Définition des sciences humaines, introduction à

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Définition des sciences humaines, introduction à la sociologie et à l'anthropologie.
(15/01/2008 de 13h30 à 16h30, BICHAT // 16/01/2008, 9h-12h, RENE AUFFRAY)
PRESENTATION DES COURS
I.
DEFINITION DES SCIENCES HUMAINES
Définition habituelle : les sciences qui étudient l’homme… donc des précisions sont
nécessaires…
- Il existe une classification des sciences humaines (par domaines de recherche et
d’application). Quelques définitions par ordre alphabétiques + description de leur intérêt
pour les domaines de la santé, de la médecine :
L’archéologie - préhistoire : reconstituer l’histoire passée à partir de maigres traces
(ossements, objets divers, vestiges…). A présent, l’archéologie étend son champ jusqu’aux
traces de la société industrielle (anciennes usines, conservation des techniques et savoir faire,
etc.). Pour la santé : évolution des maladies depuis la préhistoire, évolution des connaissances
médicales… (Exemple de la trépanation à but thérapeutique ou/et « spirituel » au
Néolithique.)
La démographie : étude de la population humaine, qui se caractérise par une description de
l’évolution de cette population + « prédictions » qui ont aujourd’hui une influence sur les
enjeux géopolitiques et économiques. Pour la santé : les démographes peuvent travailler en
étroite collaboration avec les chercheurs en sociologie/géographie de la santé : rapport entre le
nombre de personne et la santé d’une population (nombre de médecins par habitants…)
L’économie : « Art de gérer » ou la science étudiant la production, la répartition et la
consommation des richesses et des activités économiques de l’homme. Pour la santé :
économie de la santé (étude de la consommation en soins, importance des dépenses publiques
de santé, etc.)
La géographie : fonction description de l’espace qui tant à devenir une science sociale et
humaine de l’espace. Géographie de la santé : étude des causes de la répartition territoriales
des maladies, des problèmes de santé publique….
L’histoire : « raconter », tend actuellement à être dans l’histoire de sa propre histoire…
Histoire de la santé et de la médecine, des pratiques de soins.
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La linguistique : structure de la langue, aspects du langage, à présent parfois nommée :
science du langage. S’ouvre à la sémiologie (sens), Sémiologie de l’image : étude du sens des
images. Par exemple à partir de l’étude typologique des publicités on tente de définir le
modèle de beauté d’une société. Peut étudier les champs lexicaux concernant la santé, leurs
spécificités et évolutions (mots nouveaux, disparitions de certains termes, etc.)
La philosophie : aimer le savoir/tendre vers la sagesse. Philosophie de la médecine (exemple
analyse de l’idée de progrès) ; la psychanalyse (Sigmund FREUD en 1895), la psychologie
(voir cours de psychologie)
La psychologie sociale : parallèle sociologie (question autour des opinions de groupe, de
l’autorité, de la formation des identités collectives, de la relation entre individus et société…).
On trouve souvent un psychologue social dans les hôpitaux.
Les sciences de l’éducation : mélange de socio, psycho, etc. mais appliquées à l’éducation et à
la formation.
Les sciences de l’information et de la communication : de la communication animale au
langage humain, (presse, TV, Internet), enjeux très contemporains.
Les sciences politiques : qui gouverne vraiment, comment sont formées les élites, comment
agit l’Etat… ?
Bien entendu, ses matières s’entrecroisent, s’intéressent parfois à des domaines connexes.
Lorsqu’on aborde un sujet, une thématique, il est souvent intéressant d’avoir des spécialistes
de plusieurs matières pour avoir des regards et des approches différentes et donc
complémentaires.
Exemple / Etudier une maladie sous l’angle scientifique (pathologique), avec l’aide d’un
géographe en déterminer son espace de développement, avec un anthropologue étudier les
réactions culturelles des populations face à cette maladie et aux soins prescrits…
II.
ANTHROPOLOGIE
2.1 Définition de l’anthropologie.
ANTHROPOLOGIE = sciences de l’homme ; anthropo- signifie l’homme et logos- science
ou discours.
Définition sommaire : « L’étude méthodique de la diversité et de l’unité de l’homme, dans sa
dimension biologique et surtout sociale et culturelle, grâce au terrain ethnographique. »
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L’anthropologie est dite : heuristique à la fois parce qu’elle cherche à faire des découvertes
mais également parce qu’elle a une réflexion méthodologique sur ses activités. [Exemple de
recherche heuristique au travers du TFE].
