La spiritualité Je ne suis ni exégète, ni théologienne, ni experte dans le domaine de la vie spirituelle. Je veux tout simplement partager avec vous mon cheminement spirituel, en espérant que par mes paroles, Dieu parlera à vos cœurs. C’est la prière que je lui fais depuis que j’ai accepté de venir vous adresser la parole. La spiritualité est un sujet très vaste. Nous ne pouvons que l’effleurer en surface. Le « Petit Robert » définit le mot spiritualité comme « indépendant de la matière ». C’est l’ensemble des croyances et des pratiques qui concernent la vie spirituelle et la forme particulière que prennent ces croyances et ces pratiques. J’ai donc quelques questions à me poser : 1- Qui est Dieu pour moi? 2- Par quel nom est-ce que je m’adresse à lui : L’être supérieur? L’Absolu? Le Moi supérieur? L’Énergie universelle? L’Énergie cosmique? 3- Ma vie est-elle en harmonie avec mes croyances? 4- Qui suis-je? J’ai un corps, mais je ne suis pas mon corps. J’ai des pensées, mais je ne suis pas mes pensées. Je suis observatrice de mes pensées, de mes paroles, de mes actes. 1 Quand je regarde une personne, je la vois comme 1- un être physique un être psychique : vie des sens, vie affective, vie émotionnelle Est-ce que je m’identifie à mon corps (le paraître, le plaisir des sens, etc.) 2- Un être cérébral : la vie intellectuelle. Est-ce que je m’identifie à mon intelligence, à mes connaissances, à mes idées, à mes opinions? Ai-je peur de perdre ma beauté, ma jeunesse, mon indépendance physique, mes facultés mentales? 3- Un corps spirituel : la vie de l’âme qui ne meure pas. Où étais-je avant de naître? Où irais-je après ma mort? Ma vie spirituelle est mon expérience de Dieu. Nous avons souvent vécu des expériences spirituelles difficiles à décrire. En étudiant le développement spirituel à travers les siècles, j’ai découvert un livre de John Selly « Seven Masters, one Path » (Sept maîtres, un chemin) qui nous dit que : 1- Au delà de 4000 ans passés, en Inde, une étude formelle de la méditation fut initiée par les anciens, maîtres yogis afin de découvrir comment la méditation peut éveiller une conscience spirituelle profonde. 2000 ans plus tard, Patanjali écrit un recueil d’instructions détaillées, le Yoga sutras. Il enseigne que le contrôle et la 2 conscience de la respiration sont essentiels afin de tourner pleinement son attention vers l’expérience de la méditation. « Je respire librement ». 2- Lao Tzu est né en Chine près de 2500 ans passés, à peu près 100 ans avant le Bouddha. La tradition taoïste enseigne la façon d’entrer en contact avec la divinité par la méditation.. Dans le texte mandarin, on doit simplement calmer les nombreuses pensées qui nous trottent dans la tête afin de devenir conscient de la nature profonde de la vie. 3-Bouddha : Siddartha Gautama s’est manifesté 100 ans après Lao Tzu, 400 ans avant Jésus-Christ. Il enseigne l’acceptation de la Vérité. Il nous dit que tout est illusion. Nous devons laisser aller la peur, les attitudes, les désirs qui causent la douleur et la souffrance, accepter la vie en vivant le moment présent, faire la gestion des pensées et des actes sans juger. (J’accepte le monde tel qu’il est.). 4- Jésus est venu pour éveiller les cœurs. Ses enseignements ont été interprétés et mal interprétés à travers les siècles. Jésus était d’accord avec Pantajali qui nous dit de demeurer en contact avec la respiration, le souffle de Dieu : avec Lao Tzu qui dit que la paix et le calme intérieur sont nécessaires : avec le Bouddha qui nous invite à ne pas juger et à vivre le moment présent. Il enseigne que l’amour est au cœur de la vie spirituelle. Je m’aime, j’aime mon prochain, j’aime Dieu. C’est l’amour, le pardon, la compassion. 