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THEME 2 : INTEGRATION, CONFLIT, CHANGEMENT SOCIAL
CHAPITRE 2 : LA CONFLICTUALITE SOCIALE : PATHOLOGIE, FACTEUR DE COHESION
OU MOTEUR DU CHANGEMENT SOCIAL ?
« On montrera que les conflits peuvent être appréhendés à partir de grilles de lecture contrastées :
comme pathologie de l’intégration ou comme facteur de cohésion; comme moteur du changement
social ou comme résistance au changement. En s’appuyant sur quelques exemples, on s’interrogera sur
la pertinence respective de ces différents cadres d’analyse en fonction de la nature des conflits et des
contextes historiques. On s’intéressera plus particulièrement aux mutations des conflits du travail et des
conflits sociétaux en mettant en évidence la diversité des acteurs, des enjeux, des formes et des finalités
de l’action collective ».
Acquis de première : Groupes d’intérêt, conflit.
NOTIONS : Conflits sociaux, mouvements sociaux, régulation des conflits, syndicat.
I) COMMENT ANALYSER LES CONFLITS SOCIAUX ?
Introduction
A) Le conflit : pathologie de l’intégration ou facteur de cohésion ?
1°) Le conflit, un facteur de cohésion sociale ?
2°) Les conflits sociaux, signes d’un affaiblissement pathologique de l’intégration sociale ?
B) Le conflit : moteur du changement social ou résistance au changement ?
1°) le conflit, facteur de changement(s).
2°) des protagonistes opposés au changement ?
C) Expliquer le conflit social et l’action collective
II) QUELLES MUTATIONS LA CONFLICTUALITE SOCIALE CONNAIT ELLE ?
A) L’évolution des conflits du travail
B) De nouveaux acteurs et de nouveaux enjeux pour les mouvements sociaux
C) La diversification des formes et des modes d’action
III) COMMENT LES CONFLITS SOCIAUX SONT-ILS REGULES ?
A) L’institutionnalisation et la pacification des conflits sociaux
B) Les modes de régulation des conflits
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I) COMMENT ANALYSER LES CONFLITS SOCIAUX ?
Les conflits sont une composante assez commune de la vie sociale, qui émerge dès lors que des
individus ou des groupes ne partagent pas les mêmes intérêts ou qu’ils ont des points de vue
antagonistes. Ils peuvent prendre une grande variété de formes.
- Doc polycopié :
La diversité de la conflictualité :
1°) Mettez en évidence l’hétérogénéité des motifs des conflits.
2°) Parmi les conflits cités dans le texte, quels sont ceux dont les enjeux concernent le travail ? Ceux
dont les enjeux portent sur des questions sociétales ?
3°) Recherchez des informations sur « les faucheurs volontaires », « le jeudi noir », « Cellatex ».
Conflit : Désaccord, lutte, affrontement dans l’entreprise ou dans la sphère sociale.
- Conflit du travail : Désaccord, lutte, affrontement dans l’entreprise, le plus souvent à propos de
salaire, d’emploi, de conditions et d’organisation du travail et qui se manifestent souvent par des arrêts
de travail. Les conflits sont régulés par la négociation entre partenaires sociaux.
- Conflits social : Lutte, affrontement entre groupes sociaux pour l’obtention d’avantages matériels ou
symboliques. Il est dit sociétal lorsqu’il concerne les valeurs, les institutions, l’organisation de la
société dans son ensemble.
A) Le conflit, pathologie de l’intégration ou facteur de cohésion ?
1°) le conflit, un facteur de cohésion sociale ?
Si les conflits supposent l’opposition entre des groupes, cela ne signifie pas qu’ils affaiblissent
forcément la cohésion sociale : paradoxalement les conflits sont l’occasion de renforcer la cohésion des
groupes participants et de bâtir de nouvelles règles de compromis.
A partir des documents, expliquez en quoi le conflit peut être facteur de cohésion sociale.
1) « (…) Le conflit ne trouble pas toujours le fonctionnement des rapports au sein desquels il survient,
il est même parfois nécessaire au maintien de ces rapports. Quand ils n’ont pas d’issue pour exprimer
leur hostilité les uns vis-à-vis des autres, les membres du groupe se sentent complètement écrasés et
risquent de se retirer. En libérant des sentiments refoulés, le conflit sert à maintenir les rapports (…). »
Lewis A Coser. Les Fonctions du conflit, PUF 1982.
2) « Pour G Simmel, sociologue allemand, il convient de ne pas réduire le conflit à son seul aspect
négatif et destructeur. (…), l’action conflictuelle pouvant être destructrice mais également porteuse de
positivités. Pour Simmel, ce sont les causes du conflit qui séparent les individus, à savoir, la haine,
l’envie, la misère et la convoitise. Le conflit, lui, ne sépare pas mais relie. En lui-même, (…), le conflit
est déjà la résolution des tensions entre les contraires. Qui dit conflit dit relation et non séparation et
indifférence. Bien plus, pour ce dernier, le conflit est un facteur de socialisation, puisqu’il suscite ou
modifie des communautés d’intérêt, des regroupements en unité, des organisations… ».
Sous la direction de Jean Michel Denis ,Le conflit en grève ? , la dispute, 2005.
3) « Il arrive (..) souvent que certains groupes perdent leur unité, parce qu’ils n’ont plus d’adversaires.
