Michel SERRES, Le contrat naturel, 1992, Paris, Flammarion.

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Syllabus L2 S3, UE 2 Parcours, Normes et pratiques ( H 2 P 3 P 01)/ Université de Poitiers/
1er semestre 09
Professeur : Corine Pelluchon, Maître de conférences en philosophie.
Heures de cours : Lundi de 10 h à 13 h (TD).
Présence à l’université de Poitiers le lundi et, à partir de novembre, les heures de bureau
seront de préférence le mardi de 9 h à 14 h.
Me contacter à l’avance (par e-mail) pour un RV au 36 rue de la Chaîne (bureau au 2ème
étage).
E-mail : [email protected] et [email protected]
DESCRIPTION DU COURS : Initiation à l’éthique environnementale
Nous étudierons les textes principaux des fondateurs de la deep ecology qui invitent à
repenser le rapport de l’homme à la nature et aux autres espèces. Loin de se borner à une
critique de la technique et à la dénonciation des abus liés à nos habitudes de consommation,
ces penseurs soulignent l’interaction entre ce questionnement d’ordre ontologique et notre
organisation sociale et politique. Dénonçant le chauvinisme moral caractéristique des éthiques
traditionnelles et même de ce qu’A. Naess appelle l’écologie superficielle, ces auteurs
s’inscrivent dans une tradition anglo-saxonne spécifique (H. D. Thoreau) qui est différente de
la réflexion continentale centrée sur l’usage de la technique ( H. Jonas, G. Anders). Ils
souscrivent à l’éthique de la terre développée par Aldo Leopold et inaugurent une branche
particulière de l’éthique environnementale. Nous étudierons quelques textes qui permettent
d’examiner les notions de valeur (inhérente) et de respect de la nature et incitent à ne plus
restreindre l’éthique aux seuls êtres humains, considérés comme un « empire dans un
empire ». Ce changement dans la manière de penser la nature et de penser l’homme au sein de
la communauté biotique conduit à souligner les impasses de la plupart des programmes de
protection de l’environnement et à réfléchir aux conditions politiques d’une action réellement
respectueuse de la nature. Il s’agira de dégager les points forts de ce projet exigeant qui est
propre à l’écologie profonde et à l’écosophie. S’il n’exclut pas, du moins chez A. Naess, la
discussion, voire l’éthique de la discussion, il a néanmoins suscité des critiques virulentes ( L.
Ferry) qui mettaient au jour les dérives possibles auxquelles il pouvait donner lieu. Il convient
de prendre également au sérieux ces critiques tout en s’interrogeant sur la pertinence des
notions que les héritiers d’A. Leopold ont reconfigurées et sur l’actualité de leur
questionnement. La radicalité philosophique peut-elle servir de caution à des actions violentes
ou bien est-elle une exhortation à prendre la mesure du changement qui s’impose si l’on veut
que l’écologie soit autre chose qu’une préoccupation périphérique et devienne le moteur d’un
autre modèle de développement ?
ORGANISATION DU COURS ET TEXTES ETUDIES
Le 21/09 : Naissance de l’éthique environnementale.
La distinction entre la tradition continentale et la tradition anglo-saxonne. La distinction entre
l’écologie profonde et l’écologie superficielle.
Textes : R. S. Routley, « A-t-on besoin d’une nouvelle éthique, d’une éthique
environnementale ? » (1973), in Ethique de l’environnement, Vrin, p. 31-49.
A. Naess, « Le mouvement d’écologie superficielle et le mouvement d’écologie profonde de
longue portée » (1973), in Ethique de l’environnement, p. 51-60. ( Photocopie)
Le 28/09 : L’éthique de la terre d’Aldo Leopold.
1
Les paradoxes de la protection de la nature ( Almanach d’un comté des sables (1949), p. 134)
Textes : « Penser comme une montagne », Almanach…, p. 168-172.
« Ethique de la terre », Almanach…, p. 255-284. Ecosystème et communauté biotique.