3 5- Mahomet a fondé la religion de l’Islam en dictant le Coran au 6e siècle après Jésus-Christ. Il enseigne que le pouvoir spirituel ultime est d’aimer et de pardonner. Les racines de l’Islam sont d’atteindre la paix par la méditation, permettant à l’amour de Dieu de guérir les souffrances de la vie. S’abandonner à la volonté de Dieu est au cœur de l’éveil spirituel. 6- Gurdjieff, un mystique juif arménien au 8e ou 9e siècle a répandu la spiritualité des soufis en Asie Centrale, en Europe de l‘Est et en Afrique. Il enseigne la spiritualité à travers la connaissance de soi « l’enneagramme ». « Je sais qui je suis ». 7- Krisnamurti vit en Inde au 20e siècle. Il fut enlevé à sa famille, emmené en Europe et en Amérique. Il nous dit d’oublier le passé et de demeurer dans l’euphorie du moment présent. Parmi les grands mystiques de la tradition chrétienne, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix m’ont toujours attirée même si je les comprenais plus ou moins. Depuis une dizaine d’années, j’étudie avec Caroline Myss. Son premier volume Anatomie de l’esprit nous parle des centres d’énergie, du contrat sacré. Je viens de terminer avec elle, 90 heures de cours sur la spiritualité de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix. Même si Thérèse d’Avila a vécu au 16e Siècle, ses écrits sont encore très populaires aujourd’hui, non seulement pour les catholiques, mais pour toutes les 4 traditions religieuses. En s’inspirant du livre de Thérèse d’Avila, Les demeures intérieures dans lequel Thérèse présente sept niveaux de pouvoir spirituel, Caroline Myss a écrit Entering the Castle afin de nous aider à comprendre comment entrer dans ces demeures. Thérèse utilise beaucoup de métaphores pour faire passer son message, une leçon difficile à mettre en paroles. Thérèse voit l’âme comme un château composé d’un seul diamant ou d’un cristal parfaitement limpide dans lequel il y a beaucoup d’appartements. L’âme reçoit d’abord l’appel de Dieu. Elle est sur le pont-levis. Elle entre dans la première demeure, il fait sombre et ou elle y découvre de nombreuses couleuvres, des vipères, des reptiles venimeux qui l’empêchent de pénétrer plus avant dans la deuxième demeure. La première demeure L’âme qui entre dans la première demeure est imprégnée de l’esprit du monde, de matérialisme. Les vipères représentent la jalousie, l’envie, l’orgueil, la gourmandise, la colère, la haine, l’arrogance, les jugements téméraires, la rancœur ou le manque de pardon et de compassion, etc. Va-t-elle rebrousser chemin ou aura-t-elle le courage de continuer? .La connaissance de soi est nécessaire pour les personnes qui ont été introduites dans les demeures afin de se débarrasser de la vermine qui entre dans les premières salles. Thérèse nous dit que pour se défaire des reptiles, il nous faut pratiquer l’humilité. 5 Qu’est-ce qui m’humilie? Comment est-ce que je réagis devant l’humiliation? Ne pas confondre humiliation et humilité. Qu’est-ce qu’une personne humble? Nous n’avons qu’à lire la vie de Gandhi, Mère Térésa, Nelson Mandela, le Dali Lama, Tich Nat Han etc. qui en sont des exemples frappants. Dans la première demeure, il y a aussi ma prison dans laquelle se trouvent : 1- Les personnes qui m’ont blessé 2- Les personnes que j’ai blessées 3- Les personnes qui portent le blâme de mes actes Il y a aussi ma chapelle, mon refuge, là où mon âme se retrouve seule avec Dieu, là où Dieu vient me séduire. Je fais alors l’expérience du sacré. Est-ce que je me tourne vers Dieu seulement lorsque je perds un