La méthode est très importante en anthropologie : la découverte des sociétés, de leur
fonctionnement se fait principalement grâce à une enquête de terrain dont on explique les
modalités : observation, contacts avec le groupe de personnes étudiées.
2.2 Fondements théoriques de l’anthropologie
a. Débuts historiques
L’anthropologie va s’intéresser dès les premières recherches : aux universaux humains et aux
variations culturelles observables. (Exemples : tous les hommes mangent mais les pratiques
culinaires sont différentes, tous les hommes sont concernés par la maladie mais les
représentations de la maladie peuvent être différentes…).
Pourquoi l’anthropologie part de ce point (les universaux et leurs variations) ? Ce sont ses
débuts historiques qui l’indiquent :
* L’anthropologie naît au 19ème siècle dans un contexte d’expansion coloniale. Lors des
grandes découverts, les occidentaux se sont aperçus qu’il existait des différences techniques,
d’organisation sociale, de cultures… (Culture dans le sens, à cette période, essentiellement
différences morales/religieuses et politiques).
Les anthropologues veulent trouver des réponses scientifiques à ces variations : pourquoi les
évolutions technologiques ne se sont pas faites de manières concomitantes, comment
certaines civilisations qui semblaient très avancées ont-elles périclité, etc. ?
Un autre point important dans ces débuts scientifiques : est, comme nous l’avons vu en
introduction, l’outil utilisé : l’observation directe des populations (qui donne lieu à des
monographies de terrain). De plus, cette approche a pour but une ambition holiste, c’est-àdire que par cette description l’anthropologue va chercher à saisir la totalité de la société dans
une analyse exhaustive (la société pouvant être un village, une tribu, un groupe social
spécifique comme un parti politique…). Donc les anthropologues vont favoriser les
observations immergées ce qui peut les différencier des sociologues qui utiliseront plutôt des
questionnaires et des statistiques.
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Une des accusations faites au débuts de l’anthropologie est : l’ethnocentrisme, c’est-à-dire
que le chercheur va aborder la population, le groupe qu’il regarde, avec ses propres références
sociales, culturelles, ses propres normes. Il va ensuite surestimer les caractéristiques de son
groupe d’origine par rapport au groupe observé (préjugés). L’approche de l’anthropologue est
donc marquée par des représentations. Pour être les plus juste possible, il se doit avant de
commencer son étude d’analyser ses propres représentations.
- L’anthropologie physique ou anthropométrie qui est une technique de mensurations
des différentes parties du corps humain. On l’utilise encore aujourd’hui dans le cadre des
recherches sur les premiers types humanoïdes ou dans des enquêtes criminelles. Cette
discipline débute entre 1850 et 1880. Elle souhaitait alors établir : « une échelle des espèces
animales » ou « échelle des races », c’est-à-dire constituer un catalogue raisonné des
différents types humains, comme on classe en botanique les plantes ou en zoologie les
animaux. Exemple / LINNE (1758) dans Systema naturæ (les systèmes de la Nature)…
Cette idée va être abandonnée car elle présente un problème de déterminisme racial et les
chercheurs ont découvert l’impossibilité de faire le lien entre types physiques et les cultures.
- l’anthropologie sociale qui (plus proche de la sociologie) étudie au départ les
institutions non occidentales et/ou populaires/traditionnelles (par exemple : la répartition de
l’autorité chez les Inuit ou pour l’aspect populaire la construction des organisations
syndicales ouvrières) – aujourd’hui elle étudie toutes les populations.
- l’anthropologie culturelle qui s’intéresse aux mœurs, aux techniques, aux
croyances.
Ces deux dernières branches de l’anthropologie sont souvent dénommées en français
ethnologie.
b. Principaux courants théoriques
Pour comprendre un peu mieux l’anthropologie je vais vous en faire un bref historique en
vous présentant quelques courants incontournables :
Entre 1850 et 1920, en France, ÉVOLUTIONNISME qui n’a pas totalement abandonné
l’idée de classification du genre humain. Ils s’appuient sur les théories de Charles DARWIN
(1809-1882) et sur les idées philosophiques des penseurs du XVIIIème siècle (notamment sur
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l’idée d’une histoire universelle orientée, unique). Pour eux, il existe une évolution c’est-àdire une marche vers le progrès [le progrès étant d’après eux, la société moderne et la pensée
scientifique]. Les « sauvages » seraient alors le passé des « civilisés » [ils deviennent des
« primitifs »]. On cherche alors des traits culturels primitifs [figurant le passé des
« civilisés »] dans l’étude des sociétés traditionnelles. Leur outil est donc une étude comparée
des traditions pour élucider la manière dont la civilisation est passée d’un état à un autre. [R.
