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Définition des sciences humaines, introduction à la sociologie et à l'anthropologie.
(15/01/2008 de 13h30 à 16h30, BICHAT // 16/01/2008, 9h-12h, RENE AUFFRAY)
PRESENTATION DES COURS
I. DEFINITION DES SCIENCES HUMAINES
Définition habituelle : les sciences qui étudient l’homme… donc des précisions sont
nécessaires…
- Il existe une classification des sciences humaines (par domaines de recherche et
d’application). Quelques définitions par ordre alphabétiques + description de leur intérêt
pour les domaines de la santé, de la médecine :
L’archéologie - préhistoire : reconstituer l’histoire passée à partir de maigres traces
(ossements, objets divers, vestiges…). A psent, l’archéologie étend son champ jusqu’aux
traces de la société industrielle (anciennes usines, conservation des techniques et savoir faire,
etc.). Pour la santé : évolution des maladies depuis la préhistoire, évolution des connaissances
médicales… (Exemple de la trépanation à but thérapeutique ou/et « spirituel » au
Néolithique.)
La démographie : étude de la population humaine, qui se caractérise par une description de
l’évolution de cette population + « prédictions » qui ont aujourd’hui une influence sur les
enjeux géopolitiques et économiques. Pour la santé : les démographes peuvent travailler en
étroite collaboration avec les chercheurs en sociologie/géographie de la santé : rapport entre le
nombre de personne et la santé d’une population (nombre de médecins par habitants…)
L’économie : « Art de gérer » ou la science étudiant la production, la partition et la
consommation des richesses et des activités économiques de l’homme. Pour la santé :
économie de la santé (étude de la consommation en soins, importance des dépenses publiques
de santé, etc.)
La géographie : fonction description de l’espace qui tant à devenir une science sociale et
humaine de l’espace. Géographie de la santé : étude des causes de la partition territoriales
des maladies, des problèmes de santé publique….
L’histoire : « raconter », tend actuellement à être dans l’histoire de sa propre histoire
Histoire de la santé et de la médecine, des pratiques de soins.
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La linguistique : structure de la langue, aspects du langage, à présent parfois nommée :
science du langage. S’ouvre à la sémiologie (sens), Sémiologie de l’image : étude du sens des
images. Par exemple à partir de l’étude typologique des publicités on tente de définir le
modèle de beauté d’une société. Peut étudier les champs lexicaux concernant la santé, leurs
spécificités et évolutions (mots nouveaux, disparitions de certains termes, etc.)
La philosophie : aimer le savoir/tendre vers la sagesse. Philosophie de la médecine (exemple
analyse de l’idée de progrès) ; la psychanalyse (Sigmund FREUD en 1895), la psychologie
(voir cours de psychologie)
La psychologie sociale : parallèle sociologie (question autour des opinions de groupe, de
l’autorité, de la formation des identités collectives, de la relation entre individus et société…).
On trouve souvent un psychologue social dans les hôpitaux.
Les sciences de l’éducation : mélange de socio, psycho, etc. mais appliquées à l’éducation et à
la formation.
Les sciences de l’information et de la communication : de la communication animale au
langage humain, (presse, TV, Internet), enjeux très contemporains.
Les sciences politiques : qui gouverne vraiment, comment sont formées les élites, comment
agit l’Etat… ?
Bien entendu, ses matières s’entrecroisent, s’intéressent parfois à des domaines connexes.
Lorsqu’on aborde un sujet, une thématique, il est souvent intéressant d’avoir des spécialistes
de plusieurs matières pour avoir des regards et des approches différentes et donc
complémentaires.
Exemple / Etudier une maladie sous l’angle scientifique (pathologique), avec l’aide d’un
géographe en déterminer son espace de développement, avec un anthropologue étudier les
réactions culturelles des populations face à cette maladie et aux soins prescrits…
II. ANTHROPOLOGIE
2.1 Définition de l’anthropologie.
ANTHROPOLOGIE = sciences de l’homme ; anthropo- signifie l’homme et logos- science
ou discours.
Définition sommaire : « L’étude méthodique de la diversité et de l’unité de l’homme, dans sa
dimension biologique et surtout sociale et culturelle, grâce au terrain ethnographique. »
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L’anthropologie est dite : heuristique à la fois parce qu’elle cherche à faire des découvertes
mais également parce qu’elle a une réflexion méthodologique sur ses activités. [Exemple de
recherche heuristique au travers du TFE].
La méthode est très importante en anthropologie : la découverte des sociétés, de leur
fonctionnement se fait principalement grâce à une enquête de terrain dont on explique les
modalités : observation, contacts avec le groupe de personnes étudiées.
2.2 Fondements théoriques de l’anthropologie
a. Débuts historiques
L’anthropologie va s’intéresser dès les premières recherches : aux universaux humains et aux
variations culturelles observables. (Exemples : tous les hommes mangent mais les pratiques
culinaires sont différentes, tous les hommes sont concernés par la maladie mais les
représentations de la maladie peuvent être différentes…).
Pourquoi l’anthropologie part de ce point (les universaux et leurs variations) ? Ce sont ses
débuts historiques qui l’indiquent :
* L’anthropologie naît au 19ème siècle dans un contexte d’expansion coloniale. Lors des
grandes découverts, les occidentaux se sont aperçus qu’il existait des différences techniques,
d’organisation sociale, de cultures… (Culture dans le sens, à cette période, essentiellement
différences morales/religieuses et politiques).
Les anthropologues veulent trouver des réponses scientifiques à ces variations : pourquoi les
évolutions technologiques ne se sont pas faites de manières concomitantes, comment
certaines civilisations qui semblaient très avancées ont-elles périclité, etc. ?
