Le déficit budgétaire présente deux composantes :
le déficit primaire : G – T où G représente les dépenses publiques,
et T les impôts diminués des transferts
le paiement des intérêts sur la dette accumulée dans le passé.
Dette à la date t : Dette t = Dette t-1 + Déficit budgétaire t
Un effet boule de neige est donc possible : une augmentation du déficit budgétaire peut provoquer cet effet boule
de neige au sens où elle aggrave la dette, et augmente par conséquent le poids de remboursement de la dette, et
donc le paiement des intérêts sur la dette, ce qui provoque une augmentation du déficit budgétaire sur la période,
et ainsi de suite.
Il arrive un moment où le niveau de la dette est si élevé, qu’on dit que la dette nourrit la dette. Et en effet, on a
observé une dérive des finances publiques en Europe :
Ce déficit a atteint son point culminant en 1993 avec un déficit
s’élevant à 6,1 % du PIB européen.
Dans les années 60, la croissance économique était très
élevée, et les recettes fiscales étaient proportionnelles à l’activité
économique. Les pays disposaient donc de recettes fiscales importantes, ce qui leur a permis d’effectuer des
dépenses publiques à budget équilibré.
A l’opposé, dans les années 70, les taux de croissance du PIB étaient faibles, les recettes fiscales étaient
donc amoindries. Par ailleurs, la très forte inflation de cette époque a entraîné des taux d’intérêts réels ex-post
faibles, voire même négatifs, ce qui a induit une redistribution en faveur des emprunteurs, et notamment en
faveur de l’Etat. Le paiement des intérêts ne pesait donc pas lourd sur le budget du gouvernement, il n’y avait
donc pas encore d’explosion du budget.
Dans les années 80, on assiste à un véritable retournement de situation, avec à la fois des taux de
croissance faibles et des taux d’intérêts élevés. Conséquence : le déficit public s’est creusé, pour culminer en
1993. A partir de ce moment, les pays européens ont décidé de mener une politique concertée
d’assainissement de leur déficit avec le traité de Maastricht en 1991, qui exige que le déficit en proportion du
PIB doit être strictement inférieur à 3 % et que la dette en proportion du PIB ne doit pas excéder 60 %. Ce traité
a instauré la théorie du couronnement qui stipulait que, pour faire partie des élus de l’union monétaire, il fallait
respecter certains critères assez stricts en matière de financement public.
Attention : les déficits correspondent à des flux
tandis que les dettes correspondent à des stocks, car elles
prennent du temps.
Une dérive budgétaire fait peser de lourdes contraintes sur l’utilisation de la politique budgétaire à des
fins de stabilisations de l’activité, car les gouvernements se retrouvent comme asphyxiés, avec comme principale
préoccupation le remboursement des dettes passées. Par conséquent, ils n’ont plus les marges de manœuvre
nécessaires pour mener une politique budgétaire expansionniste, et doivent se contenter de politiques passives en
laissant jouer ce que l’on appelle les stabilisateurs automatiques : si les impôts sont proportionnels aux
revenus, les recettes fiscales vont s’écrire : T = t × y (où t représente le taux de taxe), ce qui montre
qu’en période de crise, non seulement l’activité chute, mais les impôts diminuent aussi. Et, d’après la fonction de
consommation keynésienne C = G + c (y - T) la diminution des impôts soutient quelque peu le revenu
disponible des ménages, et par la même leur consommation.
4) L’équivalence ricardienne
Rappelons qu’il existe deux instruments pour effectuer une politique budgétaire expansionniste :
l’augmentation des dépenses publiques, et la baisse des impôts.
D’après Ricardo (1772-1823), quand on prend en compte la contrainte budgétaire intertemporelle du
gouvernement ou des ménages, une politique budgétaire expansionniste du type baisse des impôts n’a aucun
effet sur l’activité, et donc sur l’emploi.
Déficit en proportion du PIB