SMITH (1846-1894), et James G. Frazer (1854-1941)]. Même si on ne peut valider leurs
théories, dont vous voyez les dérives possibles (racisme scientifique), ces chercheurs ont
apporté à l’anthropologie ses objets, c’est-à-dire des grands domaines de recherche : comme
la PARENTE, L’ORGANISATION SOCIALE, LES RITUELS, LES CROYANCES
(religieuses et magiques), LA MYTHOLOGIE.
Dans la première moitié du XXème siècle, il y a en France, Allemagne et Angleterre un
mouvement appelé le DIFFUSIONISME [représenté par exemple par Friedrich RATZEL
(1844-1940) et W. H. RIVERS (1864-1922)]. Ils s’opposent aux évolutionnistes. Pour eux les
civilisations passent par des phases d’extension et de déclin sous la pression de leur
environnement (exemple de la Grèce et de la civilisation industrielle). Ils s’intéressent
beaucoup à la manière dont se répandent les techniques et les idées dans le monde (étude des
processus de contact, des dispersions migratoires, des emprunts…). Leur idée est que la
culture est un mélange dont il faut étudier tous les traits.
Ils inscrivent donc l’anthropologie dans une temporalité et un territoire. Ils étudient des aires
territoriales plus ou moins réduites en analysant les invariants/variants ; formes pures/formes
mixtes,…
Aux Etats-Unis, le CULTURALISME apparaît dans les années 30, mais est principalement
employé dans les années 50, 60 grâce au développement de travaux sur les rapports entre
culture et personnalité. Ces travaux proposaient une théorie selon laquelle se forme dans
l’enfance une personnalité de base composée des traits caractéristiques d’une ethnie ou d’un
nation = d’une culture. Pour Ruth BENEDICT (1887-1948), l’individu est entièrement
modelé par la culture à laquelle il appartient. Pour les culturalistes, les cultures sont des
réalités mentales indépendantes des traits physiques et très peu reliées à leur environnement.
Par la suite, cette école va beaucoup s’intéresser aux questions psychologiques et à l’étude des
comportements en s’interrogeant sur la manière dont une culture impose un style de
personnalité à ses membres (ex. des anthropologues américains ont mis en évidence les
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sociétés de « l’achievement » où la réussite, la performance est une valeur centrale.) [On peut
aussi citer Margaret MEAD (1901-1978)]
En Grande Bretagne, entre 1920 et 1950 se développe le FONCTIONNALISME qui reprend
les théories d’Emil DURKHEIM (1858-1917). La société est présentée comme un organisme
vivant, en quelque sorte, chaque phénomène culturel ou social à une fonction. Le plus
souvent, ils font donc une étude précise d’un groupe. Ils s’intéressent beaucoup à la culture
matérielle et symbolique des populations. Ce sont les spécialistes des variations d’un thème :
c’est-à-dire qu’ils cherchent les solutions variées apportées aux besoins universels.
Par exemple, Bronislaw MALINOWSKI (1884-1942) pensait qu chaque élément constitutif
d’une société est une partie indispensable de celle-ci. Il a fait de nombreuses études en
Mélanésie. En 1922 aux Iles Trobriand, il observe la construction des canots et découvre que
cette construction est accompagnée de rites uniquement lorsque le canot est destiné à la
navigation en mer (et non à l’intérieur) : la navigation en mer est perçue comme dangereuse la
fonction du rite sera donc d’apaiser, de protéger constructeur et pécheur (satisfaction d’un
besoin de sécurité collectif). « La fonction n’est autre que la satisfaction d’un besoin au
moyen d’une activité ».
