Depuis 2011, les gouvernants successifs n'ont pas réussi à définir une vision pour tracer une stratégie et mettre
en œuvre un plan quinquennal de développement économique et social. Aujourd'hui, le code d'investissement
et le plan quinquennal sont les deux bébés du ministère de Développement, dont l'accouchement s'avère long et
pénible.
Après avoir été préparé à 80% par le gouvernement Mohamed Ghannouchi en 2010, les gouvernements post-
révolution ont malmené le projet du Code d'Investissement jusqu'à défaire ses principales composantes en vue
d'y insérer d'autres conformément aux consignes des IBW et des pays «amis» et aux doléances de la mafia des
multinationales.
Durant les 5 dernières années, aucun débat n'a été organisé sur les nouvelles incitations à l'investissement avec
les experts et universitaires nationaux, ni avec les opérateurs économiques et investisseurs tunisiens. Seuls des
meetings de courtoisie ont été accommodés avec des chancelleries ou des IDE, à Tunis ou à l'étranger.
Pour ce qui est du nouveau modèle économique et du plan quinquennal de développement socioéconomique
(2016-2020), certains officiels reconnaissent qu'ils ont dû faire appel à des partenaires français (IMM, Femise,
ambassade de France à Tunis) et à des partenaires allemands (GIZ) pour leur prêter main forte.
Dans un récent article sur un journal électronique tunisien (‘‘Leaders'', 23 juillet 2015), on souligne que le
Pnud et la GIZ ont été sollicités par le gouvernement pour fournir une cinquantaine d'experts et consultants et
répondre à des besoins d'assistance et d'orientation. A présent, ces organismes étrangers sont en passe de nous
confectionner un plan de développement comme bon leur semble.
De l'avis des initiés, il n'est pas acceptable que la stratégie de développement de la «Tunisie indépendante et
souveraine» soit définie ou manipulée par des organismes étrangers, alors que le pays regorge de compétences
confirmées et de hauts cadres ayant à leurs actifs de riches expériences. Visiblement, nos experts n'ont pas été
sollicités pour participer à ce chantier d'envergure. Ils auraient été écartés sur instruction des «partenaires
économiques» et «bailleurs de fonds», une discrimination intellectuelle incroyable et inacceptable.
Au-delà de l'exclusion de nos experts et de la lenteur dans mise en œuvre de ce projet, l'on constate une opacité
excessive dans la couverture de ce chantier national. En lisant la presse, l'on découvre beaucoup de baratins et
de langue de bois, mais rien de concret pour susciter le moindre débat sérieux et constructif.
A ce titre, on reproche au pouvoir exécutif d'éviter le recours aux débats (ni pour le code d'investissement, ni
pour le plan de développement quinquennal, ni pour le PPP) à l'effet de bénéficier des expériences
rétrospectives, favoriser l'éclosion de brainstorming fécond, et évoluer vers des pistes réalistes et
consensuelles. Si on était sous un régime dictatorial, l'opacité aurait été comprise, bien que sous Ben Ali les
réflexions préparatoires ont été suffisamment transparentes et avaient mis à contribution le maximum
d'intervenants utiles: universitaires + professionnels + banques + bureaux d'études + centrale syndicale + autres
composantes de la société civile. Certains vont jusqu'à conclure que «le mercenariat devient pire que la
dictature».
3) Que vont-ils nous mijoter ces organismes internationaux?
Sous un climat de déficit de communication et de concertation intra-nationale, grand nombre d'observateurs
estiment que le Plan Pnud-GIZ sera confectionné pour la Tunisie, non dans l'intérêt des Tunisiens, mais dans
l'intérêt de l'Occident et des ses mercenaires.
Ce dont nous pouvons être presque sûrs, c'est que ces deux organismes ne vont pas recommander des
investissements d'envergure dans le développement agricole, ni dans la valorisation industrielle des richesses
naturelles (saumure, phosphate, sable, gypse, pierre marbrée, kaolin, plomb/zinc, etc.), ni dans la production
d'électricité verte, ni dans le dessalement solaire de l'eau de mer. Ceci est d'autant plus vrais que les bailleurs