PIERQUIN Paul juin 2012
Méthode du drainage autogène adapté
sur ballon
La méthode du drainage autogène adapté sur ballon est une méthode issue du drainage autogène de
jean Chevalier, connu notamment dans le traitement de la mucoviscidose. Le but est de reprendre le
principe d’une méthode nécessitant la coopération du patient et de l’adapter chez le nourrisson.
L’utilisation du ballon nous est d’une grande utilité puisque la méthode repose sur le relâchement
expiratoire permettant de générer des débits ventilatoires distaux.
I. Principe du Drainage autogène
La méthode du drainage autogène est née en Belgique, il s’agit d’une méthode de respiration
contrôlée qui ne nécessite aucun équipement supplémentaire [1]. Elle vise spécialement les patients
atteints de maladies respiratoires chroniques, particulièrement les patients atteints de
mucoviscidose. En effet le besoin d’une toilette bronchique quotidienne, voire pluriquotidienne,
nécessite le recours à une technique ne requérant pas la présence d’un thérapeute de manière
permanente. Elle utilise des inspirations et des expirations lentes contrôlées par le patient en
position assise, en commençant dans le volume de réserve expiratoire ( VRE ) en vue de la
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mobilisation des sécrétions siégeant dans les bronches périphériques et moyennes puis
progressivement dans le volume de réserve inspiratoire (VRI ) pour l’évacuation des sécrétions
siégeant dans l’arbre aérien proximal [2]. Par modification graduelle du niveau où il respire, le patient
peut observer dans quelle génération des voies respiratoires le mucus est mobilisé. Il utilise pour cela
trois signaux différents : les proprioceptifs, les tactiles et les auditifs. En règle générale lors d’une
séance de drainage autogène, c’est le mucus périphérique qui est mobilisé en premier lieu et le
mucus central en dernier lieu [3].
La figure ci-dessous est une représentation théorique du drainage autogène :
Figure 1 [1]
Vt : vol. courant
ERV : VRE
RV : Vol. résiduel
Le drainage comprend 3 phases :
- Phase 1 : Décollement des glaires dans la périphérie par la ventilation à bas volume
pulmonaire ( niveau VRE )
- Phase 2 : Rassemblement des glaires dans les bronches moyennes par une ventilation à
petit et moyen volume pulmonaire ( niveau VRE et VC )
- Phase 3 : Rassemblement et évacuation des glaires dans les grosses bronches par une
ventilation à moyen et haut volume pulmonaire ( niveau VRI ) [3].
Le drainage autogène apparaît comme une technique active, performante pour drainer les voies
aériennes distales, peu épuisante, qui permet l’autonomie des patients mais nécessite une technique
régulièrement contrôlée et des séances longues [4]. Il a été démontré que la fonction respiratoire
s’améliore à court et long terme, et que la mécanique respiratoire reste plus intacte [3].
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II. Drainage autogène adapté
Il va de soit que le drainage autogène ne peut être appliqué que chez des personnes capables d’être
éduquées à une telle technique. Cependant on peut l’utiliser de façon passive ou assistée chez les
bébés et les enfants d’un très jeune âge [3]. Le principe reste identique, il faut obliger le petit patient
à respirer à bas volume pulmonaire, c'est-à-dire dans sa capacité résiduelle fonctionnelle, afin de
décoller et de mobiliser les glaires. Pour ce, une pression manuelle sur le thorax est appliquée de
façon continue, avec une force progressivement décroissante selon le ressenti tactile (crépitations
sous les mains). Le positionnement de l’enfant peut varier selon le thérapeute, mais l’utilisation d’un
ballon semble optimiser la technique.
Tout en gardant une pression manuelle continue, il permet la mobilisation de la cage thoracique au
rythme de la respiration, la phase ascendante du rebond correspondant à l’inspiration et la phase
descendante à l’expiration, créent ainsi des micro AFE. Outre cet aspect mobilisateur, le ballon
constitue un outil de relaxation considérable pour les bébés souvent perturbés d’être maintenus
contre une personne « inconnue ».
Pour que le drainage soit le plus efficace possible, il est nécessaire que l’enfant soit relaché, c’est-à-
dire qu’il ne pleure pas. Ainsi nous pourrons créer des débits dans la périphérie, où nous devons
agir…
[1] KAREN ANN HARDY MD. Revue des méthodes de désencombrement bronchique : Nouvelles techniques, indications et
recommandations. Respiratory Care, septembre 1999, Vol. 3, N° 2, p26-37.
[2] POSTIAUX G. Kinésithérapie respiratoire de l’enfant. Les techniques de soins guidées par l’auscultation pulmonaire. 3e
édition. De Boeck, 2003.
[3] CHEVALIER J. Drainage autogène. Cours de formation 2003 .The Zeepreventorium way. De Haan-Belgique.
[4] LABBE A., DUTAU G. Pneumologie de l’enfant. 2ème Edition.ARNETTE. 2003.
