Comment analyser la structure sociale ?
Définitions
Structure sociale : Manière dont une population est répartie entre différents groupes sociaux. On
distingue les structures sociales de droit (castes et ordres ayant une existence juridique reconnue) et
les structures sociales de fait (sans reconnaissance juridique comme les classes sociales ou les
groupes de statuts).
Stratification sociale : Division de la société en groupes sociaux hiérarchisés et présentant chacun
une forte homogénéité au regard de certains critères (revenus, modes de vie, valeurs, statut etc)
Capital économique social et culturel (espace social): le capital économique regroupe les
ressources matérielles et financières qu'un individu a à sa disposition. Le capital culturel est
composé des comportements « incorporés » que chacun a acquis au cours de sa socialisation
(habitus), des biens culturels que chacun peut s'approprier et des titres scolaires acquis. Le capital
social regroupe le réseau de relations sociales qu'une personne peut mobiliser implicitement ou
explicitement à son profit (ou au profit de ses proches) et les ressources symboliques que sa position
sociale lui confère.
Castes : Il s'agit d'une stratification sociale héréditaire fondée sur le degré de pureté religieuse. Les
castes sont des groupes où règnent « l'endogamie », c'est à dire la prescription du mariage à
l’intérieur du groupe.
Patrimoine : Il s'agit de l’ensemble des avoirs possédés par un agent économique (biens
immobiliers, biens durables, argent sur des comptes, liquidités, œuvres d'art, titres de propriété, etc).
Le patrimoine brut additionne tous les avoirs, le patrimoine net, lui se calcule en retranchant les
dettes du patrimoine brut.
Classes sociales : Concept central de l'analyse marxiste : groupe d'individus occupant la même
place dans le processus de production (détenteurs du capital ou détenteurs de la force de travail).
Ces deux groupes, spécifiques de la société capitaliste, sont nécessairement en lutte.
Groupe de statut : Concept créé par Max Weber dans Économie et société (1922). Selon lui il
s'agit d'ensembles sociaux homogènes définis par leur position dans la distribution inégale du
prestige social.
Catégories socioprofessionnelles : Regroupement d'individus, ayant le même statut
socioprofessionnel, selon des principes de classement élaborés par l'INSEE : « La définition a pour
objet de classer l’ensemble de la population en un nombre restreint de catégories présentant chacune
une certaine homogénéité sociale ».
Coefficient de Gini : Cet indice, calculé à partir de la méthode de Lorenz, synthétise dans une
valeur comprise entre 0 et 1, le degré des inégalités dans une population. Il permet de comparer les
inégalités dans différents pays : plus le coefficient est élevé et proche de 1, plus les inégalités sont
fortes. Il permet aussi des comparaisons dans le temps.
Courbe de Lorenz : Cette courbe permet une représentation graphique des inégalités de répartition
des revenus ou des patrimoines. Elle visualise la part du revenu ou du patrimoine total perçue par
une fraction (généralement les déciles) de la population, rangée par ordre de richesse croissant.
Disparité/Dispersion : On parle de disparité des revenus quand on mesure les écarts entre les
revenus moyens de groupes sociaux différents (par exemple, les ouvriers et les cadres). On parle de
dispersion lorsqu'on mesure les écarts à la moyenne à l'intérieur d'un même groupe social (par
exemple, les agriculteurs).
Rapport interdécile : Il s'agit d'un outil statistique mettant en rapport les niveaux de revenus de
deux groupes de la population. La rapport interdécile le plus fréquent est le rapport D9/D1 qui
divise le revenu minimum perçu par les 10% les plus riches, par le revenu maximum perçu par les
10% les plus pauvres. L'étude de l'évolution de ce rapport permet de suivre la tendance des
inégalités à se réduire ou à s'aggraver au fil des années.
Moyennisation : Tendance perceptible dans les sociétés qui se développent, où se forme un vaste
groupes central, dont les caractéristiques (revenus, modes de vie, niveau des diplômes, etc) sont de
plus en plus homogènes.
Strates : Différenciation sociale permettant d'agréger des individus selon certaines caractéristiques
comme les revenus ou le niveau d'instruction, etc. L'utilisation du terme « strates » suppose une
conception du corps social comme étant constitué de groupes proches, dans un continuum plutôt
que dans une relation d'affrontement.