Le 05/10 : Valeur et considérabilité morale.
Textes : K. E. Goodpaster, « De la considérabilité morale » (1978), Ethique de
l’environnement, p. 61-91.
P. W. Taylor, « L’éthique du respect de la nature » (1981), Ethique de l’environnement, p.
111-152. Voir en particulier p. 116 ( la sensibilité est-elle le critère ? La différence avec P.
Singer), 118 et 127 (La source de la valeur peut être le sujet, mais chaque vivant a un bien
propre) ; le biocentrisme (p. 122, 129) ; voir le monde du point de vue du vivant lui-même (p.
136) ; la contestation de l’idée de supériorité humaine ( p. 137) ; le biocentrisme n’équivaut
pas à accorder des droits aux vivants non humains ( p. 151).
Le 12/10 : L’éthique du respect de la nature de Rolston. L’écocentrisme.
Textes : « La valeur dans la nature et la nature de la valeur » (1993), Ethique de
l’environnement, p. 153-186. Interview de Rolston (avec les auteurs de non-fiction). Ethique
environnementale et évolutionnisme.
Le 19/10 : Interrogation écrite
La valeur intrinsèque de la nature. Suite et fin. ( synthèse, discussion des thémes abordés
précédemment).
Texte : J. Baird Callicott, « La valeur intrinsèque de la nature » (1995), Ethique de
l’environnement, p. 187-225.
Du 26/10 au vendredi 30 octobre : Vacances de la Toussaint. Pause pédagogique.
Le 02/11 : Méthodologie.
Cours et exercices.
Le 09/11 : L’écosophie d’Arne Naess.
Les principaux concepts de son système et les 8 points de l’écosophie T. (Cours et lecture
d’extraits photocopiés).
Ce qu’est l’écophilosophie ; le rapport entre émotion et évaluation ( Ecologie, communauté et
style de vie, chap. 2. p. 69 sq ; 107-114); fait, valeur et fins (Ecologie, communauté et style de
vie, chap. 3) ; la question du style de vie (p. 148) . Changement de mentalité (p. 143-147). La
non-violence ( la référence d’A. Naess à Gandhi, p. 218 sq ; le rapport entre non-violence et
philosophie de l’unicité, p. 281 sq).
Le 16/11 : Ecologie et démocratie.
L’écologie est-elle un anti-humanisme ?
Les critiques de L. Ferry et l’écofascisme.
Textes : extraits de Le nouvel ordre écologique. L’écologie est-elle un anti-humanisme ?
Le problème des actions violentes.
Exemples de l’écologie et de l’éthique animale. Discussions.
Le 23/11 : l’impasse des programmes de conservation et de protection de la nature.
2
Textes divers dont T. Birch, « L’incarcération du sauvage : les zones de nature sauvage
comme prisons » (1990), Ethique de l’environnement, p. 317-348 ; E. Katz, « Le grand
mensonge : la restauration de la nature par les hommes » (1990), Ethique de l’environnement,
p. 348-371.
Le 30/11 : Quelle gouvernance ?
La discussion. Normes et valeurs ( chez A. Naess notamment).
Local et global.
La décentralisation chez A. Leopold et le type de gouvernance impliqué par les questions
écologiques. Education et responsabilité ; communication, programmes de protection de la
nature et impasses des réponses purement étatiques.
Textes : extraits divers : Ecologie, communauté et style de vie d’A. Naess, Almanach d’un
comté des sables d’ A. Leopold.
C. Stone, « Le pluralisme moral et le développement de l’éthique environnementale » (1988),
Ethique de l’environnement, p. 285-315
Le 07/12 : Devoir sur table (4 h. Exceptionnellement nous commencerons à 9 h ou
terminerons à 14 h, selon votre convenance).
Le 14/12 : Des pistes pour l’avenir ?
Le pragmatisme et l’anthropocentrisme faible ou le contrat naturel ?