être cher? Lorsque je vis une trahison? Une perte d’emploi? Quelle est ma prière? Quelles sont mes demandes? C’est le combat entre l’ego et l’âme. Je ne cherche pas à détruire mon ego, mais à le désarmer. La deuxième demeure Les personnes qui entrent dans la deuxième demeure font déjà oraison. C’est le début de la tranquillité de l’âme. Je progresse à un état de conscience plus profond. Je reconnais l’être sacré en moi. C’est un temps de discernement, d’illumination où je fais la lumière sur mes pensées, mes paroles, mes actes. Je reconnais et vois Dieu dans les détails de la 6 vie de tous les jours. Maintenant que je vois, je dois passer à l’action et me demander si je suis prête à vivre cette vie là. Le pardon n’est plus une option, mais une loi. Y a-t-il des exceptions dans mon code de vie? Ma vie est-elle en harmonie avec mes croyances? À ce stade, j’ai besoin de compagnons de route, non pas pour parler des blessures du passé, mais pour devenir lumière pour les autres. (Myss, Caroline, Invisible Acts of Power). Ce n’est pas la perfection qui importe, mais la pratique. L’illumination nous vient à travers la prière pour les autres, par les services aux autres. La prière accompagne la réflexion. On recherche alors la solitude. Faire silence n’est pas nécessairement ne pas parler. Est-ce que je donne autant que je reçois? Il n’y a plus de place pour le blâme. La chapelle est le sanctuaire de la deuxième demeure. Suis-je prête à m’engager dans une vie extraordinaire là où mon âme appartient à Dieu et à l’humanité? Si oui, je peux pénétrer dans la troisième demeure. Troisième demeure Ici, il faut cesser de rationaliser, ne plus chercher à trouver une raison pour tout ce qui arrive. Nous voyons Dieu comme un être raisonnable, le Dieu de la raison, un Dieu intellectuel. On veut tout expliquer, comprendre l’incompréhensible. Le mental a une grande influence sur la façon dont on perçoit Dieu et l’âme. Thérèse nous dit qu’il faut laisser aller notre esprit rationnel. Notre relation avec Dieu n’est pas acquise à travers nos 7 connaissances et notre imagination. C’est souvent l’étape où on livre une bataille entre le corps, la raison et l’esprit. C’est ce que Jean de la Croix nomme « la nuit des sens ». Dans cette sécheresse de l’âme, nous puisons l’humilité. Cet état est nécessaire pour entrer dans la quatrième demeure ou Dieu nous attend. Quatrième demeure C’est là que nous vivrons une vraie expérience de Dieu en nous abandonnant totalement à Lui. Dieu nous donne parfois des consolations spirituelles sensibles. C’est ici que nous pratiquons l’attente dans la patience et la confiance. L’essentiel n’est pas de penser beaucoup, mais d’aimer beaucoup. Il ne s’agit pas de goûter le plaisir, mais de simplement contempler Dieu. Thérèse nous dit que : « Ce que j’appelle goûts de Dieu – et que j’ai nommé ailleurs oraison de quiétude – est toute autre chose, comme le savent fort bien ceux d’entre vous qui, par la miséricorde de Dieu, en ont fait l’expérience. Pour bien comprendre cela, figurons-nous avoir sous les yeux deux fontaines, dont les bassins se remplissent d’eau. Ignorante et dépourvue d’esprit comme je le suis, je ne trouve rien de plus convenable que l’eau pour donner l’idée de certaines choses spirituelles. J’ai du reste un attrait particulier pour cet élément : aussi l’ai-je observé avec une attention spéciale… Les deux bassins dont je parle se remplissent d’une manière différente : l’un reçoit une eau qui vient de loin, par de longs conduits et par le travail de l’art; l’autre est construit à l’endroit même de la source, de sorte qu’il se remplit sans aucun bruit. Et