A- Comment mesurer les inégalités de revenu et de patrimoine ?
Les sociétés sont toutes stratifiées, cela signifie qu'elles sont composées de groupes sociaux
aux caractéristiques différentes. Tous ces groupes sont hiérarchisés, il y a de se fait un classement
des différents groupes sociaux. La hiérarchie sociale repose que des jugements collectifs de valeur.
Certains métier sont socialement plus valorisées que d'autres, par exemple un cadre est plus valorisé
qu'un éboueur. La cadre aura donc plus de richesses, plus de pouvoir, plus de reconnaissance que
l'éboueur (inégalité entre entre les PCS et pas seulement une différence). Une inégalité est une
différence qui se traduit en termes d'avantage et de désavantage dans l'accès à des ressources rares
socialement valorisées (emploi, revenu, prestige social...) et qui fonde une hiérarchie. Ainsi on peut
différencier deux individus par exemple par des caractères physique, seulement cette différence ne
constitue pas une inégalité.
Il ne faut donc pas confondre différence et inégalité même si une différence peut devenir une
inégalité.
Il existe deux autres outils qui permettent de mesurer les inégalités : la dispersion (rapport
interdécile)(exemple : les écarts de revenus au sein d'une même population) et la disparité
(exemple : écart de revenus entres les hommes et les femmes).
Pour mesurer les écarts entre les groupes sociaux, on peut utiliser la méthode des déciles. Cette
méthode statistique classe les ménages par ordre de revenu croissant en 10 groupes d'effectif
identique. Le 1er décile délimite les 10% de ménages les plus pauvres, le 2ème les 10% un peu
moins pauvres etc. Au 9ème décile, on trouve les 10% de ménages les plus riches. Cette méthode
permet de construire la courbe de Lorenz et de calculer le coefficient de Gini. L'hétérogénéité des
PCS (Professions et catégories socioprofessionnelles) amène à privilégier cette méthode.
Ces outils permettent de mesurer les inégalités seulement ils ont leurs limites :
-le rapport interdécile ne donne aucuns renseignement sur la distribution entre les deux extrémités
retenus
-les indicateurs moyens ne reflètent pas l'hétérogénéité de la catégorie à partir de laquelle elle a été
calculée.
Le patrimoine est un stock et le revenu est un flux qui alimente le stock du patrimoine qui à sont
tour va générer des flux de revenus. Il existe quatre types de patrimoine :
-le patrimoine professionnel : capital fixe, outils, fonds de commerce
-le patrimoine financier : action, obligation
-le patrimoine mobilier : œuvres d'arts, voitures
-patrimoine immobilier : appartement
Les inégalités de patrimoine sont plus importantes que les inégalités de revenus. Le revenu permet
de créer un patrimoine qui va à sont tour générer des revenus (cercle vertueux). Donc les ménages
ayant des revenus élevés ont accès à des prêts plus facilement leur permettant par la suite de
posséder du patrimoine qui va à son tour générer des revenus. Certaines professions ont des revenus
plus élevés sont des professions qui nécessitent un capital (agriculteur, profession libérales).
Certaines professions, comme pour les cadres supérieur qui sont salariés et qui ont un patrimoine
élevé, ne doivent pas seulement prendre en compte la notion de capital, la variable qualification
compte aussi. De plus on remarque un cycle de vie du patrimoine. En effet, jusqu'à 60 ans on se
constitue un patrimoine et à la fin de la vie active, l'épargne décroit car les ménages consomment
cette épargne.
Synthèse : Notre société se caractérise par de nombreuses différences entre les individus ou les
groupes sociaux (âge, genre …). Cependant les différences ne constituent des inégalités que
lorsqu'elles se traduisent en terme d'avantage ou d'inconvénient dans l'accès à des ressources
socialement valorisées. Les inégalités sont des inégalités sociales lorsqu'elles touchent tout un
groupe social.
La mesure des inégalités sociales pose des problèmes méthodologique : le choix des inégalités à
mesurer (de revenus, d'accès à la culture …) la population à étudier (PCS, ménages …) le type
d'outil choisis (moyenne, médiane, quantiles …) changent la perception des inégalités et de leur
évolution.
