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Cours 3. L’économie politique revisitée : L’école classique et ses critiques
L’école classique a suscité quatre types de réaction :
1. la critique sociale (Sismondi, 1773-1842);
2. la critique nationale (List 1789-1846);
3. la critique de l’économie politique (Karl Marx,1818-1883);
4. la critique de la sociologie économique (Max Weber (1864-1920) et Émile Durkheim
(1858-1917).
Tous ces auteurs ont en commun une insatisfaction profonde face à l’économie politique
nouvelle et ont comme projet d’écrire une nouvelle économie politique. De plus, on dégage dans
ces différents courants une volonté de découvrir les véritables lois économiques et ainsi,
l’acceptation généralisée que les sociétés sont gouvernées par des lois.
Trois approches cependant :
1. Une première consistera à mettre l’accent sur l’idée de désordre, désordre associé d’une
faon générale à l’individualisme et à la concurrence à laquelle se livrent les individus et
les entreprises entre eux.
Deux avenues
i. repenser l’art de gouverner ; Sismondi, précurseur de Keynes
ii. socialisme (par opposition individualisme) : quête de l’ordre idéal (au nom de Dieu
ou véritables lois). En néral : hors État ; à partir de micro-expériences
communautaires devant servir de modèle
5. Reposer l’analyse sur d’autres principes, liés aux faits et à l’art de gouverner : démarche
de List
6. L’analyse classique repose sur des principes scientifiques erronnés. Il s’agit de trouver les
véritables lois scientifiques de l’évolution humaine. Projet de marx.s
1. La critique sociale :
Sismondi tentative de redéfinir l’éco.pol. comme art de gouvernance. La critique sociale se veut
une critique de l’économie.
Cette critique s’appuie sur des faits, des observations de la vie courante.
Cette critique renoue avec la pensée holiste de la politique comme un art de gouverner.
2. La critique nationale :
Nation entre l’individu et l’humanité.
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-
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-
- forces productives
- rôle de l’État
Friedrich List est l’auteur de Le système national d’économie politique (1840). List, d’origine
allemande, avait d’abord pensé intituler son ouvrage Système naturel d’économie politique, mais
étant donnée la connotation du terme « naturel » qui renvoyait alors à l’économie classique, il
n’a pas choisi ce titre. Cet ouvrage est l’ouvrage fondateur du nationalisme économique et de
l’économie politique nationale. De cet ouvrage, il faut retenir quatre choses :
1. Les leçons de l’histoire (trois : stades du développement / industrie / protection). List est
le premier auteur à introduire l’histoire en économie, l’histoire dans sa dimension
pédagogique, comme quoi il est possible de tirer des leçons du passé pour comprendre le
présent et agir pour l’avenir. List avance l’idée que l’humanité passe par des stades
historiques de développement (le stade agricole, la phase industrielle, l’économie de
services) et que ce développement doit être profitable pour tous. De plus, contrairement à
ce qu’avancent les économistes classiques, il n’y a pas de développement sans
intervention de l’État.
2. La nation comme unité organique (communauté / territoire / économie). L’idée centrale
dans les propos de List n’est pas le marché mais la nation comme unité qui assure la
cohésion de la société. Sa démarche économique s’apparente à celle des mercantilistes en
ce sens que l’État a une mission à remplir : assurer le développement et la prospérité et
garantir l’indépendance de la nation.
3. Troisièmement, ce qui est primordial n’est pas la richesse en soi, mais la capacité de créer
des richesses. Celle-ci ne se limite pas à l’économie et s’étend à la culture, dans toutes ses
dimensions. List s’interroge donc afin de comprendre ce qui fait la richesse d’une nation
et afin de découvrir comment développer et créer cette richesse (plus que l’économie
…culture, environnement, etc.; ce qui compte ce n’est pas la richesse mais la capacité de
créer des richesses)
4. Finalement, List donne à l’État un rôle central, contrairement à l’école classique qui
soutenait que l’État n’avait pas sa place. Il habilite la manière de voir l’individu à
travers l’État.
3. La critique de l’économie politique
Karl Marx est le représentant de la critique de l’économie politique formulée en réaction
à l’école classique. Son œuvre impressionnante est caractérisée par une très grande cohérence et
une très grande unité. Le manifeste du parti communiste constitue une excellente introduction à
la pensée de Marx.
1. Une unité dans l’œuvre :
L’œuvre de Marx est une œuvre animée. Marx est le premier auteur qui est motivé par un
projet politique et qui introduit un fondement scientifique à ce projet. Marx se pose deux grandes
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questions : comment fonctionnent nos sociétés, notre économie ? Il cherche à découvrir les
vraies lois derrière le mode de production capitaliste. Il se questionne aussi sur les lois du
développement économique, sur les lois historiques.
Relativement à ce deuxième questionnement, il est pertinent de souligner que Marx croit
au progrès, au développement des sociétés. Marx étudie l’histoire de l’humanité et est persuadé
que l’économie et le progrès technique jouent un rôle primordial. Le développement passe par
des phases successives.
À l’époque, l’Angleterre est l’atelier du monde et Marx est fasciné par ce pays puisque ce
dernier symbolise la route à suivre, la phase la plus avancée en termes de développement. Ainsi,
au XIXe siècle, le mode de production capitaliste constitue la forme la plus avancée
d’organisation économique.
Cependant, le capitalisme n’est qu’un « purgatoire » qui conduira ensuite à une étape
supérieure. Pour ce, il est nécessaire de connaître et de comprendre les lois de fonctionnement et
de développement à la base de ce système.