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Effets d’une séance de kinésithérapie respiratoire sur la saturation en
oxygène chez l’enfant
Mémoire de fin d’étude : PIERQUIN Paul, VAN HILLE Frédéric ( promoteur ), LOUIS Philipe ( co-promoteur ).Année 2003 / 2004
1. Schéma d’étude
L’étude consiste à évaluer l’effet d’une séance de kinésithérapie respiratoire sur la saturation en oxygène d’un enfant présentant un
encombrement bronchique à type occasionnel, et ce à n’importe quel stade de la pathologie. Il ne s’agit donc pas d’évaluer le traitement
complet mais bien une seule séance. Celle-ci comprend un rinçage du nez, un drainage bronchique et selon la prescription du médecin, une
aérosolthérapie médicamenteuse. Trois prises de saturation sont effectuées : une avant la séance et deux à la fin de celle-ci, intercalées de
3 minutes. Les valeurs sont analysées à l’aide du test de t de Student avec une valeur de p < 0,05 considérée comme significative.
2. Population
L’étude fut effectuée entre le 17 novembre 2003 et le 21 mars 2004 au Centre de Kinésithérapie Respiratoire de Monsieur VAN HILLE. Les
enfants ont étés sélectionnés en fonction de leur pathologie et de leur tolérance à la prise de mesure. Ainsi les pathologies chroniques ne
rentrent pas dans l’étude ; seules bronchite aiguë, bronchiolite, pneumonie et atélectasie y figurent. La tolérance à la prise de mesure est
donnée par l’état d’agitation de l’enfant pendant la mesure.
L’étude porte sur l’analyse de 96 séances effectuées sur 66 enfants différents âgés de 7 semaines à 7 ans. (âge moyen : 1 ans et 7 mois)
3. Technique de mesure
La prise de mesure a été pratiquée sur les enfants en position assise ou semi-assise à l’aide du saturomètre NONIN 876j comprenant un
capteur pédiatrique relié à l’appareil par une fibre optique. La prise se fait au doigt (excepté le pouce) et la validité de la mesure est
confirmée par un voyant lumineux. Les valeurs sont prises en considération lorsque la coloration verte sur le voyant de perfusion se
stabilise au moins dix secondes.
4. Protocole
Les séances de kinésithérapie effectuées durent de 30 à 45 minutes. Le déroulement est variable selon l’évolution de l’encombrement mais
le schéma thérapeutique reste quasi identique : les séances comportent chronologiquement une prise de saturation, une anamnèse
détaillée, une auscultation pulmonaire, un rinçage du nez, un drainage bronchique sur ballon, une aérosolthérapie (humidificatrice ou
médicamenteuse) entrecoupée de percussions intrapulmonaires (IPV®), un drainage autogène adapté, une nouvelle auscultation et deux
prises de saturation intercalées de 3 minutes.
5. Résultats
Saturation de départ < 98%
Pathologies restrictives
Pathologies obstructives
Toutes pathologies confondues
96
96.5
97
97.5
98
98.5
Avant Fin Fin +
3min
Saturation (%)
Prises de mesure
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6. Conclusion
- En aucun cas il n’y a de désaturation significative en fin de séance.
- Pour les pathologies restrictives, une séance de kinésithérapie respiratoire ne provoque aucune modification significative
de la saturation ( 97.37%, 97.24%, 97.37% ).
- Pour les enfants dont la saturation en oxygène est strictement inférieure à 98% en début de séance, la kinésithérapie
respiratoire entraîne une augmentation significative ( p = 0.015 ) de ce paramètre, ce 3 minutes après la fin de la
séance ( 97.14% vs 96.30% ) .
- Toutes pathologies confondues, la kinésithérapie respiratoire chez l’enfant n’entraîne pas de désaturation significative en
fin immédiate de séance. Par contre, elle augmente l’oxygénation sanguine de façon hautement significative ( p = 0.0007
) 3 minutes après la fin de la séance ( 98.08% vs 97.64% ), surtout pour les pathologies obstructives ( 98.16% vs
97.68%, p = 0.0002 ).
On peut dire grâce à notre étude que la kinésithérapie respiratoire en ambulatoire chez les enfants atteints de pathologies
aiguës augmente à court terme la saturation en oxygène.
Au vu de la littérature, nous n’avons aujourd’hui aucune étude qui montre dans une population semblable à la notre que nous sommes
plus ou moins efficace en terme d’augmentation de la saturation en oxygène chez l’enfant. Il nous parait donc indispensable de poursuivre
ce genre d’étude en prenant des populations plus grandes, des enfants hospitalisés et en espaçant plus les temps de prise des saturations.
En effet, d’autres études mises en parallèle avec celle-ci pourront peut être, en étudiant d’autres paramètres que la saturation, donner
enfin la preuve scientifique que la kinésithérapie respiratoire pédiatrique en ambulatoire a une place prépondérante dans nos sociétés et
surtout est indispensable et efficace.
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