Plus proche de nous à partir des années 50 se développe en France et aux Etats-Unis, le
STRUCTURALISME, ce terme réunirait les recherches de domaines aussi différents que : la
linguistique, la philosophie, la psychanalyse, la littérature, l’anthropologie… Concernant
l’anthropologie, la méthode va consister à appliquer les démarches linguistiques à l’étude des
phénomènes sociaux. Le structuralisme linguistique émet l'hypothèse que l’on peut étudier
une langue en tant que structure. Chaque élément n'existe que par sa relation et son opposition
à d'autres éléments. De la même manière la société est une structure, chacune de ses
composantes est donc en relation ou en opposition avec les autres éléments. Les phénomènes
étudiés ne prennent un sens que lorsqu’ils sont agencés (et non étudiés isolément).
Claude LEVI-STRAUSS est la figure principale de ce mouvement (1908-…) montre par
exemple comment les règles du mariage répondent à un problème général qui est d’assurer la
circulation des femmes et des biens. Ou encore, comme pour le langage, la société va opposé
des principes comme le froid/le chaud ou la nuit/le jour dans ses structures mythologiques (à
l’origine des organisation sociales).
A RETENIR * variété des approches théoriques, mais socle commun les objets de
recherche comme : l’étude des systèmes de parenté et de mariage (les normes de reproduction
du groupe), les modes de gouvernement (sur quoi repose l’autorité : la guerre, la compétence,
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la générosité…), les croyances (la cohérence et l’irrationnel, les rituels, les symboles…, les
rites (analogies, formes et pas seulement religieuses).
Définition de l’anthropologie de la santé.
RAPPEL : la représentation de la SANTE varie en fonction des individus, des civilisations et
des époques. Elle dépend à la fois de composantes biologiques mais aussi économiques,
psychologiques, sociales et culturelles… Ces différents éléments rejoignent la définition de
l’anthropologie qui cherche à étudier l’homme dans sa dimension biologique et surtout sociale
et culturelle.
Chaque personne à un rapport avec son corps et la maladie différent en fonction de sa culture.
L’anthropologie peut donc aider à comprendre les universaux et variables sociales relatifs à la
santé.
L’anthropologie de la santé peut donc étudier les facteurs socioculturels dont dépendent :

Les définitions de la maladie (en fonction des cultures et des sociétés tel ou
tel symptôme peut être ou non considéré comme une maladie…).

Les formes de guérison (l’influence de rites ou de coutumes sur la
progression de la maladie ou de la santé ; analyses des pratiques de soins…)

Les tensions entre le corps médical, les patients et l’ensemble de la société
(par exemple la représentation que la population a du personnel infirmier,
les tensions contemporaines qui pèsent sur le corps médical….)

Enfin, les systèmes de croyances/mythes qui gravitent autour de la maladie,
de la santé, du corps… (par exemple l’association ou non de la maladie avec
le malheur).
2.4 Cas concrets en anthropologie de la santé
•
une enquête de terrain en anthropologie de la santé : « Les déterminants culturels
de l’alcoolisation des jeunes Madagascar ».
•
une démarche anthropologique sur les représentations du corps. A partir de
l’exposition du quai Branly / Qu’est-ce qu’un corps ? de Stéphane Breton.
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III.
SOCIOLOGIE
3.1. Définitions de la sociologie.
Une première définition sommaire : « L’analyse scientifique de la vie de l’homme en société,
les actions et logiques sociales en œuvre, les différentes formes d’organisation sociale à partir
d’enquêtes statistiques et d’enquêtes de terrain. » (Abécédaire… Philippe Bagros).
Donc = L’étude scientifique des faits sociaux (institutions, organisations : état, église,
travail…) et des comportements sociaux (les pratiques communes).
3.2 Naissance de la sociologie : trois révolutions
En fait, la sociologie est née dans la seconde moitié du 19ème siècle car la société était
justement en plein bouleversement, contexte de crise sociale en Europe (penser et repenser la
société)…
* Révolution française : le nouveau régime est fondé sur l’égalité des conditions et
non plus sur un ordre divin ou naturel. Le problème : découverte de l’instabilité des
gouvernements, de la variété des idéologies et de la fragilité des sociétés/ordre social. Ce
constat va faire naître deux approches chez les premiers sociologues : soit les études
sociologiques permettent une intervention et une réforme de la société (Auguste COMTE, St
SIMON), soit il est impossible de justifier scientifiquement les valeurs de l’action donc la
sociologie reste un constat (WEBER et PARETO). « Entre les deux », il y a un des pères
fondateurs de la sociologie Emil DURKHEIM qui pense que l’action est possible mais qu’il
faut un certain temps pour qu’elle soit mise en place.
