
II Contexte historique et politique de l'ère Edo
Dès la fin du VIe siècle, les pouvoirs de l'empereur, qui siégeait à Nara, puis à Kyoto, furent
limités par le développement de la féodalité: un ou plusieurs chefs militaires détenaient la
réalité du pouvoir et leur autorité était déléguée en province à des gouverneurs, les daimyô.
Jusqu'au XVIe siècle, plusieurs familles se partagèrent ainsi le pouvoir: les Fujiwara, les Taira
et les Minamoto.
En 1600, le daimyô d'Edo (aujourd'hui Tokyo), Tokugawa Ieyasu (1543-1616), défit tous ses
opposants à la bataille de Sekigahara et pris pour lui seul le titre de shogun (général en chef).
Il unifia le Japon sur lequel sa famille maintiendra sa domination jusqu'en 1868, l'empereur ne
conservant uniquement ses fonctions spirituelles de grand prêtre du shintô (religion indigène
du Japon de type chamanique, vénérant les forces de la nature).
La dictature des Tokugawa fut marquée par la stabilité du régime pendant deux siècles et
demi: gouvernement fort et centralisé à Edo, hiérarchie sociale très rigide, fermeture du Japon
aux influences extérieures et la bourgeoisie commerçante prospérant, l'art se développa en se
dégageant de l'influence chinoise.
Au XIXe siècle, cet isolationnisme se heurta à la pression grandissante des Etats-Unis et des
pays européens, soucieux d'ouvrir le Japon à leur commerce. En 1854, le commodore
américain Perry, commandant une escadre de la marine de guerre, fit ouvrir sous la menace
deux ports japonais (Shimoda et Hakodate). En quelques années, le Japon se trouva ouvert à
tous les pays étrangers et l'empereur Mutsuhito (1867-1912) prit la tête d'un mouvement
national qui obligea le dernier shogun, Tokugawa Yoshinobu (1837-1913), à se retirer le 9
novembre 1867. La monarchie fut rétablie, et la capitale Edo, rebaptisée Tokyo.
A partir de 1868, l'ère Meiji (ère des lumières) mit un terme à l'ère Edo en abolissant la
féodalité, à laquelle succéda un Etat centralisateur, gouverné par une monarchie
constitutionnelle, qui ouvrit le Japon au monde moderne.
III. Les préconditions du développement économique
1. Première période: de 1600 à 1750
1.1 Facteurs sociaux:
a) Les théories sociales du confucianisme:
Le confucianisme n'est pas une religion, mais plutôt un code moral pour la vie en société avec
une perspective humaniste. Il n'existe de dévotion à aucun dieu, mais un respect d'une
hiérarchie stricte pour permettre un fonctionnement optimal et sans conflit de la société.
L'individu se doit de rechercher le perfectionnement personnel, en tentant de devenir meilleur,
en étudiant et en perfectionnant ses relations suivant cinq principes:
Relations de prince à ministre