I Introduction
C’est un article de Daniel JANICHON qui date de 2012 extrait de la revue en ligne recherches et éducations. Il a
construit cet article en s’appuyant sur des données d’archives historiques ce basant sur des éléments tirés du
politique, de l’entreprise ou encore plus largement sur faits européens.
L’objet de l’étude de ce texte est l’évolution de l’enseignement des valeurs au collège. Tout d’abord qu’est-ce que
l’axiologie : c’est une théorie des valeurs philosophiques, morales et métaphysiques.
En effet l’école enseigne depuis plusieurs décennies un certain nombre de valeurs aux enfants à travers des valeurs
plutôt collectives, de citoyenneté et de socialisation; où le but est de transmettre les notions d’égalité, de fraternité
qui sont les valeurs de la république. Elles cherchent à leur donner des compétences sociales et civiques pour faire
d’eux les hommes et les citoyens de demain. Mais elle cherche également à leur communiquer des valeurs plus
individuelles, d’initiative et d’autonomie ; par le biais de l’apprentissage de la liberté individuelle, de la vertu de
sympathie, de la responsabilité de l’esprit critique ou encore de la joie de connaitre. L’évolution de ces
apprentissages se montre de manière chronologique centré tout d’abord sur le citoyen puis sur le groupe pour enfin
mettre l’accent sur l’individu. Voilà la démonstration que l’auteur a voulu nous faire part.
II Historique axiologique et socle commun
Sous la IIIème République, l’instruction morale et civique remplace l’instruction morale et religieuse. Le but de cet
enseignement est de développer le sentiment de patriotisme chez les jeunes élèves. Il n’y a plus d’enseignement
religieux cependant, les devoirs envers Dieu sont maintenus dans les programmes de morale de 1882. Jusqu’en
1975, cet enseignement perdure.
En 1975, la loi Haby crée le collège Unique et entraîne une hétérogénéité du public scolaire. On ne parle plus
d’instruction morale et civique mais l’objectif fixé est de « donner aux élèves une culture accordée à la société de
leur temps ». L’un des principaux reproches que l’on peut adresser au collège Unique est que les contenus scolaires
sont restés inchangés même s’ils touchent désormais une population plus grande et plus hétérogènes. Il y a
cependant un allègement des programmes dès la rentrée 1976 ainsi que la suppression de l’heure consacrée à
l’éducation civique. La circulaire du 3 juin 1977, indique que cet enseignement ne fait pas l’objet d’un horaire et d’un
enseignement spécifique. Il doit cependant faire l’objet d’un enseignement transversal. Il concerne tous les
éducateurs afin d’armer les élèves « sur le plan personnel pour affronter la vie en société dans le respect de lui-
même et des autres ». Mais paradoxalement il y a suppression des heures dédiées, on peut penser que les
apprentissages dans ce domaine ont pu subir un fort ralentissement. En 1985, Jean-Pierre
Chevènement, ministre de l’Education Nationale, rétablit l’éducation civique au collège. La morale elle, semble avoir
disparu définitivement du système éducatif. L’éducation civique concerne le domaine de la construction de la
personnalité, de la formation de l’éthique. « Cet enseignement concerne essentiellement la vie de l’homme en tant
que citoyen ». La morale est « abandonnée » dans la mesure elle fait appel à « l’endoctrinement, l’exhortation et
l’appel à des comportements déterminés » qui ne sont pas des valeurs démocratiques. L’éducation civique revient à
l’école mais non plus de manière transversale. Il y a « un professeur chargé de cet enseignement » qui est
l’interlocuteur unique dans ce domaine. La loi d’Orientation de 1989 crée un Conseil National des
Programmes (CNP). Les programmes ne sont plus seulement centrés sur les savoirs disciplinaires mais sur la
production de compétences « vérifiables dans des situations et des tâches spécifiques ». Quelques années plus tard,
en 1995, le rapport Fauroux indique que « les savoirs fondamentaux sont transversaux aux disciplines ». Par ailleurs,
l’éducation civique est confiée au professeur d’histoire-géo (heure dédiée) et plus généralement à l’ensemble de
l’équipe éducative.
