1. En premier lieu, accroître par tous les moyens l'intensité des échanges
commerciaux des partenaires méditerranéens avec l'UE. Pour réaliser le
potentiel de commerce aujourd'hui inexploité on devrait agir sur trois leviers. Tout
d'abord, améliorer l'accès au marché européen par l'adaptation des accords euro-
méditerranéens d'association, qui sont devenus partiellement obsolètes.
Les études empiriques mettent en exergue que ces accords ont augmenté
considérablement les importations des produits industriels des pays MED en provenance
de l'UE tandis qu'ils n'ont pas eu un impact équivalent sur les exportations de ces pays
vers l'UE. Ces résultats sont attribués à l'asymétrie de la libéralisation des échanges
prévue par ces accords.
En fait, depuis 1975 l'UE accordait déjà aux pays MED des préférences tarifaires qui
assuraient le libre accès de leurs produits industriels au marché européen. Toutefois, au
cours des 20 dernières années ces préférences se sont graduellement érodés par:
L'élimination de l'Accord Multifibres à partir de 2005
La signature des accords européens d'association avec les PECO au début des
années 90;
L'irruption brutale de la Chine dans les marchés internationaux, notamment dans
le secteur de produits textiles et l'habillement. La Chine, avec sa politique de
"montée en puissance pacifique et harmonieuse" a évincé les produits textiles de
pays MED (Turquie, Egypte entre autres) du marché européen et de leur propres
marchés nationaux (exemple: le modèle chinois est déjà implanté en Egypte).
Les difficultés de l'UE pour ouvrir davantage ses marchés agricoles, en particulier
pour les produits "sensibles (secteur des fruits et légumes). Il convient, néanmoins,
de rappeler que 80% des produits agricoles MED entrant dans l'UE en franchise de
droits de douanes ou à des taux préférentiels (contre seulement 1/3 des
exportations européennes).
En conséquence, l'importance du déficit commercial des pays MED vis-à-vis de l'UE ne
devrait pas être sous-estimée. En 2010, le déficit (sans la Turquie) a atteint 20.400
milliards d'euros ce qui représente 14% du commerce bilatéral UE-MED.
Cette adaptation des AEA est prévue par le biais des futurs Accords de libre échange
approfondi et global(ALEA), qui visent à instaurer la libre circulation de
marchandises(mesures tarifaires et non tarifaires) des services, de capitaux et de la
présence temporaire des personnes physiques à des fins professionnelles).
Toutefois, pour ne pas accentuer les déséquilibres actuels il va falloir prévoir une
asymétrie efficace des engagements et une progressivité de leur mise en œuvre.
2. Deuxième levier, renforcer et diversifier la base industrielle des pays MED, ce qui
permettrait une participation accrue de ces pays aux échanges de biens intermédiaires, qui
aujourd'hui représentent environ 50% des importations et des exportations de l'UE et du
commerce mondial. L'exemple de l'Allemagne avec les pays de Višegrad ou de la Finlande
et la Suède avec les pays baltiques suggèrent qu'on pourrait intensifier drastiquement les
échanges entre l'UE et les pays MED à travers les stratégies de diversification intra-
industrielles entre les entreprises européennes et méditerranéennes. À cette fin la
création d'un cadre unique pan-euro-méditerranéen de cumul d'origine est une excellente
initiative, pourvu que le système soit simple et facilement applicable. En outre, il devrait
favoriser également le développement du commerce entre les pays du Sud.