Textes : B. Norton, « L’éthique environnementale et l’anthropocentrisme faible » (1984),
Ethique de l’environnement, p. 249-283 ; voir surtout p. 269.
M. Serres, Le contrat naturel (extraits).
Du 21 décembre au dimanche 3 janvier : Vacances de Noël. Pause pédagogique.
Lundi 4 janvier au mardi 12 janvier : Examens du premier semestre.
NB : Pour ce cours, il n’y a pas d’examen final, mais une note en contrôle continu.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages à se procurer :
Ethique de l’environnement, Nature, valeur, respect, textes réunis par H. Afeissa, Vrin, 2007.
Aldo LEOPOLD, Almanach d’un comté des sables (1949), Flammarion, 2000.
Ouvrages recommandés (* vivement)
Hicham-Stéphane AFEISSA, Qu’est-ce que l’éthique environnementale ?, Vrin, sept. 2009.
Rackel CARSON, Printemps silencieux, trad. fr. eds Wildproject, 2009.
*Luc FERRY, Le nouvel ordre écologique, Grasset, 1992
3
*Hans JONAS, Le principe responsabilité (1979), trad. J. Greisch, Paris, Champs
Flammarion, 1999.
-----------------, Une éthique pour la nature, trad. S. Courtine-Denamy, Paris, Desclée de
Brouwer, 2000.
J. E. LOVELOCK, La terre est un être vivant : l’hypothèse Gaïa, trad. fr. Paris, Flammarion,
1999.
*Arne NAESS, Ecologie, Communauté et style de vie, trad. Ch. Ruelle, coll. « Dehors »,
2008.
-----------------, Vers l’écologie profonde ( avec David Rothenberg), eds Wildproject, 2009.
*Michel SERRES, Le contrat naturel, 1992, Paris, Flammarion.
Peter SINGER, Comment vivre avec les animaux ?, trad. J. Sergent, Paris, Le Seuil, 2004.
Henry David THOREAU, Walden ou la vie dans les bois, Gallimard.
A Companion to Environmental Philosophy, Dale JAMIESON (éd), Blackwell Publishing,
2001. (Manuel).
Textes à consulter sur Internet ( gratuit):
http : //www.wildproject.fr
revue en ligne : http://trumpeter.athbascau.ca/index.php/trumpet (revue trumpeter. Voir le vol.
26, N° 1, 2006, Special issues, avec des articles d’A. Naess).
EXIGENCES POUR LE COURS ET ANNOTATION
L’assiduité et la ponctualité de tous les étudiants inscrits à ce cours sont requises.
Les interrogations écrites permettent de vérifier que les éléments importants du cours
sont assimilés, que les textes cités et les notions importantes sont connus.
La note finale sera la moyenne des notes du contrôle continu (2 ou 3 notes pour
chaque étudiant : une interrogation écrite et une dissertation, avec sans doute un exposé).
Vous êtes tous invités à poser des questions pour demander que je vous explique une
notion, un argument, un terme, etc. Votre participation sera sollicitée sous la forme de
questions, de discussions.
Enfin, à l’écrit et à l’oral, toute idée empruntée et tout texte cité doivent être signalés
par un renvoi explicite, le plagiat étant l’exemple de la mauvaise conduite à l’Université.
EN DEHORS DU COURS
Les journées d’études organisées par l’UFR de l’Université, le département de
philosophie et par la société poitevine de philosophie sont l’occasion pour vous de rencontrer
des chercheurs et d’être au courant de ce qui se fait aujourd’hui dans tel ou tel domaine. Vous
serez prévenus de toute manifestation ayant un rapport avec les thèmes étudiés dans ce cours.
Le fait d’assister à ces conférences, voire d’en proposer un compte-rendu, est vivement
recommandé. Ceux qui le souhaitent pourront faire signer un document après chaque
conférence à laquelle ils auront participé et me le remettre. J’en tiendrai compte dans le calcul
de leur moyenne.
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