Nous avons pu voir que l’enseignement des valeurs peut être transversal ou à travers une discipline liée à un horaire
et un professeur spécifique et qu’il a évolué au fur et à mesure de l’évolution de la société et des politiques
éducatives.
La mise en place du socle commun de compétence par définition transversal est alors un changement important
dans l’enseignement des valeurs.
L’auteur fait référence pour le passage d’une logique de programme disciplinaire à celle d’un curriculum décliné par
compétence aux sociologues Bernstein (pour le savoir scolaire sériel), Marie Duru-Bellat (qualifiant l’école
républicaine d’archétype des disciplines) et François Dubet (pour son rapport introduisant la notion de socle
commun).
Le Conseil National des programmes en 1992 introduit déjà la notion de production de compétences.
Françoise Ropé et Lucie Tanguy publient un ouvrage de référence sur la question des savoirs et compétences (De
l’usage de ces notions dans l’école et dans l’entreprise.)
Enfin en 1995 le Rapport Fauroux remis à François Bayrou représente les prémices du socle. Roger Fauroux ancien
PDG de St Gobain renforce l’influence de l’entreprise.
Apparait la notion de socle commun dans le rapport du sociologue François Dubet à Ségolène Royal pour « sauver »
le collège unique. Apparaissent alors les savoirs être collectifs comme la participation sociale, le respect des règles et
l’écoute des autres.
Suite au Traité de Lisbonne en 2001 le Conseil Education du Conseil Européen introduit la nécessité des compétences
pour affronter la vie et le travail. Les valeurs collectives des compétences interpersonnel et civique ainsi que les
valeurs individuelles comme l’esprit d’entreprendre sont clairement mentionnées.
En 2002 Claude Thélot remet un rapport à Luc Ferry ou « les valeurs à promouvoir » ne sont pas détaillées mais
elles doivent permettre d’atteindre l’objectif d’éducation à la vie en commun dans une société démocratique.
Avec André Périssol (député UMP) en 2005 le socle commun n’est plus un principe mais une référence qui renforce
la jonction entre l’école et l’entreprise. Il comprend une éducation sociale et civique avec des valeurs collectives (
savoir travailler en équipe , coopérer avec autrui , vivre ensemble ) et des valeurs individuelles ( savoir assumer ses
responsabilités , participer , s’impliquer, s’engager , s’orienter , mener un projet , capacité à se prendre en charge ).
En 2006 la loi Fillon introduit les compétences 6 (compétence sociale et civique) et 7 (autonomie et initiative).
III Conclusion et ouvertures :
1-L’auteur montre à travers cet article que nous sommes passés successivement de l’enseignement de valeurs
morales à des valeurs centrées sur le citoyen et son intégration dans le groupe à des valeurs plus individuelles. C’est
ce que nous avons constaté au travers de l’évolution axiologique au collège et notamment avec l’introduction du
Socle Commun de 2005 avec les compétences sociales et civiques et relative à l’autonomie et à l’initiative des
personnes. Il nous paraît important de rapprocher cette conclusion du nouveau Socle Commun de Connaissances, de
Compétences et de Culture. Il sera mis en vigueur en 2016 et redéfinit 5 domaines de formation. Nous retrouvons
tout de même les compétences 6 et 7 cette fois-ci dans le troisième domaine intitulé « la formation de la personne
et du citoyen », il recouvre notamment le fait de développer la sensibilité, la confiance en soi et le respect des
autres, le développer du jugement, du sens de l’engagement et de l’initiative. Une des compétences du 4ème
domaine fait aussi référence au fait de comprendre et d’assumer ses responsabilités individuelle et collective.
