas, la demande dépend du taux
d’intérêt sur le marché, mais encore plus du taux d’intérêt anticipé (ou de son évolution). Cette
demande est donc fluctuante puisqu’elle repose sur une incertitude majeure (le futur) et donc sur
les anticipations.
L1 est le niveau d’encaisses de transaction (et de précaution) dont ont besoin les agents,
quel que soit i. Si le revenu des agents augmente, la courbe de demande se déplace donc vers la
droite. A partir de L1, la demande dépend de i de façon décroissante. Quand le taux d’intérêt
atteint i2, les agents absorbent toute l’offre de monnaie sous forme liquide, car les taux sont trop
peu rémunérateurs (et les agents anticipent une baisse de la valeur des titres, qu’ils ne veulent pas
acheter –on est dans le motif de spéculation). I2 est nommé le niveau de trappe à liquidité.
L’offre de monnaie, elle, est une constante qui est maîtrisée par les autorités monétaires.
On voit que l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation peut faire baisser les taux
d’intérêt jusqu’à la trappe à liquidité et qu’ensuite cette baisse n’a plus d’effet (situation actuelle).
On peut alors comprendre que le marché monétaire a une influence sur le marché des
biens et services, ou que la sphère monétaire et la sphère réelle sont en relation (il n’y a pas
dichotomie, comme pour les néoclassiques où les phénomènes monétaires n’ont pas d’influence
sur la production physique de biens et services). Par exemple, l’évolution des taux d’intérêt va
influencer l’investissement, donc le revenu et la production globale vont augmenter (par l’effet
multiplicateur) ce qui va modifier d’une part le niveau d’emploi, mais aussi la demande de
monnaie elle-même et donc le niveau des taux d’intérêt. Sphère réelle et sphère monétaire sont
bien imbriquées, la monnaie n’est plus neutre.
C/ L’équilibre sur le marché du travail
Pour Keynes, la demande de travail est une fonction décroissante du salaire réel : il ne conteste
pas le fait que le salaire réel doit être égal à la productivité marginale du travail.
En revanche, l’offre de travail est rigide à court terme, car il y a un plancher en dessous duquel
les salariés ne veulent pas qu’on diminue leur salaire nominal (notamment car ils comparent leurs
salaires entre eux). Le salaire réel moyen est donc une constante car tous les salaires évoluent en
même temps. Ce n’est qu’à partir du moment où on est en plein-emploi que l’offre de travail
augmente avec le salaire, car si tous les actifs sont occupés, une hausse de la demande de travail
s’accompagne forcément d’une hausse du salaire d’équilibre qui crée elle-même une hausse de
l’offre de travail (notamment par appel à la population inactive).
Pour Keynes, le remède classique au chômage qui passe par une baisse des salaires a un effet
dépressif sur l’activité : en effet, les salaires sont un coût pour les demandeurs de travail mais
aussi un revenu pour les offreurs. Si on baisse les salaires, on déprime les revenus, donc la
demande et donc l’activité. L’effet multiplicateur peut même alors jouer à la baisse : moins de
production entraine moins d’activité qui entraine moins de revenus qui entraine moins de
demande et de production, ainsi de suite. Il est alors inefficace de baisser les salaires nominaux.
En revanche, pour Keynes, la hausse des prix peut permettre de baisser le salaire réel moyen et
de stimuler la demande de travail. C’est pourquoi il était favorable à l’inflation et pensait que les
salariés sont victimes d’une illusion monétaire en ne raisonnant que sur leur salaire nominal.
Pourtant, ce n’est pas l’inflation qui peut régler le problème du chômage car elle n’apparait qu’en
cas de pleine utilisation des facteurs de production, donc d’absence de chômage…
Seule une relance de l’activité peut stimuler la demande de travail : les gouvernements
peuvent y parvenir grâce à une politique monétaire couplée à la politique de relance budgétaire.