investisseurs. Toutefois, les exigences en termes de solvabilité seront plus importantes.
La banque devra dès lors détenir plus de fonds propres en contrepartie de ces titres.
5) Dans le cas où la banque rachète des titres avec une meilleure notation que l’ensemble
des titres qu’elle a vendu, elle doit détenir moins de capitaux propres pour assurer sa
solvabilité. En effet, les accords de Bâle II prévoient que le pourcentage de fonds propres
nécessaire est modulable en fonction de la notation du produit dans lequel, ils sont
investis ou prêtés. Une banque qui prête une somme X doit généralement détenir
l’équivalent de 8% de cette somme en fonds propres. Une banque qui place un même
somme dans des titres côtés AAA ne doit détenir que 1,6%. Cette différence peut
rapidement chiffrer lorsque l’on parle de millions d’euros placés ou prêtes.
6) La banque et la société intermédiaire localisée dans un paradis fiscal ne font en réalité
qu’un, bien que leur comptabilité soit séparée. On dit dès lors de ces opérations qu’elles
sont « hors bilan » puisqu’elles ne rentrent pas dans l’activité normale d’une banque
c'est-à-dire collecter de l’épargne et accorder des prêts. Cette opacité permet aux
banques de masquer leurs résultats effectifs, voire même de les manipuler de manière à
n’afficher que les résultats flatteurs. Toutefois, il arrive que l’autorité de régulation exige
que des banques qu’elles intègrent dans leurs comptes consolidés les résultats de leurs
activités hors bilan. C’est le cas en Belgique depuis l’automne passé... du moins le temps
que cette crise passe.
Au final, le mécanisme de titrisation est devenu un outil classique de la gestion bancaire.
Dans le cas de la crise des subprimes, il a clairement montré ses effets pervers. Le bon sens
aurait voulu que les titres vendus ne soient composés que des crédits de même type, en
l’occurrence uniquement des crédits immobiliers, que les risques soient correctement
évalués et que tout ceci soit transparent. Cela n’a pas été le cas. Des sociétés intermédiaires
ont cru bon de mélanger des créances de tout horizon (hypothécaire, consommation…) et de
toute qualité. Puis, les sociétés d’investissement qui ont achetés ces titres les ont elles-
mêmes découpés pour les mélanger avec d’autres morceaux créant de la sorte des
nouveaux produits financiers et ainsi de suite… Progressivement, plus personne ne savait ce
que représentaient réellement ces titres écoulés par milliards à travers le monde. Toutefois,
malgré cette opacité, les agences de notation continuaient à donner de bonnes cotes à ces
produits financiers, renforçant la confiance des investisseurs.
Comment les si sérieuses agences de notation ont-elles pu donner de bonnes cotes à des
produits financiers sans savoir ce qu’il y avait dedans ?
• Les agences de notation ont pour but de donner une indication sur le risque de perte
pour les investisseurs. Elles estiment un produit sur base de critères objectifs vérifiables.
Elles ne vont donc pas retourner le produit sous toutes ses coutures dans le cadre d’une
investigation poussée mais bien utiliser des batteries de tests ou des grilles d’analyses
standardisées. Dans le cas des subprimes, elles ont ainsi considéré que le risque de non
recouvrement était limité à un maximum 2%, comme pour un crédit hypothécaire
classique. A l’évidence, cela n’a pas été le cas. Autre exemple, si un titre est garanti par
une réserve de fonds propres destinée à absorber les premières pertes (mécanisme de
tampon) ou par une assurance, alors pourquoi ne mériterait-il pas une note excellente ?
Les titres issus des subprimes étaient dans ce cas sauf que ni les intermédiaires, ni les
assureurs n’ont eu les reins assez solides pour couvrir les défauts de payement, un
risque statistiquement improbable… et pourtant.
• Les agences de notation sont financées par les entreprises qu’elles notent ou dont elles
notent les produits financiers. Une note insuffisamment flatteuse pourrait se répercuter
par la perte de futurs marchés. Force est de constater que les agences de notation ne
sont pas indépendantes. Cette partialité envers les entreprises qu’elles analysent montre