Par ailleurs, l’introduction du socle ayant fortement été influencée par les directives européennes, il nous semblait
pertinent de faire aussi une rapide comparaison européenne quant à l’éducation à la citoyenneté.
2-La notion de citoyenneté européenne a été introduite par le traité de Maastricht en 1992. La coopération
européenne en matière d’éducation et de formation s’inscrit aujourd’hui dans un cadre stratégique intitu
Éducation et formation 2020 dont la promotion d’une « citoyenneté active » en Europe est l’un des objectifs.
Le réseau Eurydice a publié un rapport en 2011. Vingt systèmes éducatifs enseignent l’éducation à la citoyenneté
comme une matière obligatoire et séparée, généralement à partir de l’enseignement secondaire : Angleterre,
Norvège, Finlande, Pologne, Slovénie. D’autres commencent dès le primaire : Portugal, Espagne, France, Estonie,
Bulgarie, Grèce et Malte.
La France et le Portugal partagent la palme de l’éducation précoce : dès l’âge de six ans. La France a mis en place un
parcours complet et cohérent de l’école primaire au lycée, étalé sur douze années. Mais si l’on compte neuf années
d’éducation à la citoyenneté au Portugal, il n’y en a plus que six en Finlande, en Pologne, en Slovaquie ; cinq en
Estonie, en Angleterre ; quatre en Espagne, en Roumanie, en Grèce ; trois en Irlande, en Norvège, au Luxembourg ;
deux aux Pays-Bas, en Slovénie, en Croatie, à Chypre ; une seule année en Bulgarie.
D’autres pays pratiquent l’éducation à la citoyenneté intégrée à d’autres matières, qui peuvent être les sciences
sociales, l’histoire, la géographie, les langues vivantes, l’éducation éthique ou religieuse... Tel est le cas aux Pays-Bas,
mais aussi en République tchèque et en Hongrie. En Autriche, un enseignement d’« histoire, études sociales et
éducation à la citoyenneté » s’étend sur tout l’enseignement secondaire. Enfin, certains pays accordent à l’éducation
à la citoyenneté une dimension transversale : les objectifs d’apprentissage et les compétences clés qui lui sont liés
sont présents dans tous les autres enseignements. On retrouve cette dimension énoncée dans notre socle commun.
Le Portugal, l’Espagne, l’Irlande, l’Écosse, le Pays de Galles, la Norvège, la Finlande, les pays baltes, la Pologne, la
Hongrie, l’Autriche, l’Italie et la Croatie ont eux aussi explicitement assigné à leur système éducatif ces objectifs
transversaux.
Tous les pays n’ont pas fixé un temps d’enseignement obligatoirement dévolu à l’éducation à la citoyenneté.
Dans plusieurs pays comme l’Italie, l’intégration de l’éducation à la citoyenneté dans d’autres disciplines ou le
développement de la transversalité ont même conduit à la disparition d’un temps d’enseignement obligatoire
(comme en France dans les années 70).