* Révolution industrielle : renvoie à des questions sociales, des enquêtes sur la
situation des classes ouvrières, sur les transformations du monde paysan… [Exemple
premières enquêtes statistiques de Frédéric Le PLAY, but hygiéniste.] Cette révolution
engendre de nouvelles problématiques sur les antagonismes sociaux (bourgeois classe
ouvrière), un questionnement sur le rôle de l’Etat et ses fonctions sociales (centralisateur,
arbitraire…)
* Révolution intellectuelle : progrès de la physique, de la chimie, de la médecine…
Par exemple, la découverte de l’unité de base de l’organisme la cellule va fortement
influencer les sociologues dans leur vision du corps social.
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Pour résumer, on passe d’une société dont la Religion était le cadre, structure commune à une
société de la Raison ou du raisonnement, une société qui cherche a expliquer les phénomènes
par les sciences.
3.3 Les premiers sociologues
-
Auguste COMTE (1798-1957) : Un raisonnement scientifique pour expliquer les
phénomènes sociaux. Des hypothèses pour établir des lois (méthode sociologique).
-
Karl MARX (1818-1893) : Les rapports entre les classes sociales évoluent en même
temps que les bases matérielles de la société et en fonction de la manière dont les
hommes s’approprient les outils de production.
-
Emil DURKHEIM (1858-1917) : Les faits sociaux sont caractérisés par des
contraintes exercées sur l’individu. Ils peuvent prendre la forme de normes ou de
codes de comportement. Ils préexistent et perdurent.
-
Max WEBER (1864-1920) : L’activité sociale (une activité significative en relation
avec autrui).
IV. La SOCIOLOGIE DE LA SANTE / la maladie comme « fait social total »
La sociologie se décline également dans le domaine de la santé.
Elle s’intéresse à ses aspects macrosociologies : comme l’organisation des institutions et des
processus de soin (des sociologues peuvent ainsi participer à des études sur l’évaluation d’un
système de santé)
DONC intérêt pour la place de la santé dans la société : dispositifs, financements, pouvoir
Ou à ses aspects microsociologiques : comme les interactions sociales dans le processus de
soin par exemple entre le personnel soignant et le malade ou sa famille.
La sociologie de la santé étudie donc :

Les facteurs sociaux qui jouent un rôle dans l’apparition des maladies ou du
mauvais état de santé d’une population (ces facteurs pouvant être le sexe,
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l’âge, le niveau d’étude, le milieu (urbain, rural…), la profession, la classe
sociale, le style de vie…).

Les attitudes (ou représentations) à l’égard du bien être et de la santé.
(Souvent la sociologie montre qu’il existe du social là ou l’on ne veut voir que du
privé et de l’individuel, comme par exemple pour le suicide – s’il y a multiplication
des suicides on voit bien que ceci échappe au destin individuel pour s’inscrire dans
une réalité sociale – ex monde agricole)

Les comportements et pratiques en matière de santé mais aussi de
prévention et d’éducation (exemple focalisation actuelle sur la question du
tabac masque peut-être la nécessité d’une prévention d’autres addictions
comme celle aux jeux informatiques…)

Enfin, elle s’intéresse à la sociologie de l’hôpital comme organisation
sociale et à la sociologie des professions qui y travaillent.
Pour finir, la sociologie de la santé s’intéresse a la maladie comme un PHENOMENE ou
FAIT SOCIAL TOTAL
(Je vais vous l’expliquer à partir d’un exemple)
« Une petite fille a une insuffisance rénale qui nécessite une hémodialyse à domicile. Cela lui
permet de vivre dans le cadre familial et d’aller à l’école. Cette prise en charge nécessite des
parents des adaptations professionnelles. Ils doivent aussi apprendre les signes de la maladie à
faire fonctionner la machine. La vie se structure alors autour de la pathologie. Le grand frère
veut devenir médecin, etc. »
DONC, En sociologie, nous dirons que la maladie est « un fait social total » car elle
mobilise différentes dimensions : familiale, économique, éducative, politique, religieuse,
symbolique…
La maladie n’est donc pas uniquement d’un ordre biologique et individuel, elle est aussi un
événement social (donc collectif).