Les inégalités de revenus et de patrimoine sont généralement analysées avec le rapport interdécile,
la courbe de Lorenz ou le coefficient de Gini. Les inégalités de patrimoine sont beaucoup plus
importantes que les inégalités de revenu : les 10% les plus riches des ménages les mieux lotis
disposent d'un revenu annuel au moins 4 fois supérieur à ceux des 10% les moins bien lotis, et d'un
patrimoine environ 200 fois supérieur à ceux des 10% les moins bien lotis.
Le revenu permet de constituer un patrimoine qui à sont tour génère des revenus, créant un cercle
vertueux qui se transmet par l'héritage, de génération en génération. Les inégalités de revenus et de
patrimoine sont donc cumulatives, et varient considérablement en fonction de la PCS ou de l'âge.
B-Comment mesurer les inégalités sociales ?
Les inégalités économiques induisent les inégalités sociales de toute nature, par exemple sur
les modes de vie : l'importance des postes de dépensent dans le budget des ménages est liées au
niveau de revenus et de patrimoine. Les dépenses des ménages sont hétérogènes. Pour certains
d'entre eux, le budget peut être absorbé par le logement ou l'alimentation (pour le décile le plus
pauvre) et pour d'autre le budget va être dépensé dans les transports, les loisirs et la culture,
l'alimentation n'en représentant qu'une petite partie.
Les écarts d'espérance de vie à 35 ans (47 ans pour un cadre supérieur, contre 41 ans pour un
ouvrier) est une des illustrations de l'influence des inégalités économiques sur les conditions de vie.
Les professions ouvrières sont plus risquées (amiante, chute) contrairement aux cadres qui ont
moins de facteurs risquant leur vie de plus ils ont une meilleure hygiène de vie et de ce fait vivent
plus longtemps.
En France, l'école est publique et gratuite donc elle accessible à tous. Pourtant, la nature des études,
leur durée, le niveau de diplôme atteint sont souvent liés avec l'origine sociale. Par exemple 51,2%
des ouvriers possèdent un bac général contre 77,5% pour les cadres et PCIS et 30% des ouvriers
possèdent un bac technologique contre 15,3% pour les cadres. L'obtention du bac est donc un
phénomène socialement différencié. Ces inégalités de réussite scolaire peuvent s'expliquer en partir
par des différences de revenus entre les familles (certaines pouvant financer, par exemple des cours
particuliers alors que d'autres ne le peuvent pas). De plus les parents ayant un bac général pourront
suivre leur enfants dans leurs devoirs et connaissent mieux les filières.
-le capital économique : permet de payer des bonnes écoles, le soutient scolaire, ou les stages
pendant l'été.
-le capital culturel : le diplôme des parents est important car ils vont pouvoir suivre et aider les
enfants dans leur scolarité. Le capital culturel est aussi la transmission d'un goût, d'une compétence
(livre, opéra), la maîtrise de la langue et des codes sociaux.
-le capital social : fournit un réseau de relation (qui peut par exemple permettre d'obtenir des stages
ou la mise en relation).
Ces inégalités peuvent aussi s'expliquer à travers les ambitions selon les milieux sociaux (les
milieux aisés sont plus ambitieux que les milieux modeste qui favorise des filières plus courte
accèdent rapidement sur le marché du travail).
La culture est la marque de la bourgeoisie. Alors que les classes populaires sont univores (ex : la
télévision), les milieux supérieures sont omnivores (ex : opéra, cinéma, télévision). Même si leurs
consommations culturelles peut parfois se rapprocher de celle des classes populaires, les classes
supérieures les trient. En faisant ce trie, elles créent une hiérarchie qui va définir ce qu'est le bon
goût.
Par ailleurs on observe des inégalités devant la politique. Parmi ces inégalités, il y a des inégalités
de fait : les personnes handicapées et les personnes n'ayant pas l'âge requis ne peuvent pas exercer
leur droit de vote. Daniel Gaixie utilise l'expression de « cens caché » (le cens était au Moyen-âge
un impôt qui permettait de voter) pour désigner les barrières de compétences. La classe moyenne
n'a pas reçu d'éducation politique donc vote moins car elle se sent moins compétente. Pour Daniel
Gaxie, plus on est diplômé, plus on vote. La position sociale et le diplôme font que certaines classes
ne se sentent pas apte à voter.