si la source est 8 abondante, comme c’est ici le cas, le bassin, une fois rempli, laisse échapper un gros ruisseau, sans qu’il soit besoin d’employer aucun artifice, ni qu’on ait à craindre de voir le conduit se détériorer : d’elle-même l’eau s’échappe sans cesse du bassin. Pour faire voir la différence que je prétends expliquer, je dirai que l’eau emmenée par un conduit représente les consolations acquises par la méditation. Nous les amenons en effet par nos réflexions, au moyen de considérations sur les choses crées et par un pénible travail de l’entendement. Et comme, après tout, elles sont le fruit de nos efforts, c’est avec bruit qu’elles remplissent le bassin de notre âme de quelques profits spirituels. Dans l’autre fontaine, l’eau procède de la source même, qui est Dieu. Aussi, quand il plaît à sa Majesté de nous accorder une faveur surnaturelle, cette eau coule de notre fond le plus intime, avec une paix, une tranquillité, une douceur extrême. Mais d’où jaillit-elle et de quelle manière. C’est ce que j’ignore. Ce bonheur, ce plaisir, ne se sent pas au premier abord dans le cœur, comme ceux d’ici-bas : mais ensuite, il remplit tout. Cette eau se répand dans chacune des Demeures, inondant les puissances et se faisant même sentir au corps. C’est ce qui m’a fait dire qu’il commence en Dieu et se termine en nous. Et réellement, l’homme extérieur tout entier savoure ce goût et cette douceur. Ceux qui l’ont éprouvé me comprendront fort bien ». (Thérèse d’Avila Œuvres complètes p. 1020, 1021) Le chemin à suivre comprend donc : la connaissance de soi une pratique spirituelle un endroit où je peux me recueillir 9 une discipline la prière régulière et non occasionnelle la prière répétitive un temps de réflexion – détachement du monde extérieur pour entrer dans son âme et se placer vraiment en présence de Dieu. prendre le temps d’écouter la voix de Dieu, l’inspiration divine la contemplation – lire des textes sacrés. Je suis prête à canaliser l’amour de Dieu. Je veux être consciente de la présence de Dieu en moi et en tout ce qui m’entoure. Voir Dieu dans les détails. Me brancher à Dieu par des actions concrètes. Thérèse disait à ses sœurs : « Le Christ n’a de corps que le vôtre, de mains que les vôtres, de pieds que les vôtres. Vos yeux sont les yeux à travers lesquels la compassion du Christ doit regarder le monde. Vos pieds sont les pieds avec lesquels il va faisant le bien. Vos mains sont les mains avec lesquelles il nous bénit maintenant. ». En vivant de cette façon, Dieu vient nous chercher pour vivre une union totale avec Lui. Dans les demeures 4, 5, 6 et 7, les reptiles ne peuvent plus pénétrer. Thérèse nous explique comment dans les demeures supérieures, l’âme s’unit à Dieu dans l’oraison et la solitude. L’âme désire passer plus de temps avec son Dieu, dans une union totale qui lui permet de découvrir les délices et les trésors que Dieu lui réserve. Thérèse nous dit aussi que beaucoup sont appelés mais que très peu s’y rendent. Ce qui est important, c’est de demeurer dans la voie, de faire le travail nécessaire tout en se souvenant que ce n’est pas la perfection qui importe mais la pratique. Dans ma vie de tous les jours, je continue de canaliser l’amour de Dieu. 10 Bibliographie 1- Thérèse d’Avila, Œuvres complètes Le Château intérieur, Paris, ed. Du Cerf, 1995, p. 953, 2- Myss, Caroline, Anatomie de l’esprit, Paris, ed. Ariane, 1998 3- Myss Caroline, Entering the Castle , New Yord, ed. Free Press, Simon Schuster, Inc. 2007 4- Myss, Caroline, Invisible Acts of Power , ŧoronto 2004 5- Selly, John, Seven Masters, One Path , San Fransisco, ed. Harper, 2003 11