La science orientale avant les Grecs
La science chinoise
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nous prouve qu’elles ne sont pas volontairement reculées ? Dans
bien des cas, nous pouvons même l’établir de façon péremptoire.
Alors, pour le reste...
Il nous faut donc chercher des indices matériels. Il est bien
malaisé de les trouver, puisque la plupart du temps nous n’avons
que des copies proches de nous, dont on a forcé la chronologie
vers de très lointains reculs.
En Chine, surtout, les très vieux textes nous font défaut,
partant ces indices matériels. Car, à la raison générale du
truquage des dates dans une civilisation qui s’est toujours
continuée s’ajoute une raison particulière et dirimante :
« Entre les années — 480 et — 206, la Chine fut en proie à
une suite de révolutions et de guerres intérieures, qui firent
négliger tous les travaux d’astronomie. Ce fut dans cet
intervalle, en — 213, qu’un des plus grands empereurs
chinois, Thsin-chi-Hoang, fatigué des représentations morales
et peut-être trop routinières des lettrés, toujours appuyées
sur les anciens textes, ordonna, sous peine de mort, de brûler
tous les livres, à l’exception de ceux qui traitaient de
médecine, d’astrologie (conséquemment un peu
d’astronomie), d’agriculture, ou qui contenaient les annales
de sa famille. Toutefois, les mémoires sur l’administration de
l’Empire et les cartes géographiques furent aussi épargnés, ce
qui prouve qu’il y avait de telles cartes. Thsin-chi-Hoang,
ayant vécu encore quatre ans après ce décret, n’eut que trop
de temps pour le faire exécuter, l’imprimerie n’étant pas
inventée alors, puisque même on n’écrivait qu’avec des
poinçons sur des planches de bambou
. Par la réunion de
toutes ces circonstances, lorsque trois années plus tard,
« Ce fut du temps de Thsin-chi-Hoang même qu’un savant homme d’État, nommé
Mong-tien, substitua à cette méthode grossière et pénible l’emploi des pinceaux, de
l’encre et du papier fait avec le tiber du mûrier ou du bambou. »