(…) L’existence de l’hérésie et de la guerre menée contre elle a incontestablement renforcé le
sentiment d’unité de l’église catholique. Les divers éléments de l’Eglise ont toujours pu voir dans
l’intransigeance de son opposition à l’hérésie une sorte de repère qui, malgré bien des divergences
d’intérêts, leur rappelle son unité. C’est pourquoi la victoire totale d’un groupe sur ses ennemis n’est
pas toujours heureuse au sens sociologique du terme; car cela diminue son énergie, qui garantit sa
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cohésion, et les forces de dissolution, toujours à l’œuvre, gagnent du terrain. On a expliqué
l’effondrement de la ligue Latine, au V°siècle av JC, par le fait que ses ennemis étaient alors vaincus.
Peut-être que son principe de base -d’un coté le respect mutuel, de l’autre le dévouement- n’était déjà
plus tout à fait naturel depuis quelque temps; mais cela n’apparut que lorsqu’elle n’eut plus
d’adversaire commun pour dépasser ses contradictions internes. Il se peut même qu’à l’intérieur de
certains groupes, il soit politiquement habile de veiller à ce que l’on ait des ennemis, afin que leurs
éléments gardent leur unité consciente et active, parce que c’est leur intérêt vital.
Ce dernier exemple nous conduit à cette intensification de la fonction de rassemblement du conflit :
grâce à lui, non seulement une unité existante se concentre plus énergiquement sur elle-même,
éliminant tous les éléments qui pourraient brouiller la netteté de ses contours face à l’ennemi- mais
encore, des personnes et des groupes qui sans cela n’auraient rien à faire ensemble sont amenés à se
rassembler. »
George Simmel, le conflit (1° édition 1908).
Circé, 1992.
Les conflits sociaux sont fondés sur l’antagonisme entre un groupe et l’adversaire qu’ il a identifié ( un
autre groupe, l’Etat…). On pourrait s’attendre à ce qu’ils affaiblissent la cohésion sociale, entendue
comme la force et la stabilité des liens sociaux entre les membres d’un ensemble social.
Pourtant, différents travaux montrent que le conflit peut au contraire avoir pour fonction de renforcer la
cohésion sociale au sein de chaque groupe. Mieux, il peut déboucher sur un compromis ou un accord,
qui réduisent les antagonismes et font émerger de nouvelles relations sociales, lesquelles passent par la
reconnaissance des autres participants.
2°) les conflits sociaux, signes d’un affaiblissement pathologique de l’intégration sociale ?
- L’ analyse de Durkheim.
Intégration sociale : Degré d’appartenance de l’individu à la société, plus une société est intégrée, plus
ses membres partagent des convictions et des buts communs. Elle est assurée par la socialisation.
Phénomène social pathologique : Pour Durkheim, phénomène qui s’éloigne de son type « normal »
par une fréquence ou des manifestations inhabituelles.
Un phénomène est normal quand on l’observe dans la plupart des sociétés d’une espèce donnée situées
à un même stade de développement. Au contraire, le phénomène exceptionnel sera jugé pathologique.
Ex : la criminalité.
Cela revient à considérer finalement qu’un phénomène mesurable statistiquement devient pathologique
quand il connaît une rupture importante par rapport à sa courbe tendancielle.
En situation normale, la division du travail produit spontanément la réglementation qui est nécessaire
aux rapports entre les organes spécialisés de la société. Si les organes sont en relation continue les
uns avec les autres, alors un certain nombre de règles vont régir leurs échanges, ces règles vont
devenir habituelles puis, avec le temps, elles vont se consolider, et devenir obligatoires. Tel est le
schéma idéal conçu par Durkheim.
Mais la réalité peut être tout autre. La division du travail devient anomique lorsque, en raison de leur
manque de contiguïté et de contact, les relations entre les organes ne sont pas réglementées ou ne
le sont pas suffisamment :
Doc polycopié : Les formes pathologiques de division du travail favorisent la conflictualité.
( magnard doc 7 p 262)
- Les émeutes urbaines de 2005, produit de la ségrégation urbaine ?
Doc polycopié. ( Magnard doc 9 p 263)
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On considère depuis E Durkheim ( 1858-1917) que l’intégration sociale désigne le degré
d’appartenance de l’individu à la société, quand chaque membre partage des croyances et
des représentations communes. Une société fortement intégrée offre donc peu de prise aux
conflits sociaux.
Quand le processus d’intégration est affaibli de façon pathologique, c’est-à-dire que l’on
s’éloigne sensiblement du degré normal d’intégration, alors les conflits sociaux se multiplient.
C’est le cas lorsqu’un développement trop rapide de la division du travail déstabilise les
relations entre les groupes sociaux et lorsque la ségrégation urbaine réduit les possibilités
d’intégration des jeunes de quartiers défavorisés.
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B) Le Conflit : moteur du changement social ou résistance au changement ?
Si la première problématique renvoie à Durkheim et à Simmel, la seconde se place dans une inspiration
plus marxiste. Il s’agit de s’interroger sur la place du conflit dans le changement social.
D’où la problématique : Moteur ou refus du changement social ?
1°) Le conflit, facteur de changements(s).
- Analyse du doc Bordas p 260 doc n°2 « La lutte des classes comme moteur du changement social ».
Les conflits sociétaux sont également source de changement social. Les femmes ont longtemps
revendiqué le droit de vote, elles l’obtiendront en 1945. La contraception, comme le droit à
l’avortement…. sont également le fruit de luttes sociales.
- Le conflit comme révélateur du changement social : l’exemple de mai 1968
Doc Bordas p 260.
2°) des protagonistes opposés au changement ?
- Doc Hatier p 264 n°2 « Des conflits offensifs aux conflits défensifs ».
- Doc 4 p 265 Hatier « Les éoliennes : pas dans mon jardin »
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