Un autre point important dans ces débuts scientifiques : est, comme nous l’avons vu en
introduction, l’outil utilisé : l’observation directe des populations (qui donne lieu à des
monographies de terrain). De plus, cette approche a pour but une ambition holiste, c’est-à-
dire que par cette description l’anthropologue va chercher à saisir la totalité de la société dans
une analyse exhaustive (la société pouvant être un village, une tribu, un groupe social
spécifique comme un parti politique). Donc les anthropologues vont favoriser les
observations immergées ce qui peut les différencier des sociologues qui utiliseront plutôt des
questionnaires et des statistiques.
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Une des accusations faites au débuts de l’anthropologie est : l’ethnocentrisme, c’est-à-dire
que le chercheur va aborder la population, le groupe qu’il regarde, avec ses propres références
sociales, culturelles, ses propres normes. Il va ensuite surestimer les caractéristiques de son
groupe d’origine par rapport au groupe observé (préjugés). L’approche de l’anthropologue est
donc marquée par des représentations. Pour être les plus juste possible, il se doit avant de
commencer son étude d’analyser ses propres représentations.
- L’anthropologie physique ou anthropométrie qui est une technique de mensurations
des différentes parties du corps humain. On l’utilise encore aujourd’hui dans le cadre des
recherches sur les premiers types humanoïdes ou dans des enquêtes criminelles. Cette
discipline débute entre 1850 et 1880. Elle souhaitait alors établir : « une échelle des espèces
animales » ou « échelle des races », c’est-à-dire constituer un catalogue raisonné des
différents types humains, comme on classe en botanique les plantes ou en zoologie les
animaux. Exemple / LINNE (1758) dans Systema naturæ (les systèmes de la Nature)…
Cette idée va être abandonnée car elle présente un problème de déterminisme racial et les
chercheurs ont découvert l’impossibilité de faire le lien entre types physiques et les cultures.
- l’anthropologie sociale qui (plus proche de la sociologie) étudie au départ les
institutions non occidentales et/ou populaires/traditionnelles (par exemple : la répartition de
l’autorité chez les Inuit ou pour l’aspect populaire la construction des organisations
syndicales ouvrières) aujourd’hui elle étudie toutes les populations.
- l’anthropologie culturelle qui s’intéresse aux mœurs, aux techniques, aux
croyances.
Ces deux dernières branches de l’anthropologie sont souvent dénommées en français
ethnologie.
b. Principaux courants théoriques
Pour comprendre un peu mieux l’anthropologie je vais vous en faire un bref historique en
vous présentant quelques courants incontournables :
Entre 1850 et 1920, en France, ÉVOLUTIONNISME qui n’a pas totalement abandonné
l’idée de classification du genre humain. Ils s’appuient sur les théories de Charles DARWIN
(1809-1882) et sur les idées philosophiques des penseurs du XVIIIème siècle (notamment sur
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l’idée d’une histoire universelle orientée, unique). Pour eux, il existe une évolution c’est-à-
dire une marche vers le progrès [le progrès étant d’après eux, la société moderne et la pensée
scientifique]. Les « sauvages » seraient alors le passé des « civilisés » [ils deviennent des
« primitifs »]. On cherche alors des traits culturels primitifs [figurant le passé des
« civilisés »] dans l’étude des sociétés traditionnelles. Leur outil est donc une étude comparée
des traditions pour élucider la manière dont la civilisation est passée d’un état à un autre. [R.
SMITH (1846-1894), et James G. Frazer (1854-1941)]. Même si on ne peut valider leurs
théories, dont vous voyez les dérives possibles (racisme scientifique), ces chercheurs ont
apporté à l’anthropologie ses objets, c’est-à-dire des grands domaines de recherche : comme
la PARENTE, L’ORGANISATION SOCIALE, LES RITUELS, LES CROYANCES
(religieuses et magiques), LA MYTHOLOGIE.
Dans la première moitié du XXème siècle, il y a en France, Allemagne et Angleterre un
mouvement appelé le DIFFUSIONISME [représenté par exemple par Friedrich RATZEL
(1844-1940) et W. H. RIVERS (1864-1922)]. Ils s’opposent aux évolutionnistes. Pour eux les
civilisations passent par des phases d’extension et de déclin sous la pression de leur
environnement (exemple de la Grèce et de la civilisation industrielle). Ils s’intéressent
beaucoup à la manière dont se répandent les techniques et les idées dans le monde (étude des
processus de contact, des dispersions migratoires, des emprunts…). Leur idée est que la
culture est un mélange dont il faut étudier tous les traits.
Ils inscrivent donc l’anthropologie dans une temporaliet un territoire. Ils étudient des aires
territoriales plus ou moins réduites en analysant les invariants/variants ; formes pures/formes
mixtes,…
Aux Etats-Unis, le CULTURALISME apparaît dans les années 30, mais est principalement
employé dans les années 50, 60 grâce au développement de travaux sur les rapports entre
culture et personnalité. Ces travaux proposaient une théorie selon laquelle se forme dans
l’enfance une personnalité de base composée des traits caractéristiques d’une ethnie ou d’un
nation = d’une culture. Pour Ruth BENEDICT (1887-1948), l’individu est entièrement
modelé par la culture à laquelle il appartient. Pour les culturalistes, les cultures sont des
réalités mentales indépendantes des traits physiques et très peu reliées à leur environnement.
Par la suite, cette école va beaucoup s’intéresser aux questions psychologiques et à l’étude des
comportements en s’interrogeant sur la manière dont une culture impose un style de
personnalité à ses membres (ex. des anthropologues américains ont mis en évidence les
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