De plus, (dans le même ordre d’idée de fait social total) dans la guérison, il existe un pacte
social entre le soignant / le soigné / et la société entière. (Par exemple, la société accepte le
rôle du malade, le déresponsabilise et l’aide dans la mesure où celui-ci suit la prescription.
Autre exemple : le médecin se doit de répondre aux règles culturelles, politiques,
économiques de la société dans laquelle il exerce)
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Conclusion : Pour que la science soit humaine…
Le sens de l’expression « sciences humaines » peut être envisager sous un autre
emploi chez les professionnels de la santé : « En matière de santé, l’expression « sciences
humaines » désigne les champs d’étude tenant à la construction/connaissance/composition du
soignant (son approche, ses connaissances de la pathologie du patient), à la compréhension
du soigné (son approche psychologique, sa gestion de la maladie) et aux relations de ce
couple avec la collectivité (en générale, la famille, etc.) » (Abécédaire…, Philippe
BAGROS).
EXEMPLE : Une femme âgée (disons 75 ans) est un jour violemment renversée par
une voiture. Elle est en réanimation deux mois, elle se retrouve consciente mais paraplégique,
vu son âge et ses lésions il n’y a pas d’espoir pour qu’elle recouvre ses facultés. Ce qu’elle
veut elle, c’est rentrer chez elle, rentrer mourir chez elle, mais sa famille reste dans la
perspective d’une rééducation.
Question : A votre avis : Comment s’applique l’expression sciences humaines à ce
cas ?
En fait, il y a deux étapes pour que ‘la science soit humaine’ : la première, c’est que
tout le monde se comprenne bien et se mette d’accord. Pour le corps médical il ne s’agit pas
de « laisser tomber » la patiente, mais bien de faire comprendre les réalités possibles (et
impossibles) des progrès. Pour la famille, il faut réfléchir sur la souffrance de la vieille femme
et sur leur propre souffrance à la voir partir.
Dans un second temps, la ‘science est humaine’ quand les conditions sont optimales
pour la patiente, c’est-à-dire qu’il faut étudier la faisabilité du retour à domicile : les aspects
matériels (chambre, disponibilités financières), les aspects humains (implication de son
entourage, disponibilité d’un médecin traitant, venue d’une infirmière, d’une auxiliaire de vie,
etc.)
CL.
L’expression
sciences
humaines
permet
au
personnel
soignant
d’accorder/d’accrocher à sa fonction technique, l’aspect humain de sa relation avec la malade.
Un être humain malade subit une modification de son image celle qu’il a de lui et celle qu’il
donne aux autres. Des bases en sociologie, philosophie, psychologie, ethnologie, permettent
de mieux comprendre certains aspects du comportement des patients et de l’aider à se
construire dans sa nouvelle vie.
De plus, dans notre pays les dépenses de santé sont fortement étatisées, ce qui fait
peser parfois dans le contexte actuel un poids de responsabilité économique sur le personnel
soignant. Cependant, la priorité doit toujours être donnée aux valeurs humaines.
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Les personnels de la santé doivent donc posséder : une culture technique, une culture
scientifique (histoire et philosophie des sciences et de la santé), une culture économique et
une culture « sociétale ».
BIBLIOGRAPHIE
•
BAGROS Philippe (dir.), ABCDaire des sciences humaines en médecine, Paris,
Ellipses, 2004, 272 p.
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BONTE Pierre, IZARD Michel (dir.), Dictionnaire de l’ethnologie et de
l’anthropologie, Paris, PUF, XII-842 p.
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BOURRICAUD F., Dictionnaire critique de la sociologie, Paris, PUF, 1982,
XIV-651 p.
•
DORTIER Jean-François (dir.), Le dictionnaire des sciences humaines,
Sciences humaines Éd., Auxerre, 2004, 875 p.
•
DURAND Jean-Philippe, WEIL Robert (dir.), Sociologie contemporaine,
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•
FERRÉOL Gilles, Introduction à la sociologie, Paris, A. Colin, 2003, 191 p.
•
FILLOUX Jean-Claude, MAISONNEUVE François (dir.), Anthologie des
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•
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307 p.
+ Sciences humaines, Paris, Masson, 2002, 214 p., (Nouveaux cahiers de l'infirmière ; 6).
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