Marx s’intéresse aux économistes libéraux, à Ricardo en particulier. De par sa réussite,
Ricardo représente, aux yeux de Marx, l’économie classique. Selon cette approche, l’échange est
en fait un échange de valeurs égales, point auquel s’oppose Marx. L’échange est inégal.
Pour Marx, le capitalisme et les modes de production antérieurs reposaient sur l’exploitation
(on retrouve dans les travaux de Marx, cette idée que le travailleur donne une partie de son
travail à quelqu’un d’autre). Ainsi, le capitalisme repose nécessairement sur l’exploitation bien
que cette exploitation soit « invisible » par rapport à celle qui prévalait dans le féodalisme. Marx
cherchera à montrer cette exploitation, à montrer l’exploiteur et l’exploité tout en étant conscient
que tous deux sont dépendants l’un de l’autre.
2. Une méthode scientifique :
Selon Marx, ce qui fait bouger le monde, ce n’est pas tant les idées que l’économie. Pour
comprendre une société et son évolution, il faut comprendre son économie. Ce qui est important
dans l’économie est ni l’échange ni le marché (qui donne une valeur sociale au produit), mais la
production (il rejoint ici List dans sa façon de penser).
Marx introduira le concept de mode de production qu’il définira comme la manière de
produire les choses et qui repose (1) sur des rapports sociaux de production et (2) sur les forces
productives, soit la force de travail (les personnes) et les moyens de production.
Le développement des forces productives est rendu possible grâce à l’industrialisation. Le
mode de production est influencé par les rapports sociaux de production. Dans le capitalisme,
les bourgeois et prolétaires entretiennent des relations antagoniques et conflictuelles.
3. La plus-value :
Un élément fondamental dans le système capitaliste est que l’argent « fait des petits ».
Pour ce, un processus de création de marchandises est nécessaire et pour produire des
marchandises, d’autres marchandises sont nécessaires. Marx rejoint la ligne de pensée de
Ricardo et de Smith puisqu’il soutient, comme eux deux, qu’il n’y a pas de richesse sans travail,
pas d ‘échange sans travail. La force de travail permet de créer des plus-values que le
propriétaire récupère ; le travailleur reçoit comme salaire la valeur de son travail et non pas de ce
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qu’il produit. C’est ainsi que Marx résout le mystère de l’exploitation : il y a exploitation, la
plus-value. Ces contradictions créent les conditions permettant de passer à une phase supérieure.
Marx posera un question simple : comment 100$ devient 120$ (A—A’). La réponse se
trouve dans la marchandisation. La force du travail devient une marchandise. Si le coût de la
force du travail est 20$ et qu’elle crée une valeur de 120$, la plus value est de 120-(100-20),
donc de 40$. Les capitalistes paye 20$ pour créer 40$ de plus value. Par ailleurs, l’exploitation
est double puisque le travailleur est aussi exploité comme consommateur parce qu’il achète ses
propres produits.
4. Les moyens de production :
Marx constate que les moyens de production remplacent de plus en plus la force
productive, c’est-à-dire l’homme. Cette force productive est graduellement éjectée et constitue ce
qu’il appelle « l’armée de réserve ». Un problème se pose ici : si le travail est créateur de
richesses et de développement, et que ce développement conduit à la mise au point de moyens de
production qui remplacent l’homme (celui-ci se trouvant éjecté du circuit économique ), qui
achètera les marchandises produites ? Ce processus éjecteur conduirait inexorablement à
l’apparition de crises. Le capitalisme ne peut plus se reproduire.
Il importe de souligner que Marx lui-même n’était pas convaincu de la validité de son
raisonnement non seulement en ce qui a trait à l’exploitation comme source de plus-value, mais
aussi en ce qui concerne le processus éjecteur. En effet, la survie du capitalisme semble assurée
puisqu’il y a toujours de nouvelles productions qui réintègrent « l’armée de réserve » et qui
permettent d’éviter que les crises ne perdurent.
2. Critique de l’éco. Pol. De Marx (1818 – 1883)
- Unité profonde de l’œuvre : le sens de l’histoire (deux variables, le progrès
technique et la lutte des classes) …matérialisme et rapports sociaux ; projet
politique et projet scientifique ; trouver les lois de fonctionnement et de
développement des sociétés ; pour comprendre ceci, il faut regarder l’économie,
et ce sous deux angles : manière de produire et rapports sociaux
- Dialectique : deux donne trois (un se divise en deux)
- Concept de mode de production : forces productives + rapports sociaux de
production
- Regarder l’histoire à partir du présent. MPC forme la plus avancée d’organisation
économique et sociale des sociétés (comment on est arrivé là), mais aussi regarder
devant, dans la mesure le MPC doit préparer l’avenir. Le MPC a des
contradictions qui nous pousse vers le futur. (1)Contradiction : propriété privée de
moyens de production et organisation collective de la société ; (2) contradiction
entre les forces productives et les rapports de production
- MPC deux choses centrales : exploitation et contradiction. Montrer comment dans
un rapport d’égalité, il y a quand même exploitation. Montrer comment les crises
reflètent les contradictions du capitalisme et préparent le futur
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- A M A’ Concept de marchandise ; création de valeur : travail ; logique de
l’accumulation
- L’exploitation : travail et force de travail
- Les crises : le progrès technique
3. Sociologie économique dernier quart du siècle : Max Weber (1864-1920) / Émile Dürkheim
(1858-1917)
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