3- Quels sont aujourd’hui les programmes d’éducation civique au collège et au-delà les programmes d’éducation
civique juridique et sociale au lycée (ECJS) ? Quelle est la dimension morale ? Comment a-t-elle évolué dans le
temps : De « l’argent ne fait pas le bonheur » à « Argent et société. »
Éducation civique 6eme
L'enfant - Le collégien - Le droit - Expliquer les droits et les obligations de l'enfant -Expliquer la laïcité
Éducation civique 5eme
Des êtres humains, une seule humanité - L'égalité, une valeur en construction - La sécurité et les risques majeurs - Au
choix : Une action solidaire
Éducation civique 4eme
I - L'exercice des libertés en France - II - Droit et justice en France - III - La sûreté : un droit de l'Homme
Education civique 3eme
I - La République et la citoyenneté - II - La vie démocratique - III - La défense et la paix
Classe de seconde : L'État de droit
Introduction - Les valeurs et les principes de la République : la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
Thème 1 : Droit et vie en société - Thème 2 : Le citoyen et la loi - Thème 3 : Le citoyen et la justice
Classe de première : Vivre dans une société démocratique : Les institutions, la vie politique et sociale, la nation et sa
défense
Thème 1 : Les institutions de la République - Thème 2 : La représentation et la démocratie d'opinion
Thème 3 : L'engagement politique et social - Thème 4 : La nation, sa défense et la sécurité nationale
Classe terminale : Questions de société
Thème 1 : La bioéthique Thème 2 : Pluralismes des croyances et des cultures dans une république laïque
Thème 3 : Argent et société Thème 4 : Violence et société
Exemple Thème 3 : Argent et société
Problématique
La finance assure une fonction vitale dont dépendent largement le dynamisme économique, l’emploi, la
consommation. Mais la finance est aussi reliée à des maux individuels et collectifs, comme les crises financières qui
jalonnent l’histoire du monde moderne, et qui sont parfois associées à des crises économiques majeures. Dans ces
conditions, il n’est donc pas étonnant que la finance fasse l’objet d’un questionnement éthique. Démarches
- Est-il légitime de s’enrichir et jusqu’à quel point en faisant le métier de la finance ?
- Comment, dans le domaine de la finance, établir ce qui est éthiquement acceptable et ce qui est éthiquement
condamnable?
- Quel rôle donner à l’éthique dans le fonctionnement de la finance ?
4- La Morale laïque en 2015.
La mise en place d’une morale laïque pour la rentrée scolaire 2015 des écoles jusqu’aux lycées. Elle n’est pas
antireligieuse et s’appuie sur des valeurs admises par tous. Elle sera définie comme « le socle des valeurs communes
qui devrait ainsi comprendre la dignité, la liberté, l’égalité, la solidarité, l’esprit de justice, le respect et l’absence de
toutes formes de discrimination. Ces valeurs doivent « refonder la république de l’école ».
Cette morale laïque sera au secondaire enseigné par l’ensemble que la communauté éducative ainsi que la vie
scolaire et notamment le CPE. L’enseignement de la morale est montré d’abord comme un rétablissement de la
discipline et de l’effort. L’objectif est une transmission active qui laisse à l’élève la liberté nécessaire à
l’apprentissage du libre exercice. Cet enseignement se fera par le biais de la discussion, de l’échange, de la
confrontation des points de vue, de la coopération et de la participation dans des projets communs. Afin de
développer les capacités à comprendre les problèmes moraux qui font la trame de la vie sociale.
Annexe Définition importantes :
Axiologie : théorie des valeurs philosophiques, morales et métaphysiques.
Avatar : changement, transformation.
Instruction : action d’instruire quelqu’un, un groupe, de leur donner des connaissances, de leur délivrer un
enseignement.
Morale : qui concerne les règles de conduite pratiqué dans une société, en particulier par rapport aux concepts de
bien et de mal.
Civique : relatif au citoyen, à ses droits, à ses devoirs, à son rôle dans la vie politique.
Utopie : projet dont la réalisation est impossible, conception imaginaire.
Ethique : ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un.
Compétence : capacité reconnu en telle ou telle matière en raison de connaissances possédées et qui donne le droit
d’en juger.
Opacité : état de ce qui ne peut être pénétré par l’intelligence.
Sémantique : aspect de la logique qui traite de l’interprétation et de la signification des systèmes formels, par
opposition à la syntaxe.
Congruence : qualité d’une articulation ou d’une anastomose dont les deux parties s’adaptent parfaitement.
Archétype : modèle original ou idéal sur lequel sont fait un ouvrage, une œuvre.
Approche curriculaire : démarche globale et intégrée d’une action de formation qui tient compte des déterminants.
Iconoclaste : qui est ennemi de toute tradition, qui cherche à faire disparaitre tout ce qui est le passé.
Taxinomie : classification, suite d’éléments formant des listes qui concernent un domaine, une science.
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