Les inégalités économiques et sociales ont souvent un caractère cumulatif:la spirale de la réussite
sociale et économique entre en contraste avec la spirale de la pauvreté. Les explications des
inégalités ne sont pas univoques: certaines sont liés à l'origine sociale et à la logique des
« héritages » (économique, social et culturel), d'autres sont la conséquence des parcours de
formation et des inégalités scolaires. D'autres, enfin, s'expliquent par les discriminations de genre
ou par les effets de génération. Le cumul des handicaps ou des avantages peut conduire, dans un
sens, au déclassement, à la pauvreté, voire à l'exclusion (polarisation).
Synthèse : Les inégalités sont multidimensionnelles. On peut les mesurer en termes d'espérance de
vie (6 ans d'écart entre les cadres et les ouvriers), de taux de chômage (les sans diplômes sont 5fois
plus nombreux au chômage que les bac +3, phénomène renforcé par l'origine nationale), d'accès à la
culture, mais aussi en termes d'étude (environ 8 fils de cadres sur 10ont un bac général, contre
seulement un fils d'ouvrier sur 2), ou de compétence politique.
Les inégalités spécifiquement économiques constituent souvent une matrice sur laquelle se
développe une multiplicité d'inégalités sociales. Par exemple, les inégalités de revenu et de
patrimoine donnent naissance à des inégalités d'accès au logement, d'accès à la santé, etc. Les
inégalités sont donc interactives. Plus encore, elles sont liées entre elles par des processus
cumulatifs qui alimentent la polarisation de la structure sociale : les avantages des uns
s'additionnent pendant que les désavantages des autres se renforcent mutuellement.
C-Comparer les inégalités dans le temps et dans l'espace
Pour mesurer les inégalités on utile deux outils : la courbe de Lorenz et l'indice de Gini.
L'indice de Gini permet de nous rendre compte des inégalités de revenus. Pour les pays les plus
riches, les revenus sont 9 fois supérieur à celui des plus pauvres parfois même plus comme pour le
Mexique qui est 27 fois supérieur. Plus l'écart entre les revenus diminue moins il y a d'inégalité de
revenu, cela peut s'expliquer par la redistribution.
Lois de Simon Kuznet : dans un premier temps les inégalités augmentent dans un pays puis dans
un second temps elles diminuent. Dans un premier temps, la croissance repose sur l'accumulation
de capital et favorise ceux qui le détiennent. Puis le niveau de richesse fait que l'Etat peut mettre en
place des règlementations : des minimas sociaux, la sécurité sociale qui vont réduire les inégalités.
Depuis le XXème siècle, on constate la réduction des inégalités, grâce à différents facteurs :
-la mise en place de l'impôt, qui taxe les plus riches
-la guerre, la crise économique (guerres et crises détruisent le capital)
-l'Etat providence, avec la mise en place de la sécurité sociale, le salaire minimum, le système
d'assurance et d'assistance.
Ces différents d-facteurs aboutissent à :
-la réduction des inégalités de salaire, qui est dorénavant protégé par les minimas sociaux et sont
encadrés par des grilles gérant les inégalités
-la réduction du seuil de pauvreté grâce à l'augmentation de la croissance productive et aux
minimas sociaux
-la réduction des inégalités sociales (ex : les écarts de rémunération entre les hommes et les
femmes ont baissé). Les femmes ont obtenu un certains nombre de droits, la pilule par exemple leur
a permise de contrôler la grossesse leur permettant d'entrer sur le marché du travail, et ont ainsi
investit des professions dont elles ont été exclus. La réduction des inégalités scolaires : l'école s'est
démocratisée au début du XXème siècle donnant l'accès à l'école et à l'obtention d'un diplôme
permettant l'accès aux études supérieur et donc permettant la mobilité sociale.
Depuis 1994, la part de la masse salariale brute totale des salaires des 1% les mieux rémunérés a
augmenté de 5,8% à 6,6% soit une hausse d'environ 20%. Ceci signifie que le revenu des 1% les
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